ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"383"> vain les remedes les mieux indiqués pour détourner cette humeur; on appliqua enfin un cataplasme maturatif, qui attira une tuméfaction prodigieuse de l'oeil avec suppuration. Le malade souffrit les douleurs les plus aigues; on obtint le calme en vuidant l'oeil par une incision que Bidloo fit au bord de la cornée transparente. Le globe se rétrecit & se consolida parfaitement en peu de tems, sans autre incommodité que la perte de la vûe.

Bidloo fait un précepte de sa méthode d'opérer dans ce cas. Il ne juge pas que l'incision doive s'étendre par de - là le bord inférieur de la cornée transparente, parce qu'il est possible que l'humeur vitrée ne soit pas liquefiée, & qu'elle reste en place avec le crystallin. Alors le globe de l'oeil conservera, ditil, un certain volume, la cornée transparente ne sera pas défigurée par une cicatrice desagréable, & l'oeil conservera autant qu'il sera possible l'apparence d'un état naturel: si au contraire les humeurs sont entierement dissoutes, cette incision sera suffisante pour en permettre l'évacuation.

Quand les tuniques n'ont pas été portées à un point excessif de dilatation, on peut tenter la méthode de Nuck, qu'Heister assure avoir pratiquée avec succès. Elle consiste à faire une ponction au bord de la cornée transparente avec un petit trocart, pour évacuer l'humeur qui cause l'hydropthalmie, & à contenir l'oeil avec une plaque de plomb par dessus l'appareil, & les remedes convenables: on réitere ces ponctions aussi souvent que la nécessité le requiert, jusqu'à ce que l'oeil soit réduit d'une maniere permanente dans son état naturel. L'usage intérieur des remedes sudorifiques & purgatifs favorise, dit - on, ces procédés curatifs. Mais dans le cas où la dilatation du globe est extrème, Heister conseille une grande incision transversale, ou même cruciale, pour vuider entierement l'oeil. Il est le copiste de Saint - Yves, lorsqu'il recommande de retrancher dans certains cas, les membranes qu'on croiroit trop étendues, & qui pourroient empêcher l'oeil de se réduire à un petit globe, propre à porter commodément un oeil artificiel. Dans une tuméfaction considérable de l'oeil, je me suis contenté de faire une simple incision transversale d'un angle à l'autre. Elle fut suivie d'inflammation & de vomissemens lympathiques, qui me donnerent de la défiance sur l'utilité d'une incision aussi étendue: sans retrancher rien des tuniques, elles se sont réduites à un très petit volume. J'ai vu depuis, par un fait, dont je vais donner le précis, l'inutilité de la grande incision que j'avois faite, quoiqu'avec plus de ménagement que Saint Yves & Heister ne la prescrivent. Une fille avoit l'oeil gauche fort dilaté depuis plus de 25 ans, à la suite de la petite vérole qu'elle avoit eue à l'âge de six ans. Les douleurs de migraine très - violentes, accompagnées de fluxions de tête, qui se portoient souvent sur les yeux, ne pûrent la déterminer à se laisser vuider l'oeil; le hasard la servit utilement. Elle se donna un coup violent à l'oeil, en tombant sur le bâton de l'angle d'une chaise de paille; la contusion & l'échymose furent considérables. Quelques heures après l'oeil s'est ouvert; il en est sorti du sang fluide & coagulé, avec les humeurs qu'il contenoit; la guérison a été parfaite en 12 ou 15 jours sans aucun accident. On remarque sur la surface antérieure du bouton globuleux, mobile par l'action des muscles, une protubérance solide & plissée, formée par la cornée transparente. La cicatrice enfoncée qu'on apperçoit, montre que l'oeil s'est crevé du côté du petit angle, au milieu de la partie latérale externe du globe, précisément où Guillemeau indique qu'il faut faire l'incision, lorsqu'il est nécessaire de vuider l'oeil. L'inspection de celui dont je parle, prouve que cette incision auroit l'inconvénient de laisser une inégalité protubérante; parce que les membranes en se resserrant sur le centre du globe, la cornée transparente, qui est une portion de petite sphere ajoûtée à une plus grande, doit nécessairement former une saillie sur la surface du globe retréci; ce qu'on évitera en incisant dans toute l'étendue de la cornée transparente exclusivement. Cette incision suffira pour procurer la réduction du globe fort dilaté à un petit volume, sans retrancher une portion des membranes. On ne peut trop simplisier les opérations de Chirurgie, & cette perfection ne peut être que le fruit de l'étude des faits mûrement réfléchis, & observés judicieusement sous leur véritable point de vûe. Les chirurgiens purement opérateurs pratiquent habilement, mais ils perfectionnent peu. (Y.)

