ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"511"> ger tribut à l'émir turc qui résidoit dans la ville, & à quelques imans, qui vivoient de la curiosité des pélerins.

Dans ces conjonctures, on vit se répandre en Europe cette opinion religieuse ou fanatique, que les lieux de la naissance & de la mort de J. C. étant prophanés par les infideles, le seul moyen d'effacer les péchés des chrétiens, étoit d'exterminer ces misérables. L'Europe se trouvoit pleine de gens qui aimoient la guerre, qui avoient beaucoup de crimes à expier, & qu'on leur proposoit d'expier en suivant leur passion dominante: ils prirent la croix & les armes. Voyez Croisades.

Les églises & les cloîtres acheterent à vil prix plusieurs terres des seigneurs, qui crurent n'avoir besoin que de leur courage, & d'un peu d'argent pour aller conquérir des royaumes en Asie; Godefroy de Bouillon, par exemple, duc de Brabant, vendit sa terre de Bouillon au chapitre de Liége, & Stenay à l'évêque de Verdun. Les moindres seigneurs châtelains partirent à leurs frais, les pauvres gentils - hommes servirent d'écuyers aux autres. Cette foule de croisés se donna rendez - vous à Constantinople: moines, femmes, marchands, vivandiers, ouvriers partirent aussi, comptant ne trouver sur la route que des chrétiens, qui gagneroient des indulgences en les nourrissant.

La premiere expédition fut d'égorger & de piller les habitans d'une ville chrétienne en Hongrie. On s'empara de Nicée en 1097, Jérusalem fut emportée en 1099, & tout ce qui n'étoit pas chrétien fut massacré. Après ce carnage, les croisés dégouttans de sang, allerent à l'endroit qu'on leur dit être le sépulchre de J. C. & y fondirent en larmes. Godefroy de Bouillon fut élu duc de Jérusalem; mais, comme un légat nommé d'Anberto, prétendit le royaume pour lui - même, il fallut que le duc de Bouillon cédât la ville à cet évêque, & se contentât du port de Joppé.

En peu de tems, de nouveaux états divisés & subdivisés entre les mains des chrétiens, passerent en beaucoup de mains différentes. Il s'éleva de petits seigneurs, des comtes de Joppé, des marquis de Galilée, de Sidon, d'Acre, de Césarée. Cependant la situation des croisés étoit si mal affermle, que Baudoin premier roi de Jérusalem, après la mort de Godefroy son frere, fut pris presque aux portes de la ville par un prince turc.

Les conquêtes des chrétiens alloient chaque jour en s'affoiblissant, tandis que Saladin s'élevoit pour les leur ravir. En vain Guy de Lusignan couronné roi de Jérusalem, marcha contre Saladin, il devint son captif, & fut traité comme aujourd'hui les prisonniers de guerre le sont par les généraux les plus humains. Saladin étant entré dans Jérusalem, fit laver avec de l'eau rose la mosquée qui avoit été changée en église, & fit graver sur la porte: « le roi Saladin serviteur de Dieu, mit cette inscription après que le tout - puissant eut pris Jérusalem par ses mains.» Il fonda des écoles musulmanes, & néanmoins rendit aux chrétiens orientaux l'église du saint - sépulchre.

Au bruit des victoires de Saladin toute l'Europe se troubla; les rois suspendirent leurs querelles pour marcher au secours de l'Asie, & cependant leur armée saccagea Constantinople, au lieu d'aller reprendre Jérusalem. Saphadin frere du fameux Saladin mort à Damas, démolit en 1218, le reste des murailles de ce triste lieu.

En 1244, son territoire n'appartenoit déja plus à personne. Les Chorasmins, tous idolâtres, égorgerent ce qu'ils trouverent dans ce bourg de musulmans, de chrétiens & de Juifs. De nouveaux turcs vinrent après eux ravager les côtes de Syrie, exter<cb-> minerent le reste des chrétiens, & furent eux - mêmes exterminés par les Tartares. Enfin Sélim empereur des Turcs, ayant vaincu le soudan d'Egypte en 1517, se rendit maître du Caire, de l'Egypte, de la Syrie, & par conséquent de Jérusalem, qui est demeurée jusqu'à ce jour avec tout le pays qui l'environne, sous la domination du grand - seigneur.

