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HYLOPHAGES (Page 8:391)
HYLOPHAGES, s. m. pl. (Géog. anc.) peuples
d'Ethyopie, voisins des Hylogones, c'est à - dire, chasseurs
nés dans les forêts, & des Spermatophages ou
mangeurs de graines. Hylophages signifie mangeurs de
bois, parce qu'ils broutoient pour vivre, les branches
les plus tendres des arbres. Diodore de Sicile,
liv. III. chap. xxiv. & xxv. donne une description
bien curieuse de tous ces divers peuples Ethyopiens.
Il ajoûte, au sujet des Hylophages, qu'ils sont exposés
à une maladle nommée glaucoma;
HYLOZOISME (Page 8:391)
HYLOZOISME, s. m. (hist. de la Philos.) espece d'athéisme philosophique, qui attribue à tous les corps considérés en eux - mêmes, une vie comme leur étant essentielle, sans en excepter le moindre atome, mais sans aucun sentiment & sans connoissance réfléchie: comme si la vie d'un côté, & de l'autre la matiere, étoient deux êtres incomplets, qui joints ensemble, formassent ce qu'on appelle corps. Par cette vie, que ces philosophes attribuoient à la matiere, ils supposoient que toutes les parties de la matiere ont la faculté de se disposer elles - mêmes d'une maniere artificielle & réglée, quoique sans délibération ni réflexion, & de se pousser à la plus grande perfection dont elles soient capables. Ils croyoient que ces parties, par le moyen de l'organisation, se perfectionnoient elles - mêmes jusqu'à acquérir du sentiment & de la connoissance directe comme dans les bêtes, & de la raison ou de la connoissance réfléchie comme dans les hommes. Cela étant, il est visible que les hommes n'auroient pas besoin d'une ame immatérielle pour être raisonnables, ni l'univers d'aucune divinité pour être aussi régulier qu'il l'est. La principale différence qu'il y
On attribue à Straton de Lampsaque l'origine de
ce sentiment. Il avoit été disciple de Théophraste,
& s'étoit acquis beaucoup de réputation dans la
secte Péripatéticienne, mais il la quitta pour établir
une nouvelle espece d'athéisme. Velleius, épicurien & athée, en parle de cette maniere. Nec audiendus
Strato, qui physicus appellatur, qui omnem vim
divinam in naturâ sitam esse censet, quoe causas gignendi,
augendi minuendive habeat, sed careat omni sensu.
De nat. deorum, lib. I. cap. xiij. Il prétendoit,
comme les Epicuriens, que tout avoit été formé
par le concours fortuit des atomes, à qui il attribuoit
je ne sçais quelle vie; ce qui faisoit croire
qu'il regardoit la matiere ainsi animée comme une
espece de divinité: c'est ce qui a fait dire à Seneque: Ego seram aut Platonem, aut Peripateticum Stratonem, quorum alter Deum sine corpore fecit, alter sine
animo? Apud Augustinum de cit Dei, l. VI. c. x.
C'est - là la cause pour laquelle Straton est quelquefois
rangé parmi ceux qui croyoient un Dieu, quoique
ce fût un véritable athée. On peut s'en assurer
encore par ce passage de Cicéron: Strato Lampsacenus negat opera deorum se uti ad fabricandum mundum;
quoecumque sint docet omnia esse effecta naturoe;
nec ut ille qui asperis & loevibus & hamatis uncinatisque
corporibus concreta hoec esse dicit interjecto inani;
somnia censet hoec esse Democriti, non docentis sed optantis.
