ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"503"> dieux & des hommes. Les Romains imiterent les Grecs: ces peuples placerent toûjours tous les dieux dans le ciel sans savoir ce qu'ils entendoient par le ciel & par leur olympe. Il n'y avoit pas d'apparence que ces êtres supérieurs habitassent dans les nuées qui ne sont que de l'eau. On en avoit placé d'abord sept dans les sept planettes, parmi lesquelles on comptoit le soleil; mais depuis, la demeure ordinaire de tous les dieux fut l'étendue du ciel.

Les Romains eurent leurs douze grands dieux, six mâles & six femelles, qu'ils nommerent dii majorum gentium; Jupiter, Neptune, Apollon, Vulcain, Mars, Mercure, Junon, Vesta, Minerve, Cérès, Vénus, Diane. Pluton fut alors oublié; Vesta prit sa place.

Ensuite venoient les dieux minorum gentium, les dieux indigetes, les héros, comme Bacchus, Hercule, Esculape; les dieux infernaux, Pluton, Proserpine; ceux de la mer, comme Thétis, Amphitrite, les Néréïdes, Glaucus; puis les Driades, les Naïades, les dieux des jardins, ceux des bergers. Il y en avoit pour chaque profession, pour chaque action de la vie, pour les enfans, pour les filles nubiles, pour les mariées, pour les accouchées; on eut le dieu Pet. On divinisa enfin les empereurs: ni ces empereurs, ni le dieu Pet, ni la déesse Pertunda, ni Priape, ni Rumilia la déesse des tetons, ni Stercutius le dieu de la garde - robe, ne furent à la vérité regardés comme les maîtres du ciel & de la terre. Les empereurs eurent quelquefois des temples; les petits dieux Pénates n'en eurent point; mais tous eurent leur figure, leur idole.

C'étoient de petits magots dont on ornoit son cabinet; c'étoient les amusemens des vieilles femmes & des enfans, qui n'étoient autorisés par aucun culte public. On laissoit agir à son gré la superstition de chaque particulier: on retrouve encore ces petites idoles dans les ruines des anciennes villes.

Si personne ne sait quand les hommes commencerent à se faire des idoles, on sait qu'elles sont de l'antiquité la plus haute; Tharé pere d'Abraham en faisoit à Ur en Chaldée: Rachel déroba & emporta les idoles de son beau - pere Laban; on ne peut remonter plus haut.

Mais quelle notion précise avoient les anciennes nations de tous ces simulacres? Quelle vertu, quelle puissance leur attribuoit - on? Croira - t - on que les dieux descendoient du ciel pour venir se cacher dans ces statues? ou qu'ils leur communiquoient une partie de l'esprit divin? ou qu'ils ne leur communiquoient rien du tout? C'est encore sur quoi on a très - inutilement écrit; il est clair que chaque homme en jugeoit selon le degré de sa raison, ou de sa crédulité, ou de son fanatisme. Il est évident que les prêtres attachoient le plus de divinité qu'ils pouvoient à leurs statues, pour s'attirer plus d'offrandes; on sait que les Philosophes détestoient ces superstitions; que les guerriers s'en mocquoient; que les magistrats les toléroient, & que le peuple toûjours absurde ne savoit ce qu'il faisoit: c'est en peu de mots l'histoire de toutes les nations à qui Dieu ne s'est pas fait connoître.

On peut se faire la même idée du culte que toute l'Egypte rendit à un boeuf, & que plusieurs villes rendirent à un chien, à un singe, à un chat, à des oignons. Il y a grande apparence que ce furent d'abord des emblèmes: ensuite un certain boeuf Apis, un certain chien nommé Anubis, furent adorés. On mangea toûjours du boeuf & des oignons; mais il est difficile de savoir ce que pensoient les vieilles femmes d'Egypte, des oignons sacrés & des boeufs.

Les idoles parloient assez souvent: on faisoit commémoration à Rome le jour de la fête de Cybèle, des belles paroles que la statue avoit prononcées lorsqu'on en fit la translation du palais du roi Attale:

Ipsa peti volui, ne sit mora, mitte volentem, Dignus Roma locus quo deus omnis eat.

