ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"435"> droite, & son frere à sa gauche, tous deux vêtus & debout; devant lui paroît sa femme, qui est d'or massif: ces quatre idoles sont sur une espece d'autel, entouré de grilles, & personne ne peut les toucher que certains bramines destinés à cet honneur. Autour du dôme qui est fort élevé, & sous lequel cette famille est placée, ce ne sont, depuis le bas jusqu'au haut, que des niches remplies d'autres idoles, dont la plûpart représentent des monstres hideux, faits de pierres de différentes couleurs; derriere la déesse Késora, est - le tombeau d'un des prophetes indiens, à qui l'on rend aussi des adorations.

Il y a dans le même temple une foule d'autres idoles, où les pélerins vont faire leurs moindres offrandes; & ceux qui dans leurs maladies, ou dans de grands évenemens, se sont voués à quelque dieu, en apportent la ressemblance dans ce lieu - là, pour reconnoître le secours qu'ils croient en avoir reçu.

Le temple de Jagrenate qui possede toutes ces idoles, est le plus fréquenté de l'Asie, à quoi contribue beaucoup sa situation sur le Gange, dont les eaux lavent de toutes souillures; on y aborde de toutes parts, & le revenu en est si considérable, par les taxes & les aumônes, qu'il pourroit suffire à nourrir dix milles personnes chaque jour: l'argent que produit le culte que l'on y vient rendre aux idoles, est un des plus grands revenus du raja de Jagrenate, qui est prince souverain, quoiqu'en apparence tributaire du grand - mogol.

En entrant dans la ville, il faut payer trois roupies, c'est pour le raja; avant même que de mettre le pié dans le temple, il faut payer une roupie pour les bramines, & c'est la taxe des plus pauvres pélerins, car les riches donnent magnifiquement. Le grand - prêtre, qui dispose seul des revenus du temple, a soin, avant que d'accorder la permission aux pélerins de se raser, de se laver dans le Gange, & de faire les autres choses nécessaires pour s'acquitter de leurs voeux, de taxer chacun selon ses moyens, dont il s'est exactement informé; le tout est appliqué à l'entretien du pagode, à celui des dieux du temple, à la nourriture des pauvres, & à celle des prêtres qui doivent vivre de l'autel.

Mais on a beau payer cher l'entrée du temple, & les dévotions aux idoles, le concours de monde qui y aborde de toutes les parties de l'Inde, soit en - deçà, soit en - delà du Gange, n'en est que plus grand & plus fréquent.

Il y a des pélerins qui pour être dignes d'entrer dans le temple font des deux cens lieues, en se prosternant sans cesse sur la route, jusqu'à la fin de leur pélerinage, qui dure quelquefois plusieurs années. D'autres traînent par mortification de longues & pesantes chaînes attachées à leur ceinture; quelques - uns marchent jour & nuit les épaules chargées d'une cage de fer, dans laquelle leur tête est enfermée: on a vû des Indiens se précipiter sous les roues du char qui portoit l'idole de Jagrenate, & se faire briser les os par piété.

Enfin, la superstition réunissant tous les contraires, on a vû d'un côté les prêtres de la grande idole amener tous les ans une fille à leur dieu, pour être honorée du titre de son épouse, comme on en présentoit une quelquefois en Egypte au dieu Anubis; & d'un autre côté, on conduisoit au bucher de jeunes veuves, qui se jettoient gaiement dans les flammes sur les corps de leurs maris. (D. J.)

JAGST ou JAXT (Page 8:435)

JAGST ou JAXT, (Géog.) riviere de Franconie, qui prend sa source dans le comté d'OEttingen, & qui se jette dans le Neckar, près de Wimpfen.

JAGUACATI - GUACU (Page 8:435)

JAGUACATI - GUACU, s. m. (Ornith. exot.) espece de martin - pêcheur du Bresil, nommé par les Portugais papapèéxe; son bec est noir, long, & pointu; ses jambes sont fort courtes, & un des or<cb-> teils est placé derriere son dos; sa tête, sa queue, & ses aîles, sont couleur de fer; son col est entouré d'un collier de plumes d'un grand blanc; le gosier, la poitrine, & le ventre, sont d'un blanc uniforme: il est marqueté sur chaque oeil d'une tache blanche; sa queue & ses aîles ont aussi des mouchetures blanches, qui paroissent à découvert quand cet oiseau vole. Margrave, Hist. Brasil. (D. J.)