Elkods est son nom moderne chez les Turcs, les Arabes, & les Mahométans de ces quartiers - là. Elle est à 45 lieues S. O. de Damas, 18 de la mer Méditerrannée, 100 N. O. du grand Caire. Long. suivant de la Hire 58 deg. 29 min. 30 sec. suivant Street, 55 deg. 11 min. 30 sec. Suivant Cassini, 52 deg. 51 min. 30 sec. Lat. suivant la Hire 31 deg<-> 38 min. 30 sec. Suivant Street 32. 10. Suivant Cassini 31. 50. (D. J.

Jerusalem (Page 8:511)

Jerusalem, temple de, (Hist. sac. & proph.) autrement nommé temple de Salomon, parce que ce prince le fonda, l'acheva & le dédia avec de grandes solemnités, plus de mille ans avant J. C.

Sa description est trop épineuse pour nous y engager, & les savans qui ont consumé leurs veilles à nous en donner le plan, ont eu le malheur de ne point s'accorder ensemble. Le lecteur peut s'en convaincre, s'il a le loisir de consulter, de confronter Villalpand dans ses commentaires sur Ezéchiel; Louis Cappel dans son abrégé de l'histoire judaique; Constantin l'empereur, dans son ouvrage sur le traité du thalmud, intitulé Middotth; Jean Lightfoot, dans le recueil de ses oeuvres; le P. Bernard Lami, prêtre de l'Oratoire; dom Calmet & M. Prideaux; voilà les plus illustres d'entre les modernes, qui ont épuisé cette matiere sans beaucoup de succès.

Cependant le temple de Salomon n'étoit qu'une petite masse de bâtiment, qui n'avoit que cent cinquante piés de long & autant de large, en prenant tout le corps de l'édifice d'un bout à l'autre; mais l'embarras de sa description consiste principalement dans ses décorations, ses ornemens, ses portes, ses portiques, ses galeries & ses cours, dont nous pouvons d'autant moins nous faire d'idées justes, que les détails de l'Ecriture - sainte, de Josephe, & du thalmud sont également coufus.

Personne n'ignore les tristes catastrophes que ce temple éprouva dans le cours des siecles. Après avoir subsisté 424 ans, il fut ravagé & détruit par Nabuchodonosor. Zorobabel mit pendant vingt ans tous ses soins à le rebâtir, lors du retour de la captivité, & l'on en fit la dédicace sous le regne de Darius. Mais ce nouveau temple fut pillé, souillé, & prophané par Antiochus Epiphane. Ce prince receuillit un butin sacrilege 171 ans avant J. C. qui montoit à dix - huit cent talens d'or. Le talent d'or chez les Hébreux valoit 16 fois le talent d'argent.

Judas Machabée ayant eu le bonheur de tirer sa patrie des mains d'Antiochus, purifia le temple 165 ans avant J. C. & les richesses y coulerent avec tant d'abondance en moins d'un siecle, que le pillage qu'en fit Crassus, pendant qu'il fut gouverneur de Syrie, lui valut la somme de dix mille talens, c'est - à - dire, plus de deux millions sterlings, ou plus de quarante - deux millions de notre monnoye; cet événement arriva 54 ans avant J. C.

Hérode néanmoins rebâtit de nouveau le temple même avec une grande magnificence, dont la splendeur fut de courte durée. Tout le monde sait qu'il subit le sort de Jérusalem, lorsque Titus assiégéa cette ville, l'emporta, la brûla, & la réduisit en cendre, l'an 70 de l'ere vulgaire. (D. J.)

JÉSI (Page 8:511)

JÉSI, (Géog.) ancienne ville de l'état de l'église; dans la Marche d'Ancone, avec un évêché qui ne releve que du saint siege: elle est sur une montagne proche la riviere de Jési, à 7 lieues S. O. d'Ancone, 45 N. E. de Rome. Long. 30. 55. lat. 43. 30. Il y a aussi [p. 512] une ville de ce nom au Japon, dans l'île de Niphon, au voisinage de Méneo. Long. 157. 40. lat. (D. J.)

