ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"314"> Martinius dans son Atlas Chinois, de 14d 29'plus occidentale que Pékin, à 24d 10'de latitude. (D. J.)

HOSIES (Page 8:314)

HOSIES, s. m. pl. (Antiq.) c'est ainsi qu'on appelloit les cinq sacrificateurs en titre d'office, préposés dans le temple de Delphes pour les sacrifices, qu'on venoit offrir avant que de consulter l'oracle d'Apollon. Ils immoloient eux - mêmes les victimes, & apportoient toute leur attention pour qu'elles fussent pures, saines, entieres, & bien conditionnées. Il falloit à Delphes que la victime tremblât & frémît dans toutes les parties du corps, lorsqu'elle recevoit les effusions d'eau & de vin; car ce n'étoit pas assez qu'elle secouât la tête, comme dans les sacrifices ordinaires; si quelqu'une de ses parties ne se fût pas ressentie de cette palpitation, les sacrificateurs hosies n'eussent point installé la Pythie sur le trépié.

Leur nom O(\SIOI, signifie des gens d'une sainteté éprouvée, & la victime qu'on immoloit à leur réception, s'appelloit O(SIWTA/R. Ces ministres étoient perpétuels, & la sacrificature passoit à leurs enfans; on les croyoit descendus de Deucalion. Ils avoient sous eux un grand nombre de sacrificateurs subalternes; & c'est Eurypide qui nous en a instruit le plus particulierement; la lecture des poëtes grecs est une source de connoissances. (D. J.)

HOSOPLOTZ, ou HOTSEPLOTZ (Page 8:314)

HOSOPLOTZ, ou HOTSEPLOTZ, (Géog.) petite ville de Silésie, dans la principauté de Grotkau.

HOSPICE (Page 8:314)

HOSPICE, s. m. (Jurisprud.) signifie quelquefois la partie d'un monastere destinée à loger les hôtes ou étrangers; quelquefois c'est un logement détaché du couvent, que les religieux bâtissent pour y recevoir les étrangers du même ordre, qui ont besoin d'y séjourner quelque tems. On entend encore par hospice, un lieu ou entrepôt que le monastere a dans quelque endroit qui en est éloigné, pour y retirer en passant les religieux qui vont pour les affaires du couvent. (A)

HOSPITA (Page 8:314)

HOSPITA, (Mythologie.) surnom de Vénus: on lui rendoit un culte sous ce nom, & elle avoit un temple à Memphis en Egypte.

HOSPITALIER (Page 8:314)

HOSPITALIER, s. m. (Myth.) surnom que les anciens Romains donnoient à Jupiter, le nommant Jupiter hospes, parce qu'ils le regardoient comme le dieu protecteur de l'hospitalité. Les Grecs l'appelloient par la même raison CE/NIOS2, vengeur des injures faites à des hôtes; Jupiter hospitibus nam te dare jura fatentur; mais Jupiter n'étoit pas le seul des dieux qui eût le titre de protecteur de l'hospitalité. Voyez ce mot où on le prouve.

Ce n'étoit pas non plus, pour le dire en passant, à Jupiter hospitalier, que les Samaritains consacrerent leur temple de Garizim, comme le prétend M. Bossuet, mais c'étoit à Jupiter Olympien, sous l'invocation duquel il ne subsista pas même long - tems, si l'on adopte pour vrai, le récit que fait Josephe, Antiq. liv. XIII. ch. vj. de la dispute qui s'éleva en Egypte sous Ptolomée Philométor entre les Juifs & les Samaritains, au sujet de leur temple; les Samaritains soutenant que le temple de Garizim étoit le seul vrai temple du Seigneur, & les Juifs prétendant au contraire, que c'étoit celui de Jérusalem. (D. J.)

Hospitaliers (Page 8:314)

Hospitaliers, s. m. plur. (Hist. ecclésiast.) religieux que le pape Innocent III. a établis pour retirer les pauvres pélerins, les voyageurs & les enfans trouvés; ils sont habillés de noir comme les prêtres, & ont une croix blanche sur leur robe & sur leur manteau. Il y a à Paris des religieuses de l'ordre de S. Augustin, que l'on appelle hospitalieres de la charité de Notre - Dame; elles portent l'habit de S. François, avec le scapulaire blanc à l'honneur de la Vierge, & le voile noir. Ces religieuses font voeu d'hospitalité, outre les trois voeux ordinaires, & ont, lorsqu'elles vont au choeur, un manteau grisbrun, semblable à leur habit. Il y en a d'autres qui sont aussi de l'ordre de S. Augustin, & qui font les mêmes voeux, on les appelle hospitalieres de la misericorde de Jesus. Pendant l'été, elles n'ont qu'une robe blanche, avec une guimpe & un rochet de fine toile de lin: l'hiver, lorsqu'elles sont au choeur, ou qu'on porte l'extrême - onction à quelque pauvre malade de l'hôpital, elles mettent un grand manteau noir par - dessus leur rochet. C'est l'archevêque de Paris qui est leur supérieur. Diction. de Moreri.

