ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"600"> la priere. Il y avoit encore une autre imposition des mains pour reconcilier les pénitens, ce qui a fait soûtenir à quelques théologiens que l'imposition des mains étoit la matiere du sacrement de pénitence, mais ce sentiment n'est pas suivi. Le plus grand nombre pense que cette imposition des mains usitée dans la premiere Eglise à l'égard des pénitens, étoit seulement cérémonielle & non sacramentelle.

Imposition se dit aussi d'une espece de transplantation qui se fait pour la cure de certaines maladies. Voyez Transplantation.

On prend le plus que l'on peut de la mumie ou de l'excrément de la partie malade, ou de tous les deux ensemble, on les place dans un arbre ou dans une plante, entre l'écorce & le bois, & on recouvre le tout avec du limon. Au lieu de cela, il y en a qui font un trou de tariere dans le bois pour y placer cette mumie ou cet excrément; après quoi ils bouchent le trou avec un tampon de même bois, & mettent du limon par - dessus.

Lorsqu'on souhaite un effet durable, il faut choisir un arbre de longue durée, comme le chêne. Si on le veut prompt, il faut un arbre qui croisse promptement; & dans ce dernier cas, on doit retirer ce qui sert de milieu à la transplantation, si - tôt que l'effet s'est ensuivi, à cause que la trop grande altération de l'esprit pourroit nuire au malade. Dict. de Trévoux.

Imposition (Page 8:600)

Imposition, terme d'Imprimerie en lettres; c'est une des fonctions du compositeur: lorsqu'il a le nombre de pages qu'il lui faut pour imposer, il les arrange sur le marbre, suivant les regles de l'art, amplement détaillées dans l'article de la main d'oeuvre de l'Imprimerie. Voyez cet article. Ensuite il confere les folio de ses pages pour voir si elles sont bien placées, pose le chassis, place la garniture, délie les pages, & les serre dans la garniture, jette les yeux sur chaque page l'une après l'autre pour voir s'il n'y a point quelques lettres dérangées; s'il y en a, les redresse avec la pointe, garnit la forme de coins, les serre avec la main, taque la forme, & la serre. Les pages doivent être placées de maniere que quand les deux côtés du papier sont imprimés, la seconde page se trouve au revers de la premiere, la quatrieme au revers de la troisieme, & ainsi de suite. Voyez tous les mots italiques chacun à leur article. Voyez aussi les Planches de l'Imprimerie.

IMPOSSIBLE (Page 8:600)

IMPOSSIBLE, adj. (Métaphysique.) c'est tout ce qui renferme contradiction. Deux idées qui s'excluent réciproquement, forment un assemblage qui est impossible, de même que l'assemblage qui l'exprime.

Il faut bien prendre garde ici aux notions trompeuses & déceptrices que l'on prend quelquefois pour des idées claires. Il arrive en effet que nous nous formons de semblables idées qui nous paroissent évidentes, faute d'attention, parce que nous avons une idée de chaque terme en particulier, quoiqu'il soit impossible d'en avoir aucune de la phrase qui naît de leur combinaison. Ainsi l'on penseroit d'abord entendre ce que l'on veut dire par une figure renfermée entre deux lignes droites; & l'on croiroit parler d'un corps régulier en parlant d'un corps à neuf faces égales, parce qu'on entend tous les termes qui entrent dans ces propositions. Cependant il implique contradiction que deux lignes droites renferment un espace, & fassent une figure, & qu'un corps ait neuf faces égales & semblables. On a encore un exemple de ces idées déceptrices dans le mouvement le plus rapide d'une roue, dont M. Leibnits s'est servi contre les Cartésiens; car il est aisé de faire voir que le mouvement le plus rapide est impossible, puisqu'en prolongeant un rayon quelconque, ce mouvement devient plus rapide à l'infini. On voit par ces exemples, qu'il est très - possible de croire avoir une idée claire d'une chose, dont cependant nous n'avons aucune idée.

L'impossible est tel absolument ou hypothétiquement, suivant qu'il répugne au principe de contradiction, ou à celui de la raison suffisante. Limpossible absolu, c'est ce qui ne sauroit être, quelque suppossition que vous fassiez, parce qu'il répugne à l'essence même du sujet, dont on voudroit le rendre attribut, comme un triangle à quatre angles, une montagne sans vallée. C'est - là l'impossible, proprement dit; mais on connoit aussi une impossibilité conditionnelle, qui vient de ce qu'une chose n'a ni n'aura jamais de raison suffisante de son existence. Un voyage de la terre à la lune implique contradiction, entant que les hommes sont destitués des moyens requis pour l'exécuter. C'est sur cette distinction que MM. Leibnits & Volf fondent leur nécessité absolue & hypothétique.

On peut regarder comme impossible au premier sens, 1°. tout ce qui se contredit soi - même; 2°. tout ce qui contredit à quelque proposition démontrée; 3°. toute combinaison d'attributs qui s'excluent réciproquement.

