ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"361"> réservé le nom d'hydraulique pour celles qui regardent en particulier le mouvement des eaux, c'est - à - dire l'art de les conduire, de les élever, & de les ménager pour les différens besoins de la vie. On trouvera aux mots Fluide & Hydrodynamique, les lois du mouvement des fluides en général.

L'hydrostatique considere l'équilibre des fluides qui sont en repos: en détruisant l'équilibre, il en résulte un mouvement, & c'est - là que commence l'hydraulique.

L'hydraulique suppose donc la connoissance de l'hydrostatique, ce qui fait que plusieurs des auteurs ne les séparent point, & donnent indifféremment à ces deux sciences le nom d'hydraulique ou d'hydrostatique. Voyez Hydrostatique. Mais il est beaucoup mieux de distinguer ces deux sciences par les noms différens d'hydrostatique & d'hydraulique.

L'art d'élever les eaux & les différentes machines qui servent à cet usage, comme les siphons, les pompes, les seringues, les fontaines, les jets - d'eau, &c. sont décrits chacun en leur place. Voyez Siphon, Pompe, Seringue, Fontaine, Jetd'eau , &c. Voyez aussi la suite de cet article, où l'on traite des machines hydrauliques.

Les principaux auteurs qui ont cultivé & perfectionné l'hydraulique sont; Mariotte, dans son Traité du mouvement des eaux, & autres corps fluides: Guglielmini, dans sa Mensura aquarum fluentium, où il réduit les principes les plus compliqués de l'hydraulique en pratique, voyez Fluide: M. Newton, dans ses Phil. Nat. Prin. Mathemat. M. Varignon, dans les Mémoires de l'académie des Sciences: M. Daniel Bernoully, dans son traité intitulé Hydrodynamica, imprimé à Strasbourg en 1738: M. Jean Bernoully, dans son Hydraulique, imprimée à la fin du recueil de ses oeuvres, en 4 vol. in 4°. à Lausanne, 1743. J'ai aussi donné un ouvrage sur ce sujet, qui a pour titre Traité de l'équilibre & du mouvement des fluides. Voyez Hydrodynamique.

Hero d'Alexandrie est le premier qui ait traité des machines hydrauliques: ceux qui en ont écrit, parmi les modernes, sont entr'autres Salomon de Caux, dans un traité françois des machines, sur - tout des hydrauliques: Gasp. Schottus, dans sa Mechanica hydraulico - pneumatica: de Chales, dans son Mundus mathematicus: M. Belidor, dans son Architecture hydraulique. On peut voir l'extrait des différentes parties de ce dernier ouvrage, dans l'Histoire de l'académie des Sciences, pour les années 1737, 1750, 1753. (O)

Machines Hydrauliques (Page 8:361)

Machines Hydrauliques. Les machines en général servent à augmenter les forces mouvantes, & les hydrauliques à élever les eaux par différens moyens. Elles sont également l'objet de la méchanique comme de l'hydraulique.

On y emploie pour moteur la force des hommes & des animaux; mais lorsqu'on se sert des trois élémens de l'air, de l'eau & du feu, on peut s'assurer d'une plus grande quantité d'eau; leur produit, qui est presque continuel, les fait préférer aux eaux naturelles, qui tarissent la plûpart en été & en automne: on les appelle alors des machines élémentaires.

Voici un choix des plus belles machines qui aient été construites jusqu'à présent; elles pourront servir de modeles dans l'exécution qu'on en voudra faire; on est sûr de la réussite des machines exécutées, qu'on peut consulter sur le lieu; au lieu que le succès des autres seroit très - incertain.

Ces machines sont celles de Marly, la pompe Notre - Dame, la machine de Nymphimbourg en Baviere, les moulins à vent de Meudon, la pompe du réservoir de l'égoût, la machine à feu de Lon<cb-> dres, la pompe de M. Dupuis, une pompe à bras, & une pour les incendies. Voyez, sur les machines suivantes, l'Architecture hydraulique, tome II. page 196; & l'Encyclopédie, pour la pompe à feu, à l'article Feu.

Suivant le privilége accordé aux Léxicographes, nous rapporterons ces machines, & souvent les descriptions des auteurs qui en ont parlé.

Architecture Hydraulique, tome II. page 196. La machine de Marly est ici représentée dans son plan, & dans le profil d'une de ses roues, qui sont au nombre de 14. « Cette roue, qui sert à porter l'eau depuis la riviere de Seine jusqu'à l'aqueduc, a un coursier fermé par une vanne comme à l'ordinaire: son mouvement produit deux effets; le premier est de faire agir plusieurs pompes aspirantes & refoulantes, qui font monter l'eau, par cinq tuyaux, à 150 piés de hauteur, dans le premier puisard, éloigné de la riviere de 100 toises; le second est de mettre en mouvement les balanciers, qui font agir des pompes refoulantes placées dans les deux puisards; celles qui répondent au premier puisard, reprennent l'eau qui a été élevée à mi - côte, & la font monter par sept tuyaux dans le second puisard, élevé au - dessus du premier de 175 piés, éloigné de 324 toises de la riviere: delà, elle est reprise de nouveau par les pompes qui sont dans le second puisard, qui la refoulent, par six tuyaux de 8 pouces de diametre, sur la plateforme de la tour, élevée au - dessus du puisard supérieur de 177 piés, & de 502 piés au - dessus de la riviere, dont elle est éloignée de 614 toises; de - là l'eau coule naturellement sur un aqueduc, de 330 toises de long, percé de 36 arcades, en suivant la pente qu'on lui a donnée jusqu'auprès de la grille du château de Marly, d'où elle descend dans les grands réservoirs, qui la distribuent aux jardins & bosquets ».