Acad. quest. l. XI. c. xxxviij. Il nioit done
aussi - bien que Démocrite, que le monde eût été
fait pat une divinité ou par une nature intelligente,
mais il ne tomboit pas d'accord avec lui touchant
l'origine de toutes choses; parce que Démocrite n'établissant aucun principe actif, ne rendoit
aucune raison du mouvement ni de la régularité que
l'on voit dans les corps. La nature de Démocrite
n'étoit que le mouvement fortuit de la matiere;
mais la nature de Straton étoit une vie inférieure &
plastique, par laquelle les parties de la matiere pouvoient
se donner à elles - mêmes une meilleure forme,
mais sans sentiment de soi - même ni connoissance
réfléchie. Quidquid aut fit aut fiat, naturalibus
fieri, aut factum esse docet ponderibus ac motibus. Cic.
ibid. Il faut donc de plus remarquer, qu'encore que
Straton établisse la vie dont on a parlé dans la matiere,
il ne reconnoît aucun être, ni aucune vie générale
qui préside sur toute la matiere pour la former.
C'est ce qui est en partie affirmé par Plutarque advers. Colotem. & qu'on peut recueillir de
ces mots:
Tout Hylozoïsme n'est pas un athéisme. Ceux qui, en soutenant qu'il y a de la vie dans la matiere, avouent en même tems qu'il y a une autre sorte de substance qui est immatérielle & immortelle, ne peuvent pas être accusés d'athéisme. On ne sauroit nier en effet qu'un homme qui croiroit qu'il y a une divinité, & que l'ame raisonnable est im<pb-> [p. 392]
Ainsi l'Hylozoïsme ne sauroit être justifié d'athéisme,
dès qu'il est joint au matérialisme. En voici deux
raisons; la premiere, c'est qu'alors l'Hylozoïsme dérive
l'origine de toutes choses d'une matiere qui a
une espece de vie, & même une connoissance infaillible
de tout ce qu'elle peut faire & souffrir.
Quoique cela semble une espece de divinité, n'y
ayant dans la matiere considérée en elle - même aucune
connoissance réfléchie, ce n'est autre chose
qu'une vie, comme celle des plantes & des animaux.
La nature des Hylozoïstes est une mystérieuse
absurdité, puisque l'on suppose que c'est une chose
parfaitement sage, comme étant la cause de l'admirable
disposition de l'univers, & néanmoins qu'elle
n'a aucune conscience intérieure ni connoissance réfléchie;
au lieu que la divinité, conformément à sa
véritable notion, est une intelligence parfaite, qui
sçait toutes les perfections qu'elle renferme, qui en
jouit, & qui est par - là souverainement heureuse.
2°. Les Hylozoïstes matérialistes, en établissant que
toute matiere comme telle a de la vie en elle - même, doivent reconnoître une infinité de vies, puisque
chaque atome a la sienne; vies collatérales,
pour ainsi dire, & indépendantes J'une de l'autre,
& non une vie commune ou une intelligence générale
qui préside sur tout l'univers; au lieu que dire
qu'il y a un Dieu, c'est supposer un être vivant &
intelligent, qui est l'origine & l'architecte de tout.
On voit donc que les Hylozoïstes matérialistes sont
de véritables athées, quoique d'un côté ils semblent
approcher de plus près de ceux qui reconnoissent
un Dieu. C'est une nécessité que tous les athées attribuent
quelques - unes des propriétés incommunicables
de la divinité à ce qui n'est point Dieu, &
particulierement à la matiere; car il faut indispensablement
qu'ils lui attribuent l'existance par elle - même,
& la prééminence qui fait qu'elle est le premier
principe de toutes choses. La divinité à qui les
Hylozoïstes matérialistes rendent tout le culte dont
ils sont capables, est une certaine déesse aveugle,
qu'ils appellent nature, ou vie de la matiere, & qui
est je ne sai quoi de parfaitement sage & d'infaillible
dans ses lumieres, sans en avoir aucune connoissance.
Telles sont les absurdités inévitables
en tout genre d'athéisme. Si l'on ne savoit pas qu'il
y a eu des athées, & qu'il y en a encore, on auroit
peine à croire que des gens, qui n'étoient pas
destitués d'esprit, n'ayent pû digérer l'éternité d'un
être sage & intelligent, ni la formation de l'univers
par cet être, & qu'ils ayent mieux aimé attribuer
à la matiere cette même éternité, qui leur fait
tant de peine quand on l'attribue à une nature immatérielle.
