ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"565"> la religion mahométane, qui répond à un curé parmi nous.

Ce mot signifie proprement ce que nous appellons prélats, antistes; mais les Musulmans le disent en particulier de celui qui a le soin, l'intendance d'une mosquée, qui s'y trouve toujours le premier, & qui fait la priere au peuple, qui la répete aprés lui.

Iman, se dit aussi absolument par excellence des chefs, des instituteurs ou des fondateurs des quatre principales sectes de la religion mahométane, qui sont permises. Voyez Mahométisme. Ali est l'iman des Perses, ou de la secte des Schiaites; Abu - beker, l'iman des Sunniens, qui est la secte que suivent les Turcs; Saphii ou Safi - y, l'iman d'une autre secte.

Les Mahométans ne sont point d'accord entr'eux sur l'imanat, ou dignité d'iman. Quelques - uns la croyent de droit divin, & attachée à une seule famille, comme le pontificat d'Aaron; les autres soutiennent d'un côté qu'elle est de droit divin, mais de l'autre, ils ne la croyent pas tellement attachée à une famille, qu'elle ne puisse passer dans une autre. Ils avancent de plus que l'iman devant être, selon eux, exempt non - seulement des péchés griefs, comme l'infidélité, mais encore des autres moins énormes, il peut être déposé, s'il y tombe, & sa dignité transférée à un autre.

Quoi qu'il en soit de cette question, il est constant qu'un iman ayant été reconnu pour tel par les Musulmans, celui qui nie que son autorité vient immédiatement de Dieu, est un impie; celui qui ne lui obéit pas, un rébelle, & celui qui s'ingere de le contredire, un ignorant: c'est partout de même.

Les imans n'ont aucune marque extérieure qui les distingue du commun des Turcs; leur habillement est presque le même, excepté leur turban qui est un peu plus large, & plissé différemment. Un iman prive de sa dignité, redevient simple laïc tel qu'il étoit auparavant, & le visir en nomme un autre; l'examen & l'ordonnance du ministre font toute la cérémonie de la réception. Leur principale fonction, outre la priere, est la prédication, qui roule ordinairement sur la vie de Mahomet, sa prétendue mission. ses miracles, & les fables dont fourmille la tradition musulmane. Ils tâchent au reste de s'attirer la vénération de leurs auditeuts, par la longueur de leur manches & de leurs barbes, la largeur de leurs turbans, & leur démarche grave & composée. Un turc qui les auroit frappés, auroit la main coupée; & si le coupable étoit chrétien, il seroit condamné au feu. Aucun iman, tant qu'il est en titre, ne peut être puni de mort; la plus grande peine qu'on lui puisse infliger, ne s'étend pas au - delà du bannissement. Mais les sultans & leurs ministres ont trouvé le secret d'éluder ces privileges, soit en honorant les imans, qu'ils veulent punir, d'une queue de cheval, dïstinction qui les fait passer au rang des gens de guerre, soit en les faisant déclarer infideles par une assemblée de gens de loi, & dès - lors ils sont soumis à la rigueur des lois. Guer. moeurs des Turcs, liv. II. tome I.

IMARET (Page 8:565)

IMARET, s. m. (Hist. mod.) nom que les Turcs donnent à une maison bâtie près d'un jami, ou d'une grande mosquée; elle est semblable à un hôpital ou hôtellerie, & est destinée à recevoir les pauvres & les voyageurs.

IMAÜS (Page 8:565)

IMAÜS, (Géog. anc.) longue chaîne de montagnes qui traverse l'Asie, au nord de ce que les anciens appellent proprement l'Inde, & qui envoie une de ses branches au septentrion, vers la mer glaciale. L'Imaüs séparoit l'Inde de la Scythie, comme il sépare encore aujourd'hui l'Indostan de la Tartarie. Il a différens noms dans les différens pays qu'il parcourt: on l'appelle dans la Tartarie propre, Belgian; dans la Tartarie deserte, Moréghar; dans le Mogolistan, Dalanguer, & Naugracut, vers les sources du Gange. Une de ses plus considérables branches, prend le nom de montagnes de Gate; de plus l'Imaüs se divise au septentrion du royaume de Siam, & forme trois nouvelles chaînes, dont nous parlerons au mot montagne, où nous décrirons celles qui serpentent sur le globe de la terre, par une espece de connexion & d'enchaînement. (D. J.)

