ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Dépens d'hostelage sont les frais & salaires dûs aux hôteliers pour le logement & nourriture qu'ils ont fournis aux voyageurs & à leurs chevaux. Voyez la coûtume de Paris, art. 175. (A)

HOSTIE (Page 8:318)

HOSTIE, s. f. (Antiq.) ce mot vient de hostis, ennemi, à cause que, dans les premiers siecles de barbarie, on en sacrifioit avant la bataille, pour se rendre les dieux propices, ou après la victoire, pour les en remercier.

Les auteurs mettent de la différence entre les mots hostie, hostia, & victime, victima. Isidore dit que la victime servoit pour les grands sacrifices, & l'hostie pour les moindres; que la victime ne se prenoit que du gros bétail, au lieu que l'hostie se tiroit des troupeaux à laine: c'est à quoi Horace semble faire allusion dans l'ode 17. du liv. II. où il exhorte Mécene à s'acquitter de ses voeux pour le recouvrement de sa santé, & à sacrifier des victimes, tandis que de son côté il veut immoler un agneau:

. . . . . . . Reddere victimas AEdemque votivam memento, Nos humilem feriemus agnam.

Isidore dit encore, qu'on appelloit proprement hostie, l'animal que le général d'armee sacrifioit avant de combattre, mais que les victimes étoient des sacrifices qu'il offroit après la victoire: hostia ab hostire, frapper; victima, à victis hostibus.

Aulu - Gelle ajoûte cette distinction entre l'hostie & la victime, que l'hostie pouvoit être sacrifiée indifféremment par toutes sortes de prêtres; mais qu'il n'en étoit pas de même de la victime. Malgré ces différences que les puristes mettoient entre ces deux mots, plusieurs auteurs anciens les ont confondus dans leurs écrits, & les ont pris indistinctement l'un pour l'autre.

Il y avoit en général de deux sortes d'hosties qu'on offroit aux dieux; les unes par les entrailles desquelles on cherchoit à connoître leur volonté, & les autres dont on se contentoit de leur offrir l'ame, qui par cette raison étoient appellées des hosties animales, hostioe animales. Virgile a parlé de ces deux hosties. AEnéide, liv. IV. v. 63. & 64. & liv. V. v. 483. & 484.

Ces deux sortes d'hosties recevoient des noms différens, suivant les motifs des sacrifices, la qualité, l'âge des animaux qu'on immoloit, les circonstances de tems, & cent autres combinaisons pareilles.

Les Romains nommoient hosties pures, hostioe puroe, des agneaux ou de petits cochons de dix jours, comme nous l'apprenons de Festus.

Les hosties biennales, hostioe bidentes, étoient celles des animaux de deux ans, âge ordinaire destiné pour leur sacrifice, & celui auquel ils ont deux dents plus élevées que les six autres; ainsi bidentes est la même chose que biennes.

On entendoit par hosties précidanées, hostioe proecidaneoe, celles qu'on immoloit la veille des fêtes solennelles; mais Aulu - gelle, Festus & Varron appellent truie précidanée, porca proecidanea, celle que sacrifioient à Cérès par forme d'expiation, avant la moisson, ceux qui n'avoient pas rendu les derniers devoirs à quelqu'un de leur famille, ou qui n'avoient pas purifié le logis d'un mort.

Les hosties indomtées, hostioe injuges, désignoient celles qui n'avoient jamais été sous le joug; Virgile dit la chose plus noblement, intactâ totidem cervice juvencoe.

Les hosties d'élite, hostioe lectoe, eximioe, marquoient les plus belles bêtes d'un troupeau qu'on séparoit du reste pour le sacrifice.

Les hosties succidanées ou successives, hostioe succidaneoe, signifioient celles qu'on immoloit consécutivement après d'autres pour réitération du sacrifice, lorsque le premier n'avoit point été favorable, ou qu'on avoit manqué à quelque cérémonie essentielle; Paul Emile fit un pareil sacrifice étant sur le point de livrer bataille à Persée, roi de Macédoine.

