ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"393"> sont formées par le déchirement du cercle membraneux.

Enfin, Spigelius, Panarolus, Swammerdam, Garengeot, Santorini, ainsi qu'Heister dans les éphémérides des curieux de la nature, cent. VII. & VIII. fig. 4, ont donné des figures de ce cercle membraneux, tel qu'ils l'ont trouvé en différens sujets.

Mais d'un autre côté, de très - grands maîtres de l'art, aussi fameux qu'accrédités, Ambroise Paré, Nicolas Massa, Dulaurent, Ulmus, Pineau, Bartholin, Mauriceau, Graaf, Palfyn, Dionis & plusieurs autres, soutiennent nettement & fermement que la membrane de l'hymen n'est point une chose constante ni naturelle au sexe, & qu'ils se sont assurés, par une multitude d'expériences, de recherches & de dissections, que cette membrane n'existe jamais ordinairement. Ils avouent seulement qu'ils ont vû quelquefois une membrane qui unissoit les protubérances charnues, nommées caroncules myrtiformes, mais ils sont convaincus que cette membrane étoit contre l'état naturel.

Cette contrariété d'opinions de maîtres de l'art dans un fait qui ne paroît dépendre que de l'inspection, répand la plus grande incertitude sur l'existance ordinaire de la membrane de l'hymen, & nous permet au moins de regarder les signes de virginité qu'on tire de cette membrane, non - seulement comme incertains, mais comme imaginaires & frivoles.

Cependant, si le partage des Anatomistes nous empêche de prononcer en faveur de l'existance constante de la membrane hymen, il est toûjours vrai que ceux qui prennent cette membrane pour un vice de conformation, pour un accident, pour un jeu de la nature, doivent avouer que ce jeu n'est pas extrêmement rare. Aussi Paré, Bartholin, Wierus, Mauriceau, qui n'estimoient l'hymen que comme un vice de conformation, reconnoissent tous l'avoir vû quelquefois. Colombus dit en particulier l'avoir observé dans trois filles. Kulm. en faisant une dissection publique, trouva ce cercle membraneux dans une fille de 17 ans. Mercusio, Spigelius, Plazzonus, Blasius, Rolfincius, attestent même avoir vû plusieurs fois cette membrane au - devart du conduit de la pudeur.

En un mot, nous avons des nuées de témoignages d'Anatomistes, qui certifient que l'orifice du vagin est quelquefois si fort retréci par une membrane qui le bouche presque totalement, qu'il n'y reste qu'un petit trou, par lequel les menstues s'écoulent; & qu'il résulte de ce jeu de la nature un obstacle à la consommation du mariage, & quelquefois à l'écoulement des regles.

Le lecteur en trouvera des exemples dans Roonhuysen, lib. I. de clausura uteri, observ. 1. Benivenius, de abditis morborum causis, cap. xxviij. Cabrolius, observ. xxiij. Fabricius ab Aquapendente, obser. chir. de hymene imperforato. Hildanus, Cent III. observ. lx. Schenckius, lib. IV. de partibus genitalibus. Solingen, observ. v. Meeckren, obse v. chirurg. lv. Mauriceau dans ses observations sur les maladies des femmes grosses. Cowper dans son anatomie. Ruysch, obser. chirurg. xxxij, Saviard, observ. chirurg. iv. &c.

Dans les cas de l'existance de cette membrane, qui porte obstacle, soit aux devoirs du mariage, soit au cours des regles, il faut nécessairement, avec un bistouri, faire au cercle membraneux quatre petites incisions, en forme de la lettre X, & la guérison est immanquable.

Une chose bien plus étrange, c'est qu'il est arrivé que cette membrane bouchoit le vagin, sans avoir empêché la conception. J'en ai lu deux exemples trop curieux pour les passer sous silence, & dans deux auteurs trop celebres pour que leur témoignage ne soit de grand poids.

Ambroise Paré sera mon premier garant. Un orfévre, dit - il, qui demeuroit à Paris sur le Pont - au - Change, épousa une jeune fille qu'il aimoit beaucoup; & parce que l'amour est d'ordinaire violent dans les premieres approches, ils s'y livrerent si fort l'un & l'autre, qu'ils vinrent tous les deux à se plaindre, l'un de ce que sa femme n'étoit point ouverte, & l'autre, de ce que dans les caresses de son mari, elle souffroit une douleur incroyable. Ils communiquerent leurs plaintes à leurs parens, qui se conduisant avec prudence, firent appeller dans la chambre des mariés, Jérôme de la Noue & le savant Simon Pietre, docteurs en Medecine, avec Louis Hubert & François de la Laurie, chirurgiens. Tous, d'une commune voix, tomberent d'accord qu'il y avoit une membrane au centre du conduit de la pudeur: ils la trouverent dure & calleuse, avec un petit trou au milieu, par lequel les regles avoient accoutumé de couler, & par lequel aussi la femme étoit devenue grosse; car six mois après qu'on eut coupé cette membrane, cette femme fit un bel enfant à son mari, qui ne manqua pas de se réconcilier avec elle.

