ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"332"> vent d'abord engourdis par le froid, & ne peuvent rentrer dans les lieux chauds, que la peau de leur visage ne s'enleve, & qu'ils n'ayent quelquefois les doigts des piés gelés.

L'on peut encore juger de la rigueur du froid extérieur, sur ce que le capitaine Middleton rapporte, que les lacs d'eau dormante, qui n'ont que 10 à 12 piés de profondeur, se gèlent jusqu'au fond, ce qui arrive également à la mer qui se gèle à la même hauteur. La gelée est seulement un peu moindre dans les rivieres qui sont plus près de la mer, & où la marée est forte.

Le grand froid fait fendre quelquefois cette glace avec un bruit étonnant, presque aussi fort que celui du canon.

Il y a donc lieu de croire que le froid qu'on éprouve à la baie d'Hudson, est pour le moins aussi grand que celui qu'on ressent en Sibérie, même à Jeniseskoi, dont on peut voir l'article; mais pour en être parfaitement sûr, il faudroit avoir des observations du thermometre à la baie d'Hudson, & nous n'en avions pas encore en 1750. La société royale est ici priée de nous en procurer à l'avenir; ce soin n'est pas indigne d'elle. (D. J.)

Hudson (Page 8:332)

Hudson (Compagnie de la baie d') Commerce. Société de négocians anglois qui se forma vers le milieu du dernier siecle pour le commerce de cette partie la plus septentrionale de l'Amérique, où les Européens ayent des colonies.

Les belles pelleteries que Hudson rapporta de cette baie, où il avoit été obligé de passer l'hiver après sa découverte, persuada sa nation qu'on pouvoit y établir un commerce avantageux de cette précieuse marchandise. Alors plusieurs négocians anglois formerent une société, & envoyerent sur les lieux le capitaine Nelfon, qui fonda la premiere colonie de cette baie, & éleva un fort de son nom à l'embouchure d'une grande riviere qui s'y jette, & qui prend sa source du lac des Assinipouals.

En 1670, une charte de Charles II. en faveur du prince Robert & de ses associés, leur accorda inconsidérément pour toûjours en propriété toutes les terres voisines & au - delà de la baie de Hudson, qui ne sont point occupées par quelque autre peuple, avec le commerce exclusif de peaux d'ours, de martres, d'hermines, & autres fourrures abondantes dans ces contrées.

La colonie fut déclarée, par cette charte, relever du château royal de Gréenwich, dans le comté de Kent; S. M. B. ne se réservant que la foi & hommage, avec une redevance de deux élans & de deux castors noirs par an, payables quand ils seroient demandés.

Pour le gouvernement de la compagnie, on établit un gouverneur, un député & sept directeurs.

Son premier fonds capital étoit de 10500 livres sterlings (341500 liv. tournois); & ce fonds modique, qui fut suffisant pour les dépenses de l'établissement, a si - bien prospéré, qu'en 1690 la compagnie, pour mettre quelque proportion entre ses dividendes & son capital, prit le parti de le tripler en apparence par un appel simulé sur ses actionnaires, ensorte que chacun d'eux, sans rien débourser, vit avec joie ses fonds tripler; & pour dire quelque chose de plus, les actions de cette compagnie ont valu jusqu'à 500 livres sterlings. Il est vrai que les guerres presque continuelles qu'il y a eu entre la France & la Grande - Bretagne jusqu'à la paix d'Utrecht, ont souvent apporté de grandes diminutions à la valeur des actions de cette société.

Les François & les Anglois se sont alternativement plusieurs fois chassés de leurs établissemens, les uns pour confirmer leur commerce de pelleterie sur le lac supérieur, les autres pour se maintenir dans le même négoce qu'ils avoient attiré à la baie de Hudson.

Enfin, cette baie a été rendue à l'Angleterre par le traité d'Utrecht; & les François qui s'en étoient emparés pendant la guerre pour la succession d'Espagne, & qui y avoient construit de nouveaux forts, l'abandonnerent dans l'état qu'elle se trouvoit.

