ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"741"> tion ou l'infusion au feu le plus doux, n'eût emporté que le corps doux, &c.

L'usage des infusions n'est presque que pharmaceutique.

On emploie à la préparation d'un remede l'infusion, l'application d'un menstrue animé d'un foible degré de chaleur, toutes les fois qu'un degré plus fort, celui de l'ébullition dissiperoit des parties qu'on se propose de retenir, ou que la macération seroit insuffisante pour extraire d'une drogue assez de parties medicamenteuses; & on la rejette toutes les fois qu'elle est inutile, c'est - à - dire que la décoction toujours plus efficace & plus prompte, ne doit dissiper aucun principe utile, ou qu'elle est insuffisante. Ce sont - là les uniques motifs qui déterminent le choix entre la décoction, l'infusion & la macération.

Les animaux qui ne contiennent que peu ou point de parties volatiles médicamenteuses, & dont les différens matériaux sont peu solubles par les menstrues aqueux ou huileux foiblement échauffés, sont presqu'absolument exclus de la classe des sujets de l'infusion. Les infusions ou teintures de castor, de musc, de civette, sont des infusions improprement dites, sont de vraies dissolutions. Voyez le commencement de cet article.

Les végétaux aromatiques dont on veut faire passer dans l'eau la partie aromatique & un léger extrait, ou la matiere colorante, ou enfin une partie très mobile, quoiqu'inodore, telles que les feuilles de mélisse, les fleurs de violette, d'oeillet, le séné, &c. doivent se traiter par l'infusion; & c'est aussi par cette voie qu'on procede à ces extractions, soit qu'on destine les liqueurs qu'on obtient par ce moyen à des potions ou à des syrops. Quelques substances végétales, aromatiques, dont l'odeur est forte & le parfum abondant, telles que la fleur d'orange & l'excellent thé, soutiennent fort bien une légere décoction, & même fournissent à ce degré de feu, une liqueur plus agréablement parfumée que celle qu'on obtiendroit par l'infusion; mais communément cependant les substances végétales, aromatiques, ne doivent pas être exposées à la décoction.

Les fleurs, feuilles & racines des plantes qui portent des fleurs en croix, dont Tournefort a fait une classe, & qui sont plus ou moins chargées d'un esprit alkali - volatil, ou d'un principe très - analogue, aussi bien que celles qui, comme l'oignon, l'ail, la capucine, &c. sont pourvues d'un principe vif - âcre, très - volatil, jusqu'à - présent indéfini; ces substances, dis - je, devroient, selon la mêmer egie, n'être traitées que par l'infusion toutes les fois qu'on leur appliqueroit un menstrue étranger; mais soit parce qu'elles portent ce menstrue en elles - mêmes (car elles sont la plupart très - succulentes), soit parce qu'elles sont très - sujettes à subir un mouvement intestin qui les altere promptement, lorsqu'on les expose long - tems à une chaleur légere, soit enfin parce que le menstrue non - bouillant ne se chargeroit que très foiblement d'une partie extractive qu'on se propose d'en retirer, aussi bien que le principe volatil; pour ces raisons, dis - je, on ne prépare communément ces plantes pour l'usage médicinal, que sous la forme de suc, comme le suc de cochléaria, de cresson, d'oignon, ou sous celle de décoction, qu'on nomme aussi bouillon dans ce cas, bouillon de navet, de chou rouge, &ct.

On préfere aussi l'infusion à la décoction, pour ménager un principe volatil dans le menstrue employé. C'est dans cette vûe que les vins & les vinaigres médicamenteux se préparent par infusion. Voyez Vin & Vinaigre.

Les infusions pharmaceutiques s'exécutent par toutes les différentes especes de feux légers (voyez Feu, Chimie.), au bain - marie, sur les cendres chaudes, au soleil, &c. & c'est encore une espece d'infusion que l'effusion de l'eau bouillante sur une matiere placée dans un vaisseau froid, sur laquelle on ne laisse séjourner ce menstrue que quelques instans; on appelle cette espece d'infusion théiforme, c'est - à - dire semblable à celle qu'on emploie communément à préparer le thé.

Nous n'avons parlé jusqu'à - présent que de remedes internes pré parés par infusion. On n'emploie presqu'absolument à ces infusions proprement dites que l'eau, le vinaigre ou le vin: nous avons déja observé que celles où on employoit les esprits ardens, s'appelloient teintures.

On prépare aussi par infusion plusieurs remedes externes, principalement des collyres, tel que le vin imprégné de l'extrait & de la partie atomatique des roses rouges, & des huiles appellées par infusion. Voyez l'article Huile.

Les sujets des infusions sont ou simples ou composés. Les dernieres sur - tout pour l'usage interne sont appellées especes. Les poudres grossieres appellées trageoe, sont sous une forme très - propre à donner leur vertu par l'infusion.

Le menstrue s'applique ou immédiatemnt au sujet de l'infusion, ou on enferme ce sujet dans un petit sac ou dans un nouet.

