ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"320"> uns aux autres les germes pestilentiels de leurs infirmités; & le spectacle de la douleur & de l'agonie de tous côtés offert & reçû. Voilà l'hôtel - Dieu.

Aussi de ces misérables les uns sortent avec des maux qu'ils n'avoient point apportés dans cet hôpital, & que souvent ils vont communiquer au - dehors à ceux avec lesquels ils vivent. D'autres guéris imparfaitement, passent le reste de leurs jours dans une convalescence aussi cruelle que la maladie; & le reste périt, à l'exception d'un petit nombre qu'un tempérament robuste soutient.

L'hôtel - Dieu est fort ancien. Il est situé dans la maison même d'Ercembalus, préfet ou gouverneur de Paris sous Clotaire III. en 665. Il s'est successivement accru & enrichi. On a proposé en différens tems des projets de réforme qui n'ont jamais pû s'exécuter, & il est resté comme un goufre toujours ouvert, où les vies des hommes avec les aumônes des particuliers vont se perdre.

HOTELLERIE (Page 8:320)

HOTELLERIE, s. f. (Grammaire.) bâtiment composé de logemens, chambres, écuries, cours & autres lieux nécessaires pour loger & nourrir les voyageurs, ou les personnes qui font quelque séjour dans une ville.

Hôtellerie (Page 8:320)

Hôtellerie de Turquie, (Hist. mod.) édifice public où l'on reçoit les voyageurs & les passans, pour les loger gratuitement. Il y en a quantité de fondations sur les grands chemins & dans les villes d'Asie.

Les hôtelleries qu'on trouve sur les grands chemins, dit M. Tournefort, sont de vastes édifices longs ou quarrés, qui ont l'apparence d'une grange. On ne voit en dedans qu'une banquette attachée aux murailles, & relevée d'environ trois piés, sur six de large; le reste de la place est destiné pour les mulets & pour les chameaux; la banquette sert de lit, de table & de cuisine aux hommes. On y trouve de petites cheminées à sept ou huit piés les unes des autres, ou chacun fait boüillir sa marmite. Quand la soupe est prête, on met la nape, & l'on se place autour de la banquette les piés croisés comme les tailleurs. Le lit est bien - tôt dressé après le souper, il n'y a qu'à étendre son tapis à côté de la cheminée, & ranger ses hardes tout - au - tour; la selle du cheval tient lieu d'oreiller, & le capot supplée aux draps & à la couverture.

On trouve à acheter à la porte de ces hôtelleries, du pain, de la volaille, des oeufs, des fruits, & quelquefois du vin, le tout à fort bon compte. On va se pourvoir au village prochain, si l'on manque de quelque chose. On ne paye rien pour le gîte: ces retraites publiques ont conservé en quelque maniere le droit d'hospitalité, si recommandable chez les anciens. Voyez Hospitalité.

Les hôtelleries des villes sont plus propres & mieux bâties; elles ressemblent à des monasteres, car il y en a beaucoup avec de petites mosquées; la fontaine est ordinairement au milieu de la cour, les cabinets pour les nécessités sont aux environs; les chambres sont disposées le long d'une grande galerie, ou dans des dortoirs bien éclairés.

Dans les hôtelleries de fondation, on ne donne pour tout payement qu'une petite étrenne au concierge, & l'on vit à très - vil prix dans les autres. Si l'on veut y être à son aise, il suffit d'y avoir une chambre servant de cuisine; l'on vend à la porte de l'hôtellerie viande, poisson, pain, fruits, beurre, huile, pipes, tabac, caffé, chandelle, jusqu'à du bois. Il faut s'adresser à des Juifs ou à des Chrétiens pour du vin, & pour peu de choses ils vous en fournissent en cachette.