Hospitalieres (Page 8:314)

Hospitalieres soeurs, s. f. pl. (Hist. de Malthe.) c'est le nom primitif des religieuses de l'ordre de Malthe; elles furent établies à Jérusalem au milieu de l'onzieme siecle par les mêmes marchands d'Amalphie, qui établirent les freres hospitaliers de S. Jean de Jérusalem, pour avoir soin des chrétiens d'Europe qui alloient visiter les saints lieux. Elles renoncerent au siecle quelque tems après comme les freres hospitaliers, & se consacrerent au service des pauvres & des pélerines. Elles prirent l'habit régulier qui consistoit dans une simple robe noire, sur laquelle étoit attachée du côté du coeur une croix de toile blanche à huit pointes; elles firent aussi les trois voeux solemnels de religion qu'elles prononcerent au pié du saint sépulchre, & que le patriarche de Jerusalem reçut. Après la prise de cette ville par Saladin, les soeurs hospitalieres se retirerent en Europe, & y formerent depuis des établissemens considérables. Leur naissance devoit être noble, & l'on exigeoit à leur égard les mêmes preuves que pour les chevaliers. Leur habillement consistoit dans une robe de drap rouge, avec un manteau de drap noir, sur lequel on attachoit une croix de tolle blanche à huit pointes: usage qui a varié en différentes provinces & en différens siecles. Vertot. (D. J.)

HOSPITALITÉ (Page 8:314)

HOSPITALITÉ, s. f. (Hist. sacrée & profane, Droit naturel & Morale.) l'hospitalité est la vertu d'une grande ame, qui tient à tout l'univers par les liens de l'humanité. Les Stoïciens la regardoient comme un devoir inspiré par Dieu même. Il faut, disoient - ils, faire du bien aux personnes qui viennent dans nos pays, moins par rapport à elles que pour notre propre intérêt, pour celui de la vertu, & pour perfectionner dans notre ame les sentimens humains, qui ne doivent point se borner aux liaisons du sang & de l'amitié, mais s'étendre à tous les mortels.

Je définis cette vertu, une libéralité exercée envers les étrangers, sur - tout si on les reçoit dans sa maison: la juste mesure de cette espece de bénéfice dépend de ce qui contribue le plus à la grande fin que les hommes doivent avoir pour but, savoir aux secours réciproques, à la fidélité, au commerce dans les divers états, à la concorde & aux devoirs des membres d'une même société civile.

De tous tems les hommes ont eu dessein de voyager, de former des établissemens, de connoître les pays & les moeurs des autres peuples; mais comme les premiers voyageurs ne trouvoient point de lieu de retraite dans les endroits où ils arrivoient, ils étoient obligés de prier les habitans de les recevoir, & il s'en trouvoit d'assez charitables pour leur donner un domicile, les soulager dans leurs fatigues, & leur fournir les diverses choses dont ils avoient besoin.

Abraham, pour commencer mes exemples par l'histoire sacrée, a été du nombre de ces gens compâtissans qui pratiquerent la noble bénéficence envers les étrangers, goûterent le plaisir de les recevoir & de leur procurer tous les secours possibles. Nous lisons dans la Genese que ce digne patriarche [p. 315] rencontra, en sortant de sa tente, trois voyageurs, devant lesquels il se prosterna, leur offrit de l'eau pour laver leurs piés, & du pain pour rétablir leurs force. Il ordonna en même tems à Sara de pétrir trois mesures de farine, & de faire cuire des pains sous la cendre: il fit rôtir lui - même un veau qu'il servit à ses hôtes avec les pains de Sara, du beurre & du lait.

Je ne dissimulerai point que l'exercice de l'hospitalité se trouva resserré chez les Israélites dans des bornes beaucoup trop étroites, lorsqu'ils vinrent à rompre leur commerce avec les peuples voisins; cependant, sans parler des Iduméens & des Egyptiens qui n'étoient pas compris dans cette rupture, l'esprit de cette charité ne s'éteignit pas entierement dans leur coeur, du moins l'exercerent - ils pour leurs freres, sur - tout pendant les tristes tems des captivités, où nous voyons que Tobie étoit pénétré de ce devoir. Dans les louanges que l'écriture lui donne, elle met la distribution qu'il faisoit de trois en trois ans aux prosélytes & aux étrangers de sa part dans le dixmes. Job s'écrie au milieu de ses souffrances: « Je n'ai point laissé les étrangers dans la rue, & ma porte leur a toujours été ouverte ».