Ruysch me fournira le second exemple que j'ai promis. Il fut un jour appellé pour secousir une femme en travail d'enfant, qui depuis long - tems souffroit beaucoup, & jettoit de grands cris sans pouvoir accoucher. Après avoir examiné le fait, il découvrit que c'étoit l'hymen de la mere qui s'opposoit à la sortie de l'enfant. Cette membrane étoit dans son entier, fort épaisse, & poussée par la tête de l'enfant. Ruysch y fit faire promptement une incision par un chirurgien. Cependant cette incision ne put suffire, parce qu'il se trouva derriere une seconde membrane, contre nature, dans l'intérieur du vagin, qui la premiere fermoit le passage à l'enfant: il fallut donc l'inciser de la même façon. L'opération faite, l'enfant vint au monde fort heureusement, & la mere, qui auparavant étoit à l'extrémité, fut délivrée de tous ses maux; seulement à cause de la grande & longue tension que sa vulve & le sphincter de la vessie avoient soufferts, il lui survint une incontinence d'urine, dont elle guérit au bout de quelques semaines.

L'on trouve dans cette derniere observation quatre choses singulieres réunies. 1°. Que cette femme avoit une hymen à l'orifice du vagin, qui en bouchoit l'entrée. 2°. Que cette hymen ne l'avoit point empêché de concevoir. 3°. Qu'il s'étoit formé dans son vagin, depuis la conception, une seconde membrane, qui fermoit le passage à la sortie de son enfant. 4°. Que cette seconde membrane, contre nature, provenoit vraisemblablement d'une excoriation des parois du vagin, occasionnée par quelque ulcération, humeur âcre, ou autre cause semblable.

Je pourrois ajoûter quelques autres remarques de Morgagny sur l'hymen, mais cet excellent auteur est entre les mains de tous les Anatomistes. Quant au gros ouvrage de Schurigius sur cette matiere, intitulé Parthenologia, c'est une compilation sans choix & sans goût. (D. J.)

Hymen (Page 8:393)

Hymen, s. m. (Mythol.) ou Hymenée, dieu qui préside aux mariages: Horace le nomme ingénieusument le gardien de la vie. On l'invoquoit toujours dans les épithalames, par l'acclamation répétée, hymen, ô hymenée, qui lui étoit consacrée. Voyez Epithalame & Hymenée. (D. J.)

Hymen (Page 8:393)

Hymen ou Hymenée, (Iconograph.) On représente ce dieu sous la figure d'un jeune homme blond, couronné de fleurs, tantôt de roses, & tantôt de marjolaine: c'est pourquoi Catulle lui dit, cinge tempora floribus suave olentis amaraci. Il tient de la main droite un flambeau, & de la gauche un voile de couleur jaune. Cette couleur étoit parti<pb-> [p. 394] culierement affecté aux noces; car on lit dans Pline que le voile de l'épousée étoit jaune: les Poëtes même donnent au dieu Hymen une robe jaune & des souliers jaunes. (D.J.)

HYMÉNÉE (Page 8:394)

HYMÉNÉE, s. f. (Poésie.) chanson nuptiale, ou du - moins espece d'acclamation consacrée à la solemnité des noces, E(N DE/ GA/MOIS2 U(ME/NAIOS2, dit Athénée d'après Aristophane.

Entre les différens sujets qu'Homere a représentés sur le bouclier d'Achille, toute la ville où est placée la scene de ce tableau particulier, retentit des chants d'hyménée. Hésiode décrivant aussi sur le bouclier d'Hercule une pompe nuptiale, fait mention de ces mêmes chants. En un mot, l'épithalame dans sa naissance n'étoit autre chose que cette chanson, ce chant, cette acclamation répétée d'hymen, ô hyménée, & nous en trouvons l'origine dans l'histoire intéressante d'Hyménée, jeune homme d'Athènes, ou d'Argos.

Ce jeune homme, dont la Grece fit depuis un dieu qui présidoit au mariage, étoit d'une beauté accomplie; né pauvre & d'une famille obscure, il se laissa surprendre aux charmes d'une athénienne de son âge, dont la naissance égaloit la fortune. La disproportion étoit trop marquée pour lui laisser la moindre espérance; cependant à la faveur d'un déguisement dont sa jeunesse & sa beauté écartoient le soupçon, il suivoit par - tout son amante. Un jour il l'accompagna jusqu'à Eleusis avec les filles d'Athènes les plus qualifiées qui alloient offrir des sacrifices à Cérès; il arriva qu'elles furent enlevées par des pyrates, & que les ravisseurs après avoir pris terre dans une île deserte, s'y endormirent. Hyménée saisit l'occasion favorable, tue les pyrates, revient à Athènes, déclare dans l'assemblée du peuple ce qu'il est, ce qui lui est arrivé, & promet si on lui permet d'épouser celle dont il est épris, qu'il la ramenera sans peine avec toutes ses compagnes. Il les ramena en effet, & devint le plus heureux des époux; c'est pour cela que les Athéniens ordonnerent qu'il seroit toûjours invoqué dans la solemnité des noces, avec les dieux qu'ils en regardoient comme les protecteurs. Les Poëtes à leur tour le nommerent dieu, & lui formerent une illustre généalogie; les uns le firent naître d'Uranie, d'autres d'Apollon & de Calliope, & d'autres enfin de Bacchus & de Vénus; mais il nous suffit d'indiquer ici, d'après Servius, & tous les anciens commentateurs, quelle fut l'origine du chant, & de l'acclamation d'Hyménée.