« J'ai voulu qu'on m'enlevât, emmenez - moi vîte; Rome est digne que tout dieu s'y établisse ».

La statue de la fortune avoit parlé; les Scipions, les Cicérons, les Césars à la vérité n'en croyoient rien; mais la vieille à qui Encolpe donna un écu pour acheter des oies & des dieux, pouvoit fort bien le croire.

Les idoles rendoient aussi des oracles, & les prêtres cachés dans le creux des statues parloient au nom de la divinité.

Comment, au milieu de tant de dieux, & de tant de théogonies différentes & de cultes particuliers, n'y eût - il jamais de guerre de religion chez les peuples nommés idolâtres? Cette paix fut un bien qui naquit d'un mal de l'erreur même: car chaque nation reconnoissant plusieurs dieux inférieurs, trouvoit bon que ses voisins eussent aussi les leurs. Si vous exceptez Cambise, à qui on reproche d'avoir tué le boeuf Apis, on ne voit dans l'histoire profane aucun conquérant qui ait maltraité les dieux d'un peuple vaincu. Les Gentils n'avoient aucune religion exclusive; & les prêtres ne songerent qu'à multiplier les offrandes & les sacrifices.

Les premieres offrandes furent des fruits; bientôt apres il fallut des animaux pour la table des prêtres; ils les égorgeoient eux - mêmes; ils devinrent bouchers & cruels: enfin, ils introduisirent l'usage horrible de sacrifier des victimes humaines, & surtout des enfans & des jeunes filles. Jamais les Chinois, ni les Perses, ni les Indiens, ne furent coupables de ces abominations; mais à Héliopolis en Egypte, au rapport de Porphire, on immola des hommes. Dans la Tauride on sacrifioit les étrangers: heureusement les prêtres de la Tauride ne devoient pas avoir beaucoup de pratiques. Les premiers Grecs, les Cipriots, les Phoeniciens, les Tyriens, les Carthaginois, eurent cette superstition abominable. Les Romains eux - mêmes tomberent dans ce crime de religion; & Plutarque rapporte qu'ils immolerent deux Grecs & deux Gaulois, pour expier les galanteries de trois vestales. Procope, contemporain du roi des Francs Théodebert, dit que les Francs immolerent des hommes quand ils entrerent en Italie avec ce prince: les Gaulois, les Germains, faisoient communément de ces affreux sacrifices.

On ne peut guere lire l'histoire, sans concevoir de l'horreur pour le genre humain. Il est vrai que chez les Juifs Jephté sacrifia sa fille, & que Saül fut prêt d'immoler son fils. Il est vrai que ceux qui étoient voués au Seigneur par anatheme, ne pouvoient être rachetés, ainsi qu'on rachetoit les bêtes, & qu'il falloit qu'ils périssent: mais Dieu qui a créé les hommes, peut leur ôter la vie quand il veut, & comme il le veut: & ce n'est pas aux hommes à se mettre à la place du maître de la vie & de la mort, & à usurper les droits de l'Etre suprème.

Pour consoler le genre humain de l'horrible tableau de ces pieux sacriléges, il est important de savoir que chez presque toutes les nations nommées idolâtres, il y avoit la Théologie sacrée, & l'erreur populaire; le culte secret, & les cérémonies publiques; la religion des sages, & celle du vulgaire. On n'enseignoit qu'un seul Dieu aux initiés dans les mysteres; il n'y a qu'à jetter les yeux sur l'hymne attribué à Orphée, qu'on chantoit dans les mysteres de Cérès Eleusine, si célebres en Europe & en Asie.

« Contemple la nature divine, illumine ton esprit, gouverne ton coeur, marche dans la voie de la justice; que le Dieu du ciel & de la terre soit toûjours présent à tes yeux. Il est unique, il existe [p. 504] seul par lui - même; tous les êtres tiennent de lui leur existence; il les soûtient tous; il n'a jamais été vu des yeux mortels, & il voit toutes choses ».