La compagnie d'Hudson, au moyen de la paix dont l'Angleterre a joui depuis 1712 jusqu'en 1720, augmenta jusqu'à 103500 liv. sterlings (2280500 liv. tournois) ses fonds, qu'elle estima (morts & vifs) 94500 livres sterlings (2273500 liv. tournois.)

En effet, quoique le seul négoce de ce pays - là se borne aux pelleteries, il faut que les profits soient bien grands, puisque les deux nations rivales s'en disputent de nouveau la possession, sans se rebuter du froid extrême qu'il fait dans cette partie de l'Amérique, & qui subsiste sept mois de l'année, pendant lesquels la neige y tombe ordinairement de dix ou douze pieds de haut; la mer s'y glace à la même épaisseur, & les arbres & les pierres s'y fendent par l'excessive rigueur des gelées: ajoûtez que le pays ne fournit absolument rien pour la nourriture, ni pour le vêtement des habitans de ces tristes & malheureuses contrées.

Au reste, l'auteur françois qui a pris, dans un petit ouvrage sur le commerce, le nom de Nickole, a fait voir combien la compagnie de la baie d'Hudson est un exemple sensible & déplorable de cette vérité, qu'une compagnie exclusive peut jouir longtems du négoce le plus lucratif, & négliger toutes les facilités qu'elle a de l'augmenter, au mépris de son devoir & de l'intérêt de la nation dont elle est membre. (D. J.)

HUDWICHWALD (Page 8:332)

HUDWICHWALD, (Géog.) ville maritime de Suede, capitale de l'Helsingie, sur la côte orientale du golfe de Bothnie, entre les îles d'Agan & de Holsoon. Long. 36. 10. latit. 60. 40. (D. J.)

HUÉ (Page 8:332)

HUÉ, Sinoa, (Géog.) ville d'Afie, capitale, & la seule de la Cochinchine, avec un palais fortifié où le roi fait sa résidence; elle est dans une plaine, partagée de l'est à l'ouest par un grand fleuve. Long. 132. 40. latit. 17. 40. (D. J.)

HUED - YL - BARBAR (Page 8:332)

HUED - YL - BARBAR, (Géog.) fleuve d'Afrique. Il tire sa source du Grand - Atlas, près de la ville de Lorbus au royaume de Tunis, & se jette dans la mer près du port de Tabure; c'est le Rubricatus de Ptolomée. (D. J.)

HUÉE (Page 8:332)

* HUÉE, s. f. (Gramm.) cri d'improbation de la multitude. Un mauvais poëte se fait huer au théatre. On hue un mauvais acteur, une mauvaise actrice. On hue dans les rues un prêtre ou un moine qui sort d'un mauvais lieu.

HUER (Page 8:332)

* HUER, v. act. (Gram.) c'est desaprouver par une huée. Ce mot est de Vénerie. On hue le loup, ou on le poursuit à grands cris. Il est aussi de pêche. On hue le poisson; le poisson est hué ou poussé par les cris des pêcheurs vers les filets. On hue, en Fauconnerie, en imitant le cri du hibou.

HUESCA (Page 8:332)

HUESCA, (Géog.) ancienne ville d'Espagne au royaume d'Arragon, avec un riche évêché, suffragant de Saragose, & une université. Autrefois Sertorius, au rapport de Plutarque, y avoit établi une académie; on la nommoit alors Osca. Elle est dans un terrain fertile & excellent en vin, sur l'Isnela, à 9 lieues N. O. de Balbastro, 14 N. E. de Saragosse. Long. 17. 22. latit. 42. 2. (D. J.)

HUESCAR (Page 8:332)

HUESCAR, (Géog.) ville d'Espagne au royaume de Grenade, dans une plaine, au pied du mont Sagra, à 2 lieues N. E. de Grenade. Longit. 15. 50. latit. 37. 32. (D. J.)