JESSELMERE (Page 8:512)

JESSELMERE, (Géog.) ville de l'Indoustan, capitale d'une province de même nom, dans les états du grand Mogol, à 75 lieues N. d'Amadabad. Long. 90 15. lat. 26. 40. (D. J.)

JESSERO (Page 8:512)

JESSERO, (Géog.) nom d'un ruisseau de Carinthie, qui est près du fameux lac de Cirkniz, qui disparoît sous terre pour se remontrer de nouveau à quelque distance de - là, après quoi il se perd encore de nouveau dans les rochers & dans les précipices; enfin il reparoît encore de l'autre côté des montagnes.

JESNITZ (Page 8:512)

JESNITZ, (Géog.) petite ville d'Allemagne dans la principauté d'Anhalt - Dessau, sur la riviere de Muldau.

JESILBASCH (Page 8:512)

JESILBASCH, s. m. (Hist.) terme de relation; il signifie tête - verte, & c'est le nom que les Persans donnent aux Turcs, parce que leurs émirs portent le turban verd. Voyez Turban. Diction. de Trévoux.

JÉSUAT (Page 8:512)

JÉSUAT, (Géog.) contrée de l'Indoustan, dans les états du grand Mogol, sur le Gadet qui se perd dans le Gange. Elle est bornée au nord par le royaume de Néebal, à l'E. par le royaume d'Assem, au S. par le royaume de Bengale, à l'O. par la terre de Patna. Rajapour en est la capitale, & la seule ville. (D. J.)

JÉSUATES (Page 8:512)

JÉSUATES, s. m. (Théolog.) nom d'une sorte de religieux, qu'on appelloit autrement clercs apostoliques, ou jésuates de S. Jérôme.

Le fondateur des jésuates est Jean Colombin. Urbain V. approuva cet institut en 1367, à Viterbe, & donna lui - même à ceux qui étoient présens l'habit qu'ils devoient porter. Ils suivoient la regle de S. Augustin, & Paul V. les mit au nombre des ordres mendians.

Le nom de jésuates leur fut donné, parce que leurs premiers fondateurs avoient toûjours le nom de Jesus à la bouche. Il y ajouterent celui de S. Jérôme, parce qu'ils le prirent pour leur protecteur.

Pendant plus de deux siecles les jésuates n'ont été que freres lais; Paul V. leur permit en 1606 de recevoir les ordres. Ils s'occupoient dans la plûpart de leurs maisons à la pharmacie; d'autres faisoient le métier de distillateurs, & vendoient de l'eau - devie, ce qui les fit appeller en quelques endroits peres de l'eau - de - vie.

Comme ils étoient assez riches dans l'état de Venise, la république demanda leur suppression à Clement IX. pour employer leurs biens aux frais de la guerre de Candie, ce que le pape accorda en 1668. Voyez le Dict. de Trévoux.

JÉSUITE (Page 8:512)

JÉSUITE, s. m. (Hist. eccles.) ordre religieux, fondé par Ignace de Loyola, & connu sous le nom de compagnie ou société de Jésus.

Nous ne dirons rien ici de nous - mêmes. Cet article ne sera qu'un extrait succinct & fidele des comptes rendus par les procureurs généraux des cours de judicature, des mémoires imprimés par ordre des parlemens, des différens arrêts, des histoires, tant anciennes que modernes, & des ouvrages qu'on a publiés en si grand nombre dans ces derniers tems.

En 1521 Ignace de Loyola, après avoir donné les vingt - neuf premieres années de sa vie au métier de la guerre & aux amusemens de la galanterie, se consacra au service de la mere de Dieu, au mont Ferrat en Catalogne, d'où il se retira dans la solitude de Manrese, où Dieu lui inspira certainement son ouvrage des exercices spirituels, car il ne savoit pas lire quand il l'écrivit. Abregé hist. de la C. D. J.

