ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"521"> se porte avec fureur aux choses qu'on lui défend. La proscription de l'Aristotélisme fut la date de ses progrès, & les choses en vinrent au point qu'il y eut plus encore de danger à n'être pas péripatéticien qu'il y en avoit eu à l'être. L'Aristotélisme s'étendit peu - à - peu, & ce fut la philosophie régnante pendant le treizieme & le quatorzieme siecles entiers. Elle prit alors le nom de scholastique. Voyez Scholastique philosophie. C'est à ce moment qu'il faut aussi rapporter l'origine du droit canonique, dont les premiers fondemens avoient été jettés dans le cours du douzieme siecle. Du droit canonique, de la théologie scholastique & de la philosophie, mêlés ensemble, il naquit une espece de monstre qui subsiste encore, & qui n'expirera pas si - tôt.

Jesus - Christ (Page 8:521)

Jesus - Christ, ordre militaire de Portugal. Voyez Christ.

Jesus - Christ (Page 8:521)

Jesus - Christ, nom d'un ordre de chevalerie, institué à Avignon par le pape Jean XXII. en 1320. Les chevaliers de cet ordre portoient une croix d'or pleine, émaillée de rouge, enfermée dans une autre croix patée d'or de même façon, mais d'émaux différens que celle de Christ en Portugal. Voy. Christ. Favin, théat. d'honn. & de chevalerie.

Jesus et Marie (Page 8:521)

Jesus et Marie, ordre de chevalerie connu à Rome sous le nom de Jesus & Marie du tems du pape Paul V. qui à ce qu'on croit en forma le projet. Par les lois de cet ordre, que l'on a encore, il est ordonné que chacun des chevaliers porteroit un habit blanc dans les solemnités, & qu'il entretiendroit un cheval & un homme armé contre les ennemis de l'état ecclésiastique. Les chevaliers portoient une croix bleu - céleste, dans laquelle étoient écrits les noms de Jesus & Marie. Le grand - maître étoit pris d'entre trois chevaliers que le pape proposoit au chapitre, comme dignes d'être revêtus de cette charge, & capables d'en remplir les fonctions. Ceux qui demandoient d'entrer dans l'ordre sans faire preuve de leur noblesse, étoient obligés de fonder une commanderie de deux cens écus de rente pour le moins, dont ils jouissoient eux - mêmes pendant leur vie, & qui à leur mort demeuroit à l'ordre. Bonami, catalog. ordin. equestr.

JET (Page 8:521)

* JET, s. m. (Gramm.) il se dit, 1°. du mouvement d'un corps lancé avec le bras, ou avec un instrument; le jet de la pierre avec la fronde est plus violent qu'avec le bras: 2°. de l'espace qu'il mesure à deux jets de pierre: 3°. de la poussée d'une branche: 4°. des essains d'abeilles: 5°. des eaux jaillissantes: 6°. du calcul par les jettons: 7°. en fauconnerie, en pêche, en fonderie, en peinture, en marine, en artifice, en plusieurs autres arts, voyez les articles suivans.

Jet (Page 8:521)

Jet des bombes, (Artillerie.) est le nom qu'on donne à la partie des Mathématiques qui traite du mouvement des bombes, de la ligne qu'elles décrivent dans l'air, de la maniere dont il faut disposer le mortier pour qu'elles aillent tomber à une distance donnée, &c. Voyez les articles Balistique & Projectile, où sont expliquées les lois du mouvement des bombes, ou plûtôt en général de tout corps pesant lancé avec une vîtesse & une direction donnée. Voyez aussi Jet, Art milit. (O)

Jet (Page 8:521)

Jet d'eau (Hydraulique.) est une lance ou lame d'eau qui s'éleve en l'air par un seul ajutage qui en détermine la grosseur. Les jets croisés en forme de berceaux, sont appellés jets dardans, & les droits perpendiculaires. Il y a encore des gerbes, des bouillons. Consultez ces articles à leur lettre. (K)

Mariotte démontre qu'un jet d'eau ne peut jamais monter aussi haut qu'est l'eau dans son réservoir. En effet, l'eau qui sort d'un ajutage devroit monter naturellement à la hauteur de son réservoir, si la résistance de l'air & les frottemens des tuyaux ne l'en empêchoient. Voyez l'article Fluide. Mais cette résistance & ces frottemens font que l'eau perd nécessairement une partie de son mouvement, & par conséquent ne remonte pas aussi haut. Ce même auteur a aussi fait voir que lorsqu'un grand jet se distribue en un grand nombre d'autres plus petits, le quarré du diametre du principal ajutage doit être proportionnel à la somme de toutes les dépenses de ses branches; & que si le réservoir a cinquante - deux piés de haut, & l'ajutage six lignes de diametre, celui du conduit doit être de trois pouces. Les différentes regles pour les jets d'eau se trouvent renfermées dans un ouvrage exprès de M. Mariotte, imprimé dans le recueil de ses oeuvres. Chambers. (O)

Jet (Page 8:521)

Jet se dit, dans l'Art militaire, des armes propres à lancer des corps avec force pour offenser l'ennemi de loin. Chez les anciens, la fronde, l'arc, la baliste, la catapulte, &c. étoient des armes de jet. Dans l'usage présent, les canons, les mortiers, les fusils, &c. sont les armes de jet qui ont été substituées aux anciennes.