JAGUACIRI (Page 8:435)

JAGUACIRI, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) animal du Brésil de la grosseur & de la couleur du renard; il vit de crabe, d'écrévisse & de la canne de sucre; il fait quelquefois un grand dégat dans ces plantations; du reste il est innocent, il dort beaucoup, & on le prend sans peine. Dict. de Trév.

JAGUANA (Page 8:435)

JAGUANA, (Géog.) les Espagnols la nomment Santa - Maria del Puerto, fanum sanctoe - Marioe ad Portum; petite ville de l'Amérique, dans l'île Hispaniola, à soixante lieues de Saint - Domingue. Elle fut surprise par les Anglois en 1591, mais ils l'ont rendue aux Espagnols. Long. 306. 15. lat. 19. 25. (D. J.)

JAGUARA (Page 8:435)

JAGUARA, s. m. (Zoolog.) nom d'un animal du Brésil, que Margrave regarde comme une espece de tigre; mais il en differe en plusieurs choses, & approcheroit davantage du léopard par ses mouchetures rondes. Les Portugais appellent cet animal onça, l'once, & il paroît en effet qu'on peut assez bien le mettre dans la classe des onces ou lynx proprement ainsi nommés. Sa tête, ses oreilles, ses piés, & toutes ses autres parties, quadrent à cette espece de chat; ses griffes sont crochues en demi-lune, & très - pointues; ses yeux sont bleus, & brillent dans l'obscurité; sa queue est de la longueur de celle du chat, en quoi elle differe de celle du linx ordinaire. Le jaguara est jaune sur tout le corps, avec de belles tachetures noires différemment disposées. C'est une bête sauvage, courageuse & aussi friande de chair humaine, que de celle des autres animaux. (D. J.)

JAGUARACA (Page 8:435)

JAGUARACA, s. m. (Ichthyol. exot.) poisson du Bresil, semblable en plusieurs choses au scorpion de la méditerranée. Il est de la grosseur d'une perche d'eau douce, & présente une grande gueule édentée. Il n'a qu'une nageoire sur le dos; sa queue est fourchue, ses ouies sont armées de pointes qui blessent ceux qui le prennent; tout son corps est revêtu de petites écailles d'un brillant argentin, excepté sur le ventre qui est d'un blanc mate; sa tête est rouge, couverte d'une espece de croute chevelue. On prend ce poisson parmi les roches, & il est excellent à manger. Margrave, Hist. Brasil. (D. J.)

JAGUARETE (Page 8:435)

JAGUARETE, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) espece de bête féroce du Brésil que Margrave regarde comme un tigre, & que d'autres prennent pour un lynx ou un léopard. Sa peau est jaunâtre, remplie de grandes taches noires & brunes, qui sont rondes ou d'une figure indéterminée. Il resssemble au jaguara, mais il est plus grand que lui. Voyez Jaguara. Cet animal est très - cruel & avide de chair humaine. Ray, Synops. quadruped.

IAHOUA - KATTO ou AIOUA (Page 8:435)

IAHOUA - KATTO ou AIOUA, s. m. (Hist. nat.) poisson des mers du Brésil, dont la face ressemble, dit - on, à la tête d'un boeuf; c'est un poisson de la famille des orbes; il a la queue fourchue.

JAICK le (Page 8:435)

JAICK le, (Géog.) grande riviere de la Tartarie à son extrémité orientale. Elle la sépare du Turquestan, prend sa source au Caucase, dans la partie que les Tartares nomment Aral - tag, à 53 dégrés de latit. & à 85 de longit. après un cours d'environ 80 lieues d'Allemagne; elle se jette dans la mer Caspienne, à 45 lieues à l'Est de l'embouchure du Wolga; il y a une quantité prodigieuse de poisson, dont on transporte les oeufs salés par toute l'Europe, sous le nom de caviar. Voyez Caviar. (D. J.) [p. 436]

JAICZA (Page 8:436)

JAICZA, (Géog.) ville forte de la Turquie européenne, dans la Bosnie, dont elle est la capitale, sur la Pliva, à 20 lieues N. O. de Bagnaluck, 52 S. O. de Bude, 54 N. O. de Belgrade. Long. 35. 10. lat. 45. 5. (D. J.)

