ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"529"> vent se succéder l'un à l'autre sans aucune interruption; car dans le moment que l'on plie sur une jambe, son mouvement fait relever l'autre, & en se relevant le corps retombe dessus le pié droit en devant; & en se rejettant dessus le gauche, le corps tombe sur ce pié. On voit par là l'équilibre qu'il faut observer dans ce pas, & la perfection qui en résulte.

Jettée (Page 8:529)

Jettée, s. f. (Architect. maritim.) digue ou muraille qu'on fait dans la mer à force d'y jetter une grande quantité de quartiers de pierres, pour servir d'entrée, de mole, d'abri, de couverture à un port, & pour le resserrer à son entrée.

Les jettées sont utiles à plusieurs usages; 1°. à arrêter le gros galet, ou le sable, ou la vase qui pourroit entrer dans le port, & le combler peu - à - peu; 2°. à haller les vaisseaux, qui en entrant ne peuvent se servir de leurs voiles, à cause des vents contraires; 3°. à rompre les vagues, & à procurer la tranquillité aux vaisseaux qui sont dans le port; 4°. souvent aussi à resserrer le lit de la riviere dont l'embouchure forme le port, & à lui ménager une profondeur d'eau suffisante pour tenir les vaisseaux à flot. La tête des jettées est souvent fortifiée d'une batterie de canon, pour protéger & la jettée, & les vaisseaux qui entrent dans le port. (D. J.)

Jettées (Page 8:529)

Jettées, en terme de Fortification, sont des especes de digues, ou larges chaussées qui avancent dans la mer, à l'extrémité desquelles on construit des forts qui défendent l'entrée du port. Voyez l'article Citadelle.

JETTER (Page 8:529)

JETTER, verbe, dont jet est le substantif. Voyez l'article Jet.

Jetter (Page 8:529)

Jetter, (Marine.) ce terme s'emploie dans différentes significations par les marins.

Jetter dehors le fond du hunier, c'est pousser dehors la voile du mât de hune.

Jetter du blé ou autres grains à la bande, c'est jetter ou pousser vers un seul côté du vaisseau les grains qui étoient chargés uniment & à plat dans le fond de cal; ce que l'on ne fait que lorsqu'on y est contraint par la tempête ou quelque autre accident, pour alléger un côté, & faire un contre - balancement.

Jetter l'ancre, c'est laisser tomber l'ancre lorsqu'on est dans une rade pour y arrêter le vaisseau.

Jetter le plomb ou la sonde, c'est laisser tomber la sonde pour connoître la hauteur de l'eau, & s'il y a du fond pour mouiller.

Jetter un vaisseau sur des roches ou à la côte, c'est aller donner exprès contre un rocher ou sur la côte pour s'y échouer; ce que l'on peut faire lorsqu'on espere par ce moyen sauver l'équipage ou les marchandises, dont on voit la perte certaine sans cela.

Tout pilote qui échoue par ignorance est privé pour toujours des fonctions de son état, & même suivant le cas, condamné au fouet. A l'égard de celui qui auroit méchamment & de dessein prémédité, jetté un navire sur un banc ou à la côte, il est puni de mort, & on attache son cadavre à un mât planté près du lieu du naufrage.

Jetter les secondes (Page 8:529)

Jetter les secondes, en termes de Brasserie; c'est après avoir tiré les premiers métiers. jetter de l'eau une seconde fois sur la drège.

Jetter en soie (Page 8:529)

Jetter en soie, en terme de Boutonnier; c'est l'action de couvrir un moule de bouton d'une soie tournée sur la bobine en plusieurs brins. Cette bobine est montée sur un rochet (voyez Rochet), sur lequel elle est fixe, quoiqu'en levant la bobine sur la partie moins grosse du rochet, l'ouvrier la fasse tourner à mesure qu'il emploie sa soie; pendant ce jettage, la bobine est fixe pour que l'ouvrier puisse serrer sa soie autour du bouton; on jette ainsi tous les moules des boutons d'or ou d'argent façonnés, afin d'asseoir les cerceaux ou les autres ornemens. Voyez Cerceaux. On dit aussi jetter en cerceau, ce qui n'est autre chose que de les poser, de les arrêter avec de la soie ou de l'or, &c.

