ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"463"> qui ont été de cet ordre en qualité de chevaliers compagnons.

Les auteurs varient sur son origine: on raconte communément qu'il fut institué en l'honneur d'une jarretiere de la comtesse de Salisbury, qu'elle avoit laissé tomber en dansant, & que le roi Edouard ramassa: mais les antiquaires d'Angleterre les plus estimés traitent ce récit d'historiette & de fable.

Cambden, Fern, &c. disent qu'il fut institué à l'occasion de la victoire que les Anglois remporterent sur les François à la bataille de Crécy: selon quelques historiens, Edouard fit déployer sa jarretiere comme le signal du combat, & pour conserver la mémoire d'une journée si heureuse, il institua un ordre dont il voulut qu'une jarretiere fût le principal ornement, & le symbole de l'union indissoluble des chevaliers. Mais cette origine s'accorde mal avec ce qu'on va lire ci - dessous.

Le pere Papebroke, dans ses analectes sur saint Georges, au troisieme tome des actes des Saints publiés par les Bollandistes, nous a donné une dissertation sur l'ordre de la jarretiere. Il observe que cet ordre n'est pas moins connu sous le nom de saint Georges que sous celui de la jarretiere; & quoiqu'il n'ait été institué que par le roi Edouard III. néanmoins avant lui, Richard I. s'en étoit proposé l'institution du tems de son expédition à la terre - sainte (si l'on en croit un auteur qui a écrit sous le regne d'Henri VIII.); cependant Papebroke ajoute qu'il ne voit pas sur quoi cet auteur fonde son opinion, & que malgré presque tous les écrivains qui fixent l'époque de cette institution en 1350, il aime mieux la rapporter avec Froissard, à l'an 1344; ce qui s'accorde beaucoup mieux avec l'histoire de ce prince, dans laquelle on voit qu'il convoqua une assemblée extraordinaire de chevaliers cette même année 1344.

Si par cette assemblée extraordinaire de chevaliers, il faut entendre les chevaliers de la jarretiere, il s'ensuivra que cet ordre subsistoit dès l'an 1344; par conséquent l'origine que lui ont donné Cambden, Fern & d'autres, est une pure supposition, car il est constant que la bataille de Créci ne fut donnée qu'en 1346 le 26 d'Août. Comment donc Edouard auroit - il pû instituer un ordre de chevalerie en mémoire d'un événement qui n'étoit encore que dans la classe des choses possibles? ou s'il a retardé jusqu'en 1350 à l'instituer en mémoire de la victoire de Créci, il faut avouer qu'il s'écartoit fort de l'usage commun de ces sortes d'établissemens, qui suivent toujours immédiatement les grands événemens qui y donnent lieu. Ne seroit - il pas permis de conjecturer que les écrivains anglois ont voulu par - là sauver la gloire d'Edouard, & tourner du côté de l'honneur une action qui n'eut pour principe que la galanterie. Ce prince fut un héros, & nous le fit bien sentir; mais comme beaucoup d'autres héros, il eut ses foiblesses. En tout cas, si la jarretiere de la comtesse de Salisbury est une fable, la jarretiere déployée à la bataille de Créci pour signal du combat, est une nouvelle historique.

En 1551 Edouard VI. fit quelques changemens au cérémonial de cet ordre. Ce prince le composa en latin, & l'on en conserve encore aujourd'hui l'original écrit de sa main; il y ordonna que l'ordre ne seroit plus appellé l'ordre de saint Georges, mais celui de la jarretiere; & au lieu du portrait de saint Georges suspendu ou attaché au collier, il y substitua l'image d'un cavalier portant un livre sur la pointe de son épée, le mot protectio gravé sur l'épée, & verbum Dei gravé sur le livre, & dans la main gauche une boucle sur laquelle est gravé le mot fides. Larrey.

On trouvera une histoire plus détaillée de l'ordre de la jarretiere dans Cambden, Dawson, Heland, Polydore Virgil, Heylin, Legar, Glover & Favyn.