HUESNE (Page 8:332)

HUESNE, (Géogr.) petite île de la mer Baltique dans le Sund, qui n'a rien de remarquable que pour avoir été le lieu de l'observatoire immortel de Ty<pb-> [p. 333] cho - Brahé. On l'appelle plus communément Ween, voyez Ween & Uranibourg. Longit. 30. 40. (D. J.)

HUEI PACHTLI (Page 8:333)

* HUEI PACHTLI, s. m. (Hist. mod.) douzieme mois des Mexiquains; il répond à un jour de notre Octobre, leur année commençant au 26 Février, & ayant dix - huit mois de chacun vingt jours. On l'appelle quelquefois seulement pachtli.

HUGRA (Page 8:333)

HUGRA, (Géog.) riviere de Russie qui se jette dans celle d'Occa.

HUGUENOT (Page 8:333)

HUGUENOT, subst. & adj. (Hist. mod.) nom que les Catholiques ont donné par sobriquet aux Protestans Calvinistes; mais ils n'ont pas appliqué à ce mot le vrai sens qu'il avoit dans son origine, & ni Pasquier, ni Ménage, ni le P. Daniel, n'ont sçu le deviner. Le voici:

L'évêque de Genève qui, suivant la remarque de M. de Voltaire, disputoit le droit de souveraineté sur cette ville au duc de Savoie & au peuple, à l'exemple de tant de prélats d'Allemagne, fut obligé de suir au commencement du seizieme siecle, & d'abandonner le gouvernement aux citoyens, qui recouvrerent alors leur liberté. Il y avoit déja depuis assez long - tems deux partis dans Genève, celui des Protestans, & celui des Catholiques Romains. Les Protestans s'appelloient entre eux Egnots, du mot eid - gnossen, alliés par serment; les Egnots qui triompherent, attirerent à eux une partie de la faction opposée, & chasserent le reste. De - là vint que les Protestans de France eurent le nom d'Egnots, & par corruption de Huguenots, dont la plûpart des écrivains françois inventerent depuis de vaines ou d'odieuses origines. Telle est l'étymologie de ceux qui tirent ce mot du roi Hugon, dont on faisoit peur aux enfans en Touraine: telle est encore l'opinion de Castelnau Mauvissiere, qui dérive ce terme d'une petite monnoie, qu'on a supposé valoir une maille du tems de Hugues - Capet, par où l'on a voulu signifier que les Protestans ne valoient pas une maille, & qu'ils étoient une monnoie de mauvais alloi. Ces insinuations ont fait couler des torrens de sang. (D. J.)

HUGUENOTTE (Page 8:333)

HUGUENOTTE, s. f. (Cuisine.) gres vaisseau, bas & large, de terre cuite & vernissée, où les petites gens font leur potage, & mettent cuire du boeuf à la mode, & autres mets qu'on prépare en les étouffant.

HUIA (Page 8:333)

HUIA, (Hist. nat.) nom donné à une pierre qui ressemble à du lard. Agricola dit qu'on y remarque une couche blanche, qui environne une matiere noire ou grise.

HUILE (Page 8:333)

HUILE, s. f. (Chimie, Pharmacie, Mat. medic. Diete.) Le système des connoissances chimiques bien résumé, porte à croire qu'il existe une huile générale universelle, un principe huileux primitif, très - analogue au soufre commun, du même ordre de composition que ce corps, formé même très - probablement des mêmes principes de l'acide vitrioliques & du phlogistique.