Planche I. des Mach. hydrauliques, fig. 1. On a formé sur le lit de la riviere un radier A, qu'on a rendu le plus solide qu'il a été possible, par des pilots & pal - planches, garnis de mâçonnerie, ainsi qu'on le pratique en pareil cas, & c'est ce qu'on remarque dans la 1re. 6e. & 7e. figures. A 14 piés au - dessus de ce radier, on a établi un plancher ou pont, qui sert à soutenir les pompes, & tout ce qui leur appartient, comme on en peut juger par la premiere figure, qui fait voir que l'arbre de la roue est accompagné de deux manivelles C & D; à cette derniere répond une bielle E, à chaque tour de manivelle cette bielle fait faire un mouvement de vibration au varlet F (Planche II. fig. 6.) sur son essieu. A ce varlet est une autre bielle pendante G, qui est accrochée au balancier H, aux extrémités duquel sont deux poteaux pendans II, portans chacun 4 pistons, qui jouent dans autant de corps de pompes marqués au plan par le nombre KK. fig. 1. Pl. I.

Fig. 6. Pl. II. Quand la manivelle C & le varlet font monter la bielle G, les pistons qui répondent à la gauche du balancier aspirent l'eau par les tuyaux L L qui trempent dans la riviere, tandis que ceux de la gauche la refoulent pour la faire monter dans le tuyau M M, d'où elle passe dans le premier puisard; & lorsque la manivelle tire à soi le varlet F, le balancier H s'inclinant d'un sens opposé au précédent, les pistons de la gauche refoulent & ceux de la droite aspirent, & continuent toûjours de faire la même chose alternativement.

Pour empêcher que l'air n'ait communication avec la capacité des corps de pompes, & que les cuirs qui sont aux pistons ne laissent point de vuide, on a ajouté à chaque équipage, indépendamment des huit pompes refoulantes, une pompe aspirante, appellée mere nourrice, afin d'entretenir [p. 362] toûjours de l'eau dans un bassin N, élevé à - peu - près à la hauteur du bord des corps de pompes; ainsi il y a un des poteaux pendans I, qui porte un cinquieme piston.

La manivelle D (Pl. II. fig. 7.) donne le mouvement aux pompes du premier & du second puisard; & pour juger comme cela se fait, il faut considérer la troisieme figure, relativement à la seconde, du sens qui leur convient; on y verra que cette manivelle fait faire un mouvement de vibration au varlet O, par le moyen de la bielle P qui tire à soi, & pousse en avant l'extrémité Q. Ce varlet en fait agir deux autres, horisontalement placés au - dessous des nombres R & S, par le mouvement qui leur est communiqué de la part des bielles T & U, qui poussent ou qui tirent à elles le varlet supérieur ou inférieur, selon la situation de la manivelle.

Pl. I. fig. 1. L'on voit sur le plan comme le varlet X peut se mouvoir sur son axe Y, & qu'à l'extrémité Z il y a une chaîne I, qu'on doit regarder comme faisant partie de la chaîne 2 & 3 exprimée dans la 2. fig. Pl. I. de même le varlet R (fig. 7. Pl. II.), qu'on ne peut voir sur le plan, mais qui est tout semblable à l'inférieur, répond aussi à une chaîne qui fait partie de l'autre 4 & 5; ainsi ces deux chaînes sont tirées alternativement par les varlets R & S, pour faire agir les pompes des puisards, fig. 2. Pl. I. pour les entretenir, on les a soutenus avec les balanciers 6, posés de 18 piés en 18 piés; ces balanciers sont traversés par un boulon, qui appuie sur le cours de lice 7, posé sur les chevalets 8.

La figure 2. Pl. I. est un profil qui peut être commun au premier & au second puisard, mais qui doit plûtôt appartenir au second qu'au premier, parce que les chaînes vont aboutir aux varlets 9 & 10, au lieu qu'elles traversent le premier, après y avoir mis en mouvement les pompes qui y sont.

Fig. 2. Pl. I. Lorsque la chaîne 4 & 5 tire à soi, de la droite à la gauche, le varlet 9, ce varlet enleve le chassis 11 suspendu à l'extrémité 12, ayant trois cadres 13, portans les pistons qui refoulent l'eau dans les corps de pompes 14 & 15. Quand cette chaîne cesse d'être tendue, & que l'inférieure 2 & 3 est tirée, alors le poids du chassis 11, celui des cadres & des pistons, fait baisser l'extrémité 12 du varlet 9, & l'eau monte dans les trois corps de pompes de cet équipage; d'autre part, l'extrémité 16 du varlet 10 enleve le chassi 17, & les pistons que soutiennent les cadres 18, refoulent l'eau dans les trois corps de pompes de ce second équipage, qui sont unis comme les précédens aux tuyaux 14 & 15.