JAILLIR (Page 8:436)

JAILLIR, verb. & JAILLISSANT, adj. (Hydr.) se dit des eaux qui s'élevent en l'air, & qui y sont poussées avec violence. Voyez Jet d'eau. (K)

JAIS ou JAYET (Page 8:436)

JAIS ou JAYET, s. m. gagates, lapis thracius, succinum nigrum. (Hist. nat. minéral.) On nomme ainsi une substance d'un noir luisant, opaque, seche, & qui a presque la dureté d'une pierre; elle prend un poli aussi vif qu'une agate; elle est legere au point de nager sur l'eau; elle brûle dans le feu, répand une fumée fort épaisse, accompagnée d'une odeur semblable à celle du charbon de terre. Le jais est une substance résineuse ou bitumineuse, qui a pris de la solidite & de la consistence dans le sein de la terre; elle est plus legere, plus pure & moins chargée des parties terrestres, que le charbon de terre; & quand on la brûle, elle donne moins de cendres ou de terre que lui. Il y a en Angleterre une espece de charbon fossile très - pur, qu'on nomme kennel - coal, qu'il seroit aisé de confondre avec le jais. Cependant il y a des différences réelles, attendu que le jais se trouve par masses détachées, ou par morceaux de différentes grandeurs dans le sein de la terre, au lieu que le charbon de terre se trouve par couches; joignez à cela que le jais s'allume beaucoup plus promptement que le charbon de terre.

Le jais se trouve dans beaucoup de parties de l'Europe, telles que l'Angleterre, l'Allemagne, & sur - tout dans le duché de Wirtemberg; il y en a aussi en France dans le Dauphiné & dans les Pyrénées. Les morceaux de jais qu'on trouve sont toujours accompagnés d'une terre argilleuse, noirâtre; ils ont une figure qui les fait ressembler à des morceaux de bois; & on ne peut douter que, de même que le charbon de terre, le succin & tous les bitumes, le jais ne tire son origine de bois extrèmement résineux, qui ont été enfouis dans le sein de la terre par des révolutions arrivées au globe; la partie ligneuse s'est décomposée & a été détruite dans la terre, de maniere qu'on ne trouve plus que la partie résineuse qui, en se durcissant, a conservé la forme du bois qui lui a servi comme de moule.

Tout le monde sait qu'on fait avec le jais un grand nombre de bijoux & d'ornemens, comme des boëtes, des bracelets, des colliers, des pendants d'oreilles, & des boutons pour le deuil; on les taille pour ces usages comme on feroit des pierres. On contrefait le jais avec du verre noir, dont on forme de petits cylindres creux que l'on coupe & que l'on enfile les uns près des autres, pour faire des ajustemens de deuil pour les femmes, & on les nomme jais artificiel. Il y en a de noir & de blanc; ce dernier n'est appellé jais que très - improprement. ( - )

JAYET (Page 8:436)

JAYET, (Chimie & Matiere médicinale.) l'analyse chimique prouve clairement que le jayet est un bitume fort analogue au charbon de terre, dont il ne différe presque que par un plus grand degré de pureté, & une moindre proportion de parties terrestres. Le jayet distilé sans intermede donne d'abord un phlegme blanchâtre un peu acide, & une huile empyreumatique qui devient de plus en plus noire & épaisse. Il laisse un residu abondant très - spongieux, qui n'a pas été examiné que je sache.

Le jayet s'enflame aisément & sans le secours des soufflets; il brûle en repandant une fumée noire & épaisse, & il ne se fond point au feu. L'esprit - devin n'en tire qu'une teinture très - legere.

