ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"598"> une foi explicite un peu étendue. Heureusement ils en ont toujours assez pour saisir le principal objet de la foi que J. C. nous demande, je veux dire la ferme confiance que nous devons avoir en sa parole. En effet, le Sauveur n'insiste pas, comme les Théolo giens, sur une adhésion expresse, pas même sur une adhésion implicite à des opinions controversées dans l'école, & dont la plûpart n'intéressent ni la religion, ni les moeurs.

La confiance, la foi invariable en sa puissance & en sa médiation, est presque le seul article qu'il exige de nous; & c'est ce qu'il témoigne sans équivoque dans les divers passages où il parle de la foi; en voici quelques - uns pris au hasard & sans choix, car ils ont tous le même sens dans la bouche du Sauveur.

Jésus admirant l'extrême confiance du Centenier, dit en marquant sa surprise: « en vérité je n'ai point trouvé une si grande foi, même en Israël ». Matth. 8. 10.

Dans une autre occasion, voyant la foi de ceux qui lui présentoient un paralityque: « mon fils, dit - il au malade, ayez confiance, vos péchés vous sont remis ». Matth. 9. 2.

Il dit de même à l'hémorroisse: « ma fille ayez confiance, votre foi vous a sauvée.» Matth. 9. 22.

Saint Pierre marchant sur les eaux, & paroissant effrayé, Jésus lui tendit la main, en lui disant: « homme de peu de foi, pourquoi avez - vous douté »? Matth. 14. 31.

Il dit à un aveugle qui demandoit sa guérison avec de grands cris: « allez, votre foi vous a sauvé ». Marc, 10. 52.

Il dit encore à un lépreux qu'il avoit guéri, & qui lui rendoit grace à genoux: « levez vous, allez, votre foi vous a sauvé ». Luc, 17. 19.

« Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son fils unique, afin que tout homme qui croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle ». Jean, 3. 16.

Qu'on examine dans le texte des évangelistes tous les passages où il est question de la foi, & l'on verra qu'ils n'expriment que l'intime persuasion de la divinité du Sauveur, que la confiance en ses mérites infinis. Principe fondamental de la foi nécessaire à tous les hommes, & qui semble se réduire à croire l'unité d'un Dieu en trois personnes, & la divinité de J. C. unie à l'humanité, pour opérer le salut du genre humain; foi efficace & fructifiante, dont le Sauveur fait dépendre non - seulement les guérisons miraculeuses, & les autres prodiges de la toute - puissance, mais encore la rémission des péchés, & les récompenses de la vie éternelle; foi par conséquent bien différente d'une adhésion stérile à tant de propositions débattues parmi les scholastiques, & qui n'ont au reste que peu ou point de rapport au perfectionnement de nos moeurs.

Il résulte de ces observations que la plûpart des dogmes énoncés par l'Eglise, bien que solidement établis sur son infaillibilité, ne tiennent pourtant que le second rang dans le système de notre croyance; & qu'ainsi la connoissance expresse en est moins nécessaire au salut; en un mot, qu'ils peuvent devenir l'objet de la foi implicite, ou de ce qu'on appelle foi du peuple ou du charbonnier.

Implicitement, adverbe, vient d'implicite, & se prend à proportion dans le même sens. Telle proposition qui n'est pas en termes exprès dans un livre, y est pourtant contenue implicitement, parce qu'elle est une conséquence nécessaire de la doctrine qu'on y établit.

IMPLIQUER (Page 8:598)

IMPLIQUER, verbe actif, (Gramm.) c'est engager dans un soupçon, une affaire, une accusation. Cet accusé a impliqué beaucoup de monde dans son action. Les plus braves d'entre les Romains se trouverent impliqués dans les conjurations qu'on forma contre les oppresseurs de leur liberté.

On dit encore, cette proposition implique contradiction, lorsqu'en la décomposant, on y remarque ou des conditions, ou des circonstances, ou des idées, ou des suppositions, qui ne peuvent co - exister, ou qui s'excluent réciproquement.

IMPLORER (Page 8:598)

IMPLORER, verbe actif, (Gramm.) c'est demander avec toutes les marques de l'instance. On implore du secours; on implore la justice; on implore le bras séculier. Si les Ecclésiastiques implorent le bras séculier contre ceux qui refusent de les écouter avec docilité, ils oublient que leur conduite est proscrite dans l'Evangile, qui leur ordonne d'enseigner, & non de persécuter; de sauver, & non de perdre; de s'éloigner, & non de frapper; d'être des hommes de paix, & non des hommes de sang.

IMPOLI, IMPOLITESSE (Page 8:598)

IMPOLI, IMPOLITESSE, (Gramm.) c'est une ignorance grossiere, ou un mépris déplacé des égards de convention dans la société. Voyez l'article Politesse.

IMPORCITOR (Page 8:598)

IMPORCITOR, s. m. (Myth.) dieu de la campagne & de l'agriculture, qui présidoit chez les anciens Romains, à la troisieme façon que l'on donnoit aux terres, après qu'on leur avoit confié le grain. Ce mot vient de porcoe, terme par lequel on désignoit la forme élevée des sillons; le flamine invoquoit le dieu imporcitor, en sacrifiant à Cérès & à la Terre. Dict. de Trévoux.

