ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"465"> il s'en éleve trois ou quatre, qui quand elles ne s'épanouissent pas, restent serrées dans le milieu de la fleur, où elles forment un globule: cette fleur a l'odeur plus forte que celle du jasmin d'Espagne simple, & elle se soutient plus longtems sur l'arbrisseau, où elle se desseche sans tomber; & il arrive quelquefois que le même bouton qui a fleuri se r'ouvre, & donne une seconde fleur. On multiplie & on cultive ce jasmin comme celui à fleur simple; l'un & l'autre sont toujours verds.

Le jasmin jaune des Indes, ou le jasmin jonquille: c'est un bel arbrisseau, qui par l'éducation qu'on est forcé de lui donner, faute d'une température suffisante dans ce climat, ne s'éleve qu'à quatre ou cinq piés. Il prend une tige forte & ligneuse, qui a du soutien: ses feuilles en forme de treffle, sont grandes & de la plus brillante verdure; ses fleurs qui viennent aux extrémités des branches, sont jaunes, petites, rassemblées en bouquets d'une excellente odeur de jonquille, & de longue durée; l'arbrisseau en fournit pendant tout l'été & une partie de l'automne. On le tient en pot, & on le met pendant l'hiver dans l'orangerie comme le jasmin d'Espagne, quoiqu'il soit moins délicat. On peut le multiplier de graines ou de branches couchées; mais cette derniere méthode a prévalu par la longueur & la difficulté de l'autre: si on marcotte ses branches au mois de Mars, elles auront au printems suivant de bonnes racines pour la transplantation. Il faut tailler ce jasmin au printems, supprimer les branches languissantes, & n'accourcir que celles qui s'élancent trop, attendu que les fleurs ne viennent qu'à leur extrémité, & que cet arbrisseau étant plus ligneux que les autres jasmins, les nouveaux rejettons qu'il pousseroit ne seroient pas assez forts pour fleurir la même année. Il est toujours verd.

Le jasmin des Açores est un très - bel arbrisseau, dont la délicatesse exige dans ce climat l'abri de l'orangerie pendant l'hiver; aussi ne s'éleve - t - il qu'à trois ou quatre piés, parce qu'on est obligé de le tenir en pot. Ce jasmin se garnit de beaucoup de branches, ce qui permet de lui donner une forme réguliere. Sa feuille est grande, d'un verd foncé, très - brillant. Ses fleurs sont petites, blanches, d'une odeur douce, très - agréable; elles viennent en grappes & en si grande quantité que l'arbrisseau en est couvert: elles durent pendant tout l'automne. Les graines qu'elles produisent dans ce climat ne levent point. On peut le multiplier de marcotte; mais l'usage est de le greffer comme le jasmin d'Espagne sur le jasmin blanc commun. Il lui faut la même culture qu'au jasmin jonquille, si ce n'est pour la taille, qu'il faut faire au printems, & qui doit être relative à la forme que l'on veut faire prendre à l'arbrisseau. Nul ménagement à garder pour conserver les branches à fleurs, attendu qu'elles ne viennent que sur les nouveaux rejettons. Il est toujours verd.

Le jasmin d'Arabie, c'est le plus petit & le plus délicat de tous les jasmins; on ne peut guere le laisser en plein air que pendant trois ou quatre mois d'été; il lui faut une serre chaude pour lui faire passer l'hiver. Ses feuilles sont entieres, arrondies, de médiocre grandeur, & placées par paires sur les branches; ses fleurs sont purpurines en - dessous, & d'un blanc terne en - dessus, qui devient jaunâtre dans le milieu; elles exhalent une odeur délicieuse, qui approche beaucoup de celle de la fleur d'orange. Ce jasmin fleurit au printems & pendant tout l'automne. Dans sa jeunesse la taille lui est nécessaire pour lui faire prendre de la consistence; on doit au printems couper à moitié les jeunes rejettons jusqu'à ce que la tête de l'arbrisseau en soit suffisamment garnie, après quoi on se contente de retrancher les branches foibles, seches ou superflues. On le multi<cb-> plie par la greffe sur le jasmin blanc ordinaire. Il y a une variété de ce jasmin qui est à fleur double, & c'est ce qui en fait toute la différence. L'un & l'autre sont toujours verds.

