ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"700"> l'ordre, nos rois obligerent ces seigneurs à leur faire la foi & hommage, & donner aveu & dénombrement des terres qu'ils tenoient d'eux; & ce furent là les premieres inféodations.

A peu près dans le même tems, les ducs & les comtes, & autres grands seigneurs qui tenoient leurs terres directement du roi, voulant avoir aussi des vassaux, firent des sous - inféodations d'une partie de leurs terres.

On inféoda alors non - seulement les héritages & droits réels, mais aussi les offices.

Il ne subsiste guere de ces premiers actes d'inféodation; au défaut du titre primitif, il suffit de rapporter des actes déclaratifs.

Dans la suite des tems les seigneurs ont encore fait d'autres inféodations, & leurs vassaux ont aussi fait des sous - inféodations; les uns & les autres en font encore quand bon leur semble.

Ces inféodations & sous - inféodations sont un contrat synallagmatique entre le seigneur dominant & le vassal, auquel l'un ne peut rien changer sans le consentement de l'autre.

Le seigneur dominant du vassal qui a sous - inféodé, ne peut empêcher ce jeu de fief, pourvû qu'il n'excede pas ce dont il est permis de se jouer suivant la coutume.

S'il inféode la sous - inféodation, alors le vassalne lui reporte plus que la mouvance qu'il a sur l'arrierevassal; s'il ne l'inféode pas, le vassal doit lui reporter tous les domaines comme auparavant, & en cas d'ouverture du fief du vassal, le seigneur dominant exerce ses droits sur l'arriere - fief, comme s'il n'y avoit pas eu de sous - inféodation. Voyez Fief & Jeu de Fief. (A)

Inféodation (Page 8:700)

Inféodation, s. f. (Jurisprud.) se prend aussi pour la mise en possession du fief que le nouveau vassal acquiert de la part du seigneur dominant, par la réception que celui - ci fait de son vassal en foi & hommage.

L'inféodation prise en ce sens, est pour les fiefs ce que l'ensaisinement est pour les rotures.

La foi & hommage faite en l'absence ou au refus du seigneur, tient lieu d'inféodation, de même que la souffrance accordée au vassal.

La réception par main souveraine a aussi le même effet.

L'année du retrait lignager ne court à l'égard des fiefs, que du jour de l'inféodation. (A)

Inféodation des rentes, charges ou hypotheques, est encore une reconnoissance que le seigneur dominant fait des rentes, charges, & hypotheques, que le vassal a imposé sur son fief.

Cette inféodation est expresse ou tacite.

L'inféodation expresse se fait lorsque le seigneur dominant déclare par un acte formel qu'il approuve le bail à cens ou à rente qui a été fait des héritages tenus de lui en fief, & qu'il reçoit le vassal à foi & hommage pour le cens ou la rente.

Elle est encore expresse lorsque le seigneur a reçu un dénombrement dans lequel le vassal a énoncé le cens ou la rente, ou bien lorsque le seigneur a reçu le quint ou le relief pour le cens ou la rente, ou fait quelque autre acte d'investiture.

Si les officiers du seigneur avoient reçu le denombrement sans le consentement du seigneur, cela ne pourroit pas lui préjudicier; mais le seigneur doit faire réformer le dénombrement.

L'inféodation tacite est celle qui se fait lorsque le vassal a employé dans son dénombrement le cens ou la rente, avec les héritages qui en sont chargés, & les noms des détenteurs d'iceux, & que le seigneur a reçu le dénombrement dans cette forme sans le blâmer.

Quand le cens ou la rente est inféodé, le vassal fait la foi & hommage pour le domaine qu'il a donné à cens ou à rente, mais seulement pour le cens ou la rente pour lesquels il paye les droits; & il ne reporte dans son aveu que le cens ou la rente au lieu du domaine.

Lorsque le seigneur dominant jouit du fief de son vassal, soit par droit de saisie féodale, ou pour son relief, il est obligé d'acquitter les charges qu'il a inféodées, au lieu qu'il n'est pas tenu de celles qui ne sont pas inféodées. Voyez les articles 28 & 59 de la Coutume de Paris. (A)

INFÉODER (Page 8:700)

INFÉODER, v. act. (Jurisprud.) c'est donner en fief, ou recevoir en foi & hommage, ou reconnoitre une rente, ou autre charge imposée par le vassal sur le fief. Voyez Inféodation.

INFÉRER (Page 8:700)

INFÉRER, verb. act. (Logique.) c'est conclure, c'est tirer des conclusions d'un raisonnement. Cette faculté intellectuelle consiste dans la perception de la liaison qui se trouve entre les idées moyennes, dans chaque degré de la déduction d'un raisonnement. L'esprit par - là vient à découvrir la convenance, ou la disconvenance certaine de deux idées; ou bien il vient à voir simplement leur connexion probable.