IMPORTANCE (Page 8:598)

IMPORTANCE, s. f. (Gram.) terme relatif à la valeur d'un objet. S'il a, ou si nous y attachons une grande valeur, il est important. On dit d'un meuble précieux, un meuble d'importance; d'un projet, d'une affaire, d'une entreprise, qu'elle est d'importance, si les suites en peuvent devenir ou très - avantageuses, ou très - nuisibles. Le mal & le bien donnent également de l'importance. D'importance on a fait important, qui se prend à peu - près dans le même sens. On dit, il est important de bien commencer, d'aller vîte, de marcher sourdement. Il faut que le sujet d'un poëme épique ou dramatique soit important. Combien de questions futiles qui auroient à peine agité les scholastiques dans l'ombre & la poussiere de leurs classes, si le gouvernement ne leur avoit donné de l'importance, par la part qu'il y a prise! Qu'il ose les mépriser, & bientôt il n'en sera plus parlé. Qu'il en fasse un sujet de distinction, de préférence, de grace, & bientôt les haines s'accroîteront; les peuples s'armeront, & une dispute de mots finira par des assassinats & des ruisseaux de sang. L'adjectif important a deux acceptions particulieres. On dit d'un homme qui peut beaucoup dans la place qu'il occupe, c'est un homme important; on le dit aussi de celui qui ne peut rien ou peu de chose, & qui met tout en oeuvre pour se faire attribuer un crédit qu'il n'a pas. Les nouveaux débarqués, ceux qui sollicitent des graces, des places, sont à tout moment ici la dupe des importans. La ville & la cour regorgent d'importans qui font payer bien cher leur nullité. Les importans sont dans les cours, ce que les prêtres du paganisme étoient dans leurs temples. On les croyoit en grande familiarité avec les dieux, parce qu'ils ne s'en éloignoient jamais. On leur portoit des offrandes qu'ils acceptoient, & ils s'engageoient à parler au ciel, à qui ils ne disoient rien, ou qui ne les entendoit pas. En un mot l'important est sans naissance, mais il voit des gens de qualité; il est sans talens, mais il protege ceux qui en ont; il est sans crédit, mais il se met en chemin pour rendre service; il ne fait rien, mais il conseille ceux qui font mal. S'il a une petite place, il croit y faire de grandes choses; enfin il voudroit faire croire à tout le monde & se [p. 599] persuader à lui - même, que ses discours, ses actions, son existence, influent sur la destinée de la société.

IMPORTATION (Page 8:599)

* IMPORTATION, s. f. (Commerce.) il se dit de tous les objets de commerce que nous recevons de l'étranger. Son correlatif est exportation, qui se dit de tous les objets de commerce que l'étranger reçoit de nous. Si la valeur de l'importation est égale à la valeur de l'exportation, nous ne perdons ni ne gagnons. Une vûe de politique, ce seroit d'accroitre l'exportation autant qu'il est possible, & peut - être de diminuer autant qu'il est possible l'importation.

IMPORTUN (Page 8:599)

IMPORTUN, s. m. (Morale.) c'est celui qui embarrasse, incommode, ennuie, chagrine par sa présence, ses discours & ses actions hors de saison.

Un importun offre avec vivacité ses services à des gens qui ne veulent pas l'employer; il prend le moment que son ami est accablé d'affaires pour lui parler de sciences; il va souper chez sa maîtresse, le soir même qu'elle a la fièvre; il entraîne à la promenade des gens à peine arrivés d'un long voyage, & qui ne cherchent qu'à se reposer de leurs fatigues; en un mot, il ne sait jamais discerner le tems & les occasions, & loin d'obliger les autres, il leur déplaît, & leur devient à charge. Ce rôle ridicule, qu'il joue dans la société, est le vrai rôle d'un sot; un homme habile, dit la Bruyere, sent d'abord s'il convient ou s'il ennuie; il sait disparoître l'instant qui précede celui où il seroit de trop quelque part. (D. J.)

IMPOSANT (Page 8:599)

* IMPOSANT, ad. IMPOSER, v. act. (Gram.) c'est l'effet de tout ce qui imprime un sentiment de crainte, d'admiration, de respect, d'égard, de considération. On en impose ou par des qualités réelles, ou par des qualités apparentes. Il se dit & des personnes & des choses. La dignité, le ton, le visage, le caractere, le regard, en imposent dans la personne. La grandeur, l'élévation, la masse, le faste, l'éclat, la dépense, l'espace, l'étendue, la durée, l'ancienneté, le travail, la perfection, en imposent dans les choses. Rien n'en impose au sage que ce qui excite en lui un sentiment réfléchi d'admiration, d'estime ou de respect. En imposer se prend encore dans un sens différent; pour tromper, mentir, séduire. On impose aussi une pénitence, une tâche, un nom, une taxe, les mains, un fardeau, &c. acceptions du verbe imposer, assez éloignées des précédentes.