Tout impossible absolu est un véritable rien, à quoi ne répond aucune idée. Car si l'on met ensemble deux choses inalliables, elles se détruisent l'une l'autre, & il ne reste rien. Des propositions qui expriment des combinaisons absolument impossibles, ne sauroient donc être l'objet de la puissance de Dieu, qui s'exerceroit en ce cas sur le rien. Ce n'est point la borner que dire qu'elle ne s'étend pas jusques - là; car le néant ne sauroit être son objet, puisqu'il n'est susceptible de rien. De telles propositions ne sauroient être non plus l'objet de notre foi; car il ne dépend pas de moi de croire qu'une chose soit & ne soit pas, qu'elle soit ici & ailleurs, qu'elle soit une & trois au même sens & de la même maniere.

IMPOSTE (Page 8:600)

IMPOSTE, s. f. (Coupe des pierres.) du latin impositum, mis dessus, est le rang ou plûtôt le lit de pierre sur lequel on établit la naissance de la voute, dit le coussinet. Imposte signifie aussi cet ornement de moulures qui couronne un piédroit sous la naissance d'une arcade; lequel sert de base à un autre ornement cintré, appellé archivolte.

IMPOSTURE (Page 8:600)

* IMPOSTURE, s. f. (Gram. Morale.) ce mot vient du verbe imposer. Or on en impose aux hommes par des actions & par des discours. Les deux crimes les plus communs dans le monde, sont l'imposture & le vol. On en impose aux autres, on s'en impose à soi - même. Toutes les manieres possibles dont on abuse de la confiance ou de l'imbécillité des hommes, sont autant d'impostures. Mais le vrai champ & sujet de l'imposture sont les choses inconnues. L'étrangeté des choses leur donne crédit. Moins elles sont sujettes à nos discours ordinaires, moins on a le moyen de les combattre. Aussi Platon dit - il, qu'il est bien plus aisé de satisfaire, parlant de la nature des dieux que de la nature des hommes, parce que l'ignorance des auditeurs prête une belle & large carriere. D'où il arrive que rien n'est si fermement cru que ce qu'on sait le moins, & qu'il n'y a gens si assûrés que ceux qui nous content des fables, comme alchimistes, prognostiqueurs, indicateurs, chiromantiens, medecins, id genus omne, auxquels je joindrois volontiers, si j'osois, dit Montagne, un tas d'interpretes & contrôleurs des desseins de Dieu, faisant état de trouver les causes de chaque accident, & de voir dans les secrets de la volonté divine les motifs incompréhensibles de ses oeuvres; & quoique la variété & discordance continuelle des événemens les rejette de coin en coin & d'orient en occident, ils ne laissent pourtant de [p. 601] suivre leur esteuf, & de même crayon peindre le blanc & le noir. Les imposteurs qui entraînent les hommes par des merveilles, en sont rarement examinés de près; & il leur est toûjours facile de prendre d'un sac deux moutures. Voyez la suite du xxxj. chap. du I. livre des essais.

Imposture (Page 8:601)

Imposture, en maladie, est une ruse ou artifice qu'on pratique pour paroître attaqué d'une maladie qu'on n'a pas. Les Medecins & les Chirurgiens, dans les rapports qu'ils sont obligés de faire en justice, doivent être très - attentifs à ne se point laisser tromper. Il y a dans les ouvrages de Galien un petit traité sur ce sujet. Jean - Baptiste Sylvaticus a composé une dissertation dans laquelle il donne des regles pour découvrir les maladies simulées: de iis qui morbum simulant deprehendendis. Tous les auteurs qui ont écrit avec quelque attention sur la medecine légale, n'ont point oublié les tromperies imaginées pour paroître malade. Fortunatus Fidelis, qui passe pour le premier qui ait écrit des questions medicales relatives à la Jurisprudence, a donné sur cette matiere des principes auxquels Zacchias, medecin de Rome, a ajoûté quelques détails. Mais ils ont tous été devancés dans cette carriere par notre fameux chirurgien Ambroise Paré, qui a spécialement écrit sur les impostures des gueux qui feignent d'être sourds & muets, qui contrefont les ladres, sur les artifices des femmes qui paroissent avoir des cancers à la mammelle, des descentes de matrice, & autres maux, pour exciter la compassion du peuple, & en recevoir de plus amples aumônes. Il est entré de l'art & de l'industrie jusque dans les moyens d'abuser le public par les voies les plus honteuses. En général, il y a trois motifs auxquels on peut rapporter tous les faits dont les auteurs ont fait mention; la crainte, la pudeur & l'intérêt. C'est par la crainte du supplice qu'un criminel contrefait l'insensé; par pudeur, une fille se plaint d'hydropisie, pour cacher une grossesse; par intérêt, une femme se dit enceinte, & prend les précautions qui peuvent le faire croire, afin de pouvoir supposer un enfant, &c. Il y a beaucoup de circonstances délicates où il faut user d'une grande prudence, & être capable de discernement pour aller à la recherche de la vérité, & rendre aux juges un témoignage fidele & éclairé. Le motif présumé conduit à l'examen des différentes impostures qu'on a rangées sous trois genres, qui ont chacun leurs regles générales & particulieres. Le premier genre comprend les maladies dont la nature ne se manifeste pas, & qui n'ont d'autres signes de leur existence supposée que les plaintes & les cris de ceux qui s'en disent attaqués. On met dans le second genre des maladies réelles, mais factices; & sous le troisieme, les apparences positives de maladies qui n'existent point, comme des échymoses artificielles pour s'être frotté de mine de plomb, des crachemens de sang simulés, &c. Il faut voir ces détails dans les livres qui en traitent, afin d'être en garde contre de pareilles supercheries, par lesquelles on pourroit être l'occasion de torts fort préjudiciables, par des jugemens portés avec légereté, faute de connoissances ou d'attention suffisante. (Y)