Jetter (Page 8:529)

Jetter, en terme de Cirier, c'est verser la cire sur les meches imprimées, & attachées à un cerceau, ou pour m'exprimer plus clairement, c'est la seconde couche de cire dont on enduit les meches. Voyez Imprimer & Cerceau, & nos Planches.

Jetter les Figures de plomb (Page 8:529)

Jetter les Figures de plomb, (Fonderie.) pour les figures que l'on jette en plomb, il faut bien moins de précaution que pour celles de bronze. L'on se contente de remplir les creux avec de la terre bien maniée, que l'on met de telle épaisseur que l'on veut; puis on remplit tout le moule de plâtre, ou d'un mastic fait avec du tuileau bien pulverisé, dont on fait l'ame ou noyau.

Lorsque l'ame est achevée, on desassemble toutes les pieces du moule pour en ôter toutes les épaisseurs de terre, & ensuite on remet le moule tout assemblé à l'entour de l'ame ou noyau; mais ensorte pourtant qu'il en soit éloigné de quatre ou cinq pouces. On remplit cet intervalle de charbon depuis le bas jusqu'en haut. On bouche même les ouvertures qui se trouvent entre les pieces du moule, avec des briques, & mettant le feu au charbon, on l'allume par - tout. Cela sert à cuire l'ame, & à secher le plâtre que les épaisseurs de terre avoient humecté. Quand tout le charbon a été bien allumé, & qu'il s'est éteint de lui - même, on a un souflet avec lequel on fait sortir toute la cendre qui peut être dans toutes les pieces du moule. On rejoint ces pieces autour de l'ame, comme on l'a dit ci - devant. On attache bien toutes les chapes avec des cordes, & on les couvre encore de plâtre; ensuite on coule le plomb fondu dans le moule; ce plomb remplit l'espace qu'occupoit la terre sans qu'il soit nécessaire d'enterrer le moule comme pour le bronze, si ce n'est pour de grandes pieces.

Jetter le plomb sur toile (Page 8:529)

Jetter le plomb sur toile, (Plombier.) c'est se servir d'une forme ou moule couvert d'un drap de laine, & doublé par - dessus pour jetter le plomb en lames très - fines. Voyez Plomberie.

Cette maniere de jetter le plomb est défendue aux plombiers par leurs statuts; cependant il y a de certains ouvrages pour lesquels ces sortes de tables de plomb jetté sur toile sont nécessaires. Voyez l'article Plombier, où on a décrit la maniere de jetter le plomb sur toile.

Les sacteurs d'orgue jettent ordinairement sur toile l'étain dont ils font certains tuyaux pour cet instrument de musique. La pratique en est semblable à celle qu'on met en usage pour fondre les tables de plomb. Voyez comme ci - dessus & l'article Orgue.

Jetter en sable (Page 8:529)

Jetter en sable, se dit en termes de Fonderie, de ce qui est jetté dans de petits moules faits de sable ou de poudre d'ardoise, de piés de mouton, d'os de seche, de cendres & autres choses semblables; & on appelle pistole sablée, celle qu'on a moulée & jettée en sable, & qui n'a point été faite au moulin ni au marteau. Voyez les fig. du Fondeur en sable.

Jetter (Page 8:529)

Jetter, on dit en Peinture & en Sculpture, jetter les draperies, pour en disposer les plis de façon qu'ils annoncent sans équivoque les objets qu'ils couvrent. Ces draperies sont bien jettées; ce peintre jette bien une draperie. Ce mot de jetter, dit M. de Pile, est d'autant plus expressif, que les draperies ne doivent point être arrangées comme les habits dont on se sert dans le monde; mais il faut que suivant le caractere de la pure nature, éloignée de toute affectation, les plis se trouvent comme par hazard, autour des membres.