Qu'on lise encore ce passage du philosophe Maxime de Madaure, dans sa lettre à saint Augustin. « Quel homme est assez grossier, assez stupide, pour douter qu'il soit un Dieu suprème, éternel, infini, qui n'a rien engendré de lemblable à lui - même, & qui est le pere commun de toutes choses »? y a mille témoignages que les sages abhorroient non seulement l'idolâtrie, mais encore le polithéïsme.

Epictete, ce modele de résignation & de patience, cet homme si grand dans une condition si basse, ne parle jamais que d'un seul Dieu: voici une de ses maximes. « Dieu m'a créé, Dieu est au - dedans de moi; je le porte par - tout; pourrois - je le souiller par des pensées obscènes, par des actions injustes, par d'infâmes desirs? Mon devoir est de remercier Dieu de tout, de le louer de tout, & de ne cesser de le benir qu'en cessant de vivre ». Toutes les idées d'Epictete roulent sur ce principe.

Marc - Aurele, aussi grand peut - être sur le trône de l'empire romain qu'Epictete dans l'esclavage, parle souvent à la vérité des dieux, soit pour se conformer au langage reçu, soit pour exprimer des êtres mitoyens entre l'Etre suprème & les hommes. Mais en combien d'endroits ne fait - il pas voir qu'il ne reconnoît qu'un Dieu éternel, infini? Notre ame, ditil, est une émanation de la divinité; mes enfans, mon corps, mes esprits viennent de Dieu.

Les Stoïciens, les Platoniciens admettoient une nature divine & universelle; les Epicuriens la nioient; les pontifes ne parloient que d'un seul Dieu dans les mysteres; où étoient donc les idolâtres?

Au reste, c'est une des grandes erreurs du Dictionnaire de Moréri, de dire que du tems de Théodose le jeune, il ne resta plus d'idolâtres que dans les pays reculés de l'Asie & de l'Afrique. Il y avoit dans l'Italie beaucoup de peuples encore gentils, même au septieme siecle: le nord de l'Allemagne depuis le Vezer n'étoit pas chrétien du tems de Charlemagne; la Pologne & tout le Septentrion resterent long - tems après lui dans ce qu'on appelle idolâtrie: la moitié de l'Afrique, tous les royaumes au de là du Gange, le Japon, la populace de la Chine, cent hordes de Tartares ont conservé leur ancien culte. Il n'y a plus en Europe que quelques lapons, quelques samoïedes, quelques tartares, qui ayent persévéré dans la religion de leurs ancêtres. Article de M. de Voltaire. Voyez Oracles, Religion, Superstition, Sacrifices, Temples

IDOLOTHYTES (Page 8:504)

IDOLOTHYTES, s. m. (Théolog.) c'est le nom que S. Paul donne aux viandes offertes aux idoles, & que l'on présentoit ensuite avec cérémonie, tant aux prêtres qu'aux assistans, qui les mangeoient couronnés. Il y eut entre les premiers chrétiens difficulté au sujet de la manducation de ces idolothytes, & dans le concile de Jérusalem il leur fut ordonné de s'en abstenir; cependant comme les viandes qui étoient offertes aux idoles, étoient quelquefois vendues au marché, & présentées ensuite aux repas des chrétiens, les plus scrupuleux n'en vouloient pas, quoiqu'alors ce ne fût plus un acte de religion. S. Paul consulté sur cette question, répondit aux Corinthiens que l'on en pouvoit manger, sans s'informer si cette viande avoit été offerte aux idoles ou non, pourvû que cela ne causât point de scandale aux foibles. Cependant l'usage de ne point manger des idolothytes a subsisté parmi les chrétiens, & dans l'apocalypse ceux de Pergame sont repris de ce qu'il y avoit parmi eux des gens qui faisoient manger des viandes qui avoient été offertes aux idoles. Dans la primitive église il est défendu aux chré<cb-> tiens, par plusieurs canons des conciles, de manger des idolothytes. Actor. j. 15. I. Corinth. j. 8. Apocalyps. 2.