HYDRO - SARCOCELE (Page 8:383)

HYDRO - SARCOCELE, s. f. terme de Chirur. nom qui a été donné par Fabrice d'Aquapendente, à une collection d'eau dans le scrotum, accompagnée d'un testicule sarcomateux. La tuméfaction de la glande est ordinairement la maladie originaire, & l'épanchement de lymphe est l'effet de la rupture des vaisseaux lymphatiques, engorgés par l'obstruction du testicule. Que l'hydrocele soit la maladie primitive, & que le testicule sain au commencement de la maladie, étant continuellement en macération, se relâche & se dissolve, pour ainsi dire, sa tunique propre viendra à se déchirer; il en arrivera quelquefois autant aux vaisseaux, c'est ce qui produit l'épanchement mixte d'eau & de sang qu'on trouve quelquefois dans ces sortes de tumeurs.

L'indication curative qu'elles présentent, est de vuider l'eau contenue dans la tumeur, & de travailler à résoudre l'engorgement du testicule par les remedes appropriés à la nature de l'engorgement. Les cataplasmes résolutifs, les emplâtres émolliens & fondans peuvent être appliqués avec succès. Si les eaux se renouvellent, les remedes convenables au testicule seront sans effet, & l'on pourra tenter la cure radicale de l'hydrocele; voyez Hydrocele. Dans l'opération même, on voit en mettant le testicule à découvert, ce qu'on doit espérer de l'état où il se trouve; il est bien rare qu'il n'exige pas l'extirpation dans la plûpart des hydrosarcoceles invétérées. Alors, par l'opération de la castration, on guérit radicalement les deux maladies, dont la complication produisoit l'hydrosarcocele. Voyez Castration, & Ligature. On verra à ce dernier mot, les raisons qui exigent qu'on s'abstienne de la ligature, qu'on avoit coûtume de pratiquer dans l'opération de la castration (Y.)

HYDROSCOPE (Page 8:383)

HYDROSCOPE, s. m. instrument qui étoit autrefois en usage pour mesurer le tems. Ce mot est grec, formé d'UDWR, eau, & SKOPEW, je considere. Voyez Chronometre.

C'étoit une espece d'horloge d'eau, composé d'un tuyau en forme de cylindre, au bout duquel il y avoit un cône. On mesuroit le tems par des marques faites sur le tuyau pour cet effet.

Synesius décrit fort au long l'hydroscope dans une de ses lettres. Il est visible que c'étoit une espece de clepsydre. Voyez Clepsydre. Chambers, (O.)

HYDROSTATIQUE (Page 8:383)

HYDROSTATIQUE, s. f. (Ord. encycl. Entend. Rais. Philosoph. Science de la nature, Mathématiques, Mathématiques mixtes, Méchan. Statiq. Hydrostatiq.) partie de la Méchanique qui considere l'équilibre des corps fluides, aussi - bien que des corps qui y sont plongés.

Ce mot est grec, & composé de U(/DWR, eau, & de I(/ZHMI, je pose. Hydrostatique signifie proprement la statique de l'eau, la science de l'équilibre des eaux; mais comme les loix de l'équilibre de l'eau sont les mêmes pour les autres corps fluides, on a donné en [p. 384] général le nom d'Hydrostatique à la science de l'équilibre des fluides.

