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INFILTRATION (Page 8:702)
INFILTRATION, s. f. terme de Chirurgie nouvellement en usage pour exprimer l'insinuation de quelques fluides dans le tissu cellulaire des parties solides. L'infiltration differe de l'épanchement en ce que les liquides extravasés abreuvent pour ainsi dire & imbibent les tissus cellulaires dans l'infiltration, & que dans l'épanchement ces mêmes fluides font une masse, & sont en congestion dans un foyer causé par la rupture ou l'écartement des parties solides. L'anasarque est une hydropisie par infiltration. L'anevrisme faux est accompagnée d'une infiltration de sang, &c.
Il se forme ordinairement une oedématie pâteuse sur la fin des inflammations qui se sont terminées par suppuration; cette infiltration qui vient de l'inertie du tissu cellulaire, est un signe indicatif d'un abscès caché & profond. L'infiltration oedémateuse est quelquefois l'effet de la contraction des membranes cellulaires du tissu adipeux dans le cas où l'inflammation occupe des parties membraneuses au voisinage de ce tissu. On voit cette bouffissure assez fréquemment aux érésypeles de la face. La bouffissure peut se manifester dans des parties éloignées du siége de la maladie. Telle est par exemple l'enflure des mains dans les suppurations de poitrine. On l'attribue à la gène que le sang trouve à son retour par la compression des matieres épanchées. La circulation devenue plus lente, les sucs lymphatiques s'infiltrent dans les cellules du tissu adipeux.
L'infiltration ne peut se guérir que par la cessation
des causes qui l'ont produite & qui l'entretiennent,
ce qui soumet la matiere infiltrée à l'effet des remedes
résolutifs extérieurs, dont l'action peut être utilement
favorisée par l'usage des médicamens intérieurs
capables de procurer des évacuations par les
urines, par les selles & par les sueurs. Si ces moyens
sont inefficaces, la chirurgie opératoire fera ce à
quoi la médicale n'a pas suffi, en procurant par des
mouchetures le dégorgement des cellules infiltrées.
Voyez
Les brides que forment les cicatrices profondes
à la suite de certaines plaies, principalement de celles
qui ont pour cause les armes à feu, laissent des engorgemens
pâteux qui subsistent long - tems. Les
bains locaux avec la lessive de cendres de sarment,
fondent la lymphe visqueuse qui séjourne dans les
cellules affoiblies du tissu graisseux; ces bains donnent
du ressort aux membranes extérieures, & par
leur chaleur & leur humidité ils relâchent & détendent
les parties qui font les brides. On prend dans
la même intention les eaux de Bourbon, de Barege,
de Bourbonne, &c. Voyez
INFINI (Page 8:702)
INFINI, adj. (Métaphysiq.) Ce mot peut signifier deux choses, l'infini réel, & l'infini qui n'est tel que par un défaut de nos connoissances, l'indéfini, l'inassignable. Je ne saurois concevoir qu'un seul infini, c'est - à - dire que l'être infiniment parfait, ou infini en tout genre. Tout infini qui ne seroit infini qu'en un genre, ne seroit point un infini véritable. Quiconque dit un genre ou une espece, dit manisestement une borne, & l'exclusion de toute réalité intérieure, ce qui établit un être fini ou borné. C'est n'avoir point assez simplement consulté l'idée de l'infini, que de l'avoir renfermé dans les bornes d'un genre. Il est visible qu'il ne peut se trouver que dans
Si on pouvoit concevoir des infinis bornés à des genres particuliers, il seroit vrai de dire que l'être infiniment parfait en tout genre seroit infiniment plus grand que ces infinis - là; car outre qu'il égaleroit chacun d'eux dans son genre, & qu'il surpasseroit chacun d'eux en les égalant tous ensemble, de plus il auroit une simplicité suprème qui le rendroit infiniment plus parfait que toute cette collection de prétendus infinis.
D'ailleurs chacun de ces infinis subalternes se trouveroit borné par l'endroit précis où son genre se borneroit, & le rendroit inégal à l'être infini en tout genre.
Quiconque dit inégalité entre deux êtres, dit nécessairement un endroit où l'un finit & où l'autre ne finit pas. Ainsi c'est se contredire que d'admettre des infinis inégaux.
Je ne puis même en concevoir qu'un seul, puisqu'un seul par sa réelle infinité exclut toute borne en tout genre, & remplit toute l'idée de l'infini. D'ailleurs, comme je l'ai remarqué, tout infini qui ne seroit pas simple, ne seroit pas véritablement infini: le défaut de simplicité est une imperfection; car à perfection d'ailleurs égale, il est plus parfait d'être entierement un, que d'être composé, c'est - à - dire que n'être qu'un assemblage d'êtres particuliers. Or une imperfection est une borne; donc une imperfection telle que la divisibilité, est opposée à la nature du véritable infini qui n'a aucune borne.
On croira peut - être que ceci n'est qu'une vaine subtilité; mais si on veut se défier parfaitement de certains préjugés, on reconnoîtra qu'un infini composé n'est infini que de nom, & qu'il est réellement borné par l'imperfection de tout être divisible, & réduit à l'unité d'un genre. Ceci peut être confirmé par des suppositions très - simples & très - naturelles sur ces prétendus infinis qui ne seroient que des composés.