Erhard, Cellius & le prince d'Orange, ajoute Papebroke, ont donné des descriptions des cérémonies usitées à l'installation ou à la réception des chevaliers. Un moine de Citeaux, nommé Mendocius Valetus, a composé un traité intitulé la jarretiere, ou speculum anglicanum, qui a été imprimé depuis sous le titre de cathéchisme de l'ordre de la jarretiere, où il explique toutes les allégories réelles ou prétendues de ces cérémonies avec leur sens moral.

Jarretieres (Page 8:463)

Jarretieres, (Littérature.) en Italie comme en Grece les femmes galantes se piquoient d'avoir des jarretieres fort riches; c'étoit même un ornement des filles les plus sages, parce que comme leurs jambes étoient découvertes dans les danses publiques, les jarretieres servoient à les faire paroître, & à en relever la beauté. Nos usages n'exigent pas ce genre de luxe; c'est pourquoi les jarretieres de nos dames ne sont pas si magnifiques que celles des dames greques & romaines. (D. J.)

JARS (Page 8:463)

JARS, voyez Oye.

JAS d'Ancre (Page 8:463)

JAS d'Ancre, s. m. (Marine.) assemblage de deux pieces de bois de même forme & de même grosseur, jointes ensemble vers l'arganeau de l'ancre, & qui empêchent qu'elle ne se couche sur le fond lorsqu'on la jette en mer; ce qui est nécessaire pour que les pattes de l'ancre puissent s'enfoncer & mordre dans le fond, soit sable ou vase. Voyez Ancre. (Z)

Jas (Page 8:463)

Jas, s. m. (Salines.) c'est, dit le dictionnaire de Trévoux, le nom qu'on donne dans les marais salans au premier réservoir de ces marais. Le jas n'est séparé de la mer que par une digue de terre revêtue de pierre seche, & on y laisse entrer l'eau salée par la varaigne, qui est une ouverture assez semblable à la bonde d'un étang, que l'on ouvre dans les grandes marées, & que l'on ferme quand on veut. Voyez Marais Salans, Salines , &c. (D. J.)

JASIDE (Page 8:463)

JASIDE, s. m. (Histoire mod.) les jasides sont des voleurs de nuit du Curdistan, bien montés, qui tiennent la campagne autour d'Erzeron, jusqu'à ce que les grandes neiges les obligent de se retirer; & en attendant ils sont à l'affut, pour piller les foibles caravanes qui se rendent à Téflis, Tauris, Trébizonde, Alep & Tocat. On les nomme jasides, parce que par tradition, ils disent qu'ils croient en Jaside, ou Jesus; mais ils craignent & respectent encore plus le diable.

Ces sortes de voleurs errans s'étendent depuis Monsul ou la nouvelle Ninive, jusqu'aux sources de l'Euphrate. Ils ne reconnoissent aucun maître, & les Turcs ne les punissent que de la bourse lorsqu'ils les arrêtent; ils se contentent de leur faire racheter la vie pour de l'argent, & tout s'accommode aux dépens de ceux qui ont été volés.

Il arrive d'ordinaire que les caravanes traitent de même avec eux, lorsqu'ils sont les plus forts; on en est quitte alors pour une somme d'argent, & c'est le meilleur parti qu'on puisse prendre; il n'en coute quelquefois que deux ou trois écus par tête.

Quand ils ont consumé les pâturages d'un quartier, ils vont camper dans un autre, suivant toujours les caravanes à la piste, pendant que leurs femmes s'occupent à faire du beurre, du fromage, à élever leurs enfans, & à avoir soin de leurs troupeaux.

On dit qu'ils descendent des anciens Chaldéens; mais en tout cas, ils ne cultivent pas la science des astres; ils s'attachent à celle des contributions des voyageurs, & à l'art de detourner les mulets chargés de marchandises, qu'ils dépaysent adroitement à la faveur des ténebres. (D. J.)

