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INFANTERIE (Page 8:698)
INFANTERIE, s. f. (Art milit.) c'est dans les armées les troupes qui combattent à pié, & qu'on nomme aussi fantassins & piétons.
L'infanterie fait la partie la plus importante & la plus considérable des armées en Europe. Elle combat dans toutes sortes de terreins; elle seule défend & prend les villes; dans les batailles elle n'est pas moins utile que la cavalerie, qui agit seulement dans les endroits ouverts & spacieux. La rase campagne, dit Vegece, est propre pour la cavalerie; les villes, les plaines & les lieux escarpés sont propres pour l'infanterie.
Quelqu'utile que soit l'infanterie dans toutes les actions de la guerre, nous ne mettrons point en question si une armée doit être composée seulement d'infanterie ou de cavalerie. Les armées doivent être par - tout en état de combattre; il suit de - là qu'elles ont besoin des deux especes de troupes nécessaires à cet effet.
Une armée qui n'auroit que de l'infanterie ou de la cavalerie, se trouveroit privée de l'avantage qui résulte du concours de ces différentes troupes. Si dans un pays de bois & de montagnes, la premiere est plus utile que la cavalerie, cette derniere a aussi quelqu'avantage en plaine; car quoiqu'il soit possible de gagner des batailles en terrein uni avec de l'infanterie, comme on l'a vû du tems des Romains, & du tems que les piques étoient en usage, la victoire ne sauroit être complette à cause de la facilité que la cavalerie a de s'éloigner de l'infanterie. C'est ce que Xénophon observe dans la fameuse retraite des dix mille: comme l'armée des Grecs n'avoit point de cavalerie, elle ne pouvoit, dit cet auteur, rien gagner dans la victoire, & elle perdoit tout dans une défaite.
La cavalerie est encore très - utile pour soutenir
l'infanterie. Si l'on suppose qu'une ligne d'infanterie,
derriere laquelle est une ligne de cavalerie, soit battue
ou poussée, la cavalerie peut, en tombant sur
les troupes victorieuses, que la charge ne peut manquer
d'avoir dérangé, leur en imposer, si elle ne
peut les rompre & arrêter leur poursuite. Il en est
de même d'une ligne de cavalerie soutenue par de
l'infanterie: c'est ainsi qu'on fortifie une arme par
l'autre; mais on ne le fait point lorsqu'on partage
la cavalerie également aux aîles, & qu'on met l'infanterie au centre. Voyez
Il ne faut pas s'épuiser en longs raisonnemens pour démontrer l'utilité de la cavalerie dans les armées; un peu d'attention & de réflexion sur les différentes actions de la guerre suffit pour s'en convaincre; mais on ne doit pas conclure de - là, qu'on ne sauroit la rendre trop nombreuse. Ce n'est pas son usage que M. le chevalier de Folard a blâmé dans plusieurs endroits de son commentaire sur Polybe, mais l'abus du trop grand nombre. La cavalerie est fort couteuse; la dépense de mille hommes à cheval, dit M. le marquis de Santacrux, suffit pour payer 2500 hommes à pié. Cette dépense n'est pas le seul inconvénient qui résulte d'une trop grande quantité de cavalerie. Elle ne peut se maintenir longtems dans un camp qu'il conviendroit quelquefois de conserver, à cause de la disette & de la difficulté des fourrages; d'ailleurs l'armée ne peut s'éloigner des rivieres, on en a besoin pour les chevaux; & quand on défend un camp retranché, il peut résulter de grands inconvéniens d'avoir trop de cavalerie & peu d'infanterie. Il faut donc qu'il y ait une juste proportion entre l'infanterie & la cavalerie. Ce qui peut servir à la déterminer, c'est l'examen des dif<cb->
Chez les Grecs, qu'on peut regarder comme les premiers inventeurs de la science militaire, la cavalerie, suivant les Tacticiens, étoit la sixieme partie de l'infanterie, c'est - à - dire qu'elle étoit à l'infanterie comme 1 est à 6. La phalange étoit composée de 16384 hommes pesamment armés, & de 8192 hommes de troupes légeres. Ces deux nombres font ensemble 24576 hommes. La cavalerie étoit de 4096 hommes; ce qui fait voir qu'elle étoit la sixieme partie du nombre précédent, & par conséquent la septieme partie de celui de l'armée. Chez les Romains le rapport de l'infanterie à la cavalerie étoit beaucoup plus petit, il étoit à peu - près comme 1 est à 20, ou comme 3 est à 50. Ce rapport n'étoit pas suffisant; aussi les Romains se trouverent - ils souvent dans des circonstances fâcheuses pour l'avoir adopté.