IMBÉCILLE (Page 8:565)

IMBÉCILLE, s. m. (Logique) c'est celui qui n'a pas la faculté de discerner différentes idées, de les comparer, de les composer, de les étendre, ou d'en faire abstraction. Tel étoit parmi les Grecs un certainMargitès, dont l'imbécillité passa en pioverbe. Suidas prétend qu'il ne savoit pas compter au - dessus de cinq, & qu'étant parvenu à l'adolescence, il demanda à sa mere, si elle & lui n'étoient pas enfans d'un même pere. .....

Ceux qui n'apperçoivent qu'avec peine, qui ne retiennent qu'imparfaitement les idées, qui ne sauroient les rappeller, ou les rassembler promtement, n'ont que très - peu de pensées. Ceux qui ne peuvent distinguer, comparer & abstraire des idées, ne sauroient comprendre les choses, faire usage des termes, juger, raisonner passablement; & quand ils le font, ce n'est que d'une maniere imparfaite sur des choses présentes, & familieres à leur sens.

Si l'on examinoit les divers égaremens des imbécilles, on découvriroit assez bien jusqu'à quel point leur imbécillité procede du manque ou de la foiblesse de l'entendement.

Il y a une grande différence entre les imbécilles & les fous. Je croirois fort, dit Locke, que le défaut des imbécilles, vient de manque de vivacité, d'activité, & de mouvement dans les facultés intellectuelles, par où ils se trouvent privés de l'usage de la raison. Les fous au contraire, semblent être dans l'extrémité opposée; car il ne paroît pas que ces derniers ayent perdu la faculté de raisonner, mais il paroît, qu'ayant joint mal - à - propos certaines idées, ils les prennent pour des vérités, & se trompent de la même maniere que ceux qui raisonnent juste sur de faux principes. Ainsi vous verrez un fou, qui, s'imaginant d'être roi, prétend par une juste conséquence, être servi, honoré selon sa dignité. D'autres qui ont cru être de verre, ont pris toutes les précautions nécessaires pour empêcher leur corps d'être cassé.

Il y a des degrés de folie, comme il y en a d'imbécillité; l'union déréglée des idées, ou le manque d'idées, étant moins considérable dans les uns que dans les autres. En un mot, ce qui constitue vraissemblablement la différence qui se trouve entre les imbécilles & les fous; c'est que les fous joignent ensemble des idées mal - assorties & extravagantes, sur lesquelles néanmoins ils raisonnent juste, au lieu que les imbécilles font très - peu ou point de propositions, & ne raisonnent que peu ou point du tout, suivant l'état de leur imbécillité.

Je ne sais, si certains imbécilles qui ont vêcu quarante ans sans donner le moindre signe de raison, ne sont pas des êtres qui tiennent le milieu entre l'homme & la bête; car au fond, ces deux noms que nous avons faits, homme & bête, signifient - ils des especes tellement marquées par des essences distinctes, que nulle autre espece ne puisse intervenir entr'elles?

En cas que quelqu'un vînt nous demander, ce que deviendront les imbécilles dans l'autre monde, puisque nous sommes portés à en faire une espece distincte entre l'homme & la bête, nous répondrions avec Locke, qu'il ne nous importe point de savoir & de rechercher de pareilles choses. Qu'ils tombent, ou qu'ils se soutiennent (pour me servir d'un passage de l'Ecriture, Rom. xjv. 4.) cela regarde leur maître. D'ailleurs, soit que nous déterminions quelque [p. 566] chose, ou que nous ne déterminions rien sur leur état à venir, il ne sera ni meilleur ni pire. Les imbécilles sont entre les mains d'un créateur plein de bonté, qui ne dispose pas de ses créatures suivant les bornes étroites de nos opinions particulieres, & qui ne les distingue point conformément aux noms, & aux chimères qu'il nous plaît de forger. (D. J.)