Le jasmin de Virginie, cet arbrisseau selon les méthodes de Botanique, ne devroit pas avoir place parmi les jasmins, attendu qu'il est d'un genre tout différent que l'on nomme bignone. Mais comme il est plus généralement connu sous le nom de jasmin, il est plus convenable d'en traiter à cet article. Ce jasmin pousse des tiges longues & sarmenteuses qui s'attachent d'elles - mêmes aux murailles, à la faveur des griffes dont les rejettons sont garnis à chaque noeud. Ces griffes ressemblent à celles du lierre, & sont aussi tenaces; l'écorce des jeunes branches est jaunâtre; sa feuille est aussi d'un verd jaunâtre; elle est grande, composée de plusieurs folioles qui sont profondement dentelées & attachées à un filet commun; elle a quelque ressemblance avec celle du frêne. Ses fleurs paroissent au mois de Juillet, & elles durent jusqu'en Septembre; elles sont rassemblées en grouppes assez gros au bout des jeunes rejettons: un grouppe contient quelquefois jusqu'à vingt - cinq fleurs, qui sont chacune de la grosseur & de la longueur du petit doigt, & d'un rouge couleur de tuile: elles fleurissent par partie; les unes se détachent & tombent, tandis que les autres s'épanouissent; elles n'ont point d'odeur. Ce jasmin ne donne point de graines dans ce climat. On le multiplie de branches couchées que l'on fait au printems, & qui font assez de racines pour être transplantées au bout d'un an. On peut aussi le faire venir de boutures, qui à voir les griffes qui sont attachées à chaque noeud, font présumer une grande disposition à faire des racines; cependant ces griffes n'y contribuent en rien, & les boutures ne réussissent qu'en petit nombre: on les fait au mois de Mars; celles qui prosperent ne sont en état d'être transplantées qu'après deux ans. La taille de cet arbrisseau demande des attentions pour lui faire produire des fleurs: il faut retrancher au printems toutes les branches foibles ou seches; tailler celles qu'on veut conserver à trois ou quatre yeux, à peu près comme la vigne, & les palisser fort loin les unes des autres. Cet arbrisseau pousse si vigoureusement pendant tout l'été, qu'il est force d'y revenir souvent; mais il faut se garder de le tondre au ciseau, & d'accourcir indifféremment tous les rejettons. Comme les fleurs ne viennent qu'au bout des branches, & qu'elles ne paroissent qu'au commencement de Juillet, il faut attendre ce tems pour arranger ce jasmin; on retranche alors toutes les branches gourmandes qui ne donnent aucune apparence de fleurs, & on attache à la palissade toutes celles qui en promettent. Ce jasmin est très - robuste, il croît très - promptement, & il s'éleve à une grande hauteur. Il réussit à toutes expositions & dans tous les terreins, si ce n'est pourtant que dans les terres seches & légeres son feuillage devient trop jaune, mais il y donne plus de fleurs. Il y a deux variétés de cet arbrisseau; l'une a les feuilles plus vertes, l'autre les a plus petites; toutes deux sont d'un moindre accroissement: elles ne s'élevent qu'à quatorze ou quinze piés. On doit les multiplier, les cultiver, & les conduire comme la grande espece. M. Miller, auteur anglois, fait encore mention dans la sixieme édition de son dictionnaire des Jardiniers, d'un jasmin de Caroline à fleur jaune; mais cet arbrisséau est très - rare. C'est un grimpant toujours verd, ses feuilles sont étroites & brillantes, & il donne en été des fleurs jaunes en bouquets qui sont d'une odeur délicieuse. Il peut passer en pleine terre dans les hivers ordinaires: on le multiplie de branches couchées.