On confond souvent l'Hydrostatique avec l'Hydraulique, à cause de l'affinité du sujet, & plusieurs auteurs ne les traitent point séparément. En effet les lois du mouvement des fluides se réduisent à celui de leur équilibre. Voyez Hydraulique & Hydrodynamique.

L'auteur le plus ancien que nous ayons sur l'Hydrostatique est Archimede, qui en a donné les lois dans son traité de insidentibus humido.

Parmi les modernes, le celebre M. Paschal a donné sur ce sujet un fort bon ouvrage intitulé Traité de l'équilibre des liqueurs & de la pesanteur de l'air.

M. Mariette, dans un traité qu'il a publié en 1686, sur le mouvement des eaux & des autres fluides, donne presque toutes les propositions de l'Hydrostatique & de l'Hydraulique, prouvées par la raison & confirmées par l'expérience.

Nous avons donné au mot Fluide les principales lois de l'Hydrostatique, & il ne nous reste presque rien à y ajouter ici.

La loi générale de l'équilibre des fluides est 1°. que la direction des forces soit perpendiculaire à la surface du fluide: 2°. qu'un canal quelconque rectiligne, formé de deux branches terminées à la surface, & aboutissant où l'on voudra dans l'intérieur du fluide, soit en équilibre. M. Maclaurin est le premier qui ait fait usage de ce dernier principe, & qui l'ait heureusement appliqué à la recherche de la figure de la terre. De ce principe résulte celui de l'équilibre des canaux curvilignes quelconques, dont M. Clairaut s'est servi avec beaucoup de sagacité pour le même usage. Sur quoi voyez le chap. ij. de mon essai sur la résistence des fluides 1752.

Lorsque plusieurs fluides de différentes densités sont placés les uns au - dessous des autres, comme de l'huile, de l'eau, du mercure, &c. la surface de chacun de ces fluides doit être de niveau, c'est - à - dire perpendiculaire en chaque point à la direction de la force qui agit sur les particules de fluide. Cependant lorsque le fluide est composé de couches infiniment peu épaisses, & dont la densité ne varie qu'infiniment peu d'une couche à l'autre, cette loi ne doit pas être nécessairement observée, excepté à la surface supérieure. Je crois avoir fait le premier cette remarque, & je m'en suis servi pour étendre la théorie de la figure de la terre plus loin qu'on ne l'avoit fait encore. Voyez l'appendice qui est à la fin de mon essai sur la résistance des fluides, 1752, & la troisieme partie de mes recherches sur le système du monde, liv. VI. Je renvoie le lecteur à ces deux ouvrages pour le détail d'une théorie qui demandant assez de calcul, ne peut être traitée commodément dans l'Encyclopédie. (O)

HYDROTITE (Page 8:384)

HYDROTITE, s. f. (Hist. nat. Lithologie.) nom donné par quelques auteurs à une espece d'oetite ou pierre d'aigle, qui contient de l'eau; c'est la même pierre que celle que l'on nomme enhydrus. Voyez cet article.

HYDRUNTE (Page 8:384)

HYDRUNTE, (Géog. anc.) Hydruntum dans Ciceron, Hydrus dans Lucain; ville maritime de la grande Grece, d'où l'on passoit en Grece. « En partant de Cassiope, dit Ciceron, liv. XVI. Ep. 9. ad Tironem, avec un vent fort doux, nous mîmes la nuit & le jour suivant, à gagner en nous jouant l'Italie, où nous abordâmes à Hydrunte». Le nom moderne est Otranto. (D. J.)

HYENE (Page 8:384)

HYENE, hyena, (Hist. nat.) ce nom a été donné à la civette & au glouton. Voyez Civette, Glouton.

Hyene (Page 8:384)

Hyene pierre d', (Hist. nat.) pierre ainsi nommée par quelques auteurs qui ont cru qu'elle se trouvoit dans les yeux de l'animal fabuleux appellé hyene; Pline dit qu'on alloit à la chasse de ces animaux pour avoir ces pierres, qui mises sous la langue, donnoient à celui qui les portoit le don de prédire l'avenir.