IMBIBER (Page 8:566)

* IMBIBER, verb. act. & pass. (Gramm.) on dit imbiber, & s'imbiber. L'éponge s'imbibe d'eau. On imbibe d'huile une meche. La maniere physique dont se fait l'imbibition ne nous est pas toujours distinctement connue. Par quel méchanisme, si un fil trempe d'un bout dans un verre plein d'eau, & tombe de l'autre bout au - dehors du verre, fera - t - il fonction de siphon; s'imbibera - t - il sans cesse d'eau, & en vuidera - t - il le verre? Si ces petits phénomenes étoient bien expliqués, on en appliqueroit bien - tôt la raison à de plus importans. L'action d'imbiber ou de s'imbiber s'appelle imbibition, terme que les Alchimistes ont transportés dans leur art, où il n'a aucune acception claire.

IMBIBITION (Page 8:566)

IMBIBITION, s. f. (Chimie.) c'est une espece ou une variété de la macération, dont le caractere distinctif consiste en ce que le liquide appliqué à une substance concrete, est absorbé tout entier, ou presque entier par cette substance; c'est ainsi qu'une éponge est imbibée d'eau, &c. Cette opération est peu en usage dans les travaux ordinaires de la Chimie. On l'emploie dans quelques arts chimiques; par exemple, dans la préparation de l'orseil, du tournesol, & de quelques autres fécules colorées, dans laquelle on imbibe avec de l'urine les plantes desquelles on travaille à les extraire. (b)

IMBLOCATION (Page 8:566)

IMBLOCATION, subst. m. (Hist. des Coûtum.) terme consacré chez les écrivains du moyen âge, pour désigner la maniere d'enterrer les corps morts des personnes excommuniées; cette maniere se pratiquoit en élevant un monceau de terre ou de pierres sur leurs cadavres, dans les champs, ou près des grands chemins, parce qu'il étoit défendu de les ensevelir, & à plus forte raison de les mettre en terre sainte. Imblocation est formé de bloc, amas de pierres. Voyez du Cange, Glossaire latin, au mot imblocatus. (D. J.)

IMBRICE (Page 8:566)

* IMBRICE, adj. (Art.) c'est par cette épithete qu'on distingue les tuiles concaves des tuiles plates. On prétend que la couverture avec des tuiles imbricées dure plus; mais il est sûr qu'elle charge davantage. Imbricé vient d'imbricatus, fait en gouttiere.

IMBRIM (Page 8:566)

IMBRIM, s. m. (Hist. nat.) nom que l'on donne dans les îles de Feroe ou Farroe à un oiseau de la grosseur d'une oie, qui, dit - on, ne sort jamais de l'eau. Cet oiseau a le cou fort long ainsi que le bec; ses plumes sont grises sur le dos & blanches sur la poitrine; son cou est tout gris à l'exception d'un cercle blanc qui forme comme une espece de collier. Il vit dans l'eau parce que ses piés sont placés en arriere, & sont d'ailleurs si foibles qu'ils ne pourroient point soutenir son corps; & ses aîles sont trop petites pour qu'il puisse voler. Sous chaque aîle il a un creux capable de contenir un oeuf, & l'on croit que c'est là qu'il tient ses oeufs cachés & qu'il les couve; d'autant plus qu'on a remarqué que l'imbrim ne fait jamais éclore que deux petits. Ces oiseaux paroissent sur les côtes à l'approche des tempêtes. On les a mal - à - propos confondus avec les alcyons, dont ils different suivant la description qui vient d'être donnée. Voyez Acta Hafniensia, ann. 1671 & 72, observ. 49.

IMBRIKDAR - AGA (Page 8:566)

IMBRIKDAR - AGA, subst. m. (Hist. mod.) nom d'un officier de la cour du sultan, dont la fonction est de lui donner l'eau pour les purifications ordonnées par la loi mahométane.