Jet se dit particulierement de la bombe jettée ou lancée par le moyen du mortier. On appelle le jet des bombes, l'art ou la science de les tirer avec méthode pour les faire tomber sur des lieux déterminés. Cette science fait la principale partie de la balistique, qui traite du mouvement des corps pesans jettés ou lancés en l'air suivant une ligne de direction oblique ou parallele à l'horison. Voyez Balistique ou Projectile.

On a vû au mot Bombe quelle est à peu - près l'époque de l'invention de cette machine. Les premiers qui ont fait usage des bombes, les tiroient avec très - peu de méthode.

Ils avoient observé que le mortier, plus ou moins incliné à l'horison, portoit la bombe à des distances inégales; qu'en éloignant la direction du mortier de la verticale, la bombe alloit tomber d'autant plus loin que l'angle formé par la verticale & la direction du mortier approchoit de 45 degrés; & que lorsqu'il surpassoit cette valeur, les distances où la bombe etoit portée, alloient en diminuant; ce qui leur avoit fait conclure que la plus grande portée de la bombe étoit sous l'angle de 45 degrés. Muni de cette connoissance que la théorie a depuis confirmée, lorsqu'il s'agissoit de jetter des bombes, on commençoit à s'assûrer, par quelques épreuves, de la portée sous l'angle de 45 degrés; & lorsqu'on vouloit jetter les bombes à une distance moins grande, on faisoit faire au mortier un angle avec la verticale plus grand ou plus petit que 45 degrés. Cet angle se prenoit au hasard; mais après avoir tiré quelques bombes, on parvenoit à trouver à peu - près la direction ou l'inclinaison qu'il falloit donner au mortier pour faire tomber les bombes sur les lieux proposés.

Telle étoit à peu - près la science des premiers bombardiers; elle leur servoit presque autant que si elle avoit été plus exacte, parce que la variation de l'action de la poudre, la difficulté de faire tenir fixement & solidement le mortier dans la position qu'on veut lui donner, sont des causes qui dérangent presque toûjours les effets déterminés par la théorie.

Les premiers auteurs qui ont écrit sur l'Artillerie, comme Tartaglia de Bresce, Diego Ufano, &c... croyoient que la bombe, ainsi que le boulet, avoit trois mouvemens particuliers; savoir, le violent ou le droit, le mixte ou le courbe, & le naturel ou perpendiculaire.

Le mouvement étoit droit, selon ces auteurs, tant que l'impulsion de la poudre l'emportoit considérablement sur la pesanteur de la bombe: aussi tôt que cette impulsion venoit à être balancée par la pesanteur, la ligne du mouvement du mobile devenoit [p. 522] courbe; elle redevenoit naturelle ou perpendiculaire, lorsque la pesanteur l'emportoit sur la force de l'impulsion de la poudre.

C'est à Galilée, mathématicien du grand duc de Florence, qu'on doit les premieres idées exactes sur ce sujet. Il considéra la bombe comme se mouvant dans un milieu non résistant; & en supposant que la pesanteur fait tendre les corps au centre de la terre, il trouva, comme nous allons bien - tôt le faire voir, que la courbe décrite par la bombe est une parabole. Voyez Parabole.

Si l'on suppose qu'un corps soit poussé par une force quelconque dans une direction oblique ou parallele à l'horisontale, elle sera celle de projection de ce corps, c'est - à - dire, la ligne dans laquelle il tend à se mouvoir; son mouvement le long de cette ligne sera appellé mouvement de projection.

Par le mouvement de projection, le corps ou le mobile avance uniformément dans la même direction (en supposant qu'il soit sans pesanteur, & que le milieu dans lequel il se meut ne résiste point), il parcourt des espaces égaux dans des tems égaux; mais si l'on considere que la pesanteur qui agit toujours sur lui, l'approche continuellement du centre de la terre lorsqu'il se meut librement, on verra bien - tôt que son mouvement sera composé de celui de projection, & de celui que lui imprime sa tendance au centre de la terre; qu'ainsi il doit s'écarter de la direction qui lui a d'abord été donnée.

Si le mouvement de pesanteur étoit uniforme comme celui de projection, le corps se mouvroit dans une ligne droite qui seroit la diagonale d'un parallélograme dont les deux côtés seroient entr'eux comme le mouvement de projection est à celui de la pesanteur.

Mais comme la pesanteur fait parcourir au corps des espaces inégaux dans des tems égaux, la ligne qui résulte du concours de ces deux mouvemens doit être une ligne courbe.

Pour trouver cette ligne, il faut diviser celle de projection en plusieurs parties égales; ces parties étant parcourues dans des tems égaux, peuvent exprimer le tems de la durée du mouvement du corps: & comme les espaces que la pesanteur fait parcourir au mobile sont comme les quarrés des tems, ces espaces sont donc entr'eux comme les quarrés des parties de la ligne de projection.