Inférer, n'est donc autre chose que déduire une proposition comme véritable, en vertu d'une proposition qu'on a déja donnée comme véritable. Par exemple, supposons avec Locke qu'on avance cette proposition, « les hommes seront punis, ou récompenses dans l'autre monde »; & que de - là on veuille en inférer, donc les hommes peuvent se déterminer eux - mêmes dans leurs actions. La question est de savoir si l'esprit a bien ou mal fait cette inférence; s'il l'a faite en trouvant des idées moyennes, & en considérant leur connexion dans leur véritable ordre, il a tiré une juste conséquence; s'il l'a faite sans une telle vûe, loin d'avoir tiré une conséquence fondée en raison, il a montré seulement le desir qu'il avoit qu'elle le fût, ou qu'on la reçût en cette qualité.

L'acte d'inférer est un des plus beaux apanages de la faculté raisonnable, quand elle tire des conséquences par la seule perception de la connexion des idées; mais l'esprit est si fort porté à tirer des conséquences, soit par le violent desir qu'il a d'étendre ses lumieres, ou par le grand penchant qui l'entraîne à favoriser les sentimens qu'il a une fois adoptés, que d'ordinaire il se hâte d'inférer avant que d'avoir apperçu la connexion des idées qui doivent lier ensemble les deux extrèmes. (D. J.)

INFERIAE (Page 8:700)

INFERIAE, s. f. pl. (Littérat.) mot latin consacré, qu'on ne peut rendre en françois que par une longue périphrase.

Les inféries étoient des sacrifices ou offrandes que les anciens faisoient pour les morts, sur leurs tombeaux.

A la coutume barbare d'immoler en sacrifice des prisonniers de guerre sur la tombe des grands capitaines, comme fit Achille sur celle de Patrocle, succéda l'usage chez les Romains, de faire battre des gladiateurs autour du bucher en l'honneur du défunt, & ces victimes humaines se nommoient inferioe.

On appelloit du même nom le sacrifice des animaux pour les morts. On égorgeoit une bête noire, on répandoit son sang sur la tombe; on y versoit des coupes de vin & de lait chaud; on y jettoit des fleurs de pavots rouges; on finissoit cette cérémonie par saluer & par invoquer les mannes du défunt. Voyez Servius sur Virgile.

Enfin, si l'on ne répandoit que du vin sur la tombe, le vin destiné à cet usage s'appelloit aussi inferium vinum. (D. J.) [p. 701]

INFÉRIEUR (Page 8:701)

INFÉRIEUR, (Gramm.) est opposé à supérieur. Voyez Supérieur.

Machoire inférieure.                                     Machoire.
Oblique inférieur.                                       Oblique.
Dentelé inférieur.                                       Dentelé.
Sous - capulaire inférieur.                               Sous - capu<->
                                      Voyez      laire
Abaisseur de la machoire                                        Abaisseur.
inférieure.
Releveur de la levre in - Releveur.
férieure.

INFÉRIEURE, Mer (Page 8:701)

INFÉRIEURE, Mer, (Géog.) inferum mare. Les Romains voyant l'Italie entourée de la mer, excepté du côté de Alpes, distinguerent cette mer par rapport à leur pays, en supérieure & en inférieure; ils appellerent inferum mare celle qui bat les côtes occidentales de leur presqu'île, & superum mare, celle qui en lave l'autre côté. La mer inférieure s'étendoit depuis la mer Ligustique, c'est - à - dire depuis la côte de Gènes jusqu'à la Sicile; c'est la même mer que quelques grecs appelloient méridionale, & tyrrhénienne.

Cette distinction en a produit une autre, que les Latins ont employée pour les arbres qui croissoient sur les montagnes de l'Apennin; car comme cette chaîne de montagnes partage l'Italie en deux du nord au sud, de sorte qu'un des côtés de l'Apennin envoie ses rivieres dans la mer supérieure, & l'autre les siennes dans la mer inférieure, & qu'en même tems il porte du bois à bâtir; ils ont distingué les arbres qui croissent du côté de la mer Adriatique, par le nom de supernas, & ceux qui croissent du côté de la mer de Toscane, par le nom d'infernas. Pline, lib. XVI. cap. x.x. dit que le sapin de ce dernier côté étoit préféré à celui de l'autre côté; Romoe infernas abies supernati proefertur. Vitruve, lib. II cap. x. emploie la même expression, & dit: infernates quoe ex apricis locis adportantur, meliores sunt quàm quoe ab opacis de supernatibus advehuntur. (D. J.)

INFERIUM (Page 8:701)

INFERIUM, s. m. (Hist. anc.) libation d'un peu de vin que les Romains faisoient à Jupiter, lorsqu'ils perçoient un tonneau de vin; alors ils prononçoient ces mots, mactus hoc vino inferio esto. Cette espece de sacrifice étoit d'obligation. Le vin étoit sujet à confiscation, si l'on étoit convaincu d'y avoir manqué. On s'approprioit l'usage du tout par la goutte qu'on offroit aux dieux.

INFERNALE, Pierre (Page 8:701)

INFERNALE, Pierre, Voyez sous le mot Pierre.

INFERNAUX (Page 8:701)

INFERNAUX, sub. m. pl. (Théolog.) est le nom que l'on donna dans le xvj. siecle aux partisans de Nicolas Gallus, & de Jacques Smidelin, qui soutenoient que J. C. descendit dans le lieu où les damnés souffrent, & y fut tourmenté avec ces malheureux. Gautier, chron. sec xvj. 195.