Quoique le rapport de la cavalerie à l'infanterie
fût établi de 1 à 6 par les Tacticiens grecs, les généraux
ne s'y bornoient pas toujours; ils le varioient
suivant les occasions.
Les Romains qui dans les tems brillans de la république,
avoient peu de cavalerie & beaucoup
d'infanterie, n'eurent presque plus que de la cavalerie
quand ils furent dans leur décadence, ce qui
fournit cette réflexion à M. le président de Montesquieu,
C'est en effet la bonne discipline qui peut rendre à l'infanterie son ancienne supériorité sur la cavalerie, & peut - être le renouvellement des piques. Les Grecs ne négligoient rien pour exercer leur infanterie; mais ils se soucioient fort peu du maniment de la pique; c'étoit les évolutions qu'on enseignoit aux troupes, comme la chose la plus essentielle, dit un auteur que nous avons cité dans cet article; & M. le maréchal de Saxe est, dit - il, entré dans l'esprit des anciens, quand il met le secret de l'exercice dans les jambes & non dans les bras.
Le rapport de la cavalerie à l'infanterie, qui paroît être le plus communément suivi aujourd'hui dans les armées, est à peu - près celui d'1 à 2, ou de 2 à 5; ensorte que la cavalerie est environ le tiers ou les deux septiemes de l'armée. Ce rapport s'accorde assez exactement avec celui que M. le maréchal de Saxe établit dans ses rêveries ou mémoires sur la guerre. Mais cet illustre général distingue la [p. 699]
Ces quarante escadrons à 150 hommes chacun, font 6000 hommes; si on leur ajoute le double de dragons, c'est - à - dire douze mille, on aura 18000 hommes pour la cavalerie de l'armée dont il s'agit. Cette armée étant supposée de quarante à cinquante mille hommes, on peut par conséquent la regarder comme de quarante - cinq mille; dans cette supposition dix - huit mille est les deux cinquiemes. On voit par - là que M. le maréchal de Saxe met à peu - près les deux septiemes de l'armée en cavalerie & dragons. C'est le double de la cavalerie des Grecs.
M. le marquis de Santacrux ne demande point une cavalerie aussi nombreuse. Il prétend que si le pays où l'on fait la guerre est un pays de plaines, il suffit que la cavalerie, en y comprenant les dragons, soit la quatrieme ou la cinquieme partie de l'armée; que si l'armée doit agir dans un pays de montagnes, entrecoupé de bois & de ravins, la cavalerie peut être réduite à la sixieme partie de l'armée. Ce sentiment paroît mériter d'autant plus d'attention, que cet illustre auteur, en diminuant le grand nombre de cavalerie qu'on emploie actuellement dans les armées, se rapproche davantage de l'usage des Grecs, qu'on ne peut se dispenser de regarder comme nos maîtres dans l'art militaire.
A l'égard des différentes manieres dont on a formé
l'infanterie, & des différens corps dont on l'a composé,
voyez
INFANTICIDE (Page 8:699)
INFANTICIDE, s. m. (Jurisprud.) est le crime de celui ou celle qui procure la mort à son enfant.
Tout homme qui tue en général méritant la mort, à plus forte raison celui qui tue son enfant, une telle action faisant frémir la nature.
Les femmes & filles qui font périr leur fruit durant leur grossesse par l'avortement, soit par des breuvages & autres mauvaises voies, commettent aussi bien un infanticide, que celles qui font périr leurs enfans par le fer ou autrement après leur accouchement.
La loi de Moïse distinguoit; si l'enfant dont la femme se faisoit avorter, étoit formé, ou vivant & animé, elle étoit punie de mort; s'il n'étoit point encore animé, la loi ne prononçoit point de peine contre elle.
