ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"547"> serie, il prend un beau poli, & les racines s'emploient par les Tourneurs & les Ebénistes.

On ne plante presque jamais cet arbre, pour le laisser croître naturellement; on ne l'emploie au contraire que pour l'assujettir à différentes formes, qui demandent des soins, & encore plus de goût. L'if n'a nulle beauté, il est toûjours verd, & puis c'est tout; mais sa verdure est si obscure, si triste, que tout l'agrément de cet arbre vient de la figure que l'art lui impose. Autrefois les ifs envahissoient les jardins par la quantité de plants de cet arbre qu'on y admettoit, & plus encore par les formes volumineuses & surchargées qu'on leur laissoit prendre. Aujourd'hui, quoique le goût soit dominant pour les arbrisseaux, on n'emploie l'if qu'avec ménagement, & on le retient à deux ou trois piés de haut; on le met dans les plates bandes des grands jardins pour en interrompre l'uniformité, & marquer à l'oeil des intervalles symétriques; on le place aussi entre les arbres des allées, autour des bosquets d'arbres toûjours verds, dans les salles de verdure, & autres pieces de décoration; mais le meilleur usage que l'on puisse faire de cet arbre, c'est d'en former des banquettes, des haies de clôture ou de séparation, & sur - tout de hautes palissades; il est très - propre à remplir ces objets, par la régularité dont il est susceptible. Ces haies & ces palissades sont d'une force impénétrable, par l'épaisseur qu'on peut leur faire prendre.

L'if est peut - être de tous les arbres celui qui souffre la taille avec le moins d'inconvénient, & qui conserve le mieux la forme qu'on veut lui donner. On lui voit prendre sous les ciseaux du jardinier des figures rondes, coniques, spirales, en pyramide, en vase, &c. le mois de Juillet est le tems le plus propre pour la taille de cet arbre.

Si l'on en croit la plûpart des anciens auteurs d'agriculture, & quelques - uns des modernes, cet arbre a des propriétés très - nuisibles; le bois, l'écorce, le feuillage, la fleur & le fruit, son ombre même, tout en est venimeux, à ce qu'ils assurent; il peut causer la mort à l'homme, à plusieurs animaux quadrupedes, & aux oiseaux: ils citent même quantité de faits à ce sujet. Mais il paroît que cette malignité si excessive doit être sur - tout attribuée à un autre espece d'if, qui ne se trouve que dans les contrées méridionales de l'Europe, & qui a les feuilles plus larges & plus luisantes que celles de l'espece que nous cultivons. M. Evelyn, dans son Traité des forêts, rapporte avoir vû à Pise en Italie, de ces ifs à larges feuilles, qui rendoient une odeur si forte & si active, que les Jardiniers ne pouvoient les tailler pendant plus d'une demi - heure, sans ressentir un grand mal de tête. Il est très - certain que le fruit de notre if ne cause aucun mal; on a vû souvent des enfans & des animaux en manger sans aucun inconvénient; bien des gens se sont trouvés dans le cas de se reposer, & même de dormir sous son ombre, sans en avoir ressenti aucun mal; mais à l'égard des rameaux, qui peuvent comprendre en même tems le bois, la feuille & la fleur, il y a lieu de soupçonner qu'il est très - dangereux d'en manger: il y a sur cela un exemple assez récent. Un particulier de Montbard, en Bourgogne, ayant conduit sur un âne des plantes au jardin du Roi à Paris, au mois de Septembre 1751, il attacha son âne dans une arriere cour du château, où il y avoit une palissade d'if; pendant que le conducteur s'occupa à transporter dans les serres les plantes qu'il avoit amenées, l'animal, qui étoit pressé de la faim, brouta des rameaux d'if qui étoient à sa portée, & lorsque le conducteur revint pour prendre son âne & le conduire à l'écurie, il le vit tomber par terre, & mourir subitement, malgré les secours d'un maréchal qui fut appellé sur - le<cb-> champ, & qui reconnut par l'enflure qui étoit survenue à l'animal, & par d'autres indices, qu'il falloit qu'il eut mangé quelque chose de venimeux. Jean Bauhin dans son histoire des Plantes cite pareil fait d'un âne mort subitement, au village d'Oberentzingen, pour avoir mangé de l'if.

