ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Classemque sub ipsâ Antandro & Phrygiâ molimur montibus Ida.

En un mot, Homere, Virgile, Strabon, Diodore de Sicile, ne s'expriment guere autrement. En effet le mont Ida qui, comme on sait, est dans cette partie de la Natolie occidentale nommée Aidinzic, ou la petite Aidine, pousse plusieurs branches, dont les unes aboutissent au golphe d'Aidine ou de Booa dans la mer de Marmora; les autres s'étendent vers l'Archipel à l'ouest, & quelques - unes s'avancent au sud, jusque au golphe de Gueresto, vis - à - vis de l'île de Mételin; l'ancienne Troade étoit entre ces trois mers.

Parlons à présent du mont Ida de Crete, situé au milieu de cette île. Virgile, AEneid. liv. III. v. 104. l'appelle mons Idoeus.

Creta Jovis magni medio jacet insula ponto, Mons Idaeus ubì, & gentis cunabula nostroe.

L'Ida de Crete étoit fameux, non - seulement par les belles villes qui l'environnoient, mais sur - tout parce que selon la tradition populaire, le souverain maître des dieux & des hommes, Jupiter lui - même, y avoit pris naissance. Aussi l'appelle - t - on encore aujourd'hui Monte - Giove, ou Psiloriti.

Cependant cet Ida de Crete n'a rien de beau que son illustre nom; cette montagne si célebre dans la Poésie, ne présente aux yeux qu'un vilain dos d'âne tout pelé; on n'y voit ni paysage ni solitude agréable, ni fontaine, ni ruisseau; à peine s'y trouve - t - il un méchant puits, dont il faut tirer l'eau à force de bras, pour empêcher les moutons & les chevaux du lieu d'y mourir de soif. On n'y nourrit que des haridelles, quelques brebis & de méchantes chevres, que la faim oblige de brouter jusques à la Tragacantha, si hérissée de piquans, que les Grecs l'ont appellé épine de bouc. Ceux donc qui ont avancé que les hauteurs du mont Ida de Candie étoient toutes chauves, & que les plantes n'y pouvoient pas vivre parmi la neige & les glaces, ont eu raison de ne nous point tromper, & de nous en donner un récit très - fidele.

Au reste le nom Ida dérive du grec *I)D/H\, qui vient lui - même d'I)DEI=N, qui signifie voir, parce que de dessus ces montagnes, qui sont très - élevées, la vue s'étend fort loin, tant de dessus le mont Ida de la Troade, que dessus le mont Ida de Crete. (D. J.)

IDALIUM (Page 8:489)

IDALIUM, (Géog. anc.) ville de l'île de Chypre consacrée à la déesse Venus, & qui ne subsistoit plus déja du tems de Pline. Lucain nomme la Troade, Idalis Tellus; Idalis veut dire le pays du mont Ida. J'ai déja parlé de cette montagne. (D. J.)

IDANHA - NUEVA (Page 8:489)

IDANHA - NUEVA, (Géog.) petite ville de Portugal dans la province de Béira, à deux lieues S. O. de la vieille Idanha. Longit. 11. 23. latit. 39. 42. (D. J.)

IDANHA - VELHA (Page 8:489)

IDANHA - VELHA, (Géog.) c'est - à - dire Idanha la vieille, ville de Portugal dans la province de Béira; elle fut prise d'assaut par les Irlandois en 1704; elle est sur le Ponsul, à dix lieues N. E. de Castel Branco, huit N. O. d'Alcantara. Long. 11. 32. lat. 39. 46. (D. J.)

IDÉAL (Page 8:489)

IDÉAL, adj. (Gramm.) qui est d'idée. On demande d'un tableau si le sujet en est historique ou idéal; d'où l'on voit qu'idéal s'oppose à réel. On dit c'est un homme idéal, pour désigner le caractere chimérique de son esprit; c'est un personnage idéal, pour marquer que c'est une fiction, & non un être qui ait existé; sa philosophie est toute idéale, par opposition à la philosophie d'observations & d'expérience.