Ainsi A 6 (Planc. VIII. fig. 2. de l'Art. milit.) étant la ligne de projection de la bombe qui tombe en B sur le plan horisontal A B, on divisera cette ligne en plusieurs parties égales, par exemple en 6, abaissant des perpendiculaires de tous les points de division de A 6 sur A B, l'espace 6 B parcouru par la pesanteur, sera à celui qu'elle fera parcourir au mobile dans le tems exprimé par A 1, comme 36 est à 1. C'est pourquoi on prendra D I de la 36e partie de 6 B; par la même raison 2 E sera les de 6 B, 3 F les , 4 G les , & 5 H les ; faisant ensuite passer une courbe par les points D, E, F, G, H, B, elle sera celle que la bombe ou le mobile aura décrite pendant la durée de son mouvement.

Si par le point A on mene A b égale & parallele à 6 B, & que par les points D, E, F, G, H, B, on tire des paralleles à A 6, les parties de la ligne A b, A d, A e, &c. seront égales aux espaces que la pesanteur aura fait parcourir à la bombe; elles seront les abscisses de la courbe A D E F G H B, & les ordonnées D d, E e, F f, seront égales aux divisions correspondantes de A 6. D'où il suit que les quarrés des ordonnées de cette courbe sont entr'eux comme les abscisses. Mais cette propriété appartient à la parabole: donc la courbe décrite par la bombe est une parabole.

Si le milieu dans lequel la bombe ou le mobile se meut est résistant, la courbe qu'il décrit n'est plus une parabole. Pour la déterminer, il faudroit savoir quelle est la loi suivant laquelle l'air résiste au mouvement. En supposant que cette résistance soit proportionnelle aux quarrés des vitesses, comme on le croit communément, M. Newton a démontré que la courbe décrite par le mobile est une espece d'hyperbole dont le sommet ne répond point au milieu de la ligne tirée du mortier au lieu où tombe la bombe; la perpendiculaire abaissée de ce point sur cette ligne, la couperoit en deux parties inégales, dont la plus grande est celle du côté du mortier. Comme plusieurs expériences ont fait voir que la résistance de l'air n'opere pas assez sensiblement sur le mouvement des bombes, pour causer des erreurs sensibles dans les calculs où l'on en fait abstraction; nous supposerons, comme on le fait ordinairement, qu'elles se meuvent dans un milieu non résistant.

Les lignes de projection des bombes jettées parallelement ou obliquement à l'horison, sont autant de tangentes à la courbe qu'elles décrivent; car comme la pesanteur agit toûjours sur les corps qui se meuvent librement, elle doit les détacher d'abord de la ligne de projection; par conséquent cette ligne ne doit toucher celle qu'ils décrivent que dans un point.

On sait que les bombes se tirent avec des especes de canons courts appellés mortiers. Voyez Mortier. La poudre dont le mortier est chargé est la force qu'on emploie pour chasser la bombe. Comme il y auroit beaucoup de difficultés à calculer les différentes impressions que les bombes peuvent recevoir des différentes quantités de poudre dont on peut charger le mortier, on a trouvé le moyen de les éluder, en supposant que la force dont la poudre est capable, est acquise par la chute de la bombe d'une hauteur verticale quelconque. Plus cette hauteur sera grande, & plus la force ou la vitesse acquise pendant la durée de la chute, le sera aussi. C'est pourquoi il n'y a point de charge de poudre dont la force ne puisse se considérer comme étant produite par une chûte verticale relative à la quantité de poudre de cette charge.

En supposant que les bombes décrivent des paraboles, on peut des différentes propriétés de ces courbes tirer les regles générales & particulieres du jet des bombes; mais comme on peut aussi les déduire du mouvement des corps pesans, nous allons en donner un précis, en ne supposant que la connoissance de la théorie de ce mouvement.

Pour exprimer la vitesse avec laquelle la bombe est poussée suivant les différentes directions qu'on peut lui donner, nous supposerons qu'elle a acquis cette vitesse en tombant d'une hauteur déterminée B A (Fig. 1. Planc. VIII. de l'Art. milit. n°. 2.)

Il est démontré que si un corps pesant qui a acquis une vitesse en tombant d'une hauteur déterminée B A, est poussé de bas en haut avec cette vitesse, qu'il remontera à la même hauteur d'un mouvement retardé, dans le même tems que celui de la durée de sa chûte le long de cette hauteur. Voyez Mouvement des corps pesans

Si l'on suppose qu'il se meuve d'un mouvement uniforme pendant le même tems, avec la vitesse acquise en tombant de B en A, il parcourra un espace double de A B, c'est - à - dire A C: dans le tems qu'il employeroit à tomber d'un mouvement accéléré de B en A, & à remonter de A en B d'un mouvement retardé, il parcourra d'un mouvement uniforme A E quadruple de A B.

Si le corps pesant est poussé suivant une ligne de direction quelconque A F, (fig. 1, 2 & 3. Planc. VIII. n°. 2.) avec la vitesse acquise par sa pesanteur en tombant librement de B en A, pour avoir

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