Nous n'avons pris jusqu'à - présent le mot infusion, que pour désigner une opération chimique, l'action de faire infuser; & ce mot est également en usage pour exprimer la liqueur préparée par infusion: il répond dans ce dernier sens, au mot latin infusum; ainsi on dit fort bien boire ou prendre une infusion de capillaire, &c. (b)

INGELHEIM (Page 8:741)

INGELHEIM, (Géog.) Angiloemum ou Ingilenheimum, petite ville d'Allemagne, au palatinat du Rhin, dans le Nahegow, & prelque enclavée dans l'archevêché de Mayence. Elle est remarquable par plusieurs conciles qui s'y sont tenus, & pour avoir été le séjour de divers empereurs; mais elle n'est point le lieu de la naissance de Charlemagne; ce prince naquit à Carlsbourg, château de la haute - Baviere, qui en a pris son nom. Ingelheim n'a rien conservé de sa premiere splendeur, c'est une ville fort délabrée. Elle est située sur la rive orientale de la Sala, sur une hauteur, d'où l'on a une vûe charmante, à 2 lieues S. O. de Mayence, 2. O. de Bingen. Long. 25. 40. lat. 49. 59.

Ingelheim est la patrie de Sébastien Munster, habile & laborieux écrivain du commencement du xvjsiecle. On a de lui un dictionnaire & une grammaire hébraïque, une grammaire chaldaïque, une géographie universelle, intitulée Cosmographie selon l'usage de ces tems - là, une horologiographie, & plusieurs autres ouvrages. Il mourut de la peste à Bâle, en 1552, à 63 ans. (D. J.)

INGÉNIEUR (Page 8:741)

INGÉNIEUR, s. m. (Gram.) Nous avons trois sortes d'ingénieurs; les uns pour la guerre; ils doivent savoir tout ce qui concerne la construction, l'attaque & la défense des places. Les seconds pour la marine, qui sont versés dans ce qui a rapport à la guerre & au service de mer; & les troisiemes pour les ponts & chaussées, qui sont perpétuellement occupés de la perfection des grandes routes, de la construction des ponts, de l'embellissement des rues, de la conduite & réparation des canaux, &c.

Toutes ces sortes d'hommes sont élevés dans des écoles, d'où ils passent a leur service, commençant par les postes les plus bas, & s'élevant avec le tems & le mérite aux places les plus distinguées.

Ingénieur (Page 8:741)

Ingénieur, c'est dans l'état militaire un officier chargé de la fortification, de l'attaque & de la défense des places, & des différens travaux nécessaires pour fortifier les camps & les postes qu'on veut défendre à la guerre. [p. 742]

« Le nom d'ingénieur marque l'adresse, l'habileté & le tale t que les officiers doivent avoir pour inventer. On les appelloit autrefois engeigneurs, du mot engin qui signifie machine, parce que les machines de guerre avoient été pour la plûpart inventées par ceux qui les mettoient en oeuvre dans la guerre. Or engin vient d'ingenium; on appelloit même en mauvais latin ces machines ingenia.

Hi se clauserunt propè ripas ingeniorum, dit Guillaume le Breton dans l'histoire en vers de Philippe Auguste, en parlant du quartier où étoient les machines ».

Et Guillaume Guyart, lingigneurs engins dressent. Hist. de la milice franc. 2. 11. pag. 89.

L'emploi d'ingénieur exige beaucoup d'étude, de talens, de capacite & de génie. Les sciences fondamentales de cet état sont l'Arithmétique, la Géométrie, la Méchanique & l'Hydraulique.

Un ingénieur doit avoir quelqu'usage du dessein. La physique lui est nécessaire pour juger de la nature des matériaux qu'on emploie dans les bâtimens, de celle des eaux, & des différentes qualités de l'air des lieux qu'on veut fortifier.

Il est très - utile qu'il ait des connoissances générales & particulieres de l'Architecture civile, pour la construction des bâtimens militaires, comme casernes, magazins, arsenaux, hôpitaux, logemens de l'état - major, &c. dont les ingénieurs sont ordinairement chargés. M. Frézin recommande aux ingénieurs de s'appliquer à la coupe des pierres. « J'ai reconnu par ma propre expérience, dit ce sçavant auteur, (dans l'ouvrage qu'il a donné sur cette matiere) que cette connoissance (de la coupe des pierres) étoit aussi indispensablement nécessaire à un ingénieur qu'à un architecte, parce qu'il peut être envoyé comme moi dans des colonies éloignées, & même dans les provinces où l'on manque d'ouvriers capables d'exécuter certaines parties de la fortification, où il faut de l'intelligence dans cet art ».