Tous ces corps de pompes, au nombre de 257, sont soutenus inébranlables, par des barres de fer qui les embrassent, comme on le peut voir au plan du puisard, fig. 5. Pl. I.

Fig. 3. Pl. I. On voit plus en grand l'intérieur d'une des pompes refoulantes du premier & du second puisard; chaque corps de pompe 19, y est porté par des liens de fer 20; & d'autres 21, empêchent que ce corps de pompe ne soit enlevé par le piston dans le tems qu'il refoule: on voit aussi que la tige 22, qui porte le piston, est attachée à deux entretoises du chassis 23, que ce cadre & le piston haussent & baissent ensemble; il y a deux clapets aux endroits 24, & des rouletres en 25, qui servent à soulager la manoeuvre lorsqu'on veut ôter ou remettre un cadre ou chassis.

Fig. 4. Pl. I. Cette figure est l'intérieur d'une des pompes de la riviere; c'est un tuyau de communication HGEFIL fondu d'une seule piece, dont l'un des bouts G H est uni par une bride avec un tuyau d'aspiration N O qui trempe dans l'eau, & où il y a un clapet P; l'autre bout L M K, qui est fait en re<cb-> tour d'équerre, aboutit au tuyau montant M K S, qui porte l'eau sur la montagne, au premier puisard, en ouvrant son clapet R. Dans le milieu est une branche C D E F, liée par une bride avec le corps de pompe A B C D, dans lequel agit le piston Q, parfaitement cylindrique & massif, traversé par la tige T V suspendue à une bielle pendante qui lui donne le mouvement, & refoule l'eau dans le tuyau S en ouvrant le clapet R, & successivement se rend dans le lieu destiné.

Les pompes que la manivelle fait agir dans le premier & second puisard, élevent l'eau dans leurs baches, sans rien avoir de commun avec les équipages des autres roues, c'est - à - dire qu'au rez - dechaussée des bâtimens des puisards il y a un bassin, qui en occupe presque toute la capacité, divisée par des cloisons pour former des baches, dans chacune desquelles il y a six corps de pompes renversées, qui ne font monter l'eau que quand on le juge nécessaire; & s'il y a quelques réparations à faire aux équipages dont je viens de parler, on peut mettre leur bache à sec, & y faire descendre des ouvriers, sans interrompre l'action des autres pompes.

Description de la pompe de Nymphinbourg. « C'est encore l'Architecture hydraulique qui nous fournira les développemens d'une fort belle machine exécutée à Nymphinbourg, par M. le comte de Wahl, directeur des bâtimens de l'électeur de Baviere; son objet est d'élever l'eau à 60 piés dans un réservoir, pour la faire jaillir dans le jardin électoral.

L'eau du canal qui a 2 piés de profondeur, & 2 de vitesse par seconde, fait tourner une roue de 24 piés de diametre, dont l'arbre est accompagné de deux manivelles A (Planches d'Hydrauliq. fig. 1. 2. 4. Pl. I. & fig. 5. 6. Pl. II.) qui aboutissent à des tirans de fer B, répondans à des bras de levier D, qui font mouvoir deux treuils C, à chacun desquels sont attachés six balanciers E, que l'on distingue particulierement dans la fig. 2. & 4. Pl. I. portans les tiges F des pistons de douze corps de pompes G, partagés en quatre équipages ».

Fig. 1. 3. 4. Pl. I. & fig. 5. Pl. II. « Chacun de ces équipages est renfermé dans une bache I K, au fond de laquelle sont assis les corps de pompes, arrêtés avec des vis sur deux madriers H percés de trous, pour que l'eau du canal, qui vient se rendre dans les baches par des tuyaux de conduite R (fig. 6. Pl. II.), puisse s'introduire dans les corps de pompes ».

Fig. 3. 4. Pl. I. & fig. 5 & 6. Pl. II. Les trois branches L de chaque équipage se réunissent aux fourches O, qui aboutissent aux tuyaux montans P, qui conduisent l'eau au réservoir; & pour que les pompes qui répondent à chacun de ces tuyaux soient solidement établies, on les a liées ensemble par des entre - toises N, aux extrémités desquelles il y a des bandes de fer qui embrassent les pompes, comme on en peut juger par la fig. 3. Pl. I. qui représente une de ces pompes avec sa branche, exprimée plus sensiblement que dans les autres.

Cette machine est fort simple, & bien entendue; si les fourches qui n'ont que trois pouces de diametre étoient proportionnées aux corps de pompes qui en ont dix, le produit en seroit beaucoup plus considérable, mais c'est le défaut de presque toutes les pompes.

Description de la machine hydraulique appliquée au pont Notre - Dame à Paris. Cette machine représentée par les Planches XXXVI, XXXVII, XXXVIII & XXXIX de la Charpente, est composée de deux parties entierement semblables, qui sont placées cha<pb->

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