ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"381"> abondant d'urine, quand il se fait sans trop affoiblir les malades: tous les sels sont diurétiques, mais on doit préférer à tous les autres le nitre & ses préparations de cette qualité, parce qu'il contribue beaucoup à éteindre la soif, qui est le symptome le plus inquiétant de cette maladie: on peut employer les nitreux dans des tisanes appropriées qui soient émulsionnées, ou dans du petit - lait, du vin du Rhin, ou d'une qualité approchante, mais toûjours employés en grande quantité. C'est pourquoi la plûpart des eaux minérales, qu'on appelle acidules, qui ne peuvent opérer quelqu'effet qu'étant prises à grandes doses, ont souvent réussi à guérir des hydropisies considérables & des plus rebelles, en évacuant abondament par la voie des urines, & en fortifiant en même tems lorsqu'elles sont martiales: on fait aussi usage avec succès du suc de la plante nommée kali ou soûde, des sels lixiviels, des infusions de cendres végétales, sur - tout de celles de genest, comme contenant plus d'alkali, de cendres animales telles que celles de vers de terre, & sur - tout de crapaud, dont Wierus, dans son livre intitulé de Larniis, prétend qu'un ancien hydropique fut guéri à Rome par sa femme, qui, ennuyée de la dépense qu'elle faisoit pour son mari sans succès, & voulant s'en défaire, lui donna des cendres de crapaud à plusieurs reprises dans le dessein de l'empoisonner; ce qui produisit un effet tout contraire, car il recouvra la santé, ayant été délivré de son hydropisie par le grand flux d'urine que produisirent ces cendres: on attribue la même propriété aux oeufs de fourmis, dont on donne la décoction dans du lait.

On doit observer que lorsqu'on entreprend la cure de l'hydropisie par le moyen des diurétiques, sur - tout des sels lixiviels avec effet, on ne doit point faire usage des purgatifs, mais seulement des corroborans, qui doivent être regardés comme les remedes essentiels; entant qu'ils sont destinés à empêcher qu'après l'évacuation des eaux il ne s'en fasse une nouvelle collection; ce qui est mettre véritablement le complément à la cure.

Le bon vin employé convenablement, est un des moyens les plus propres pour fortifier; c'est pourquoi il est fort recommandé dans la cure de l'hydropisie, soit pur, soit rendu médicamentaire, & joignant à sa qualité propre celle des plantes aromatiques appropriées, telles que l'absynthe, le marrhube, l'aunée, & autres amers de cette nature; le kina sur - tout, qui doit être regardé comme un excellent remede contre le reláchement, l'atonie des solides dans l'hydropisie, ainsi que dans les autres maladies qui y ont rapport. Voyez Fibre, Pathol.

S'il y a des obstructions auxquelles on soit fondé d'attribuer la cause de l'hydropisie, on doit joindre les apéritifs aux fortifians; voyez Obstruction. Les martiaux sur - tout sont alors fort recommandés, & même les mercuriels, si l'épaisissement des humeurs est leur vice dominant; mais ces derniers remedes seroient de vrais poisons, si elles péchoient par dissolution; & dans ce cas, les laitages seroient un des remedes les plus indiqués, aussi bien que les émulsions, les mucilagineux, avec les diurétiques & les corroborans, quelquefois rendus acides & un peu aromatiques, à quoi l'on doit sur - tout joindre un régime sec.

Lister rapporte plusieurs exemples d'hydropiques, qui ont été guéris, en s'abstenant pendant longtems de toute autre boisson. que de quelque peu de vin pur, dans les cas de foiblesse des visceres; & d'autres, qui à cause de la dissolution des humeurs, avoient passé plusieurs mois sans prendre aucun liquide. De ces malades, quelques - uns pour appai<cb-> ser leur soif, tenoient sur la langue une petite tranche de pain roti & trempé dans l'eau - de - vie, ce qui leur faisoit venir beaucoup de salive à la bouche. On a aussi employé avec succès, pour cet effet, l'esprit de vitriol dans de l'eau, dont les malades se lavent souvent la bouche: on a aussi éprouvé du soulagement dans ce cas, de mâcher du citron sans l'avaller.

Si l'hydropisie doit être attribuée à quelque cause, qui resserre, qui comprime les vaisseaux, qui les force à se dilater outre mesure, ou à se rompre, ensorte que les fluides qui doivent être contenus, s'en échappent, il faut tâcher d'emporter ou de faire cesser cette cause, si elle en est susceptible. Ainsi, dans le cas qui est assez rare, où elle consiste dans l'éretisme, le spasme du genre nerveux, qui gêne le cours des humeurs dans les petits vaisseaux, qui les étrangle, pour ainsi dire, les relâchans, les bains aqueux tiedes produisent de bons effets, aussi bien que les antispamodiques, les narcotiques employés avec beaucoup de circonspection. Si la compression des vaisseaux provient des glandes obstruées, du skirrhe des visceres, il faut, comme ou l'a dit, attaquer ces vices par les moyens appropriés, contre les obstructions, les skirrhes. Voyez Obstruction, Skirrhe.