Le principe huileux, considére sous ce point de vûe, ne différera du soufre commun que comme la plûpart des substances végétales & animales different des substances analogues que renferme le regne minéral, le vinaigre radical de l'acide du vitriol, par exemple, c'est - à - dire, par une plus grande atténuation, un degré supérieur de subtilité, une mixtion plus délicate dûe aux élaborations propres à l'oeconomie végétale ou animale, & peut - être à la surabondance du principe aqueux qui est particulier à ces deux regnes. L'huile peut être conçûe aussi comme étant au soufre ce qu'une huile rectifiée est à la même huile brute. Ce rapport seroit démontré sans doute, si on réussissoit à porter, par des rectifications, le soufre commun à l'état de ténuité spé<cb-> cifique de l'huile, à décomposer l'huile, & à démon trer ses principes aussi clairement qu'on a démontré ceux du soufre, & enfin à composer de l'huile artificielle, comme on sait produire du soufre par art, & à la former des mêmes principes. Or je crois bien que ces trois problèmes pratiques doivent se ranger parmi les recherches chimiques les plus sublimes, mais non pas parmi les tentatives téméraires, les efforts supérieurs à l'art. le crois même pouvoir me promettre de fournir cette démonstration complette, si je retrouve le loisir nécessaire pout continuer, sur l'analyse végétale, les travaux que j'avois commencés dans le laboratoire de seu M. le Due d'Orléans.

Ce qui augmente la difficulté de l'entreprise, c'est que la nature ne présente point de cette huile pure primitive, & que l'art n'est pas parvenu jusqu'à présent à dépouiller les moins composées de tout principe hétérogene, de tout alliage. Celle de toutes les huiles connues qui approche le plus de la simplicité absolue, c'est l'éther des chimistes modernes, ou l'huile retirée de l'esprit - de - vin par l'intermede des acides minéraux. Voyez Ether.

Les diverses huiles que nous connoissons, sont composées de l'huile primitive, & d'un autre principe ou de plusieurs autres principes. Ce sont ces divers principes & leurs différentes proportions qui en constituent les genres & les especes. Cette idée de la composition & des différences essentielles qui distinguent les huiles entre elles, est, ce me semble, plus exacte & plus lumineuse que celle qu'on s'en feroit communément, en considérant chaque espece d'huile comme un composé ou un mixte essentiellement différent, ou n'ayant tout au plus de commun avec les autres especes que la phlogistique; car il n'est pas égal de dire qu'une telle huile est formée par l'union d'un principe huileux universel, & de plus ou moins d'acide; ou que cette huile admet plus ou moins d'acide dans sa mixtion ou dans sa composition primordiale. D'après la derniere théorie, que je crois une erreur, on pourra déduire que l'acide est un des principes constitutifs de l'huile, de ce que « si on triture long - tems certaines huiles avec un sel alkali, & qu'on dissolve ensuite cet alkali dans l'eau, il donne des crystaux d'un véritable sel neutre »; au lieu que d'après la premiere maniere d'envisager notre objet, cette apparition d'un sel neutre n'annoncera qu'un acide étranger à huile, combiné au principe huileux dans celle qui présente ce phénomene, de même qu'une substance comme gommeuse est combinée au principe huileux dans les huiles par expression, ou l'alkali fixe à une huile quelconque dans le savon. Et certes, les compositions aussi intimes que celles d'un corps très - simple, tel qu'est l'huile, ne se détruisent pas par des moyens aussi vulgaires que la trituration avec un sel alkali; c'est bien une opération d'un autre ordre que de démontrer la composition primitive de l'huile.

On range les diverses huiles sous le petit nombre des classes générales suivantes: on a les huiles essentielles, les huiles grasses, & les huiles empyreumatiques. La seule qualité vraiment générale ou essentielle qui convient à toute huile sans exception, c'est l'inflammabilité & la miscibilité à une autre huile quelconque.

Huiles essentielles. Toutes les parties des végétaux qui sont aromatiques ou odorantes, du moins le plus grand nombre, contiennent une huile subtile, légere, volatile, renfermée dans de petites loges ou vésicules, sensibles même aux yeux nuds dans quelques sujets, comme dans les fleurs d'orange, l'écorce d'orange, de citron, les feuilles de millepertuis, &c. Cette huile est libre, exemte de toute union chimi<pb->

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