ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"509"> core ses lamentations, où il dépeint & déplore d'une maniere pathétique la désolation & la ruine de Jérusalem par les Chaldéens. Cet ouvrage est écrit en vers, dont les premieres lettres sont disposées suivant l'ordre de l'alphabet. Il y a une préface dans le grec & dans la vulgate, qui ne se rencontre ni dans l'hébreu, ni dans la paraphrase chaldaïque, ni dans le syriaque, & qui paroît avoir été ajoutée pour servir d'argument à ce livre.

Le style de Jérémie est moins sublime & moins véhément que celui d'Isaïe; mais il est plus tendre & plus affectueux. Il y avoit anciennement une autre prophétie de Jérémie, dont parle Origene, où l'on trouvoit ces paroles citées dans l'Evangile; appenderunt mercedem meam trigenta argenteos., &c. Mais il y a apparence que c'étoit un ouvrage apocryphe dont se servoient les Nazaréens, comme l'a remarqué S. Jérome dans son commentaire sur S. Matthieu, chap. XXVII. Dupin, dissert. prélim. sur la bib. chap. iij. liv. I. §. xviij. pag. 358 & suiv. (G)

JÈRÉPÉ - MONGA (Page 8:509)

* JÈRÉPÉ - MONGA, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) serpent marin qui se trouve au Brésil; il se tient sous l'eau immobile; tous les animaux qui le touchent y demeurent attachés, & il s'en nourrit: il sort quelquefois & se repose sur le rivage. Si on le prend avec la main, la main s'y colle; si l'on cherche à dégager la main prise, avec l'autre, celle - ci se prend également: alors l'animal se déploie, se jette dans les eaux, & y entraîne sa proie.

JERICHO (Page 8:509)

JERICHO, (Géog. anc.) appellée par les Arabes Rihiba, ville d'Asie dans la Palestine, bâtie par les Jébuséens, à deux lieues du Jourdain, & à sept de Jérusalem; c'est la premiere ville du pays de Chanan, que Josué prit & saccagea; on en rebâtit une nouvelle dans son voisinage. Vespasien la détruisit, Hadrien la répara. Cette ville fut encore relevée sous les empereurs chrétiens, & décorée d'un siége épiscopal; mais finalement les guerres des Sarrasins dans la terre - sainte, ont détruit le siége & la ville; on n'y voit plus que quelques huttes où demeurent des Arabes si gueux qu'à peine ont - ils de quoi couvrir leur nudité.

La rose de Jericho louée dans l'Ecriture, est une plante qui nous est inconnue; elle ne présente point celle à laquelle les modernes donnent vulgairement ce nom, & qui est une espece de thlaspi de Sumatra & de Syrie.

Pompée campoit à Jéricho dont il avoit dejà fait abattre deux forts, quand il apprit l'agreable nouvelle de la mort de Mithridate; & Josephe saisit cette occasion du campement de Pompée, pour observer que le territoire de cette ville étoit fameux par l'excellence de son baume. Pline rapporte d'après Théophraste, que cet arbrisseau balsamifere ne se trouvoit que dans ce lieu - là, & qu'il n'y en avoit que dans deux jardins, dont l'un étoit de 20 arpens (il falloit dire de dix arpens, car il a mal rendu le mot grec W=LE/RON), & l'autre de moins encore; mais ce n'est ni Jéricho ni Galaad, ni la Judée, ni l'Egypte qui sont le terroir naturel de cet arbrisseau, c'est l'Arabie heureuse. Apparemment que l'on cultivoit cet arbre dans les jardins de Jéricho, & qu'il y prospéroit. En tout cas les choses ont bien changé: il n'y a plus de jardins à Jéricho, ni de baume en Judée; tout celui que nous avons en Europe vient de la Mecque & de l'Arabie heureuse, & pour dire quelque chose de plus, le mot hébreu zori, que nous avons rendu par baume, est un mot générique qui signifie seulement toute gomme résineuse; ainsi le baume de Jéricho, de Galaad, de Chanaan, n'étoit qu'une espece de térébenthine dont on se servoit pour les blessures & quelques autres maux.