Il y a de ces hôtelleries si bien rentées, que l'on vous donne aux dépens du fondateur, la paille, l'orge, le pain & le ris. Voilà les fruits de la charité qui fait un point essentiel de la religion mahométane; & cet esprit de charité est si généralement répandu parmi les Turcs, qu'on voit de bons Musulmans qui se logent dans des especes de hutes sur les grands chemins, où ils ne s'occupent pendant les chaleurs qu'à faire reposer & rafraichir les passans qui sont fatigués. Nous louons ces sortes de sentimens d'humanité, mais nous ne les avons pas beaucoup dans le coeur; nous sommes très - polis & très - durs. (D. J.)

HOTTE (Page 8:320)

HOTTE, s. f. (Gramm. & arts méchan.) panier d'osier, ou même de bois, étroit par en bas, large par en haut, qu'on fixe sur les épaules avec des bretelles où les bras sont passés, & qui sert à porter différentes choses. Le côté qui touche aux épaules est plat; l'autre est arrondi. Cet instrument sert aux jardiniers, aux fruitiers, aux vendangeurs. Il y en a de serrées qu'on appelle batais; il y en a d'ardoisées, de gauderonnées, de poissées, selon les différens usages auxquels elles sont destinées.

C'est - un ouvrage de mandrerie ou du vannier. Il est composé d'un fond de bois, oval sur le derriere de la hotte, & droit sur le devant, dans lequel on plante trois maques, deux à chaque coin du devant, qu'on appelle maques simplement; & l'autre au milieu du derriere pour soutenir l'ouvrage, & qui se nomme maque plate. Voyez Maques & Maque plate. On fait des hottes pleines ou à jour, mais les unes & les autres ont des maques, des cotonailles, des torches, des faisses & un collet. Voyez ces mots à leur article.

Hotte (Page 8:320)

Hotte de cheminée, (Architecture.) c'est le haut ou le manteau d'une cheminée de cuisine, fait en forme pyramidale.

HOTTENTOTS les (Page 8:320)

HOTTENTOTS les, (Géog.) peuple d'Asrique dans la Caffrerie, près du cap de Bonne - Espérance; ils sont fort connus parce qu'ils touchent l'habitation des Hollandois, & parce que tous les voyageurs en ont parlé, Junigo de Bervillas, Courlai, Dampier, Robert Lade, François Légat, La Loubere, Jean Owington, Spilberg, le P. Tachard, Tavernier, & finalement M. Kolbe dans sa description du cap.

Les Hottentots ne sont pas des Négres, dit avec raison l'auteur de l'Histoire naturelle de l'homme; ce sont des Caffres, qui ne seroient que basanés, s'ils ne se noircissoient pas la peau avec de la graisse & du suif, qu'ils mêlent pour se barbouiller. Ils sont couleur d'olive & jamais noirs, quelque peine qu'ils se donnent pour le devenir; leurs cheveux collés ensemble par leur affreuse malpropreté, ressemblent à la toison d'un mouton noir remplie de crotte. Ces peuples sont errans, indépendans, & jaloux de leur liberté; ils sont d'une taille médiocre & fort légers à la course; leur langage est étrange, ils gloussent comme des coqs d'Inde; les femmes sont beaucoup plus petites que les hommes, & ont la plûpart une espece d'excroissance, ou de peau dure & sarge qui leur croît au - dessus de l'os pubis, & qui descend jusqu'au milieu des cuisses en forme de tablier. Tachard & Kolbe disent que les femmes naturelles du Cap sont sujettes à cette monstrueuse difformité, qu'elles découvrent à ceux qui ont assez de curiosité, ou d'intrépidité pour demander à la voir ou à la toucher. Les hommes de leur côté, sont tous, à ce qu'assurent les mêmes voyageurs, à demi - eunuques, non qu'ils naissent tels, mais parce qu'on leur ôte un testicule ordinairement à l'âge de huit ans, & quelquefois plus tard.

Les Hottentots ont le nez fort plat & fort large; ils ne l'auroient cependant pas tel, si les meres ne se faisoient un devoir de le leur applatir peu de tems après leur naissance, parce qu'elles regardent un nez proéminent comme une difformité. Ils ont une levre fort grosse, sur - tout la supérieure, les dents très - blanches, les sourcils épais, la tête grosse, le [p. 321] corps maigre, les membres menus; ils ne vivent guéres passé quarante ans; la saleté dans laquelle ils se plaisent, & les viandes infectées dont ils font leur principale nourriture, sont au nombre des causes qui contribuent le plus au peu de durée de leur vie. Tous les particuliers du bourg du Cap ont de ces sauvages qui s'emploient volontiers au service le plus bas & le plus sale de la maison.