On ne connoît encore que deux variétés de cet arbre; l'une, dont les feuilles sont plus larges & plus luisantes; l'autre, dont les feuilles sont rayées de jaune: celle - ci a si peu d'agrément qu'on ne s'est point encore avisé de la tirer d'Angleterre, où la curiosité pour les plantes panachées trouve plus de partisans qu'en France. Les auteurs Anglois conviennent que cette sorte d'if panaché n'a presque nulle beauté; que pendant l'été, qui est le tems où cet arbre pousse vigoureusement, à peine apperçoiton la bigarrure, & qu'elle présente plûtôt une défectuosité qu'un agrément; qu'il est vrai qu'elle est plus apparente en hiver, mais qu'il faut beaucoup de soin pour empêcher l'arbre de reprendre son état naturel.

If (Page 8:547)

If, (Médecine.) Dioscoride, Galien, Pline, presque tous les anciens naturalistes, & quelques modernes, mettent cet arbre au rang des poisons; non seulement ses fruits, l'infusion ou la décoction de ses feuilles & de son bois, ont, selon ces auteurs, une qualité assoupissante & véritablement venimeuse, mais encore il est dangereux de dormir à son ombre, & de s'occuper pendant un certain tems continu à le tailler. Les naturalistes modernes s'accordent au contraire assez à absoudre cet arbre de ces qualités pernicieuses. Or, comme les anciens ont été beaucoup moins circonspects que les modernes sur les assertions de ce genre; qu'ils ont moins reconnu que ceux - ci les droits de l'expérience, il paroît raisonnable de pancher vers le sentiment des derniers. (b)

If (Page 8:547)

If, l'île d', Hpoea, (Géog.) île de France en Provence, la plus orientale des trois qui sont devant le port de Marseille. Le fort qui la défend passe pour un des meilleurs de la mer Méditerranée; ce n'étoit auparavant qu'une place d'ifs, dont elle a gardé le nom. (D. J.)

IFRAN (Page 8:547)

IFRAN, (Géog.) ou UFARAN selon Dapper, & OFIN selon d'autres, canton d'Afrique sur la côte de l'Océan, au sud - ouest du royaume de Maroc, dans le pays des Lucayes. Il y a dans ce canton quatre villes murées, bâties par les Numides, à une lieue l'une de l'autre; le terroir donne beaucoup de dattes, & renferme quelques mines de cuivre. Les habitans sont tous Mahométans, & n'admettent point de supplices par leurs lois; quelque crime qu'on ait commis, la punition la plus sévere se borne au bannissement, & cette peine suffit pour contenir dans le devoir. (D. J.)

IGBUCAMI (Page 8:547)

* IGBUCAMI, s. m. (Hist. nat. Bot.) arbre du Brésil, dont le fruit est semblable à la pomme, mais plein de petits grains, qu'on ordonne dans la dyssenterie. L'Igbucami est commun dans le gouvernement de S. Vincent.

IGCIGA (Page 8:547)

* IGCIGA, s. m. (Hist. nat. Bot.) arbre du Brésil qui produit un mastic odorant, & dont l'écorce pilée rend une liqueur blanche qui s'épaissit & sert d'encens. On fait une emplâtre de cette liqueur, qu'on applique sur les parties affectées d'humeurs froides.

Il y a un autre arbre de la même classe, qu'on appelle igraigeica ou mastic dur; sa résine est transparente comme le verre. Les sauvages s'en servent pour blanchir leurs vaisseaux de terre. Dict. de Trévoux. [p. 548]

IGHUCAMICI (Page 8:548)

IGHUCAMICI, (Hist. nat. Botan.) arbre du Brésil, dont le fruit ressemble assez au coing, mais qui est rempli de pepins. On dit que c'est un remede puissant contre le flux de sang & les diarrhées.