Josephe prétend encore que les environs de Jéricho ressembloient au paradis terrestre, tandis que selon Suidas ils étoient pleins de serpens & de viperes; cependant Jéricho est très - fameuse dans l'Ecrituresainte; Moyse l'appelle la ville des palmiers. Notre Sauveur y fit quelques miracles, & ne dédaigna pas d'y loger chez Zachée dont la foi mérita de justes louanges; c'est à Jéricho qu'Hérode le Grand, ou l'Iduméen, avoit fait bâtir un superbe palais dans lequel il finit ses jours l'an de Rome 750, après 37 ans d'un regne célebre par d'illustres & d'horribles actions.

Ce prince eut l'habileté de se procurer consécutivement la faveur de Sextus César, de Cassius, d'Antoine & d'Octave, qui lui firent décerner la couronne de Judée par le Sénat Romain; il en reçut l'investiture en marchant au capitole entre les deux triumvirs; il prit Jérusalem, se soutint auprès d'Antoine malgré Cléopatre, vainquit Antigone, Malchus, les Arabes, augmenta sans cesse sa puissance par les bontés d'Octave, & introduisit dans son royaume des coutumes étrangeres; il réédifia Samarie, construisit par - tout des forteresses, procura de ses propres fonds de grands secours aux Juifs pendant la famine & la peste qui les desoloit, fonda plusieurs villes, & dissipa les brigands de la Tragonite; enfin il fut nommé Procurateur de Syrie, éleva un superbe temple en l'honneur d'Auguste, rebâtit celui de Jérusalem, rétablit les jeux olympiques dans leur ancienne splendeur, & obtint d'Agrippa toutes sortes de graces en faveur de ses sujets.

Tel a été la vie d'Hérode, d'ailleurs le plus malheureux des hommes dans son domestique; on sçait quels troubles sa soeur Salomé excita dans sa famille, & quelles en furent les tristes suites. Il fit mourir le vieillard Hircan dans sa 80e année, le grand - prêtre Aristobule son beau - frere, Joseph son propre oncle, Alexandra mere de Mariamne son épouse, cette belle & vertueuse Mariamne elle - même, dont la fin l'accabla de regrets, & le déchira de remords pendant le reste de sa vie; alors on ne vit plus en lui qu'un furieux qui sacrifia trois fils à sa colere, Alexandre, Aristobule, & finalement Antipater; ce cruel prince périt cinq jours après l'exécution de ce dernier, dans les plus cruels tourmens, dont Josephe vous donnera les détails. Il avoit eu neuf femmes. Trois autres fils qui lui restoient encore, Archélaus, Hérode & Philippe, partagerent ses états. (D. J.)

JERICHAU (Page 8:509)

JERICHAU, (Géogr.) ville & baillage d'Allemagne, dans le duché de Magdebourg, sur les frontier es de Brandebourg.

JERKÉEN (Page 8:509)

JERKÉEN, (Géogr.) ville d'Asie, capitale de la petite Tartarie, sur les bords de la riviere d'Ilac; elle est assez grande. C'est l'entrepôt du commerce entre les Indes & la partie septentrionale de l'Asie, de la Chine, de la grande Tartarie & de la Sibérie.

IÉRONYMITES (Page 8:509)

IÉRONYMITES, s. m. (Théol.) est le nom que l'on donne a divers ordres ou congrégations de religieux, autrement appellés hermites de saint Jérôme. Voyez Hermites.

Les premiers, que l'on appelle hermites de Saint Jérôme d'Espagne, doivent leur naissance au tiers - ordre de saint François, dont les premiers Jéronimites étoient membres. Grégoire XI. approuva cet ordre en 1373 ou 1374, sous le nom de saint Jérôme, qu'ils avoient choisi pout leur protecteur & leur modele, & leur donna les constitutions du couvent de sainte Marie du Sépulchre, avec la regle de saint Augustin; & pour habit une tunique de drap blanc, un scapulaire de couleur tannée, un petit capuce & un manteau de même couleur; le tout de couleur naturelle, sans teinture & d'un vil prix.