HIÉRACITES (Page 8:384)

HIÉRACITES, s. m. pl. (Théolog.) secte ancienne ainsi appellée de son chef Hiérac. Cet hérésiarque étoit égyptien, & outre la langue de son pays, il savoit la langue greque, & avoit cultivé les belles lettres. Etant né chrétien, il s'étoit aussi appliqué à l'étude des livres sacrés, dont il avoit une grande connoissance, car il a écrit des commentaires sur quelques - uns. Mais abusant de sa science, il tomba dans plusieurs erreurs qu'un grand nombre de moines d'Egypte embrasserent.

Il nioit absolument la résurrection de la chair, prétendant que l'ame seule résusciteroit, & qu'ainsi la résurrection n'étoit que spirituelle. Ce sont les propres paroles de saint Epiphane, qui conjecture qu'il avoit pû emprunter cette erreur d'Origene.

Le même Hiérac & ceux de sa secte condamnoient aussi les noces, étant dans cette pensée qu'elles n'avoient été permises que dans l'ancien testament, & jusqu'à Jesus - Christ; mais que dans la nouvelle loi, il n'étoit plus permis de se marier, parce que le mariage étoit incompatible avec le royaume de Dieu. Ils soutenoient encore que les enfans qui meurent avant l'usage de raison sont exclus du royaume des cieux.

Saint Epiphane rapporte les passages de l'Ecriture dont cet hérésiarque se servoit pour appuyer sa fausse doctrine. Il remarque néanmoins qu'il n'étoit point dans les erreurs d'Origene sur le mystere de la Trinité, & qu'il croyoit que le fils étoit véritablement engendré du pere, & qu'il avoit aussi les mêmes sentimens que les Orthodoxes touchant le Saint - Esprit, si ce n'est qu'il avoit embrassé là - dessus les erreurs des Melchisédéciens, sur lesquelles il avoit enchéri. Il a vécu fort long - tems, & sa vie a toujours été fort austere, ne mangeant point de viande & ne buvant point de vin. Ses disciples l'imitoient en cela, mais ils dégénérerent après sa mort. Dict. de Trévoux. (G)

HYERINGEN (Page 8:384)

HYERINGEN, (Géog.) petite ville du royaume de Dannemarck, dans Jutlande.

HIERONYMITES, ou HERMITES DE S (Page 8:384)

HIERONYMITES, ou HERMITES DE S. JEROME, voyez Jeronymites & Hermites. Ce mot est composé d'IEROS2, sacré, & de ONOMA, nom. Dict. de Trévoux.

HYES (Page 8:384)

HYES, (Mythologie.) surnom donné à Bacchus du nom de Hye, que portoit sa mere Sémélé. Ou, selon d'autres, parce que sa fête arrivoit communément dans une saison pluvieuse.

HYETIUS (Page 8:384)

* HYETIUS, ou le PLUVIEUX, adj. (Mythol.) surnom de Jupiter. Les Athéniens adoroient Jupiter le Pluvieux, & ils lui avoient élevé un autel sur le mont Hymette.

HYGIÉE (Page 8:384)

HYGIÉE, s. f. (Mythol.) c'est ainsi que les Grecs appellerent la déesse de la santé, car il étoit tout simple qu'ils missent au nombre des divinités, le bien le plus précieux que puissent posséder les mortels.

Comme tous les jours il se présentoit de nouvelles occasions de rendre un culte à cette déesse, il ne faut pas être surpris du grand nombre d'autels & de statues qu'on lui éleva, & si on la voit si souvent représentée sur le revers des médailles & sur les gravures antiques. Il y avoit peu de personnes riches, qui après avoir été guéries de grandes maladies, ne consacrassent quelque monument en mémoire de leur convalescence, à la fille d'Esculape & de Lampétie.

On la trouve presque toujours représentée avec un serpent qui étoit son symbole, ainsi qu'il l'étoit de son pere, dieu de la Medecine. Elle rendoit comme ce dieu, ou elle conservoit la santé aux hommes.

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