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L'usage des infusions n'est presque que pharmaceutique.
On emploie à la préparation d'un remede l'infusion, l'application d'un menstrue animé d'un foible degré de chaleur, toutes les fois qu'un degré plus fort, celui de l'ébullition dissiperoit des parties qu'on se propose de retenir, ou que la macération seroit insuffisante pour extraire d'une drogue assez de parties medicamenteuses; & on la rejette toutes les fois qu'elle est inutile, c'est - à - dire que la décoction toujours plus efficace & plus prompte, ne doit dissiper aucun principe utile, ou qu'elle est insuffisante. Ce sont - là les uniques motifs qui déterminent le choix entre la décoction, l'infusion & la macération.
Les animaux qui ne contiennent que peu ou point de parties volatiles médicamenteuses, & dont les différens matériaux sont peu solubles par les menstrues aqueux ou huileux foiblement échauffés, sont presqu'absolument exclus de la classe des sujets de l'infusion. Les infusions ou teintures de castor, de musc, de civette, sont des infusions improprement dites, sont de vraies dissolutions. Voyez le commencement de cet article.
Les végétaux aromatiques dont on veut faire passer dans l'eau la partie aromatique & un léger extrait, ou la matiere colorante, ou enfin une partie très mobile, quoiqu'inodore, telles que les feuilles de mélisse, les fleurs de violette, d'oeillet, le séné, &c. doivent se traiter par l'infusion; & c'est aussi par cette voie qu'on procede à ces extractions, soit qu'on destine les liqueurs qu'on obtient par ce moyen à des potions ou à des syrops. Quelques substances végétales, aromatiques, dont l'odeur est forte & le parfum abondant, telles que la fleur d'orange & l'excellent thé, soutiennent fort bien une légere décoction, & même fournissent à ce degré de feu, une liqueur plus agréablement parfumée que celle qu'on obtiendroit par l'infusion; mais communément cependant les substances végétales, aromatiques, ne doivent pas être exposées à la décoction.
Les fleurs, feuilles & racines des plantes qui portent des fleurs en croix, dont Tournefort a fait une classe, & qui sont plus ou moins chargées d'un esprit alkali - volatil, ou d'un principe très - analogue, aussi bien que celles qui, comme l'oignon, l'ail, la capucine, &c. sont pourvues d'un principe vif - âcre, très - volatil, jusqu'à - présent indéfini; ces substances, dis - je, devroient, selon la mêmer egie, n'être traitées que par l'infusion toutes les fois qu'on leur appliqueroit un menstrue étranger; mais soit parce qu'elles portent ce menstrue en elles - mêmes (car elles sont la plupart très - succulentes), soit parce qu'elles sont très - sujettes à subir un mouvement intestin qui les altere promptement, lorsqu'on les expose long - tems à une chaleur légere, soit enfin parce que le menstrue non - bouillant ne se chargeroit que très foiblement d'une partie extractive qu'on se propose d'en retirer, aussi bien que le principe volatil; pour ces raisons, dis - je, on ne prépare communément ces plantes pour l'usage médicinal, que sous la forme de suc, comme le suc de cochléaria, de cresson, d'oignon, ou sous celle de décoction, qu'on nomme aussi bouillon dans ce cas, bouillon de navet, de chou rouge, &ct.
On préfere aussi l'infusion à la décoction, pour
ménager un principe volatil dans le menstrue employé.
C'est dans cette vûe que les vins & les vinaigres
médicamenteux se préparent par infusion.
Voyez
Les infusions pharmaceutiques s'exécutent par toutes
les différentes especes de feux légers (voyez
Nous n'avons parlé jusqu'à - présent que de remedes internes pré parés par infusion. On n'emploie presqu'absolument à ces infusions proprement dites que l'eau, le vinaigre ou le vin: nous avons déja observé que celles où on employoit les esprits ardens, s'appelloient teintures.
On prépare aussi par infusion plusieurs remedes
externes, principalement des collyres, tel que le vin
imprégné de l'extrait & de la partie atomatique des
roses rouges, & des huiles appellées par infusion.