Les Jérony mites sont en possession du couvent de saint Laurent de l'Escurial, où les rois d'Espagne ont leur sépulture; de ceux de saint Isidore de Seville, [p. 510] & de saint Just, où Charles V se retira après avoir abdiqué la couronne impériale & celle d'Espagne. Il y a aussi en Espagne des religieux Jéronymites, qui furent fondés vers la fin du xv siecle. Sixte IV. les mit sous la jurisdiction des Jéronymites, & leur donna les constitutions du monastere de Sainte Marthe de Cordoue, mais Léon X leur ordonna de prendre celle de l'ordre de saint Jérôme. Voyez le Dictionnaire de Trévoux.

Les hermites de saint Jérôme de l'Observance, ou de Lombardie, ont pour fondateur Loup d'Olmedo, qui les établit en 1424 dans les montagnes de Cazalla, au diocese de Séville, & leur donna une regle composée des sentimens de Saint Jérôme, approuvée par le pape Martin V. qui dispensa pour lors les Jéronymites de garder celle de saint Augustin.

Pierre Gambacorti fonda la troisieme congrégation des Jéronymites vers l'an 1377. Ils ne firent que des voeux simples jusqu'en 1568, que Pie V. leur ordonna d'en faire des solemnels; ils ont des maisons en Italie, dans le Tirol & dans la Baviere.

La quatrieme congrégation des Jéronymites, dite des hermites de S. Jérôme de Fiesoli, commença l'an 1360, que Charles de Montegranelli, de la famille des comtes de Montegranelli, se retira dans la solitude, & s'établit d'abord à Véronne. Elle fut approuvée par Innocent VII. sous la regle & les constitutions de Saint Jérôme; mais Eugene IV. leur donna en 1441 la regle de saint Augustin. Comme le fondateur étoit du tiers - ordre de saint François, il en garda l'habit; mais en 1460, Pie II permit de le quitter à ceux qui voudroient, ce qui occasionna une division parmi eux. Clément IX. supprima tout - à - fait cet ordre en 1668.

IEROPHORE (Page 8:510)

IEROPHORE, s. m. (Hist. anc.) celui qui porte les choses sacrées. Ce titre s'étendoit chez les Grecs à un grand nombre de fonctions; mais on appelloit sur - tout ïérophores, ceux qui, dans les cérémonies, portoient les statues des dieux.

IEROPHILAX (Page 8:510)

IEROPHILAX, s. m. (Hist.) garde des choses sacrées; titre qui désigne assez la fonction de celui qui le portoit dans l'Eglise grecque: il revient à notre sacristain.

IEROSCOPIE (Page 8:510)

IEROSCOPIE, s. f. (Divinat.) inspection des choses sacrées, & prédiction par ce moyen. Voyez Aruspices & Aruspicines.

JEROSLAW (Page 8:510)

JEROSLAW, (Géogr.) M. de l'Isle écrit Yéroslawle, ville de l'empire Russien, capitale du duché de même nom, sur le Wolga. Long. 58. 30. Lat. 57. 24. (D. J.)

JERSEY (Page 8:510)

JERSEY, (Géog.) île de la mer Britannique, sujette aux Anglois, quoique sur les côtes de France, à 10 lieues des côtes de Bretagne, & à cinq de celles de Normandie. Elle jouit d'un air sain & d'un terroir fertile; elle est très peuplée, défendue par deux châteaux, & dépend du comté de Hant. On croit qu'elle a fait autrefois partie du Cotentin, & qu'elle en a été séparée par la mer qui a inondé le terrein, qui la joignoit à la terre ferme. Voyez Hadrien de Valois, Notit. Gal. p. 219. Son circuit est de 21 milles; S. Elle en est le chef - lieu. Long. 15d. 15'. 25". Lat. 49d. 14'20".

Saint Magloire natif du pays de Galles, établit pendant sa vie un couvent dans cette île, où il mourut fort âgé en 575. Ses reliques furent transférés au faubourg S. Jacques, dans un monastere de bénédictins, qui a été cédé aux PP. de l'Oratoire; & c'est, aujourd'hui le séminaire de Saint Magloire.

Waice (Kobert) Poëte, reçut le jour à Jersey, vers le milieu du xij siecle. Il est l'auteur du roman de Rou & des Normands, écrit en vers françois; ce livre fort rare, est important pour ceux qui recherchent la signification de beaucoup d'anciens termes de notre langue. (D. J.)