Ils vont presque nuds, la tête toujours découverte, & les cheveux ornés de coquilles; leurs cabanes portent neuf à dix piés de hauteur, sur dix à douze de largeur; ce sont des pieux sichés qui se rejoignent par le haut; les côtés & le faîte sont des branches grossierement entrelacées avec les pieux; le bout est couvert de jonc ou de peaux. A un des coins de la cabane, est une ouverture de la hauteur de quatre piés pour entrer & sortir; ils font le seu au milieu, & couchent à terre.

Ils n'ont ni temple, ni idoles, ni culte, si ce n'est qu'on veuille caractériser ainsi leurs danses nocturnes, à la nouvelle & à la pleine lune. Le nom de Hottentot a été donné par les Européens à ces peuples sauvages, parce que c'est un mot qu'ils se répetent sans cesse les uns aux autres lorsqu'ils dansent. (D.J.)

HOTTONIA (Page 8:321)

HOTTONIA, s. f. (Botaniq. moderne.) plante aquatique, ainsi nommée à l'honneur de M. Hotton, prosesseur en Botanique à Leyde. Voici ses caracteres d'après Boerhaave.

La fleur est en rose, composée d'un seul pétale divisé en cinq segmens. Les divisions pénetrent jusqu'au fond de la fleur; il part de son centre un pistil qui dégénere en un fruit cylindrique, dans lequel sont contenues plusieurs semences sphériques. Linnoeus ajoûte que les étamines sont cinq filamens droits, courts, coniques, places sur les découpures de la fleur.

On trouve cette plante dans les fossés & dans les eaux profondes & croupissantes. Ses feuilles paroissent sur la surface de l'eau en Avril & en Mai; ses fleurs en épi croissent sur des tiges assez longues & unies; elles sont couleur de rose, d'une découpure très - fine, & font un bel ornement sur la surface des eaux. (D. J.)

HOU, HOU, HOU, APRÈS L'AMI (Page 8:321)

HOU, HOU, HOU, APRÈS L'AMI, (Vénerie.) cri dont le valet de limier doit user quand il laisse courre un loup & un sanglier.

HOU (Page 8:321)

HOU (le cap de la) Géog. cap d'Afrique dans la haute Guinée, habité par les negres Quaqua. Ce cap, où commence la côte des Bonnes - Gens, avance assez peu vers la mer. Il est par les 5d 10'de lat. septentionale, à environ moitie de la distance qu'il y a entre le cap de Palmes & celui des Trois - Pointes. (D. J.)

HOUACHE, OUAICHE (Page 8:321)

HOUACHE, OUAICHE, s. m. (Marine.) c'est la trace que fait un vaisseau sur les eaux en sillant.

HOUAL (Page 8:321)

HOUAL, (Géog.) roy aume d'Afrique dans la Nigritie. au bord du Sénégal. Il a environ 46 lieues de l'est à l'ouest, mais il est beaucoup plus étendu au sud de la riviere. Il est gouverné par un Prince qui se fait appeller brak, c'est - à - dire roi: aussi M. de Lisle écrit le royaume de Brak, ou Oualle, & le P. Labat Hoval. (D. J.)

HOUAME, ou HOUAINE (Page 8:321)

* HOUAME, ou HOUAINE, s. m. (Hist. mod.) secte Mahométane. Les Houames courent l'Arabie; ils n'ont de logemens que leurs tentes. Ils se sont fait une loi particuliere; ils n'entrent point dans les mosquées; ils font leurs prieres & leurs cérémonies sous leurs pavillons, & finissent leurs exercices pieux par s'occuper de la propagation de l'espece qu'ils regardent comme le premier devoir de l'homme; en conséquence l'objet leur est indifférent. Ils se précipitent sur le premier qui se présente. Il ne s'agit pas de se procurer un plaisir recherché, ou de satissaire une passion qui tourmente, mais de remplir un acte religieux: belle ou laide, jeune ou vieille, fille ou femme, un houame ferme les yeux & accomplit sa loi. Il y a quelques houames à Alexandrie, où ce culte n'est pas toléré; on y brûle tous ceux qu'on y découvre.