IMPOT (Page 8:601)

IMPOT, s. m. (Droit politiq. & Finances.) contribution que les particuliers sont censés payer à l'état pour la conservation de leurs vies & de leurs biens.

Cette contribution est nécessaire à l'entretien du gouvernement & du souverain; car ce n'est que par des subsides qu'il peut procurer la tranquillité des citoyens; & pour lors ils n'en sauroient refuser le payement raisonnable, sans trahir leurs propres intérêts.

Mais comment la perception des impôts doit - elle être faite? Faut - il la porter sur les personnes, sur les terres, sur la consommation, sur les marchandises, ou sur d'autres objets? Chacune de ces questions, & celles qui s'y rapportent dans les discussions de détails, demanderoient un traité profond qui fût encore adapté aux différens pays, d'après leur position, leur étendue, leur gouvernement, leur produit & leur commerce.

Cependant nous pouvons établir des principes décisifs sur cette importante matiere. Tirons - les ces principes des écrits lumineux d'excellens citoyens, & faisons - les passer dans un ouvrage où l'on respire les progrès des connoissances, l'amour de l'humanité, la gloire des souverains, & le bonheur des sujets.

La gloire du souverain est de ne demander que des subsides justes, absolument nécessaires; & le bonheur des sujets est de n'en payer que de pareils. Si le droit du prince pour la perception des impôts, est fondé sur les besoins de l'état, il ne doit exiger de tributs que conformément à ces besoins, les remettre d'abord après qu'ils sont satisfaits, n'en employer le produit que dans les mêmes vûes, & ne pas le détourner à ses usages particuliers, ou en profusions pour des personnes qui ne contribuent point au bien public.

Les impôts sont dans un état ce que sont les voiles dans un vaisseau, pour le conduire, l'assurer, l'amener au port, non pas pour le charger, le tenir toujours en mer, & finalement le submerger.

Comme les impôts sont établis pour fournir aux nécessités indispensables, & que tous les sujets y contribuent d'une portion du bien qui leur appartient en propriété, il est expédient qu'ils soient perçus directement, sans frais, & qu'ils rentrent promptement dans les coffres de l'état. Ainsi le souverain doit veiller à la conduite des gens commis à leur perception, pour empêcher & punir leurs exactions ordinaires. Néron dans ses beaux jours fit un édit très - sage. Il ordonna que les magistrats de Rome & des provinces reçussent à toute heure les plaintes contre les fermiers des impôts publics, & qu'ils les jugeassent sur le champ. Trajan vouloit que dans les cas douteux, on prononçât contre ses receveurs.

Lorsque dans un état tous les particuliers sont citoyens, que chacun y possede par son domaine ce que le prince y possede par son empire, on peut mettre des impôts sur les personnes, sur les terres, sur la consommation, sur les marchandises, sur une ou sur deux de ces choses ensemble, suivant l'urgence des cas qui en requiert la nécessité absolue.

L'impôt sur la personne ou sur sa tête, a tous les inconvéniens de l'arbitraire, & sa méthode n'est point populaire: cependant elle peut servir de ressource lorsqu'on a un besoin essentiel de sommes qu'il faudroit indispensablement rejetter sur le commerce, sur les terres ou leur produit. Cette taxe est encore admissible, pourvû qu'elle soit proportionnelle, & qu'elle charge dans une proportion plus forte les gens aisés, en ne portant point du tout sur la derniere classe du peuple. Quoique tous les sujets jouissent également de la protection du gouvernement & de la sûreté qu'il leur procure, l'inégalité de leurs fortunes & des avantages qu'ils en retirent, veut des impositions conformes à cette inégalité, & veut que ces impositions soient, pour parler ainsi en progression géométrique, deux, quatre, huit, seize, sur les aisés; car cet impôt ne doit point s'étendre sur le nécessaire.

On avoit divisé à Athenes les citoyens en quatre classes; ceux qui tiroient de leurs biens cinq cent mesures de fruits secs ou liquides, payoient au public un talent, c'est - à - dire soixante mines. Ceux qui en retiroient trois cent mesures, devoient un demi<pb->

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