JASMELÉE (Page 8:463)

JASMELÉE, s. f. (Pharm. anc.) espece d'huile que les Perses nommoient aussi jasme; on la préparoit par l'infusion de deux onces de fleurs blanches de violettes dans une livre d'huile de sésame; on s'en [p. 464] servoit pour oindre le corps au sortir du bain, quand il s'agissoit d'échauffer ou de relâcher; les uns en trouvoient l'odeur agréable, & d'autres difficile à supporter; c'est tout ce qu'en dit AElius dans son Tétrab. I. serm. 1. (D. J.)

JASMIN (Page 8:464)

JASMIN, s. m. jasminum, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale faite en forme d'entonnoir, & découpée; il sort du calice un pistil qui est attaché comme un clou à la partie inférieure de la fleur; il devient dans la suite un fruit mou, ou une baie qui renferme une ou deux semences. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Jasmin (Page 8:464)

Jasmin, jasminum, arbrisseau dont il y a plusieurs especes qui ont entre elles tant de différences, qu'il n'est guere possible de faire en général une description satisfaisante sur leurs qualités, leur culture, leur agrément: quelques - uns de ces arbrisseaux sont des plantes sarmenteuses & grimpantes, qui veulent un appui, tandis que les autres se soutiennent sur leurs tiges. Il y a des jasmins à fleurs blanches, à fleurs jaunes & à fleurs rouges: les uns sont toujours verds, d'autres quittent leurs feuilles: dans plusieurs especes les fleurs ont une excellente odeur, & dans d'autres elles n'en ont que peu, ou point du tout: ceux qui peuvent passer l'hiver en pleine terre, sont en petit nombre; la plûpart exigent l'orangerie, & il faut même la serre chaude à quelques - uns. Toutes ces dissemblances exigent un détail particulier pour chaque espece.

Le jasmin blanc commun pousse de longues tiges, sarmenteuses, auxquelles il faut un soutien; sa feuille d'un verd foncé est composée de plusieurs folioles attachées à un filet commun. Ses fleurs paroissent à la fin de Juin, & se renouvellent jusqu'aux gelées; elles sont blanches, viennent en bouquet, & rendent une odeur agréable qui se répand au loin. Cet arbrisseau ne porte point de graines dans ce climat, mais il se multiplie aisément de boutures ou de branche couchée, qu'il faut faire au printems. De l'une ou de l'autre façon, les plants feront des racines suffisantes pour être transplantés au bout d'un an; mais les branches couchées font toujours des plants plus forts & mieux conditionnés; c'est la méthode la plus simple & la plus suivie. Ce jasmin réussit dans tous les terreins; mais il lui faut l'exposition la plus chaude afin qu'il soit moins endommagé par le givre & les gelées, qui quelquefois le font perir jusque contre terre, dans les hivers trop rigoureux: cet arbrisseau pousse si vigoureusement pendant tout l'été, qu'il faut le tailler souvent pour le retenir dans la forme qu'on veut lui faire garder; avec l'attention néanmoins de conserver & palisser les petites branches; ce sont celles qui produisent le plus de fleurs. Si la taille d'été n'a pas été suivie, il saudra y suppléer en hiver, & ne la faire qu'après les gelées au mois de Mars ou d'Avril: si on la faisoit plutôt, les frimats venant à dessécher le bout des branches, en ôteroient l'agrément & la production. Ce jasmin sert à garnir les murailles, à couvrir des berceaux, à former des haies: c'est sur - tout à ce dernier usage qu'on peut l'employer le plus avantageusement, lorsqu'il est entremélé de rosiers & de chevrefeuilles. La verdure égale & constante de ses feuilles, la beauté, la durée & l'excellente odeur de ses fleurs, & la qualité assez rare de n'être sujet aux attaques ni à la fréquentation d'aucun insecte, doivent engager à placer ce jasmin dans les jardins d'ornement. Cette espece de jasmin a deux variétés; l'une a les feuilles tachées de jaune, & l'autre de blanc: elles sont plus délicates que l'espece commune, la blanche sur - tout; il faut les tenir en pot, & les serrer pendant l'hiver. On les multiplie par la greffe en écusson, & cette greffe réussit rarement: néanmoins ce qu'il y a de singulier, c'est que le sujet greffé con<cb-> tracte les mêmes bigarures que celles de l'arbrisseau dont l'oeil écussonné a été tiré, malgré qu'il n'ait pas poussé, & qu'il se soit desséché. Ce qui désigne dans le jasmin une finesse de seve très - active & très - communicative.