Dans le système botanique de Linnaeus, le jasmin est un arbrisseau qui fait un genre de plante parti<pb-> [p. 466] culier, qu'il caractérise ainsi; le calice de la fleur est oblong, tubulaire, d'une seule piece, découpé à l'extrémité en cinq segmens. La fleur est composée semblablement d'un seul pétale, formant un long tube cylindroïde, partagé en cinq quartiers dans son extrémité supérieure. Les étamines sont deux courts filamens; les antheres sont petites, & cachées dans le tuyau de la fleur. Le pistil est composé d'un germe arrondi. Le stile est un filet de la même longueur que les étamines. Le fruit est une baie lisse, rondelette, avec une loge qui contient deux graines ovoïdes, allongées, couvertes d'un pedicule, convexes d'un côté, & applaties de l'autre.

M. de Tournefort compte quatorze especes de jasmin, auxquelles il faut nécessairement ajoûter le caffier, ou l'arbre du caffé, nommé par Commelin jasminum arabicum, castaneoe folio, flore albo, odoratissimo, cujus fructus cossy in officinis dicuntur nobis, & dont la culture intéresse tant de peuples. Mais nous ne ferons ici que la description du jasmin ordinaire de nos jardins, jasminum vulgatius, flore albo.

C'est un arbrisseau qui pousse un grand nombre de tiges longues, vertes, grêles, foibles & pliantes, lesquelles s'étendent beaucoup, & ont besoin d'être soûtenues. Elles sont couvertes de feuilles oblongues, pointues, lisses, crenelées, d'un verd obscur, rangées comme par paires le long d'une côte, qui est terminée par une seule feuille beaucoup plus grande que les autres. Les fleurs blanches, petites, agréables, d'une odeur douce, naissent d'entre les feuilles par bouquets, & en maniere d'ombelles; elles forment un tuyau évasé par le haut, & découpé en étoile, en cinq parties, & elles sont portées sur un calice fort court, ce qui fait qu'elles sont sujettes à tomber après leur épanouissement. Chaque fleur est remplacée par une baie molle, ronde, verdâtre, contenant deux semences ovoïdes & plates. Cet arbrisseau fleurit aux mois de Juin & de Juillet; & ses charmantes fleurs, que l'air ne ternit jamais, exhalent un parfum délicieux. (D. J.)

Jasmin (Page 8:466)

Jasmin, (Chimie.) les fleurs de jasmin sont du nombre de celles qui contiennent une partie aromatique qu'on n'en peut retirer d'aucune maniere par la distillation, mais qu'on peut fixer par le moyen des huiles auxquelles elle est réellement miscible.

On choisit pour cette espece d'extraction une huile par expression absolument inodore, & qui ne soit point sujette à rancir, telle que l'excellente huile d'olive, ou l'huile de ben. On ne sauroit se servir pour cet usage des huiles essentielles, & encore moins des empyreumatiques, parce qu'elles ont toutes de l'odeur. On y procede par l'opération décrite à l'article Ben, Hist. natur. & Botan. Voyez cet article.

L'essence de jasmin de nos Parfumeurs n'est autre chose que l'une ou l'autre de ces huiles chargées de l'aromate du jasmin.

Si l'on veut faire passer le parfum de cette essence dans l'esprit - de - vin, il n'y a qu'à les battre ensemble dans une bouteille pendant un certain tems: l'esprit de vin ne touchera point à l'huile, & s'aromatisera d'une maniere très - agréable. (b)

Jasmin (Page 8:466)

Jasmin, en terme de Boutonnier, c'est une chûte de différens ornemens en franges, en paquets, en sabots & en pompons, qui tombent d'une corniche, &c. Pour plus grand enjolivement, on varie les jasmins en diverses manieres, ensorte qu'une partie est en franges, une autre en assemblage de différens ouvrages brillans pour faire contraste. Voyez Paquets, Pompons & Sabots. On donne encore aux jasmins le nom de chûte, sans doute parce qu'ils pendent de quelque endroit que ce soit.