Idéal (Page 8:489)

Idéal, (Docimast.) poids idéal ou fictif. Voyez Poids fictif.

IDÉE (Page 8:489)

IDÉE, s. f. (Philos. Log.) nous trouvons en nous la faculté de recevoir des idées, d'appercevoir les choses, de se les représenter. L'idée ou la perception est le sentiment qu'a l'ame de l'état où elle se trouve.

Cet article, un des plus importans de la Philosophie, pourroit comprendre toute cette science que nous connoissons sous le nom de Logique. Les idées sont les premiers degrés de nos connoissances, toutes nos facultés en dépendent. Nos jugemens, nos raisonnemens, la méthode que nous présente la Logique, n'ont proprement pour objet que nos idées. Il seroit aisé de s'étendre sur un sujet aussi vaste, mais il est plus à propos ici de se resserrer dans de justes bornes; & en indiquant seulement ce qui est essentiel, renvoyer aux traités & aux livres de Logique, aux essais sur l'entendement humain, aux recherches de la vérité, à tant d'ouvrages de Philosophie qui se sont multipliés de nos jours, & qui se trouvent entre les mains de tout le monde.

Nous nous représentons, ou ce qui se passe en nous mêmes, ou ce qui est hors de nous, soit qu'il soit présent ou absent; nous pouvons aussi nous représenter nos perceptions elles - mêmes.

La perception d'un objet à l'occasion de l'impression qu'il a fait sur nos organes, se nomme sensation.

Celle d'un objet absent qui se représente sous une image corporelle, porte le nom d'imagination.

Et la perception d'une chose qui ne tombe pas sous les sens, ou même d'un objet sensible, quand on ne se le représente pas sous une image corporelle, s'appelle idée intellectuelle.

Voilà les différentes perceptions qui s'allient & se combinent d'une infinité de manieres; il n'est pas besoin de dire que nous prenons le mot d'idée ou de perception dans le sens le plus étendu, comme comprenant & la sensation & l'idée proprement dite.

Réduisons à trois chefs ce que nous avons à dire sur les idées; 1°. par rapport à leur origine, 2°. par rapport aux objets qu'elles représentent, 3°. par rapport à la maniere dont elles représentent ces objets.

1°. Il se présente d'abord une grande question sur la maniere dont les qualités des objets produisent en nous des idées ou des sensations; & c'est sur cellesci principalement que tombe la difficulté. Car pour les idées que l'ame apperçoit en elle - même, la cause en est l'intelligence, ou la faculté de penser, ou si l'on veut encore, sa maniere d'exister; & quant à celles que nous acquérons en comparant d'autres idées, elles ont pour causes les idées elles - mêmes, & la comparaison que l'ame en fait. Restent donc les idées que nous acquérons par le moyen des sens; sur quoi l'on demande comment les objets produisant seulement un mouvement dans les nerfs, peuvent imprimer des idées dans notre ame? Pour résoudre cette question, il faudroit connoître à fond la nature de l'ame & du corps, ne pas s'en tenir seulement à ce que nous présentent leurs facultés & leurs propriétés, mais pénétrer dans ce mystere inexpliquable, qui fait l'union merveilleuse de ces deux substances.

Remonter à la premiere cause, en disant que la faculté de penser a été accordée à l'homme par le Créateur, ou avancer simplement que toutes nos idées viennent des sens; ce n'est pas assez, & c'est même ne rien dire sur la question: outre qu'il s'en faut de beaucoup que nos idées soient dans nos sens, telles qu'elles sont dans notre esprit, & c'est là la question. Comment à l'occasion d'une impression de l'objet sur l'organe, la perception se forme - t - elle dans l'ame?

Admettre une influence réciproque d'une des substances sur l'autre, c'est encore ne rien expliquer.