Jetter sur la piece (Page 8:529)

Jetter sur la piece, terme de Potier d'étain: c'est jetter une anse en moule sur un pot à vin ou à l'eau, ou autre piece à qui il faut en joindre une au; [p. 530] tre; cela se fait par le moyen d'un moule en cuivre composé de plusieurs morceaux qui s'ajustent les uns aux autres; les moules sont percés aux endroits où l'anse doit s'attacher à la piece. Voyez la forme d'un moule d'anse & ses différens morceaux aux figures du métier.

Pour jetter sur la piece, on remplit les pots de sable ou de son, excepté la gorge; on le foule & on l'arrête avec un linge ou papier, ensuite on met à la bouche du pot en - dedans, le linge dans lequel il y a du sable mouillé qu'on nomme drapeau à sable, puis on prend le moule d'anse dont les pieces sont jointes ensemble, & tenues par une ou deux serres de fer; on pose le moule sur la piece qu'on tient devant soi sur les genoux; ensuite on prend de l'étain fondu & chaud dans une cuillere qui est sur le fourneau avec une autre cuillere plus petite; on jette de l'étain dans le moule qui se soude de lui - même à la piece, entrefondant l'endroit où il touche, après quoi on le dépouille piece à piece, & on continue de même jusqu'à ce que tout soit jetté.

Quand on n'a pas des moules convenables aux grandeurs des pieces, on a des moules séparés dont on rapporte les anses ou autres choses qu'on veut faire tenir pour finir un ouvrage, & cela s'appelle mouler (voyez Mouler les anses), ou on les joint par le moyen de la soudure légere. Voyez Souder a la soudure légere .

Jetter sur le pié (Page 8:530)

Jetter sur le pié, chez les Vergettiers, c'est rouler en prenant sous le pié le chiendent pour le dépouiller de son écorce, & le rendre propre à être employé à toutes sortes d'ouvrages.

Jetter (Page 8:530)

Jetter, terme de Fauconnerie: on dit jetter un oiseau du poing, ou le donner du poing après la proie qui suit. Jetter sa tête, c'est mettre bas en parlant du cerf.

JETTON (Page 8:530)

JETTON, s. m. (Littérat. anc. & mod.) j'appelle de ce nom tout ce qui servoit chez les anciens à faire des calculs sans écriture, comme petites pierres, noyaux, coquillages, & autres choses de ce genre.

L'on a donné dans le recueil de l'acad. des Belles - Lettres, l'extrait d'un mémoire instructif dont je vais profiter, sur l'origine & l'usage des jettons. Ils sont peut - être aussi anciens que l'Arithmétique même, pourvû qu'on ne les prenne pas pour ces pieces de métal fabriquées en guise de monnoie, qui sont aujourd'hui si communes. De petites pierres, des coquillages, des noyaux, suffisoient au calcul journalier de gens qui méprisoient, ou qui ne connoissoient pas l'or & l'argent. C'est ainsi qu'en usent encore aujourd'hui la plûpart des nations sauvages; & la maniere de se servir de ces coquillages ou de ces petites pierres, est au fond trop simple & trop naturelle pour n'être pas de la premiere antiquité.

Les Egyptiens, ces grands maîtres des arts & des sciences, employoient cette sorte de calcul pour soulager leur mémoire. Hérodote nous dit, qu'outre la maniere de compter avec des caracteres, ils se servoient aussi de petites pierres d'une même couleur, comme faisoient les Grecs; avec cette différence que ceux - ci plaçoient & leurs jettons & leurs chiffres, de la gauche à la droite, & ceux - là de la droite à la gauche. Chez les Grecs, ces petites pierres qui étoient plates, polies & arrondies, s'appelloient YH=FOI; & l'art de s'en servir dans les calculs, YHFOFO/RIA. Ils avoient encore l'usage de l'A)/BACI, en latin abacus. Voyez Abaque.