IMBROS (Page 8:566)

IMBROS, (Géog.) île vers la Quersonnèse de Thrace, séparée par un petit trajet de mer de la Thessalie. Philippe de Macédoine s'en rendit maître, & y exerça un pouvoir absolu. Le géographe Etienne place une ville de même nom dans cette île de l'Archipel, & dit qu'elle étoit consacrée à Cérès & à Mercure; quoi qu'il en soit, l'île d'Imbros se nomme aujourd'hui l'île de Lembro. Voyez Lembro. (D. J.)

IMI (Page 8:566)

IMI, s. m. (Commerce.) mesure de liquides en usage dans le duché de Wirtemberg, qui tient environ onze pintes.

IMIRETTE (Page 8:566)

IMIRETTE, (Géog.) petit royaume d'Asie entre les montagnes qui séparent la mer Caspienne & la mer Noire. Il est enfermé entre le mont Caucase, la Colchide, la mer Noire, la principauté de Garcil, & la Géorgie. Sa longueur est de six vingt mille stades, sa largeur de soixante mille. Les peuples du mont Caucase, avec qui l'Imirette confine, sont les Géorgiens & les Turcs au midi; au septentrion, ces Caracioles ou Circassiens noirs, que les Européens ont appellé Huns, & qui firent tous les ravages en Italie & dans les Gaules, dont parlent les historiens, & Cédrénus en particulier.

L'Imirette est un pays de bois & de montagnes, comme la Mingrélie, mais il y a de plus belles vallées & de plus délicieuses plaines. Il s'y trouve des minieres de fer; l'argent y a cours, & l'on y bat monnoie. Quant aux moeurs & aux coûtumes, c'est la même chose qu'en Mingrélie, qui a été autrefois sous sa domination, ainsi que les peuples du Guriel; ils sont tous aujourd'hui tributaires du Turc. Le tribut du meppe, c'est - à - dire du roi d'Imirette est de 80 enfans, filles & garçons, depuis dix ans jusqu'à vingt; il envoie son tribut au pacha d'Akalziche, & dans les lettres qu'il fait expédier, il se nomme le roi des rois: qu'est donc le pacha du grand - seigneur vis - à - vis de lui?

La Turquie ne s'est point souciée de s'emparer de tous ces pays limitrophes, où il est impossible d'observer le Mahométisme, parce qu'ils n'ont rien de meilleur que le vin & le cochon, défendus par la loi mahométane; outre que le peuple y est épars, errant & vagabond: de sorte que les Turcs se sont contentés de faire en sorte que toutes ces provinces leur servissent de pepinieres d'esclaves. On dit qu'ils en tirent six ou sept mille chaque année.

Des égards & des obstacles à peu près semblables, empêchent encore apparemment les Turcs d'incorporer à leur empire les vastes plaines de Tartarie & de Scythie, & les pays immenses du mont Caucase. C'est une observation remarquable que cet ancien usage de tribut d'enfans pour esclaves. La Colchide le payoit à la Perse dès les premiers âges du monde; c'est une autre chose bien singuliere, que dans tous les siecles, ces régions maritimes de la mer Noire, aient produit de si beau sang, & en si grande quantité. (D. J.)

IMITATIF (Page 8:566)

IMITATIF, adj. (Gramm.) qui sert à l'imitation; c'est le nom général que l'on donne aux verbes adjectifs qui renferment dans leur signification un attribut d'imitation.

Ces verbes dans la langue greque, sont dérivés du nom même de l'objet imité, auquel on donne la terminaison verbale I/ZEIN pour caractériser l'imitation: A)TTIKI\ZEIN, de A)TTIKO/S2; SIKELI/ZEIN, de SIKELO/S2; BARBARI/ZEIN, de BARBARO/S2, &c. La terminaison I/ZEIN pourroit bien venir elle - même de l'adjectif ISOS2, pareil, semblable, qui semble se retrouver encore à la terminaison des noms terminés en ISMO\S2, que les Latins rendent par ismus, & nous par ismes, comme archaïsme, néologisme, hellénisme, &c. Il me semble par cette raison même, que l'on pourroit les appeller aussi des noms imitatifs.

Nous avons conservé en françois la même terminaison imitative, en l'adaptant seulement au génie de notre langue, tyranniser, latiniser, franciser. An<pb->

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