IGLAW (Page 8:548)

IGLAW, (Géog.) ville d'Allemagne, en Moravie, sur l'Igla, à 16 lieues O. de Brinn, 17 N. de Krem, 30 S. E. de Prague. Elle a été plusieurs fois prise & reprise, pendant les guerres civiles de Boheme. Long. 33. 40. lat. 49. 10. (D. J.)

IGLÉSIAS (Page 8:548)

IGLÉSIAS, (Géog.) ville de la partie méridionale de l'île de Sardaigne, avec un évêché suffragant de Cagliari. Elle est située à l'ouest, & au fond du golphe, auquel elle a donné son nom. Long. 26. 28. lat. 30. 30. (D. J.)

IGLO (Page 8:548)

IGLO, (Géog.) en allemand Neudorf, ville de Hongrie, dans le comté de Zips.

IGMANUS (Page 8:548)

IGMANUS, (Géog. anc.) ou SIGMANUS, selon les divers éditions de Ptolomée, liv. II. c. vij. riviere de la gaule d'Aquitaine; elle doit être entre l'Adour & la Garonne, & avoir son embouchure dans la mer. On conjecture que c'est l'Eyre; mais ce seroit plûtôt le Boucaut de Mémisan, où se portent quelques petites rivieres, qui en font une grande à leur embouchure commune. (D. J.)

IGNAMA - CONA (Page 8:548)

IGNAMA - CONA, (Hist. nat. Botan.) fruit des Indes orientales, dont la chair est fort blanche; il croît en terre comme les pommes de terre, son poids ordinaire est de plusieurs livres; il n'a aucun rapport, ni par la forme, ni par le goût, avec l'igname d'Afrique & d'Amérique, & qui se trouve aussi dans les Indes orientales; celui - ci conserve toûjours le goût d'une châtaigne.

IGNAME (Page 8:548)

* IGNAME, s. m. (Hist. nat. Bot.) plante d'Amérique; c'est une espece de parate ou de couleuvrée. Elle vient de bouture; ses tiges sont quarrées & rampantes, elles s'attachent à la terre & aux haies; les feuilles en sont plus grandes & plus fortes qu'à la parate, d'un verd plus brun & plus luisant, & la forme en coeur; elles viennent deux à deux sur des pédicules quarrés, & laissent entr'elles une grande distance. Les fleurs sont jaunâtres, & ramassées en épi; les racines grosses, longues, couvertes d'une petite peau cendrée, obscure & très fibreuse, & d'une chair blanche, succulente, farineuse, & même vineuse; on les mange cuites, elles tiennent lieu de pain. L'igname croît aussi en Afrique, en Guinée, &c. On a fait d'igniame & d'igname deux articles dans le dictionnaire de Trévoux, quoiqu'il soit évident que ce sont deux noms de la même plante, qui peut - être en a encore un troisieme. Cette imperfection de la nomenclature en histoire naturelle, multiplie les êtres à l'infini, & jette beaucoup de confusion & de difficulté dans l'étude de la science.

IGNARE (Page 8:548)

IGNARE, s. m. (Gram.) qui n'a point de lettres. Voyez Ignorance. Les élus ont été qualifiés en quelques édits de gens ignares & non lettrés. Voyez le Dict. de Trév. Il vient du latin ignarus.

IGNÉE (Page 8:548)

IGNÉE, adj. masc. & fém. (Phyl.) qui appartient au feu. On appelle la matiere du feu, matiere ignée. Voyez Feu & Chaleur.

IGNICOLE (Page 8:548)

* IGNICOLE, s. m. (Gram.) adorateur du feu. Voyez l'article Guebre.

IGNITION (Page 8:548)

IGNITION, s. f. (Chimie.) état d'un corps quelconque, échauffé par un degré de chaleur qui le rend éclatant & brûlant, c'est - à - dire capable de porter l'incendie dans plusieurs matieres conrbustibles.