Donnez - moi un infini divisible, il faut qu'il ait une infinité de parties actuellement distinguées les unes des autres; ôtez - en une partie si petite qu'il vous plaira, dès qu'elle est ôtée, je vous demande si ce qui reste est encore infini ou non. S'il n'est pas infini, je soutiens que le total avant le retranchement de cette petite partie, n'étoit point un infini véritable. En voici la preuve: tout composé fini aûquel vous rejoindrez une très - petite partie, qui en auroit été détachée, ne pourra point devenir infini par cette réunion; donc il demeurera fini après la réunion; donc avant la desunion il étoit véritablement fini. En effet qu'y auroit - il de plus ridicule que d'oser dire que le même tout est tantôt fini & tantôt infini, suivant qu'on lui ôte ou qu'on lui rend une espece d'atôme? Quoi donc, l'infini & le fini ne sont - ils différens que par cet atôme de plus ou de moins?
Si au contraire ce tout demeure infini, après que vous en avez retranché une petite partie, il faut avouer qu'il y a des infinis inégaux entr'eux; car il est évident que ce tout étoit plus grand avant que cette partie fût retranchée, qu'il ne l'est depuis son retranchement. Il est plus clair que le jour que le retranchement d'une partie est une diminution du total, à proportion de ce que cette partie est grande. Or c'est le comble de l'absurdité que de dire que le même infini demeurant toujours infini, est tantôt plus grand & tantôt plus petit.
Le côté où l'on retranche une partie, fait visiblement une borne par la partie retranchée. L'infini n'est plus infini de ce côté, puisqu'il y trouve une fin marquée. Cet infini est donc imaginaire, & nul être divisible ne peut jamais être un infini réel. [p. 703]
L'être, l'unité, la vérité, & la bonté sont la même chose. Ainsi tout ce qui est un être infini est infiniment un, infiniment vrai, infiniment bon. Donc il est infiniment parfait & indivisible.
De - là je conclus qu'il n'y a rien de plus faux qu'un infini imparfait, & par conséquent borné; rien de plus faux qu'un infini qui n'est pas infiniment un; rien de plus faux qu'un infini divisible en plusieurs parties ou finies ou infinies. Ces chimériques infinis peuvent être grossierement imaginés, mais jamais conçus.
Il ne peut pas même y avoir deux infinis; car les deux mis ensemble seroient sans doute plus grands que chacun d'eux pris séparément, & par conséquent ni l'un ni l'autre ne seroit véritablement infini.
De plus, la collection de ces deux infinis seroit divisible, & par conséquent imparfaite, au lieu que chacun des deux seroit indivisible & parfait en soi; ainsi un seul infini seroit plus parfait que les deux ensemble. Si au contraire on vouloit supposer que les deux joints ensemble seroient plus parfaits que chacun des deux pris séparément, il s'ensuivroit qu'on les dégraderoit en les séparant.
Ma conclusion est qu'on ne sauroit concevoir qu'un seul infini souverainement un, vrai & parfait.
Infini (Page 8:703)
M. de Fontenelle paroît avoir cru que le calcul différentiel supposoit nécessairement des quantités infiniment grandes actuelles, & des quantités infiniment petites. Persuadé de ce principe, il a cru devoir établir à la tête de son livre qu'on pouvoit toûjours supposer la grandeur augmentée ou diminuée réellement à l'infini, & cette proposition est le fondement de tout l'ouvrage; c'est elle que M. Maclaurin a cru devoir attaquer dans le traité dont nous avons parlé plus haut: voici le raisonnement de M. de Fontenelle, & ce qu'il nous semble qu'on y peut opposer.
La quantite infinie est proprement celle qui est
plus grande que toute grandeur assignable; & comme
il n'existe pas de telle quantité dans la nature, il
s'ensuit que la quantité infinie n'est proprement que
dans notre esprit, & n'existe dans notre esprit que
par une espece d'abstraction, dans laquelle nous
ecartons l'idée de bornes. L'idée que nous avons de
l'infini est donc absolument négative, & provient de
l'idée du fini, & le mot même négatif d'infini le
prouve. Voyez
On admet en Géométrie, du moins par la maniere
de s'exprimer, des quantités infinies du second, du
troisieme, du quatrieme ordre; par exemple, on dit
que dans l'équation d'une parabole [omission: formula; to see, consult fac-similé version], si on
prend x infinie, y sera infinie du second ordre, c'est - à - dire aussi infinie par rapport à l'infinie x, que x l'est
elle - même par rapport à a. Cette maniere de s'exprimer
n'est pas fort claire; car si x est infinie, comment
concevoir que y est infiniment plus grande? voici la
réponse. L'équation [omission: formula; to see, consult fac-similé version] représente celle - ci [omission: formula; to see, consult fac-similé version],
qui fait voir que le rapport de y à x va toûjours en
augmentant à mesure que x croît, ensorte que l'on
peut prendre x fi grand, que le rapport de y à x soit
plus grand qu'aucune quantité donnée: voilà tout
ce qu'on veut dire, quand on dit que x étant infini
du premier ordre, y l'est du second. Cet exemple
simple suffira pour faire entendre les autres. Voyez
Arithmétique des infinis, est le nom donné par M.
Wallis à la méthode de sommer les suites qui ont un
nombre infini de termes. Voyez
Infiniment petit (Page 8:703)
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