On appelloit hosties cancares ou caviares, des victimes qu'on immoloit de cinq en cinq ans pour le college des pontifes, c'est - à - dire, qu'on en présentoit la partie de la queue nommée caviar.

Les hosties ambarvales, hostioe ambarvales, vouloient dire celles qu'on sacrifioit, après les avoir promenées autour des champs, dans une procession qu'on faisoit pour la conservation des biens de la terre.

Elles se distinguoient des hosties amburbiales, qui carctérisoient celles qu'on menoit autour de limites de la ville de Rome.

Les hosties d'holocauste, hostioe prodicoe, tiroient ce nom de ce qu'elles étoient toutes consumées par le feu, sans qu'il en restât rien pour les sacrificateurs, ou pour le peuple. Voyez Holocauste.

On conçoit bien que les hosties des particuliers, dites expiatoires, hostioe piaculares, s'immoloient aux dieux, pour se purifier d'un crime, ou de quelque mauvaise action. Ce moyen commode de tranquilliser sa conscience, s'est glissé sous toutes sortes de faces dans la plûpart des religions du monde.

Les hosties ambiégnes, hostioe ambiegnoe, dénotoient les brebis ou vaches qui avoient eu deux agneaux ou deux veaux d'une portée, & qu'on sacrifioit à Junon avec leurs petits.

Les victimes noires, qu'on immoloit en plein midi, s'appelloient hostioe mediales; & celles dont les aruspisces examinoient les entrailles pour en tirer des présages, se nommoient hostioe harugoe.

Ce n'est - là qu'une liste des principaux noms d'hosties qu'on trouve le plus fréquemment dans les auteurs latins; & sans cette considération, je l'aurois entierement supprimée, car on se prête avec peine à entendre des mots qui n'offent à l'esprit que des puérilités ou des extravagances. (D. J.)

Hostie (Page 8:318)

Hostie, (Théologie.) se dit de la personne du Verbe incarné, qui a été immolé comme une hostie en sacrifice à son pere sur l'arbre de la croix pour les péchés des hommes.

Hostie se dit aussi, dans l'Eglise, du corps de N. S. Jesus - Christ renfermé sous les especes du pain & du vin, que l'on offre tous les jours comme une nouvelle hostie dans le sacrifice de la messe. Voyez Messe.

C'est le pape Grégoire IX. qui ordonna qu'on sonneroit une cloche pour avertir le peuple d'adorer l'hostie. Voyez Adoration.

Le saint - ciboire est le vaisseau où l'on garde les hosties; c'est une espece de grand calice couvert. Voyez Calice & Ciboire. Dict. de Trév. (G)

HOSTILIA (Page 8:318)

HOSTILIA, (Géogr. anc.) ancien village d'Italie, entre Vérone & Modene, illustré pour avoir donné le jour à Cornelius Nepos, qui florissoit sous Jules - Cesar. Il étoit ami d'Atticus & de Ciceron; & composa plusieurs ouvrages, dont il ne nous reste que les vies des plus célebres capitaines grecs & romains: on pourroit en rendre la lecture très - intéressante par un commentaire historique & critique, auquel on n'a point encore songé. Hostilia se nomme à présent Ostiglia. (D. J.)

HOSTILINA (Page 8:318)

HOSTILINA, s. f. (Mythologie.) déesse adorée chez les Romains, & que l'on invoquoit pour la fertilité des terres, & pour obtenir une moisson abondante.

HOSTILITÉ (Page 8:318)

* HOSTILITÉ, s. f. (Art. milit. & politiq.) ce mot vient du latin, hostis, ennemi. Une hostilité est une action d'ennemi.

Les hostilités ont un tems pour commencer & pour finir, & l'humanité n'en permet pas de toutes les es<pb-> [p. 319] peces. Il y a des actions qu'aucun motif ne peut excuser.