Prétendre que l'ame forme elle - même ses idées, indépendamment du mouvement ou de l'impression de l'objet, & qu'elle se représente les objets desquels par le seul moyen des idées elle acquiert la connoìssance, c'est une chose plus difficile encore à con<pb-> [p. 490] cevoir, & c'est ôter toute relation entre la cause & l'effet.

Recourir aux idées innées, ou avancer que notre ame a été créée avec toutes ses idées, c'est se servir de termes vagues qui ne signifient rien; c'est anéantir en quelque sorte toutes nos sensations, ce qui est bien contraire à l'expérience; c'est confondre ce qui peut être vrai à certains égards, des principes, avec ce qui ne l'est pas des idées dont il est ici question; & c'est renouveller des disputes qui ont été amplement discutées dans l'excellent ouvrage sur l'entendement humain.

Assurer que l'ame a toujours des idées, qu'il ne faut point chercher d'autre cause que sa maniere d'être, qu'elle pense lors même qu'elle ne s'en apperçoit pas, c'est dire qu'elle pense sans penser, assertion dont par cela même, qu'on n'en a ni le sentiment ni le souvenir, l'on ne peut donner de preuve.

Pourroit - on supposer avec Mallebranche, qu'il ne sauroit y avoir aucune autre preuve de nos idées, que les idées mêmes dans l'Être souverainement intelligent, & conclure que nous acquérons nos idées dans l'instant que notre ame les apperçoit en Dieu? Ce roman métaphysique ne semble - t - il pas dégrader l'intelligence suprème? La fausseté des autres systèmes suffit - elle pour le rendre vraissemblable? & n'estce pas jetter une nouvelle obscurité sur une question déja très - obscure par elle - même?

A la suite de tant d'opinions différentes sur l'origine des idées, l'on ne peut se dispenser d'indiquer celle de Leibnitz, qui se lie en quelque sorte avec les idées innées; ce qui semble déjà former un préjugé contre ce système. De la simplicité de l'ame humaine il en conclut, qu'aucune chose créée ne peut agir sur elle; que tous les changemens qu'elle éprouve dépendent d'un principe interne; que ce principe est la constitution même de l'ame, qui est formée de maniere, qu'elle a en elle différentes perceptions, les unes distinctes, plusieurs confuses, & un très - grand nombre de si obscures, qu'à peine l'ame les apperçoit - elle. Que toutes ces idées ensemble forment le tableau de l'univers; que suivant la différente relation de chaque ame avec cet univers, ou avec certaines parties de l'univers, elle a le sentiment des idées distinctes, plus ou moins, suivant le plus ou moins de relation. Tout d'ailleurs étant lié dans l'univers, chaque partie étant une suite des autres parties; de même l'idée représentative a une liaison si nécessaire avec la représentation du tout, qu'elle ne sauroit en être séparée. D'où il suit que, comme les choses qui arrivent dans l'univers se succedent suivant certaines lois, de même dans l'ame, les idées deviennent successivement distinctes, suivant d'autres lois adaptées à la nature de l'intelligence. Ainsi ce n'est ni le mouvement, ni l'impression sur l'organe, qui excite des sensations ou des perceptions dans l'ame; je vois la lumiere, j'entends un son, dans le même instant les perceptions représentatives de la lumiere & du son s'excitent dans mon ame par sa constitution, & par une harmonie nécessaire, d'un côté entre toutes les parties de l'univers, de l'autre entre les idées de mon ame, qui d'obscures qu'elles étoient, deviennent successivementdistinctes.

Telle est l'exposition la plus simple de la partie du système de Leibnitz, qui regarde l'origine des idées. Tout y dépend d'une connexion nécessaire entre une idee distincte que nous avons, & toutes les idées obscures qui peuvent avoir quelque rapport avec elle, qui se trouvent nécessairement dans notre ame. Or, l'on n'apperçoit point, & l'expérience semble être contraire à cette liaison entre les idées qui se succedent; mais ce n'est pas là la seule difficulté que l'on pourroit élever contre ce système, & contre tous ceux qui vont à expliquer une chose qui vraisem<cb-> semblablement nous sera toujours inconnue.