Voyez l'article
Les sujets des infusions sont ou simples ou composés. Les dernieres sur - tout pour l'usage interne sont appellées especes. Les poudres grossieres appellées trageoe, sont sous une forme très - propre à donner leur vertu par l'infusion.
Le menstrue s'applique ou immédiatemnt au sujet de l'infusion, ou on enferme ce sujet dans un petit sac ou dans un nouet.
Nous n'avons pris jusqu'à - présent le mot infusion, que pour désigner une opération chimique, l'action de faire infuser; & ce mot est également en usage pour exprimer la liqueur préparée par infusion: il répond dans ce dernier sens, au mot latin infusum; ainsi on dit fort bien boire ou prendre une infusion de capillaire, &c. (b)
INGELHEIM (Page 8:741)
INGELHEIM, (Géog.) Angiloemum ou Ingilenheimum, petite ville d'Allemagne, au palatinat du Rhin, dans le Nahegow, & prelque enclavée dans l'archevêché de Mayence. Elle est remarquable par plusieurs conciles qui s'y sont tenus, & pour avoir été le séjour de divers empereurs; mais elle n'est point le lieu de la naissance de Charlemagne; ce prince naquit à Carlsbourg, château de la haute - Baviere, qui en a pris son nom. Ingelheim n'a rien conservé de sa premiere splendeur, c'est une ville fort délabrée. Elle est située sur la rive orientale de la Sala, sur une hauteur, d'où l'on a une vûe charmante, à 2 lieues S. O. de Mayence, 2. O. de Bingen. Long. 25. 40. lat. 49. 59.
Ingelheim est la patrie de Sébastien Munster, habile & laborieux écrivain du commencement du xvjsiecle. On a de lui un dictionnaire & une grammaire hébraïque, une grammaire chaldaïque, une géographie universelle, intitulée Cosmographie selon l'usage de ces tems - là, une horologiographie, & plusieurs autres ouvrages. Il mourut de la peste à Bâle, en 1552, à 63 ans. (D. J.)
INGÉNIEUR (Page 8:741)
INGÉNIEUR, s. m. (Gram.) Nous avons trois sortes d'ingénieurs; les uns pour la guerre; ils doivent savoir tout ce qui concerne la construction, l'attaque & la défense des places. Les seconds pour la marine, qui sont versés dans ce qui a rapport à la guerre & au service de mer; & les troisiemes pour les ponts & chaussées, qui sont perpétuellement occupés de la perfection des grandes routes, de la construction des ponts, de l'embellissement des rues, de la conduite & réparation des canaux, &c.
Toutes ces sortes d'hommes sont élevés dans des écoles, d'où ils passent a leur service, commençant par les postes les plus bas, & s'élevant avec le tems & le mérite aux places les plus distinguées.
Ingénieur (Page 8:741)
Hi se clauserunt propè ripas ingeniorum, dit Guillaume le Breton dans l'histoire en vers de Philippe
Auguste, en parlant du quartier où étoient les machines ».
Et Guillaume Guyart, lingigneurs engins dressent. Hist. de la milice franc. 2. 11. pag. 89.
L'emploi d'ingénieur exige beaucoup d'étude, de talens, de capacite & de génie. Les sciences fondamentales de cet état sont l'Arithmétique, la Géométrie, la Méchanique & l'Hydraulique.
Un ingénieur doit avoir quelqu'usage du dessein. La physique lui est nécessaire pour juger de la nature des matériaux qu'on emploie dans les bâtimens, de celle des eaux, & des différentes qualités de l'air des lieux qu'on veut fortifier.
Il est très - utile qu'il ait des connoissances générales
& particulieres de l'Architecture civile, pour la
construction des bâtimens militaires, comme casernes,
magazins, arsenaux, hôpitaux, logemens de
l'état - major, &c. dont les ingénieurs sont ordinairement
chargés. M. Frézin recommande aux ingénieurs
de s'appliquer à la coupe des pierres.