Le jasmin jaune d'Italie, c'est un petit arbrisseau qui ne s'éleve qu'à quatre ou cinq piés. Sa tige se soutient, sa feuille est large, brillante & d'un beau verd; sa fleur est jaune, petite & sans odeur. Il est encore plus délicat que l'espece précédente. Il faut le mettre dans un terrein léger, contre un mur de bonne exposition, & le couvrir de paillassons dans les grandes gelées. On le multiplie de boutures & de branches couchées: on peut aussi le greffer en écusson ou en approche sur le jasmin jaune commun, qui est le suivant: ce sera même un moyen de le rendre plus robuste.

Le jasmin jaune commun s'éleve à cinq ou six piés: il pousse du pié quantité de tiges minces qui se soutiennent fort droites, & dont l'écorce est verte & cannelée; sa feuille est petite, faite en treffle, & d'un verd brun; ses fleurs d'un jaune assez vif, viennent en petite quantité le long des nouvelles branches; elles paroissent au mois de Mai, & elles sont sans odeur. Les baies noires qui leur succedent, peuvent servir à le multiplier; mais il est plus court & plus aisé de le faire par les rejettons que cet arbrisseau produit dans la plus grande quantité. Il réussit dans tous les terreins; il est très - robuste; il fait naturellement un très - joli buisson: & comme il garde ses feuilles pendant tout l'hiver, il doit trouver place dans un bosquet d'arbres toujours verds.

Le jasmin d'Espagne est un bel arbrisseau, qui de la façon dont on le cultive, ne s'éleve dans ce climat qu'à deux ou trois piés. Il pousse des tiges minces & foibles, dont l'écorce est verte; ses feuilles ressemblent assez à celles du jasmin commun; mais elles les surpassent par le brillant & l'agrément de la verdure. Ses fleurs blanches en - dessus & veinées de rouge en - dessous, sont plus grandes & d'une odeur plus délicieuse; ce jasmin est délicat, il faut le tenir en pot & lui faire passer l'hiver dans l'orangerie, où il fleurira pendant toute cette saison. Mais pour l'avoir dans toute sa beauté, il faut le mettre en pleine terre, où avec quelques précautions, il résistera aux hivers ordinaires: on pourra le planter en tournant le pot dans une terre limonneuse & fraiche contre un mur, à l'exposition la plus favorable & la plus chaude; ce qui se doit faire au mois de Mai, afin que l'arbrisseau puisse faire de bonnes racines avant l'hiver. Il faudra palisser les rejettons à la muraille, & retrancher à deux piés ceux qui seront trop vigoureux, afin de faire de la garniture. Les fleurs commenceront à paroître au mois de Juillet, & dureront jusqu'aux gelées; alors il faudra supprimer toutes les fleurs & couper les bouts des branches, qui étant trop tendres, occasionneroient de la moisissure en se flétrissant, & infecteroient l'arbre; ensuite couvrir l'arbrisseau par un tems sec avec des paillassons qu'on levera dans les tems doux, & qu'on n'ôtera entierement que vers le milieu d'Avril; alors il faudra le tailler, & réduire à deux piés les rejettons les plus vigoureux; ce qui fera produire quantité de fleurs qui seront plus grandes & beaucoup plus belles que celles des plants que l'on tient en pot. La culture de ceux - ci consiste à couper tous les ans au mois de Mars, toutes leurs branches à un oeil au - dessus de la greffe. Il leur faut cette opération pour les soutenir en vigueur; car si on les laissoit monter à leur gré, ils s'épuiseroient & dépériroient bientôt. On multiplie cet arbre par la greffe sur le jasmin blanc ordinaire. Il y a une variété de cet arbrisseau qui est à fleur double; cette fleur est composée d'un premier rang de cinq ou six feuilles, du milieu desquelles

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