IDON - MOULLY (Page 8:504)

IDON - MOULLY, s. m. (Botan. exot.) c'est le nom malabare d'une espece de prunier des Indes orientales, que les Botanistes appellent prunus indica, fructu umbilicato, pyriformi, spinosa, racemosa, ce qui suffit pour le distinguer des autres pruniers; ajoutez qu'il s'éleve jusqu'à la hauteur de soixante & dix piés; il est décrit dans l'Hort. malab. part. IV. tab. 18. p. 41. (D. J.)

IDRA (Page 8:504)

IDRA, (Géog.) ville de Suede, capitale de la Dalécarlie, sur la riviere d'Elsinam: presque tous les habitans travaillent aux mines & aux forges.

IDRIA (Page 8:504)

IDRIA, (Géog.) ville d'Italie dans le Frioul, au comté de Goritz, avec un château. Cette ville, célebre par sa mine de vif - argent, appartient à la maison d'Autriche; elle est de tous côtés entourée de montagnes, à 7 lieues N. E. de Goritz, 10 N. de Trieste. Long. 31. 35. lat. 46. 16.

La riche mine de vif - argent que cette ville possede dans son propre sein, est une chose bien curieuse. L'entrée de cette mine n'est point sur une montagne, mais dans la ville même; elle n'a pas plus de 120 ou 130 brasses de profondeur. On en tire du vif - argent vierge & du simple vif - argent, & c'étoit certainement autrefois une des plus riches mines du monde en ce genre; car il s'y trouvoit d'ordinaire moitié pour moitié, c'est - à - dire de deux livres une, & quelquefois même lorsqu'on en tiroit un morceau qui pesoit trois livres, on en trouvoit encore deux après qu'il étoit rafiné. Le détail que Brown en a fait comme témoin oculaire, en 1669, mérite d'être lû.

Etant descendu dans cette mine par une échelle qui avoit 89 brasses de long, il vit dans un endroit où l'on travailloit à la purification du vif - argent par le feu seize mille barres de fer, qu'on avoit achetées dans la Carinthie; on employoit aussi quelquefois au même usage 800 barres de fer tout - à - la - fois, pour purifier le vif - argent dans seize fournaises; on en mettoit 50 dans chaque fournaise, 25 de chaque côté, 12 dessus & 13 au - dessous; le produit étoit tel, que M. Brown vit emporter un jour 40 sacs de vif - argent purifié pour les pays étrangers, objet de 40 mille ducats. On en envoyoit jusqu'à Chremnits, en Hongrie, pour s'en servir dans cette mine d'or; chaque sac pesoit 315 livres. Il y avoit encore alors dans le château trois mille sacs de vif - argent purifié en réserve; enfin, à force d'exploitations précipitées, on a presque épuisé la mine & le bois nécessaire pour le travail. (D. J.)

IDSTEIN (Page 8:504)

IDSTEIN, (Géog.) bourg ou petite ville d'Allemagne, dans la Wétéravie, résidence d'une branche de la maison de Nassau, à qui elle appartient; elle est à 5 lieues N. E. de Mayence. Long. 25. 33. lat. 50. 9. (D. J.)

IDULIE (Page 8:504)

IDULIE, s. f. (Belles - lettres.) c'est ainsi qu'on appelloit la victime qu'on offroit à Jupiter le jour des ides, d'où peut - être elle a pris son nom. (D. J.)

IDUMÉE (Page 8:504)

IDUMÉE, s. f. (Géog. anc.) pays d'Asie, aux confins de la Palestine & de l'Arabie; l'Idumée tire son nom d'Edom ou Esaii, qui y fixa sa demeure. Il s'établit d'abord dans les montagnes de Seïr, à l'orient & au midi de la mer Morte; ensuite ses descendans, comme nous le verrons tout - à - l'heure, se répandirent dans l'Arabie Pétrée, dans le pays qui est au midi de la Palestine, & finalement dans la Judée méridionale, lorsque ce pays devint comme desert durant la captivité de Babylone; ainsi quand on parle de l'étendue de l'Idumée, il faut distinguer les tems. Sous les rois de Juda les Iduméens étoient resserrés à l'orient & au sud de la mer Morte, au pays de Seïr; mais dans la suite l'Idumée s'étendit

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