Tels sont en, général, les remedes internes qui sont indiqués dans l'hydropisie; mais si l'on s'apperçoit bientôt qu'ils ne produisent aucun effet pour la guérison de cette maladie, en tant que l'on ne peut pas parvenir à procurer l'évacuation des eaux, ni par la voie des selles, ni par la voie des urines, particulierement dans l'ascite, il convient alors de recourir aux secours de la main, & d'en venir pour cette évacuation, à l'opération de la paracentèse, faite selon les regles de l'art, & avec les précautions convenables. Lorsque le malade est de bon âge, qu'il n'a pas perdu ses forces, que la maladie n'est pas invétérée, & qu'il y a lieu de présumer que les visceres sont en bon état; c'est le moyen le plus sûr & le plus prompt, pour emporter la collection d'humeurs contre nature, pour prévenir tous les mauvais effets de leur séjour dans les parties qui les contiennent, & de la corruption dont elles sont susceptibles, & pour établir de la maniere la plus avantageuse, la disposition, à ce que l'on puisse employer avec succès, les remedes propres à détruire la cause du mal. Mais on ne doit jamais attendre l'extrêmité pour employer ce moyen, auquel l'expérience ne rend pas des témoignages aussi favorables qu'ils pourroient l'être, parce qu'on a recours presque toujours trop tard à cette opération, lorsque le mal a fait de si grands progrès, qu'il est devenu sans remede.

C'est pourquoi, il faudroit peut - être moins compter sur les secours à employer intérieurement, qui ont été proposés, & faire usage de la paracentèse dès le commencement de la maladie. Outre l'avantage de tirer promptement les eaux ramassées contre nature, cette opération procure encore celui de pouvoir mieux juger, par l'inspection de ces mêmes eaux, soit du caractere & de la cause particuliere qui l'a fait naître, soit du prognostic convenable que l'on doit porter en conséquence, & des indications qui se présentent à remplir, pour empêcher que la collection ne se renouvelle.

Dans les hydropsies enkistées, dans celles du péritoine, de l'omentum, des ovaires même, la paracentèse ne convient pas moins que dans l'ascite, lorsque l'on s'est assuré du véritable siége du mal, & que l'on peut y atteindre.

Mais, dans tous les cas où cette opération paroît praticable, si les dispositions de la part des malades, qui ont été mentionnées, ne se présentent [p. 382] pas, bien loin d'être utile, elle ne feroit qu'accélerer la mort. Voyez Paracentèse.

La Chirurgie fournit encore d'autres moyens de donner issue aux eaux des hydropiques, qui conviennent également aux différentes especes d'hydropisies, tant abdominales qu'autres, qui doivent toutes être traitées de la même maniere, lorsqu'elles proviennent des mêmes causes. Ces moyens sont donc les scarifications, les fonticules, les sétons, les vésicatoires, les cauteres potentiels, & même actuels, employés sur les parties charnues, dans les endroits vers lesquels les humeurs se portent par leur propre poids. Ces différens secours sont quelquefois très - efficaces, sur - tout si l'on peut entretenir les ouvertures, par lesquels se font les écoulemens; avec l'attention de prémunir ces parties contre la disposition à la gangrene, qui a lieu dans tous les hydropiques, sur - tout, par rapport aux parties affectées de bouffissure, d'enflure, d'oedème. Voyez Gangrene.

Avant que de finir sur le traitement de l'hydropisie, il reste quelque chose à dire sur les usages de la saignée, à l'égard de cette maladie. Il paroît que la plûpart des praticiens modernes n'ont pas jugé que ce remede pût être indiqué dans un genre d'affection, où, en général, la masse des humeurs est presque toute composée de sérosité, & de très - peu de parties rouges du sang, où il regne un relâchement, une atonie presque universelle dans les solides, où l'expérience semble n'avoir rien établi qui soit favorable à ce remede, d'une maniere bien décidée. Cependant, parmi les anciens, il s'est trouvé des auteurs à la suite d'Hyppocrate lui - même, qui exaltent les bons effets de la saignée dans l'hydropisie. En effet, le pere de la Medecine, de dioetâ in acutis, recommande de tirer du sang aux hydropiques, qui, dans la vigueur de l'âge, dans une bonne saison, & n'ayant pas perdu leurs forces, ont la respiration considérablement gênée. Alexandre de Tralles, & Paul d'Egine, veulent que l'on saigne dans l'hydropisie, lorsque le foye, la rate & l'estomac sont enflés; & dans les cas, où cette maladie est une suppression des menstrues, ou un flux hémorrhoidal habituel. Le très - érudit Jacob Spon, aphor. nov. sect. 5. §. 87. rapporte une observation, dans laquelle il dit avoir vû une hydropisie guérie à la suite de vingt saignées, après avoir résisté aux hydragogues & aux diurétiques, employés pendant long - tems, à la maniere ordinaire. Le célebre Hoffman, après avoir exposé ainsi le sentiment de ces auteurs, conclud par l'adopter, d'après sa propre expérience, pour les cas où on est assuré qu'il y a sur - abondance de sang dans un sujet bien disposé, sur - tout lorsque le mal provient d'un asthme sanguin; & encore fautil qu'il ne soit question que de leucophlegmatie, ou d'anasarque, & point d'ascite, à l'égard duquel il seroit très - dangereux d'employer un pareil moyen, parce qu'en diminuant la force du mouvement de la circulation dans les arteres, il s'ensuit que la résorbtion se fait à proportion, moins par les veines, ce qui est une nouvelle cause d'augmentation de la maladie; aulieu que dans l'anasarque & la leucophlegmatie causés par la pléthore, la saignée, en desemplissant les vaisseaux, fait cesser la trop grande dilatation des orifices des collatéraux, qui, recouvrant leur ressort, renvoient à la masse des humeurs, ce qu'ils contiennent de sur - abondant, ou s'en déchargent par la voie des excrétions. Voilà tout ce qu'on peut raisonnablement avancer pour & contre la saignée, employée dans le traitement de l'hydropisie, où on peut dire qu'en général, le cas d'y avoir recours se présente très - rarement, qu'il ne peut être bien connu que par les maîtres de l'art les plus expérimentés, & qui ont le plus de perspicacité, & qu'il ne faut y recourir qu'avec beaucoup de prudence.