Cette acclamation, dit M. l'abbé Souchay, dont nous empruntons les recherches, passa depuis dans l'épithalame, & devint un vers intercalaire, ou une espece de refrain ajusté à la mesure; témoin Catulle imitateur de Sapho, qui répete si souvent ce vers,

Hymen, ô hymenoee, hymen ades, ô hymenoee. & ces autres,

Io hymen, hymenoee io, Io hymen, ô hymenoee; témoin encore Aristophane qui, dans sa comédie des oiseaux, acte v. scene 4, parlant du mariage de Pisthétérus avec la déesse Souveraineté, fait chanter par un demi - choeur, *U(ME/N, W=( U(ME\NAI, W=( U(ME/N, après que ce même demi - choeur a exalté en ces mots, suivant la traduction de M. Boivin, le bonheur des deux époux.

Depuis le jour célebre où la reine des dieux Superbement ornée, Par les soeurs du destin fut au maître des cieux Avec pompe amenée, On n'a point encore vû d'hymen si glorieux Hymen, ô hyménée!

C'est ainsi que l'acclamation d'Hymen par intervalles égaux, ne fut plus le chant nuptial ordinaire, & servit seulement à marquer les voeux & les applaudissemens des choeurs, lorsque l'épithalame eut pris une forme réguliere: enfin, cette acclamation a passé jusqu'à nous d'après les Latins qui l'avoient adoptée. (D. J.)

HYMETTE (Page 8:394)

HYMETTE (le Mont,) Géog. anc. en latin Hymettus; Hérodote dit Hymessus: montagne de Grece dans l'Attique, près de la ville d'Athènes, au midi oriental, sur la côte du golfe Saronique.

Cette montagne est fort célebre dans les écrits des Poëtes, à cause de l'excellent miel que l'on y recueilloit.

Martial, liv. VII. epig. 87. nous dit,

Pascat & Hybla mas, pascat Hymettos apes. Silius Italicus, liv. XIV. v. 200. s'exprime en ces mots,

Tùmque nectareis vocat ad certamen Hymettum Audax Hybla favis. Horace, liv. II. satyr. v. 15. se moque d'un homme délicat qui refuseroit de boire du vin de Falerne, s'il n'étoit adouci avec du miel d'Hymette.

Nisi Hymettia mella Falerno Ne biberis diluta.

Le mont Hymette s'appelle encore aujourd'hui par quelques francs monte Metto; mais on le nomme généralement Lamprovouni. Il est dans la Livadie, entre Sétine & le cap Colone, & s'étend depuis le golfe d'Engia jusqu'au détroit de Négrepont.

M. Spon qui a eu la curiosité de le visiter, en parle ainsi dans son voyage, tome II. p. 129. Le mont Hymette est à un mille d'Athènes, & n'a guere moins de sept à huit lieues de tour. Le dessus n'est ni habité ni cultivé; il y a cependant un couvent de Grecs au nord de la montagne, que les Turcs nomment Cosbachi. On y fait quantité de miel qui est fort estimé, parce qu'il est moins âcre que les autres sortes de miel de la montagne, qu'il est d'une bonne consistance, d'une belle couleur d'or, & qu'il porte plus d'eau qu'aucun autre, quand on en veut faire du sorbet ou de l'hydromel.

Strabon assure que le meilleur miel du mont Hymette, étoit celui qui se recueilloit proche des mines d'argent, qui sont maintenant perdues. On l'appelloit Acapuiston, parce qu'il étoit fait sans fumée; aussi le fait - on de même à présent sur le mont Hymette, sans étouffer les vieilles abeilles avec la fumée de soufre, comme on le pratique en quelques pays. C'est pour cela qu'elles y multiplient beaucoup, & qu'on recueille quantité de miel, non - seulement dans le couvent dont j'ai parlé, mais dans tous les autres du mont Penteli; leurs ruches sont couvertes de cinq ou six petites planches, où les abeilles commencent d'attacher leurs rayons; on y met un petit toît de paille par - dessus; lorsqu'ils veulent partager leurs ruches, ils n'ont qu'à tirer pendant que les abeilles sont en campagne, la moitié des planches qui tiennent les rayons attachés, & les placer dans une autre ruche; ils posent en même tems une ruche neuve au même endroit de la vieille, & qui est bâtie de la même façon; alors les abeilles revenant du fourrage, prennent cette ruche pour leur ancien logis, & ne trouvant rien dedans, elles commencent à former leurs cellules.

Les herbes & les fleurs odoriférantes qui croissent au mont Hymette, ne contribuent pas peu à l'admirable manufacture de ces ouvrieres industrieuses. Enfin, le monastere grec Cosbachi fait du miel tant qu'il veut, & ne paye pour tous droits, qu'un sequin au vayvode; le miel des autres monasteres qui

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