Voyez
HYMEN (Page 8:392)
HYMEN, s. m. (Anatom.) C'est sous ce nom que les anciens ont déïfié une membrane charnue, placée à l'origine du vagin, dont elle retrécit l'entrée.
Le mot grec
Mundinus a le premier parlé de l'hymen comme d'un voile mis constamment par la nature au - devant du vagin; il l'appelle velamen subtile quod in violatis rumpitur, cum effusione sanguinis, le voile de la pudeur, qui se rompt dans la défloration avec effusion de sang. Picolhomini a pareillement nommé ce voile, le cloître de la virginité, claustrum virginitatis. Les Italiens l'appellent en conséquence dans leur langue, la telletta valvola, sede della virginita. Les Latins, flos virginitatis, zona virginea; & les matrones françoises, la dame du milieu. Tous ces noms indiquent assez le cas qu'on en a fait & l'idée qu'on s'en est formée.
Aussi est - il arrivé que cette membrane délicate, de figure indéterminée, qui se trouve ou ne se trouve pas dans le conduit de la pudeur, qui est visible ou invisible, a causé plus de maux dans le monde que la fatale pomme jettée par la Discorde sur la table des dieux aux nôces de Thétis & de Pelée.
Cependant on peut voir dans Riolan, Bartholin, de Graaf & autres, combien les anciens Anatomistes disputoient pour & contre l'existance de cette membrane, ainsi que sur sa situation & sa figure. Les modernes ont continué la même dispute, sans pouvoir mieux s'accorder que leurs prédécesseurs.
Falloppe, Vésale, Riolan, Carpi, Platerus, Techmeyer, Morgagni, Diemerbrock, Drake, Heister, Ruysch, Winslow & autres, regardent la membrane de l'hymen comme une partie non - seulement réelle, mais qu'on doit mettre constamment au nombre de celles de la génération des femmes. Ils assurent que cette membrane est charnue; qu'elle est fort mince dans les jeunes vierges, & plus épaisses dans les filles adultes; qu'elle est située au - dessous de l'orifice de l'uretre; qu'elle ferme en partie l'entrée du vagin; qu'elle est percée d'une ouverture ronde, oblongue, ovalaire, si petite néanmoins, qu'on pourroit à peine y faire passer un pois dans l'enfance, & une grosse feve dans l'âge de puberté.
M. Winslow entre dans les détails les plus propres
à nous - persuader de l'existance de l'hymen,
comme d'une chose constante. C'est, dit - il, un cercle
membraneux qui borde l'extrémité antérieure du vagin
dans les vierges, sur - tout dans la jeunesse & avant
les regles. Ce repli membraneux, plus ou moins large,
plus ou moins égal, quelquefois semi - lunaire, laisse
une très - petite ouverture dans les unes, plus grande
dans les autres, mais rendant pour l'ordinaire l'orifice
externe du vagin généralement plus étroit que
le diametre de sa cavité. Ce repli, continue - t - il,
est formé par la rencontre de la membrane interne
du vagin, avec la membrane ou la peau de la face
interne des grandes aîles. Il peut s'effacer par des
regles abondantes, par des accidens particuliers,
par imprudence, par légereté, par tempérament
& par d'autres causes. Il se rompt presque toûjours
par la consommation du mariage, mais il se détruit
inmanquablement par l'accouchement; & pour lors
il n'en reste plus rien, ou seulement des lambeaux
irréguliers, qu'on nomme caroncules myrtiformes, à
cause de quelque ressemblance avec des feuilles de
myrthe. On ne trouve point, ajoûte - t - il, ces caroncules
dans les jeunes filles véritablement pucelles;
on ne les trouve que dans les adultes, parce qu'elles
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