Les Romains faisoient une autre distinction entre celles qui désaisoient leur fruit, étant corrompues par argent, & celles qui le commettoient par haine & aversion contre leur mari, ou par quelque autre motis de passion; au premier cas on les condamnoit à mort. En effet Ciceron dans l'oraison pro Cluentio, fait mention d'une femme milésienne qui fut punie du dernier supplice pour avoir, après le décès de son mari, fait périr l'enfant dont elle étoit enceinte, moyennant une somme d'argent qui lui avoit été donnée par les héritiers que son mari avoit substitués à ce posthume; au second cas elles étoient seulement bannies pour un certain tems, suivant les rescrits des empereurs.
La religion chrétienne plus pure que les lois des Juifs & des Romains, tient pour homicide celle qui détruit son fruit avant qu'il soit vivant, aussi bien que celle qui le détruit après lui avoir donné la naissance; il semble néanmoins que dans ce dernier cas le crime soit plus grand, parce que l'enfant est privé du baptême.
Un ancien arrêt du 22 Décembre 1480, condamna une femme qui avoit suffoqué ou autrement tué son enfant, à être brûlée vive.
La peine n'est pourtant pas si rigoureuse suivant l'édit d'Henri II. de l'année 1556, donné contre les filles & femmes qui celent leur grossesse & leur enfantement; cet édit veut que celles qui se trouveront dans ce cas sans en avoir pris témoignage suffisant, même de la vie & de la mort de leur enfant lors de l'issue de leur ventre, & l'enfant ayant été privé du baptême & de la sépulture publique & accoutumée, elles soient tenues pour avoir homicidé leur enfant, & pour réparation publique, punies de mort & du dernier supplice, de telle rigueur que la qualité particuliere du cas le méritera.
On renouvelle de tems en tems la publication de
cet édit, & depuis il y a eu plusieurs exemples de
femmes pendues pour avoir tué leurs enfans. Voyez
INFATIGABLE (Page 8:699)
INFATIGABLE, adj. (Gramm.) qu'on ne peut
lasser. Voyez
INFATUER (Page 8:699)
INFATUER, infatuare, (Hist. anc.) préoccuper, prévenir tellement quelqu'un en faveur d'une personne ou d'une chose qui ne le mérite pas, qu'on ait de la peine à l'en desabuser.
Ce mot vient du latin infatuare, qui signifie rendre
fol, mettre une personne hors de son bon sens. Ce
verbe vient de fatuus fol, dérivé du verbe fari, qui
est tiré du grec
Les Romains appelloient infatués, infatuati, ceux
qui croyoient avoir des visions, qui s'imaginoient
avoir vû le dieu Faune, qu'ils appelloient Fatuos.
Voyez
INFECOND (Page 8:699)
INFECOND, Voyez
INFECONDI (Page 8:699)
INFECONDI; (Hist. litt.) c'est le nom que prit une société littéraire qui s'établit à Rome en 1650. Ils eurent pour devise un terrcin couvert de neige avec cette inscription, germinabit.
INFECT, INFECTER (Page 8:699)
INFECT, INFECTER, (Gramm.) ces mots viennent du latin inficere, imprégner, teindre; & nous les avons transportés de la couleur aux odeurs. Un lieu, un air, un corps sont infects, lorsqu'ils offensent l'odorat par une forte odeur de putréfaction.
Infect ne se prend qu'au physique. Infecter se prend encore au moral. L'hérésie a infecté cette province. L'air du monde est infecté, & il faut y être fait pour n'en être pas corrompu.
INFÉODATION (Page 8:699)
INFÉODATION, s. f. (Jurisprud.) est l'action de mettre en fief une chose qui ne l'étoit pas.
On entend aussi par inféodation l'acte par lequelle seigneur dominant a donné à quelqu'un un héritage, ou autre immeuble, à la charge de le tenir de lui en fief.
L'usage des inféodations est, comme on le conçoit, aussi ancien que l'établissement des fiefs, si ce n'est qu'on veuille dire que les grandes seigneuries qui ont formé les premiers fiess, furent établies sans acte d'inféodation; & que les ducs & les comtes, & autres grands officiers de la couronne, profitant de la confusion où étoit le royaume vers la fin de la seconde race & au commencement de la troisieme, se rendirent eux - mêmes propriétaires des offices & terres dont ils n'avoient auparavant que l'administration, sans en avoir aucun acte de concession du souverain.
Mais lorsque les choses rentrerent un peu dans
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