Les hostilités commencent légitimement lorsqu'un peuple manifeste des desseins violens, ou lorsqu'il refuse les réparations qu'on a le droit d'en exiger.

Il est prudent de prévenir son ennemi; & il y auroit bien de la maladresse à l'attendre sur son pays, quand on peut se porter dans le sien.

Les hostilités peuvent durer sans injustice autant que le danger. Il ne suffit pas d'avoir obtenu la satisfaction qu'on demandoit. Il est encore permis de se précautionner contre des injures nouvelles.

Toute guerre a son but, & toutes les hostilités qui ne tendent point à ce but sont illicites. Empoisonner les eaux ou les armes, brûler sans nécessité, tuer celui qui est desarmé ou qui peut l'être, dévaster les campagnes, massacrer de sang froid les ôtages ou les prisonniers, passer au fil de l'épée des femmes & des enfans, ce sont des actions atroces qui deshonorent toujours un vainqueur. Il ne faudroit pas même se porter à ces excès, lorsqu'ils seroient devenus les seuls moyens de réduire son ennemi. Qu'a de commun l'innocent qui bégaye, avec la cause de vos haines?

Parmi les hostilités il y en a que les nations policées se sont interdites d'un consentement général; mais les loix de la guerre sont un mélange si bizarre de barbarie & d'humanité, que le soldat qui pille, brûle, viole, n'est puni ni par les siens, ni par l'ennemi. Cependant il n'en est pas de ces énormités, comme des actions auxquelles on est emporté dans la chaleur du combat.

On demande s'il est permis de tuer un général ennerni. C'est une action que les anciens se sont permise, & que l'Histoire n'a jamais blâmée; & de nos jours, le seul point qui soit généralement décidé, c'est que l'exécration seroit la juste récompense de la mort d'un général ennemi, si elle étoit la suite de la corruption d'un de ses soldats.

On a proscrit toutes les hostilités qui avoient quelqu'apparence d'atrocité, & qui pouvoient être réciproques.

HOSTIZE (Page 8:319)

HOSTIZE, f. f. (Droit coutumier.) c'est, dit Ragneau, un droit annuel de géline, que le vassal paye à son seigneur à cause du ténement. Il en est fait mention dans la coutume de Blois, art. 40. Galand dérive ce mot de hôte, qui signifie quelquefois l'homme de corps du seigneur. mais le plus souvent il exprime tous les tenanciers d'un seigneur, babitans, levans & couchans dans sa censive. La censive où ils demeurent est appellée dans les anciens titres hostizia; ainsi la redevance que l'on paye par rapport au logement que chacun occupe, a pris le même nom en latin, & celui d'hostize en françois. (D. J.)

HOTE (Page 8:319)

HOTE, s. m. (Grammaire.) terme relatif & réciproque, qui se dit tant de ceux qui logent, que de ceux qui sont logés.

Celui qui prend un logis à louage dit qu'il a un bon hôte, en parlant du propriétaire; & réciproquement le propriétaire dit qu'il est bien satisfait de ses hôtes, en parlant de ses locataires, ou soulocataires.

Il faut donc savoir que la coutume des anciens étoit, que quand quelque étranger demandoit à loger, le maître du logis & l'étranger mettoient chacun de leur côté un pié sur le seuil de la porte, & là ils juroient de ne se porter aucun préjudice l'un à l'autre. C'étoit cette cérémonie qui donnoit tant d'horreur pour ceux qui violoient le droit d'hospitalité, car ils étoient regardés comme parjures.

Au lieu d'hospes, les anciens latins disoient hostis. C'est Cicéron lui - même qui nous apprend cela. Depuis hostis a signifié ennemi; tant l'idée de l'hospitalité étoit altérée. Dictionnaire de Trévoux.