Imposer (Page 8:599)

Imposer, terme d'Imprimerie en lettres. Imposer une forme, c'est après avoir arrangé les pages sur le marbre selon l'art, les renfermer dans un chassis de fer, les garnir en tout sens de différens bois taillés pour les différentes sortes de formats, & par le moyen des bizeaux & des coins, rendre le tout solide & portatif. Voyez les mots italiques chacun à leur article. Voyez aussi Imposition, terme d'Imprimerie en lettres, & les Planches de l'Imprimerie.

IMPOSITION (Page 8:599)

IMPOSITION, (Jurisprud.) signifie souvent la même chose qu'impot ou tribut: on dit, par exemple, l'imposition des tailles, celle du dixieme ou du vingtieme, &c.

Quelquefois par imposition, on entend la repartition qui est faite de ces impôts sur les contribuables. Voyez Impot. (A)

Imposition (Page 8:599)

Imposition. On se sert de ce mot en Lorraine, au lieu de celui de taille, pour exprimer les sommes qui se levent sur les sujets pour les besoins de l'état. Les impositions de cette province pour l'année 1748 montent, sans y comprendre celle du vingtieme, à pèrs de deux millions neuf cens trente - cinq mille livres au cours de France. La principale imposition est appellée subvention. C'étoit autrefois la seule, & elle comprenoit toutes les charges. Elle n'est ni réelle, ni personnelle; elle est mixte. Les autres im - positions, qui se répartissent sur les mêmes principes que la subvention, sont pour la dépense des ponts & chaussées; la solde de la maréchaussée; les gages & appointemens d'officiers militaires, de judicature, de finance, & pour le supplément du prix des fourrages aux troupes de cavalerie en quartier dans la province. Le roi de Pologne, duc de Lorraine & de Bar, fixe chaque année par des arrêts de son conseil des finances, la somme imposée sur les deux duchés. La Lorraine en supporte ordinairement les deux tiers, le Barrois le surplus. Ces arrêts sont adressés avec des lettres patentes à la chambre des comptes de Lorraine & à la chambre des comptes de Bar, lesquelles en font chacune dans sa province la répartition sur les différentes paroisses ou communautés qui en dépendent. Elles adressent à chaque communauté un mandement fort étendu, qui explique les principes & la maniere de procéder à la levée des deniers de l'imposition, l'exemption qui en est accordée aux nobles, aux ecclésiastiques, &c. Aussi - tôt après la réception du mandement de la chambre des comptes, le maire ou principal officier fait assembler la communauté, & on élit trois asseyeurs à la pluralité des voix, l'un tiré de la haute classe, un autre de la moyenne classe, le troisieme de la basse classe des contribuables. Ces asseyeurs font seuls sur les particuliers la répartition de la somme imposée sur le corps de la communauté. Le rôle qu'ils en ont formé est remis à deux collecteurs choisis & différens des asseyeurs. Ces collecteurs font la levée & le recouvrement des deniers sans le ministere d'huissiers ou sergens, & portent les derniers au receveur particulier des finances en deux termes, Janvier & Juillet. Les sommes se remettent ensuite par le receveur particulier au receveur général des finances en exercice.

L'imposition du vingtieme n'a commencé en Lorraine qu'en 1750. Le second vingtiéme au premier Octobre 1756; & les quatre sous en sus du premier vingtieme en Janvier 1757. Il s'y perçoit comme en France. Article de M. Durival le jeune.

Imposition (Page 8:599)

Imposition des mains, (Théologie.) onction ecclésiastique par laquelle la mission évangélique & le pouvoir d'absoudre sont communiqués. Voyez Chirotonie & Main.

L'imposition des mains étoit une cérémonie judaïque qui s'étoit introduite, non par quelque loi divine, mais par la coûtume, & toutes les fois que l'on prioit Dieu pour quelqu'un, on lui mettoit les mains sur la tête.

Notre Sauveur a suivi cette coûtume, soit qu'il fallût benir des enfans ou guérir des malades, en joignant la priere à cette cérémonie. Les apôtres de même imposoient les mains à ceux à qui ils conféroient le S. Esprit. Les prêtres en usoient ainsi, lorsqu'ils introduisoient quelqu'un dans leur corps; & les apôtres eux - mêmes recevoient de nouveau l'imposition des mains, lorsqu'ils s'engageoient à quelque nouveau dessein. L'ancienne église donnoit l'imposition des mains à ceux qui se marioient, & les Abyssins le font encore. Voyez Mariage.

Mais ce nom qui est général dans sa premiere signification, a été restraint par l'usage à l'imposition des mains par laquelle on confere les ordres. Spanheim a fait un traité de impositione manuum. Tribenhorius & Braunius ont suivi son exemple. Voyez Ordination.

Il est aussi fait mention fréquemment dans les écrits des peres & des auteurs ecclésiastiques, d'une imposition des mains par laquelle on recevoit les hérétiques qui, abjurant leurs erreurs, rentroient dans le sein de l'Eglise. On sait que le sacrement de confirmation se confere par l'imposition des mains de l'évêque, jointe à l'onction du saint chrême & à

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