Ces petites pierres que je dis avoir été nommées YH=FOI par les Grecs, furent appellées calculi par les Romains. Ce qui porte à croire que ceux - ci s'en servirent long - tems, c'est que le mot lapillus est quelquefois synonyme à celui de calculus.

Lorsque le luxe s'introduisit à Rome, on com<cb-> mença à employer des jettons d'ivoire; c'est pourquoi Juvenal dit sat. xj. v. 131.

Adeò nulla uncia nobis Est eboris nec Tessaloe, nec calculus ex hâc Materiâ

Il est vrai qu'il ne reste aujourd'hui dans les cabinets des curieux, aucune piece qu'on puisse soupçonner d'avoir servi de jettons; mais cent expressions qui tenoient lieu de proverbes, prouvent que chez les Romains, la maniere de compter avec des jettons étoit très - ordinaire: de - là ces mots ponere calculos, pour désigner une suite de raisons; hic calculus accedat, pour signifier une nouvelle preuve ajoutée à plusieurs autres; calculum detrahere, lorsqu'il s'agissoit de la suppression de quelques articles; voluptatum calculos subducere, calculer, considérer par déduction la valeur des voluptés; & mille autres qui faisoient allusion à l'addition ou à la soustraction des jettons dans les comptes.

C'étoit la premiere Arithmétique qu'on apprenoit aux enfans, de quelque condition qu'ils fussent. Capitolin parlant de la jeunesse de Pertinax, dit, puer calculo imbutus. Tertulien appelle ceux qui apprenoient cet art aux enfans, primi numerorum arenarii; les Jurisconsultes les nommoient calculones, lorsqu'ils étoient ou esclaves, ou nouvellement affranchis; & lorsqu'ils étoient d'une condition plus relevée, on leur donnoit le nom de calculatores ou numerarii. Ordinairement il y avoit un de ces maîtres pour chaque maison considérable, & le titre de sa charge étoit a calculis, a rationibus.

On se servoit de ces sortes de jettons faits avec de petites pierres blanches ou noires, soit pour les scrutins, soit pour spécifier les jours heureux ou malheureux. De là vient ces phrases, signare, notare aliquid albo nigrove lapillo, seu calculo, calculum album adjicere errori alterius, approuver l'erreur d'une personne.

Mais les jettons, outre la couleur, avoient d'autres marques de valeur, comme des caracteres ou des chiffres peints, imprimés, gravés; tels étoient ceux dont la pratique avoit été établie par les loix pour la liberté des suffrages, dans les assemblées du peuple & du sénat. Ces mêmes jettons servoient aussi dans les calculs, puisque l'expression omnium calculis, pour désigner l'unanimité des suffrages, est tirée du premier emploi de ces sortes de jettons, dont la matiere étoit de bois mince, poli, & froté de cire de la même couleur, comme Cicéron nous l'apprend.

On en voit la forme dans quelques médailles de la famille Cassia; & la maniere dont on les jettoit dans les urnes pour le scrutin, est exprimée dans celles de la famille Licinia. Les lettres gravées sur ces jettons, étoient V. R. uti rogas, & A. antiquo. Les premieres marquoient l'approbation de la loi, & la derniere signifioit qu'on la rejettoit. Enfin, les juges qui devoient opiner dans les causes capitales, en avoient de marqués à la lettre A pour l'absolution, absolvo; à la lettre C. pour la condamnation, condemno; & à celles - ci N. L. non liquet, pour un plus amplement informé.

Il y avoit encore une autre espece de bulletins, qu'on peut ranger au nombre des jettons. C'étoient ceux dont on se servoit dans les jeux publics, & par lesquels on décidoit du rang auquel les athletes devoient combattre. Si par exemple ils étoient vingt, on jettoit dans une urne d'argent vingt de ces pieces, dont chaque dixaine étoit marquée de numéros depuis 1 jusqu'à 10; chacun de ceux qui tiroient étoit obligé de combattre contre celui qui avoit le même numéro. Ces derniers jettons étoient nommés calculi athletici.

Si nous passons maintenant aux véritables jettons,

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