Ces différentes connoissances & plusieurs autres
que M. Maigret desire encore dans un ingénieur,
comme celle de l'Histoire, de la Grammaire & de la
Rhétorique, auxquelles on pourroit joindre celle
des différentes manoeuvres des troupes, ne sont que
l'accessoire de ce qui constitue le véritable ingénieur.
C'est la science de la fortification, de l'attaque & de
la défense des places, qui le caractérise particulierement,
& qui doit être l'objet le plus sérieux de ses
études.
Il est certain qu'en examinant le progrès de la fortification depuis l'invention des bastions, on s'apperçoit que la disposition de l'enceinte des places a éprouvé peu de changemens; mais doit - on en conclure qu'elle a tout le degré de perfection possible? Non sans doute; le peu de durée de la défense de cette enceinte, lorsque l'ennemi a pu s'en approcher, suffit pour le démontrer.
Il est donc important de chercher à rendre notre fortification plus parfaite. Il faudroit trouver le moyen de se garantir de l'effet du ricochet; de rendre les onvrages moins exposés à la nombreuse artil<cb->
Pour perfectionner la fortification, ou rectifier ce qu'elle a de desavantageux, il faut posséder parfaitement tout ce qui a été fait & enseigné sur cette matiere. Cette étude, lorsqu'on y fait un peu d'attention, paroît plus vaste & plus difficile qu'on ne le croyoit d'abord. Bien des gens s'imaginent savoir la fortification, parce qu'ils ont appris à tracer l'enceinte d'un plan suivant la méthode de M. de Vauban, ou celle de quelqu'autre ingénieur; mais ceux qui ont refléchi sur cet art sentent bien quelles sont les bornes d'une pareille étude. Elle sert seulement à apprendre les termes de la Fortification; mais si l'on n'entre point dans l'esprit des inventeurs des systèmes, si l'on ne fait pas attention aux différens objets qu'ils ont eus dans leur construction, il arrive, comme l'expérience le prouve, qu'après avoir beaucoup copié de plans, & construit beaucoup de systèmes, on ignore encore la fortification, c'est à - dire son esprit, ses regles & ses préceptes, & qu'on se trouveroit très - embarrassé s'il falloit appliquer ces regles à une situation tant - soit - peu irréguliere.
Les connoissances de la fortification, utiles à un ingénieur, sont bien différentes de celles qui conviennent à un officier ordinaire. Le premier doit non - seulement savoir disposer les ouvrages d'une place de guerre pour la mettre en état de faire une vigoureuse résistance; mais il faut encore qu'il sache les construire, & remédier aux différens inconvéniens qui arrivent dans la construction. L'officier peut se borner au premier objet pour être en état de reconnoître le fort & le foible d'une place. Si avec cela il sait mettre un village ou un poste en état de résister à un coup de main, on peut dire qu'il possede la fortification nécessaire à son état. Mais l'habileté de l'ingénieur doit être portée à un point bien différent. Comme les idées ne se présentent que successivement, il faut, pour en trouver d'utiles, s'appliquer très - sérieusement à l'objet que l'on veut perfectionner. Ceux qui croient n'avoir plus rien à apprendre dans les choses de leur état, ne sont pas propres à trouver de nouvelles inventions. Un esprit éclairé, sage & raisonnable, n'emploie guere son tems à des |recherches particulieres, qu'autant qu'il présume que son application ne sera pas infructueuse; il est rare qu'avec cette dispostion, de l'intelligence, des connoissances & un travail assidu, on ne parvienne à la fin à quelque découverte utile.
Nous pensons donc que la perfection de la fortification actuelle est un objet digne de l'attention & de l'application des plus savans ingénieurs. On peut tout attendre d'un corps aussi éclairé & aussi distingué que celui du génie, qui ne voit rien en Europe qui puisse lui être comparé dans l'attaque & dans la défense des places.
Il est établi en France, depuis M. le maréchal de
Vauban, de ne recevoir aucun ingénieur qui n'ait
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