Quelques anciens, tels que Dioscoride & AEtius, ont celebré dans le jayet la vertu émolliente & résolutive; le dernier de ces auteurs dit que le vin, dans lequel on a éteint des morceaux de jayet enflamés, guérit la cardialgie. On ne fait plus d'usage, parmi nous, que de son huile, soit noire, soit rectifiée. On la fait flairer aux femmes pendant les paroxysmes de passion hystérique, & l'odeur bien forte de cette huile les soulage en effet; on donne aussi quelquefois intérieurement cette huile rectifiée, aussi bien que l'huile de succin, contre les vapeurs hystériques, & la supression des menstrues & des vuidanges. Il regne au sujet de ce remede une erreur populaire qui n'a pas le plus leger fondement. On pense communément que l'usage intérieur de l'huile de jayet cause infailliblement la stérilité, & que les lois défendent au médecin d'en donner à une femme sans l'aveu de son mari. (b)

JAIZI (Page 8:436)

JAIZI, s. m. (Hist. mod.) secrétaire ou contrôleur. En Turquie toutes les dignités ont leur chécaya & leur jaizi. Le jaizi de l'imbro - orbassi est grand écuyer sur le registre ou contrôle des écuries.

JAIHAH (Page 8:436)

JAIHAH, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) espece de renard de la basse Ethiopie. On dit qu'il a l'odorat très - fin, & qu'il chasse de concert avec le lion qui partage avec lui sa proie.

JAKAN (Page 8:436)

JAKAN, (Hist. nat. Botan.) c'est une plante du Japon, à fleur - de - lis, petite, rouge & marquetée en dedans de taches couleur de sang. Une autre espece, qui se nomme siaga, croît sur les montagnes, & porte une fleur blanche, double, quelquefois d'un bleu détrempé.

JACK (Page 8:436)

JACK, s. m. (Hist. nat. Bot.) espece de fruit particulier à l'isle de Ceylan, & à qui les habitans donnent différens noms suivant ses différens degrés de maturité; on le nomme polos lorsqu'il commence à pousser, cose lorsqu'il est encore verd, & ouaracha ou vellas lorsqu'il est parfaitement mûr. Ce fruit croît sur un grand arbre; sa couleur est verdâtre; il est hérissé de pointes & d'une grosseur prodigieuse; il est rempli de graines comme la citrouille; ce fruit est d'une grande ressource pour le peuple; on le mange comme on fait les choux, & il en a le goût; un seul jack suffit pour rassassier sept à huit personnes; ses graines ou pepins ont la couleur & le goût des châtaignes; on les fait cuire à l'eau ou sous les cendres.

JAKSHABAT (Page 8:436)

JAKSHABAT, s. m. (Hist. mod.) douzieme & dernier mois de l'année des Tartares orientaux, des Egyptiens & des Cataïens. Il répond à notre mois de Novembre. On l'appelle aussi jachchaban ou mois de rosées.

JAKUSI (Page 8:436)

JAKUSI, s. m. (Myth.) c'est le nom que les Japonois donnent au dieu de la medecine; ils le représentent debout, la tête entourée de rayons; il est porté sur une feuille de tarato ou de nymphoea.

JAKUTES ou YAKUTES (Page 8:436)

JAKUTES ou YAKUTES, s. m. pl. (Géog.) nation tartare payenne de la Sibérie orientale, qui habite les bords du fleuve Lena. Elle est divisée en dix tribus d'environ trois mille hommes chacune. Dans de certains tems, ils font des sacrifices aux dieux & aux diables; ils consistent à jetter du lait de jument dans un grand feu, & à égorger des chevaux & des brebis qu'ils mangent, en buvant de l'eau - de - vie jusqu'à perdre la raison. Ils n'ont d'autres prêtres que des schamans, especes de sorciers en qui ils ont beaucoup de foi, qui les trompent par une infinité de tours & de supercheries, par lesquels il n'y a qu'une nation aussi grossiere qui puisse être séduite. Ils sont tributaires de l'empire de Russie, & payent leur tribut en peaux de zibelines & autres pelleteries. Un usage bien étrange des Jakutes, c'est que, lorsqu'une femme est accouchée, le pere de l'enfant s'approprie l'arrierefaix & le mange avec ses amis qu'il invite à un régal si extraordinaire. Voyez Gmelin, voyage de Sibérie.

JAKUTSK (Page 8:436)

JAKUTSK, (Géog.) ville de Sibérie sur les bords du grand fleuve de Lena qui va se jetter dans la mer

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.