HOUAT (Page 8:321)

HOUAT, (Géog.) petite isle de France sur l'Océan, près des côtes de Bretagne, à trois lieues de Belle - Isle. Elle a quatre lieues de tour. Long. 14, 36. lat. 47, 20. (D. J.)

HOUBLON (Page 8:321)

HOUBLON, lupulus, s. m. (Bot.) genre de plante à fleur, composée de plusieurs étamines, soutenues sur un calice. Cette fleur est stérile, comme l'a observé Cesalpin. Les embryons naissent sur des plantes qui ne portent point de fleurs, & deviennent des fruits écailleux, composés de plusieurs feuilles qui sont attachées à un poinçon, & qui couvrent des semences, enveloppées chacune d'une coëffe. Tournesort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I.)

Les racines du houblon sont menues & entrelacées les unes dans les autres; il en sort des tiges foibles, très - longues, tortillées, rudes, anguleuses, velues, creuses, purpurines, sans vrilles, lesquelles embrassent étroitement les perches & les plantes sur lesquelles elles grimpent. Ses feuilles sortent des noeuds deux à deux, opposées, portées sur des queues longues d'une palme, rudes, & quelquefois rougeâtres; quelquefois elles imitent les feuilles de mûrier, & sont entieres, terminées par une pointe; le plus souvent elles sont découpées en trois ou en cinq parties qui ont autant de pointes, dentelées à leur bord, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre.

L'espece qui porte les fleurs n'a point de graine, & celle qui porte les graines n'a point d'étamines.

Les fleurs naissent dans le houblon mâle, de l'aisselle des seuilles; elles sont en grappes, comme celles du chanvre, de couleur d'herbe pâle, sans pétales, composées de plusieurs étamines & d'un calice à cinq feuilles; elles sont stériles.

L'espece femelle porte des fruits qui sont comme des pommes de pin, composées de plusieurs écailles membraneuses, peu serrées, de couleur pâle, ou d'un verd jaune, attachées sur un pivot commun, à l'aisselle desquels naissent de petites graines, applaties, rousses, de l'odeur de l'ail, ameres, & enveloppées dans une coëffe membraneuse. Cette plante est très - commune dans les haies & les prés des pays, soit froids, soit chauds.

Mais en Angleterre, en Hollande, en Flandres & en Allemagne, on seme & on cultive avec grand soin, & avec beaucoup de dépense, le houblon dans des houblonnieres, où l'on plante de grandes perches, sur lesquelles les tiges de houblon montent, & les surpassent même. Il se plaît dans un terrein humide, gras & bien fumé: toute cette planre devient beaucoup plus belle par la culture; ses épics chargés de fleurs, ses écailles & sa graine sont plus grandes que dans son état sauvage. Ses épis, qui sont les pommes de pin, & que l'on appelle souvent, mais improprement, fleurs, se recueillent au mois d'Août & de Septembre. On les seche dans un four préparé pour cela; on les renferme ensuite dans des sacs, & on les garde pour faire la biere. On mange les jeunes pousses de houblon qui paroissent au commencement du printems.

Les feuilles sont ameres; leur suc ne change point la couleur du papier bleu; les fruits, ou les pommes de pin fraiches, ont une odeur agréable, & contiennent une graisse ou résine aromatique, un peu visqueuse, qui paroît être le principe de leur odeur & de leur amertume. Ils renferment un sel ammoniacal un peu nitreux, uni à une grande quantité d'huile, soit subtile, soit épaisse, aromatique & un peu amere: c'est par cette raison qu'on n'en

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