JERTH (Page 8:510)

JERTH, s. m. (Hist. nat.) nom qu'on donne en Laponie à une espece de mousse qui y croit ainsi que dans d'autres pays froids. On en prend la racine dont on fait une décoction, que l'on fait avaler aux malades dans du petit lait des rennes d'heure en heure, pour les faire transpirer. Les principales maladies de ce pays sont les pleurésies & la petite vérole, & les malades s'en tirent très - bien au moyen de ce seul remede. Au défaut de cette racine de jerth, on se sert de l'angélique. Voyez Scheffer, Description de la Laponie.

JERVENLAND (Page 8:510)

JERVENLAND, (Géog.) Jervia; petit canton de Livonie dans l'Estonie, sujet à la Russie; le château de Wittentein, & le bourg d'Oberbalen, en sont les lieux principaux. (D. J.)

JÉRUSALEM (Page 8:510)

JÉRUSALEM, (Géog.) ancienne & fameuse ville d'Asie, capitale du petit royaume d'Israël, après que David l'eut conquis sur les Jébuséens. Depuis ce tems - là Jerusalem éprouva bien des événemens, & son histoire devint celle de la nation des Juifs; voici les principales époques des vicissitudes de cette ville, cent fois prise, détruite, & rebâtie.

David & Salomon l'embellirent; Sesac roi d'Egypte, Hazaël roi de Syrie, Amasias roi d'Israël, enleverent consécutivement les trésors du temple; mais Nabuchodonosor ayant pris la ville même pour la quatrieme fois, la réduisit en cendre, & emmena les Juifs captifs à Babylone. Après cette captivité, Jérusalem fut reconstruite & repeuplée de nouveau. Antiochus le Grand, ayant conquis la Célé - Syrie & la Judée, assiégea & ruina Jérusalem. Ensuite Simon Machabée vainquit Nicanor, rétablit la ville & les sacrifices; elle jouit d'une assez grande paix jusqu'aux démêlés d'Hircan & d'Aristobule. Pompée s'étant déclaré pour Hircan, s'empara de Jérusalem 63 ans avant J. C. & démolit ses murailles, dont Jules César permit le rétablissement 20 ans après.

A peine la Judée fut réduite en province sous l'obéissance du gouverneur de Syrie, que les Juifs se révolterent, & passerent au fil de l'épée la garnison romaine; Alors l'empereur Titus vint en personne dans le pays, assiégea Jérusalem, l'emporta, la brûla, & la réduisit en solitude, l'an 70 de l'ere chrétienne; mais comme dit quelque part M. de Voltaire,

Jérusalem conquise, & ses murs abattus, N'ont point éternisé le grand nom de Titus; Il fut aimé, voilà sa grandeur véritable.

Adrien fit bâtir une nouvelle ville de Jérusalem, près des ruines de l'ancienne, & la fit appeller AElia Capitolina; cependant elle reprit son ancien nom sous Constantin, & son évêque obtint le second rang des évêques de la Palestine, l'an 614 de J. C. La ville de Jérusalem fut brûlée par les Perses, & son patriarche Zacharie fut emmené prisonnier avec beaucoup d'autres.

Bientôt après, les Arabes soûmirent l'Asie mineure, la Perse, & la Syrie. Omar successeur de Mahomet, s'étant emparé de la contrée de la Palestine, entra victorieux dans Jérusalem, l'an 638 de J. C. Comme cette ville est une ville sainte pour les Mahométans, il l'enrichit d'une magnifique mosquée de marbre, couverte de plomb, ornée dans l'intérieur d'un nombre prodigieux de lampes d'argent, parmi lesquelles il y en avoit beaucoup d'or pur. Quand ensuite, dit M. de Voltaire, les Turcs déja Mahométans, s'emparerent du pays, vers l'an 1055, ils respecterent la mosquée, & la ville resta toujours peuplée de huit mille ames: c'étoit tout ce que son enceinte pouvoit contenir, & ce que le terroir d'alentour pouvoit nourrir. Elle n'avoit d'autres fonds de subsistance, que le pélérinage des Chrétiens & des Musulmans; les uns alloient visiter la mosquée, les autres le saint - sépulchre. Tous payoient un lé<pb->

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