Ces différentes connoissances & plusieurs autres que M. Maigret desire encore dans un ingénieur, comme celle de l'Histoire, de la Grammaire & de la Rhétorique, auxquelles on pourroit joindre celle des différentes manoeuvres des troupes, ne sont que l'accessoire de ce qui constitue le véritable ingénieur. C'est la science de la fortification, de l'attaque & de la défense des places, qui le caractérise particulierement, & qui doit être l'objet le plus sérieux de ses études. « Les différentes parties du génie, dit l'auteur de l'Ingénieur de campagne, se rapportent presque toutes à la fortification. L'on ne peut douter qu'elle n'en soit la principale; cependant à parler en général, c'est, dit - il, celle à laquelle les ingénieurs s'attachent le moins. Cette indifférence, ajoûte cet auteur, vient probablement de ce que n'ayant appris qu'une routine sans principes, qu'un maître peu éclairé rend respectable par le nom de l'auteur dont il l'emprunte; on regarde naturellement cet objet comme borné, & comme porté au point de perfection dont il est possible ». Préface de l'Ingénieur de campagne.

Il est certain qu'en examinant le progrès de la fortification depuis l'invention des bastions, on s'apperçoit que la disposition de l'enceinte des places a éprouvé peu de changemens; mais doit - on en conclure qu'elle a tout le degré de perfection possible? Non sans doute; le peu de durée de la défense de cette enceinte, lorsque l'ennemi a pu s'en approcher, suffit pour le démontrer.

Il est donc important de chercher à rendre notre fortification plus parfaite. Il faudroit trouver le moyen de se garantir de l'effet du ricochet; de rendre les onvrages moins exposés à la nombreuse artil<cb-> lerie avec laquelle on bat les places; de mettre les dehors plus en état d'être soutenus, & repris par l'assiégé; de faciliter les communications, de les rendre plus sûres & plus commodes, & sur tout de diminuer l'excessive dépense de la fortification. Ce sont les principaux objets qu'on doit avoir en vûe dans les nouveaux systèmes de fortification qu'on peut proposer. Les ingénieurs peuvent seuls donner des idées justes dans une matiere où la théorie ne peut rien, ou du moins ne peut que très - peu de chose sans la pratique des siéges. C'est cette expérience qui a produit le Traité de fortification de M. le comte de Pagan, & les vûes nouvelles que cet illustre ingénieur a données pour perfectionner la disposition de l'enceinte des places, & pour rendre la défense des flancs plus directe. Voyez Fortification.

Pour perfectionner la fortification, ou rectifier ce qu'elle a de desavantageux, il faut posséder parfaitement tout ce qui a été fait & enseigné sur cette matiere. Cette étude, lorsqu'on y fait un peu d'attention, paroît plus vaste & plus difficile qu'on ne le croyoit d'abord. Bien des gens s'imaginent savoir la fortification, parce qu'ils ont appris à tracer l'enceinte d'un plan suivant la méthode de M. de Vauban, ou celle de quelqu'autre ingénieur; mais ceux qui ont refléchi sur cet art sentent bien quelles sont les bornes d'une pareille étude. Elle sert seulement à apprendre les termes de la Fortification; mais si l'on n'entre point dans l'esprit des inventeurs des systèmes, si l'on ne fait pas attention aux différens objets qu'ils ont eus dans leur construction, il arrive, comme l'expérience le prouve, qu'après avoir beaucoup copié de plans, & construit beaucoup de systèmes, on ignore encore la fortification, c'est à - dire son esprit, ses regles & ses préceptes, & qu'on se trouveroit très - embarrassé s'il falloit appliquer ces regles à une situation tant - soit - peu irréguliere.

Les connoissances de la fortification, utiles à un ingénieur, sont bien différentes de celles qui conviennent à un officier ordinaire. Le premier doit non - seulement savoir disposer les ouvrages d'une place de guerre pour la mettre en état de faire une vigoureuse résistance; mais il faut encore qu'il sache les construire, & remédier aux différens inconvéniens qui arrivent dans la construction. L'officier peut se borner au premier objet pour être en état de reconnoître le fort & le foible d'une place. Si avec cela il sait mettre un village ou un poste en état de résister à un coup de main, on peut dire qu'il possede la fortification nécessaire à son état. Mais l'habileté de l'ingénieur doit être portée à un point bien différent. Comme les idées ne se présentent que successivement, il faut, pour en trouver d'utiles, s'appliquer très - sérieusement à l'objet que l'on veut perfectionner. Ceux qui croient n'avoir plus rien à apprendre dans les choses de leur état, ne sont pas propres à trouver de nouvelles inventions. Un esprit éclairé, sage & raisonnable, n'emploie guere son tems à des |recherches particulieres, qu'autant qu'il présume que son application ne sera pas infructueuse; il est rare qu'avec cette dispostion, de l'intelligence, des connoissances & un travail assidu, on ne parvienne à la fin à quelque découverte utile.

Nous pensons donc que la perfection de la fortification actuelle est un objet digne de l'attention & de l'application des plus savans ingénieurs. On peut tout attendre d'un corps aussi éclairé & aussi distingué que celui du génie, qui ne voit rien en Europe qui puisse lui être comparé dans l'attaque & dans la défense des places.

Il est établi en France, depuis M. le maréchal de Vauban, de ne recevoir aucun ingénieur qui n'ait

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