Que notre ame ait des perceptions dont elle ne prend jamais connoissance, dont elle n'a pas la conscience (pour me servir du terme introduit par M. Locke) ou que l'ame n'ait point d'autres idées que celle qu'elle apperçoit, en sorte que la perception soit le sentiment même, ou la conscience qui avertit l'ame de ce qui se passe en elle; l'un ou l'autre système, auxquels se réduisent proprement tous ceux que nous avons indiqués, n'explique point la maniere dont le corps agit sur l'ame, & celle - ci réciproquement. Ce sont deux substances trop différentes; nous ne connoissons l'ame que par ses facultés, & ces facultés que par leurs effets: ces effets se manisestent à nous par l'intervention du corps. Nous voyons par - là l'influence de l'ame sur le corps, & réciproquement celle du corps sur l'ame; mais nous ne pouvons pénétrer au - delà. Le voile restant sur la nature de l'ame, nous ne pouvons savoir ce qu'est une idée considérée dans l'ame, ni comment elle s'y produit; c'est un fait, le comment est encore dans dans l'obscurité, & sera sans doute toujours livre aux conjectures.

2°. Passons aux objets de nos idées. Ou ce sont des êtres réels, & qui existent hors de nous & dans nous, soit que nous y pensions, soit que nous n'y pensions pas; tels sont les corps, les esprits, l'Être suprème. Ou ce sont des êtres qui n'existent que dans nos idées, des productions de notre esprit qui joint diverses idées. Alors ces êtres ou ces objets de nos idées, n'ont qu'une existence idéale; ce sont ou des êtres de raison, des manieres de penser qui nous servent à imaginer, à composer, à retenir, à expliquer plus facilement ce que nous concevons; telles sont les relations, les privations, les signes, les idées universelles, &c. Ou ce sont des fictions distinguées des êtres de raison, en ce qu'elles sont formées par la réunion ou la séparation de plusieurs idées simples, & sont plûtôt un effet de ce pouvoir ou de cette faculté que nous avons d'agir sur nos idées, & qui, pour l'ordinaire est désignée par le mot d'imagination. Voyez Imagination. Tel est un palais de diamant, une montagne d'or, & cent autres chimères, que nous ne prenons que trop souvent pour des réalités. Enfin, nous avons, pour objet de nos idées, des êtres qui n'ont ni existence réelle, ni idéale, qui n'existent que dans nos discours, & pour cela on leur donne simplement une existence verbale. Tel est un cercle quarré, le plus grand de tous les nombres, & si l'on vouloit en donner d'autres exemples, on les trouveroit aisément dans les idées contradictoires, que les hommes & même les philosophes joignent ensemble, sans avoir produit autre chose que des mots dénués de sens & de réalité. Ce seroit trop entreprendre que de parcourir dans quelque détail, les idées que nous avons sur ces différens objets; disons seulement un mot sur la maniere dont les êtres extérieurs & réels se présentent à nous au moyen des idées; & c'est une observation générale qui se lie à la question de l'origine des idées. Ne confondons pas ici la perception qui est dans l'esprit avec les qualités du corps qui produisent cette perception. Ne nous figurons pas que nos idées soient des images ou des ressemblances parfaites de ce qu'il y a dans le sujet qui les produit; entre la la plûpart de nos sensations & leurs causes, il n'y a pas plus de ressemblance, qu'entre ces mêmes idées & leurs noms; mais pour éclaircir ceci, faisons une distinction.

Les qualités des objets, ou tout ce qui est dans un objet, se trouve propre à exciter en nous une idée. Ces qualités sont premieres & essentielles, c'est - à - dire, indépendantes de toutes rélations de cet objet avec les autres êtres, & telles qu'il les conserve<pb->

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