JASPE (Page 8:466)

JASPE, s. m. (Hist. nat. Litholog.) c'est le nom d'une pierre du nombre de celles qu'on appelle précieuses. Elle est très - dure, prend très - bien le poli, donne des étincelles lorsqu'on la frappe avec de l'acier; elle est opaque à cause de la grossiereté de ses parties colorantes, sans quoi le jaspe ne différeroit en rien de l'agate, & l'on pourroit avec raison dire que le jaspe est une agate non - transparente, mêlée d'un plus grand nombre de parties terrestres & grossieres. Cependant il y a des morceaux de jaspe dans lesquels on trouve des taches ou veines transparentes; cela vient de ce que la matiere qui lui a donné l'opacité, n'a point également pénétré dans toutes les parties de la pierre. Ce qu'il y a de certain, c'est que le quartz ou le caillou fait la base du jaspe, ainsi que celle de l'agate, & que tout caillou opaque & coloré qui prend le poli, doit être regardé comme un véritable jaspe.

Il regne une grande variété de couleurs parmi les jaspes; il y en a qui n'ont qu'une seule couleur, qui est ou blanche, ou brune, ou bleue, ou verte, ou grise, &c. le jaspe rouge est le plus rare, & cela dans différentes nuances; d'autres sont de plusieurs couleurs différentes, tels sont ceux qu'on nomme jaspes fleuris, dans lequel on voit des couleurs jaunes, rouges, grises, blanches, &c. confusément répandues. L'imagination des Naturalites a travaillé sur ces sortes de jaspes, où quelques - uns ont vû ou du moins ont crû voir les figures les plus extraordinaires, qui ne sont souvent représentées que très - imparfaitement, & que l'on ne peut regarder que comme formées par le hasard pur, & par la disposition fortuite des couleurs & des veines qui s'y trouvent.

Les moindres accidens & les différentes couleurs des jaspes leur ont fait donner des noms différens par les anciens Naturalistes; c'est ainsi qu'ils ont nommé lapis pantherinus ou pierre de panthere, un jaspe jaunâtre moucheté de rouge. Pline donne le nom de grammatias à un jaspe dans lequel on voyoit des taches ou des veines blanches, sans parler d'une infinité d'autres noms qui ont été donnés aux jaspes en faveur de différences qui ne sont qu'accidentelles, & qui ne changent rien à la nature de ces pierres. Ces noms ne sont donc propres qu'à charger inutilement la mémoire: les vrais Naturalistes ne doivent s'embarrasser que de ce qui constitue l'essence d'une pierre, sans s'arrêter à des petites variétés minutieuses. Si cependant quelqu'un vouloit un détail sur les différentes dénominations données au jaspe à cause de ses différentes couleurs, il le trouveroit dans Hill, histoire naturelle des fossiles en anglois.

Le jaspe sanguin est vert, & rempli de taches rouges comme du sang.

Le jaspe floride ou fleuri est de plusieurs couleurs différentes, comme nous l'avons déja fait remarquer.

Le lapis lazuli est un vrai jaspe d'un bleu plus ou moins vif, parsemé de petits points brillans comme de l'or. Voyez Lapis.

Le caillou d'Egypte est un vrai jaspe d'une couleur brune, dans lequel on voit des accidens tout - à - fait singuliers.

Le caillou de Rennes ou pavé de Rennes est aussi un vrai jaspe jaunâtre, ou d'un brun clair & rougeâtre.

La pierre que les Minéralogistes allemands nomment hornstein ou pierre cornée, n'est qu'une espece de jaspe mêlé d'agate, comme on verra à la fin de de cet article.

Wallerius & quelques autres auteurs mettent aussi le porphyre au rang des jaspes.

Quelques Naturalistes mettent le jade au rang des jaspes; mais il y a des différences entre ces deux pierres. Voyez Jade.

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