HOTEL (Page 8:319)

HOTEL, s. m. (Grammaire.) les habitations des particuliers prennent différens noms, selon les différens états de ceux qui les occupent. On dit la maison d'un bourgeois, l'hôtel d'un grand, le palais d'un prince ou d'un roi. L'hôtel est toujours un grand bâtiment annoncé par le faste de son extérieur, l'étendue qu'il embrasse, le nombre & la diversité de ses logemens, & la richesse de sa décoration intérieure. On en trouvera un modele dans nos Planches d'Architecture.

Hôtel de ville (Page 8:319)

Hôtel de ville, ou Maison de ville, ou Maison commune de ville, (Jurisprud.) est le lieu public où se tient le conseil des officiers & bourgeois d'une ville pour délibérer sur les assaires communes.

L'établissement des premiers hôtels de ville remonte au tems de l'établissement des communes, & conséquemment vers le commencement du xij. siecle. Voyez Communes. (A)

Hôtel (Page 8:319)

Hôtel d'un ambassadeur, (Droit des gens.) c'est ainsi qu'on nomme toute maison que prend un ambassadeur ou ministre, dans le lieu où il va résider pour y exercer sa fonction.

On regarde par toute l'Europe les hôtels d'ambassadeurs comme des azyles pour eux & pour leurs domestiques. En effet, un ambassadeur & ses gens ne peuvent pas dépendre du souverain chez lequel il est envoyé, ni de ses tribunaux; aucun obstacle ne doit l'empêcher d'aller, de venir, d'agir librement; on pourroit lui imputer des crimes, dit fort bien M. de Montesquieu, s'il pouvoit être arrêté pour des crimes; on pourroit lui supposer des dettes, s'il pouvoit être arrêté pour dettes; sa maison est donc sacrée, & l'on ne peut l'accuser que devant son maître, qui est son juge ou son complice.

Mais on demande si leurs hôtels sont aussi des azyles pour les scélérats qui s'y réfugieroient. Quelques-uns distinguent la nature des crimes commis par ceux qui viennent à se retirer chez un ambassadeur; mais une distinction arbitraire, & sur laquelle on peut contester, n'est pas propre à décider la question proposée. On écrivit en France plusieurs brochures dans le dernier siecle, en faveur de l'azyle sans exception; mais c'est qu'alors il s'agissoit de la grande affaire arrivée à Rome pendant l'ambassade de M. de Créquy. On tiendroit aujourd'hui un tout autre langage, si la contestation s'élevoit à Paris, avec quelqu'un des ministres étrangers.

Grotius croit qu'il dépend du souverain auprès duquel l'ambassadeur réside, d'accorder ou de refuser le privilége, parce que le droit des gens ne demande rien de semblable.

Il est du moins certain que l'extension des prérogatives des ambassadeurs à cet égard, ne peut qu'être nuisible, en entretenant l'abus des azyles, qui est toujours un grand mal. Mais pour abreger, voyez sur cette matiere, Thomasius, de jure azyli legatorum oedibus competente, & Bynkershoëk du juge compétent des ambassadeurs, ch. xxj. Je ne nomme pas M. de Wicquefort, parce qu'il n'a point traité ce sujet sur des principes fixes. (D. J.)

Hôtel des Invalides (Page 8:319)

Hôtel des Invalides, voyez Invalides.

Hôtel de la Monnoye (Page 8:319)

Hôtel de la Monnoye, voyez Monnoye.

Hôtel - Dieu (Page 8:319)

Hôtel - Dieu, (Hist. mod.) c'est le plus étendu, le plus nombreux, le plus riche, & le plus effrayant de tous nos hôpitaux.

Voici le tableau que les administrateurs eux - mêmes en ont tracé à la tête des comptes qu'ils rendoient au public dans le siecle passé.

Qu'on se représente une longue enfilade de salles contiguës, où l'on rassemble des malades de toute espece, & où l'on en entasse souvent trois, quatre, cinq & six dans un même lit; les vivans à côté des moribonds & des morts; l'air infecté des exhalaisons de cette multitude de corps mal sains, portant des

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