On ne peut pas entrer ici dans un plus grand détail sur la théorie & le traitement de l'hydropisie; mais on indiquera, pour suppléer à ce défaut, les principaux auteurs qui ont traité de cette maladie, avec une étendue, ou d'une maniere circonstanciée, proportionnée à l'importance du sujet. Tels sont, parmi les modernes, qui ont recueilli la doctrine & les observations d'Hyppocrate, de Celse & des autres anciens, sur - tout ce qui a rapport à l'hydropisie, Pison, Sennert, Fernel, Riviere, Ethmuller, Willis, Sydenham, Lister, Littre, Chomel, Mémoires de l'acad. des Sciences de Paris, 1707, 1708. & de ces derniers tems, Boerhaave, dans ses aphorismes; Hoffman, dans ses oeuvres passim, & spécialement, tome IV. part. IV. medic. ration. system. cap. xiv. pour ce qui regarde les observations anatomiques, Bonet, sepulchretum, Rhuisch; & pour la partie chirurgicale, Heister dans ses institutions.

HYDROPNEUMOSARQUE (Page 8:382)

HYDROPNEUMOSARQUE, s. f. (Méd.) c'est un terme grec composé de trois mots, qui signifient eau, air, chair, employés pour signifier une tumeur contre nature, qui renferme des humeurs, des matieres flatueuses, & quelque carnosité ou excroissance de chair.

Il est fait mention de l'hydro - pneumo sarque dans le livre des nouvelles observations sur les abscès de M. A. Severin. Castel. med. lexic.

HYDROPOTE (Page 8:382)

HYDROPOTE, s. m. (Méd.) UDROPOTHS2, potator aquoe, buveur d'eau. Ce terme grec est particulierement employé pour désigner une personne qui ne boit que de l'eau, ou qui fait grand usage de l'eau pour sa boisson. Voyez Eau, Diete, Régime

HYDROPTHALMIE (Page 8:382)

HYDROPTHALMIE, s. f. terme de Chirurgie, maladie de l'oeil, qui consiste dans la dilatation demesurée du globe, causée par l'augmentation contre nature du volume des humeurs. C'est à Nuck qu'on est redevable du mot hydropthalmie, qui exprime proprement la maladie dont nous parlons, & que les anciens appelloient exopthalmie, dénomination équivoque, par laquelle on confondoit la dilatation du globe, avec la chûte de l'oeil qui lui fait faire pareillement saillie hors de l'orbite. L'augmentation de l'humeur aqueuse est démontrée dans l'hydropthalmie, par la prééminence de la cornée transparente, & par l'éloignement ou la profondeur de l'iris. L'extrême dilatation de la pupille, est un signe que le corps vitré contribue à l'extension démésurée des tuniques.

Les malades ressentent presque continuellement au fond de l'oeil & à la tête, de violentes douleurs accompagnées d'insomnie & de fievre. Cette maladie est ordinairement chronique, & persiste dans son état sans aucun changement, lorsque l'oeil est parvenu au dernier degré d'extension que ses membranes lui permettent. Maitre - Jan propose dans cette maladie beaucoup de remedes tant généraux que particuliers, internes & topiques, bien varies, suivant les différentes indications qui peuvent se présenter; car il croit cette maladie sujette à la résolution & à la suppuration. Dans ce dernier cas il conseille une petite ouverture, comme l'incision d'une saignée à la partie déclive, du côté du petit angle, à côté de l'iris, sur le blanc de l'oeil, & qui pénetre par de - là l'uvée. Bidloo propose aussi l'ouverture de l'oeil, lorsque sa protubérance est douloureuse; & il rapporte le cas d'un homme qui est mort de cette maladie, pour n'avoir pas voulu se résoudre à cette légere opération qu'il lui avoit conseillée, avec le célebre Cyprien son collegue, très - habile chirurgien d'Amsterdam. Il ajoûte à cette histoire celle d'un enfant de dix ans, à qui l'oeil étoit devenu excessivement gros à la suite de plusieurs fluxions fort douloureuses. On avoit employé en

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