On emploie quelquefois aussi le mot d'ignition, pour désigner l'action de porter un corps à l'état que nous venons de décrire.

Le mot latin candefactio exprime assez bien le degré extrème d'ignition, car la plûpart des corps qui lont échauffés par le plus grand degré de chaleur qu'on puisse leur communiquer sont véritablement éblouissans, jettent une lumiere très - vive & très abondante, & par conséquent paroissent blancs. Le degré moyen d'ignition qui fait paroître les corps rouges, pourroit s'appeller en françois rougissement.

L'usage ordinaire du mot d'ignition exclut la flamme de l'idée du phénomene qu'il exprime. Cette acception est assez arbitraire; le mot ignition pourroit très - bien exprimer l'état générique de tout corps en feu, ensorte qu'il est une ignition avec flamme, & une ignition sans flamme; mais c'est toûjours la derniere espece que cette expression désigne, & la premiere est toûjours nommée inflammation.

L'ignition proprement ou communément dite peut résider ou dans un corps combustible, ou dans un corps incombustible; dans le premier cas elle s'appelle aussi embrasement, & elle ne subsiste dans l'air libre qu'aux dépens du corps même dans lequel elle existe, elle y consume un des principes de ce corps, sa matiere combustible; le même degré de chaleur peut y être entretenu long - tems par le dégagement & l'ignition successive de cette substance, qui fournit, ce qu'on appelle dans le langage vulgaire des écoles, un aliment au feu; & selon la théorie de ce phénomene, que j'ai proposée à l'art. Calcination, (Voyez Calcination.) la matiere d'une flamme sensible ou insensible. L'ignition des corps combustibles n'a pas besoin par conséquent, pour être excitée, de l'application d'un feu extérieure aussi fort que celui qui la constitue elle - même, & encore moins de l'application continuelle d'une chaleur extérieure quelconque. L'ignition des corps incombustibles peut subsister au contraire très - long - tems, même à l'air libre, sans altération du corps qu'elle échauffe, & demande nécessairement pour être excitée & entretenue dans ces corps, l'application antécédente & continuelle d'une chaleur extérieure, au moins égale à celle du corps mis en ignition, que l'usage ne permet pas encore d'appeller igné.

Ces deux phénomenes sont si réellement distincts, & cependant si généralement confondus par les plus grands Physiciens, par Newton lui - même, (voyez son idée sur l'ignition ou sur le feu, rapportée & réfutée, art. Chimie, p. 419, col. ij.) qu'il me paroît nécessaire de les désigner par deux noms différens; de consacrer le mot d'ignition pour les corps incombustibles, & de n'employer que celui d'embrasement pour les combustibles.

La consommation ou consomption de l'aliment du feu, ou du principe combustible par l'ignition, demande le concours de l'air, du moins n'a point lieu lorsque ces matieres sont à l'abri de l'abord libre de l'air de l'atmosphere. Voyez Calcination & Charbon. L'espece de soufre formé par l'union de l'acide nitreux & du phlogistique, paroît seul excepté de cette loi. Voyez Nitre. Les matieres combustibles mises en ignition dans les vaisseaux fermés, sont donc exactement alors dans le cas des corps incombustibles. Toutes ces notions qui sont vraiment fondamentales dans la théorie du feu combiné, ou du phlogistique, seront ultérieurement développées à l'art. Phlogistique. Il faut encore consulter les articles déja cités, Chimie, Charbon & Calcination, & les articles Chaux métallique, Cendres, Chimie, Combustion, Feu, Flamme, Incombustible . (b)

IGNOBLE (Page 8:548)

* IGNOBLE, adj. (Gram.) il se dit de l'air, des manieres, des sentimens, du discours & du style. L'air est ignoble, lorsqu'au premier aspect d'un homme qui se présente à nous, nous nous méprenons sur son état, & nous sommes tentés de le reléguer dans quelque condition abjecte de la société. Ce jugement naît apparemment de la conformation accidentelle & connue que les arts méchaniques donnent

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