INFESTER (Page 8:701)

INFESTER, v. act. (Gramm.) c'est incommoder, tourmenter, ravager. Cette forêt est infestée de voleurs. Les ennemis infesterent la frontiere. Les mers sont infestées de pyrates.

INFESTUCATION (Page 8:701)

INFESTUCATION, s. f. (Jurisprud.) c'est une tradition & mise en possession d'un fond, qui se faisoit par le vendeur en faveur de l'acheteur, en remettant à ce dernier en signe de tradition, un petit bâton, ou même une branche d'arbre appellée festuca. Voyez le Gloss. de Ducange, au mot festuca & infestucare, & ci - après Tradition.

INFIBULATION (Page 8:701)

INFIBULATION, s. f. (Chirurgie.) opération de Chirurgie, que les anciens pratiquoient sur les jeunes hommes, pour les empêcher d'avoir commerce avec les femmes. Voyez Fibula.

INFIDELE (Page 8:701)

INFIDELE, adj. (Théolog.) se dit de ceux qui ne sont - pas baptisés, & qui ne croyent point les vérités de la religion chrétienne. C'est en ce sens qu'on appelle les idolâtres & les mahométans infideles.

C'est le baptême qui distingue un hérétique d'un infidele. Celui - ci ne connoît souvent pas même les dogmes de la foi. L'autre les altere ou les combat.

Les Théologiens distinguent deux sortes d'infideles. Les infideles négatifs & les infideles positifs. Par infideles négatifs ils entendent ceux qui n'ont jamais entendu ni refusé d'entendre la prédication de l'évangile: & par infideles positifs ceux qui ont refusé d'entendre la prédication de l'évangile, ou qui l'ayant entendue ont fermé les yeux à sa lumiere.

INFIDÉLITÉ (Page 8:701)

INFIDÉLITÉ (Théolog.) en tant qu'elle est un vice opposé à la foi, est en général un défaut de foi; en ce sens quiconque n'a pas la foi, est dans l'infidélité.

L'infidélité proprement dite est un défaut de foi dans ceux qui n'ont jamais fait profession des vérités chrétiennes.

On distingue deux sortes d'infidélité. L'une positive, l'autre négative. La premiere est un défaut de foi dans ceux qui ayant entendu parler de Jesus - Christ & de sa religion, ont refusé de s'y soumettre. La seconde est un défaut de foi dans ceux qui n'ont ni connu ni pu connoître Jésus - Christ & sa loi. La premiere est un péché très - grave. L'autre est un malheur, mais non pas un crime, parce qu'elle est fondée sur une ignorance invincible qui, selon tous les Théologiens, excuse de péché.

Infidélité (Page 8:701)

Infidélité, s. f. (Gram. & Morale.) Ce mot se prend encore pour l'infraction du serment que des époux ou des amans se sont fait, de ne pas chercher le bonheur, l'homme entre les bras d'une autre femme, la femme dans les embrassemens d'un autre homme. Les loix divines & humaines blâment les époux infideles; mais l'inconstance de la nature, & la maniere dont on se marie parminous, semblent un peu les excuser. Qui est ce qui se choisit sa femme? Qui est - ce qui se choisit son époux? Moins il y a eu de consentement, de liberté, de choix dans un engagement, plus il est difficile d'en remplir les conditions, & moins on est coupable aux yeux de la raison d'y manquer. C'est sous ce coup d'oeil que je hais plus les amans que les époux infideles. Et qui est - ce qui les a forcés de se prendre? Pourquoi se sont - ils fait des sermens? La femme infidele me paroît plus coupable que l'homme infidele. Il a fallu qu'elle foulât aux pieds tout ce qu'il y a de plus sacré pour elle dans la société: mais on dira, plus son sacrifice est grand, moins son action est libre, & je répondrai qu'il n'y a point de crime qu'on n'excusât ainsi. Quoi qu'il en soit, le commerce de deux infideles est un tissu de mensonges, de fourberies, de parjures, de trahisons, qui me déplaît: que les limites entre lesquels il ressere les caresses qu'un homme peut faire à une femme, sont bornées! que les momens doux qu'ils ont à passer ensemble sont courts! que leurs discours sont froids! Ils ne s'aiment point; ils ne se croient point; peut - être même ils se méprisent. Dispensez les amans de la fidélité, & vous n'aurez que des libertins. Nous ne sommes plus dans l'état de nature sauvage, où toutes les femmes étoient à tous les hommes, & tous les hommes à toutes les femmes. Nos facultés se sont perfectionnées; nous sentons avec plus de délicatesse; nous avons des idées de justice & d'injustice plus développées; la voix de la conscience s'est éveillée; nous avons institué entre nous une infinité de pacts différens; je ne sais quoi de saint & de religieux s'est mêlé à tous nos engagemens; anéantirons - nous les distinctions que les siecles ont fait naître, & ramenerons-nous l'homme à la stupidité de l'innocence premiere, pour l'abandonner sans remords à la variété de ses impulsions? les hommes produisent aujourd'hui des

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.