Décoré du titre de chevalier de Jésus - Christ & de la Vierge Marie, il se mit à enseigner, à prêcher, & à convertir les hommes avec zele, ignorance & succès. Même ouvrage.

Ce fut en 1538, sur la fin du carême, qu'il rassem<cb-> bla à Rome les dix compagnons qu'il avoit choisis selon ses vûes.

Après divers plans formés & rejettés, Ignace & ses collegues se vouerent de concert à la fonction de catéchiser les enfans, d'éclairer de leurs lumieres les infideles, & de défendre la foi contre les hérétiques.

Dans ces circonstances, Jean III. roi de Portugal, prince zéle pour la propagation du Christianisme, s'adressa à Ignace pour avoir des missionnaires, qui portassent la connoissance de l'Evangile aux Japonois & aux Indiens. Ignace lui donna Rodriguès & Xavier; mais ce dernier partit seul pour ces contrées lointaines, où il opéra une infinité de choses merveilleuses que nous croyons, & que le jésuite Acosta ne croit pas.

L'établissement de la compagnie de Jésus souffrit d'abord quelques difficultés; mais sur la proposition d'obéir au pape seul, en toutes choses & en tous lieux, pour le salut des ames & la propagation de la foi; le pape Paul III. conçut le projet de former, par le moyen de ces religieux, une espece de milice répandue sur la surface de la terre, & soumise sans réserve aux ordres de la cour de Rome; & l'an 1540 les obstacles furent levés; on approuva l'institut d'Ignace, & la compagnie de Jésus fut fondée.

Benoît XIV. qui avoit tant de vertus, & qui a dit tant de bons mots; ce pontife, que nous regretterons long - tems encore, regardoit cette milice comme les janissaires du saint siége; troupe indocile & dangereuse, mais qui sert bien.

Au voeu d'obéissance fait au pape & à un général, représentant de Jésus - Christ sur la terre, les Jésuites joignirent ceux de pauvreté & de chasteté, qu'ils ont observé jusqu'à ce jour, comme on sait.

Depuis la bulle qui les établit, & qui les nomma Jésuites, ils en ont obtenu quatre - vingt - douze autres qu'on connoît, & qu'ils auroient dû cacher, & peut - être autant qu'on ne connoît pas.

Ces bulles, appellées lettres apostoliques, leur accordent depuis le moindre privilege de l'état monastique, jusqu'à l'indépendance de la cour de Rome.

Outre ces prérogatives, ils ont trouvé un moyen singulier de s'en créer tous les jours. Un pape a - t - il proféré inconsidérément un mot qui soit favorable à l'ordre, on s'en fait aussitôt un titre, & il est enregistré dans les fastes de la société à un chapitre, qu'elle appelle les oracles de vive voix, vivoe vocis oracula.

Si un pape ne dit rien, il est aisé de le faire parler. Ignace, élu général, entra en fonction le jour de pâques de l'année 1541.

Le généralat, dignité subordonnée dans son origine, devint sous Lainèz & sous Aquaviva un despotisme illimité & permanent.

Paul III. avoit borné le nombre des profes à soixante; trois ans après il annulla cette restriction, & l'ordre fut abandonné à tous les accroissemens qu'il pouvoit prendre & qu'il a pris.

Ceux qui prétendent en connoître l'économie & le régime, le distribuent en six classes, qu'ils appellent des profès, des coadjuteurs spirituels, des écoliers approuvés, des freres lais ou coadjuteurs temporels, des novices, des affiliés ou adjoints, ou Jésuites de robecourte. Ils disent que cette derniere classe est nombreuse, qu'elle est incorporée dans tous les états de la société, & qu'elle se déguise sous toutes sortes de vêtemens.

Outre les trois voeux solemnels de religion, les profès qui forment le corps de la société font encore un voeu d'obéissance spéciale au chef de l'église, mais seulement pour ce qui concerne les missions étrangeres.

Ceux qui n'ont pas encore prononcé ce dernier voeu d'obéissance, s'appellent coadjuteurs spirituels.

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