Les Egyptiens convaincus que les dieux mêmes prenoient souvent la forme de voyageurs, pour corriger l'injustice des hommes, reprimer leurs violences & leurs rapines, regarderent les devoirs de l'hospitalité comme étant les plus sacrés & les plus inviolables: les voyages fréquens des sages de la Grece en Egypte, l'accueil favorable qu'ils firent à Ménélas & à Helène du tems de la guerre de Troie, montrent assez combien ils s'occupoient de la pratique de cette vertu.

Les Ethyopiens n'étoient pas moins estimables à cet égard au rapport d'Héliodore: & c'est sans doute ce qu'Homere a voulu peindre, quand il nous dit que ce peuple recevoit les dieux, & les regaloit avec magnificence pendant plusieurs jours.

Ce grand poëte ayant une fois établi l'excellence de l'hospitalité sur l'opinion de ces prétendus voyages des dieux; & les autres poëtes de la Grece ayant à leur tour publié que Jupiter étoit venn sur la terre, pour punir Lycaon qui égorgeoit ses hôtes, il n'est pas étonnant que les Grecs regardassent l'hospitalite comme la vertu la plus agréable aux dieux. Aussi cette vertu étoit - elle poussée si loin dans la Grece qu'on fonda dans plusieurs endroits des édifices publics où tous les étrangers étoient admis. C'est un beau trait de la vie d'Alexandre, que l'édit par lequel il déclara que les gens de bien de tous les pays étoient parens les uns des autres, & qu'il n'y avoit que les méchans qui fussent exclus de cet honneur.

Les rois de Perse retirerent de grands avantages de la reception favorable qu'ils firent à divers peuples, & sur - tout aux Grecs qui vinrent chercher dans leur empire une retraite contre la persécution de leurs citoyens.

Malgré le caractere sauvage & la pauvreté des anciens peuples d'Italie, l'hospitalité y fut connue dès les premiers tems. L'asyle donné à Saturne par Janus, & à Enée par Latinus en sont des preuves suffisantes. Elien même rapporte qu'il y avoit une loi en Lucanie qui condamnoit à l'amende ceux qui auroient refusé de loger les étrangers qui arrivoient dans leur pays après le soleil couché.

Mais les Romains qui succederent surpasserent toutes les autres nations dans la pratique de cette vertu; ils établirent à l'imitation des Grecs des lieux exprès pour domicilier les étrangers; ils nommerent ces lieux hospitalia ou hospitia, parce qu'ils donnoient aux étrangers le nom de hospites. Pendant la solemnité des Lectisternes à Rome on étoit obligé d'exercer l'hospitalité envers toutes sortes de gens connus ou inconnus; les maisons des particuliers étoient ouvertes à tout le monde, & chacun avoit la liberté de se servir de tout ce qu'il y trouvoit. L'ordonnance des Achéens, par laquelle ils défendoient de recevoir dans leurs villes aucun Macédonien, est appellée dans Tite - Live une exécrable violation de; droits de l'humanité. Les plus grandes maisons tiroient leur principale gloire de ce que leurs palais étoient toûjours ouverts aux étrangers; la famille des Marciens étoit unie par droit d'hospitalité avec Persée, roi de Macédoine; & Jules - César, sans parler de tant d'autres Romains, étoit attaché par les mêmes noeuds à Nicomede, roi de Bithynie. « Rien n'est plus beau, disoit Cicéron, que de voir les maisons des persounes illustres ouvertes à d'illustres hôtes, & la république est intéressée à maintenir cette sorte de libéralité; rien même, ajoûte - t - il, n'est plus utile pour ceux qui veulent acquérir, par des voies légitimes, un grand crédit dans l'état, que d'en avoir beaucoup au - dehors ».

Il est aisé de s'imaginer comment les habitans des autres villes & colonies romaines, prévenus de ces sentimens, recevoient les étrangers à l'exemple de la capitale. Ils leur tendoient la main pour les conduire dans l'endroit qui leur étoit destiné; ils leur lavoient les piés, ils les menoient aux bains publics, aux jeux, aux spectacles, aux fêtes. En un mot, on n'oublioit rien de ce qui pouvoit plaire à l'hôte & adoucir sa lassitude.

Il n'étoit pas possible après cela que les Romains n'admissent les mêmes dieux que les Grecs pour protecteurs de l'hospitalité. Ils ne manquerent pas d'adjuger en cette qualité un des plus hauts rangs à Venus, déesse de la tendresse & de l'amitié. Minerve, Hercule, Castor & Pollux jouirent aussi du même honneur, & l'on n'eut garde d'en priver les dieux voyageurs, dii viales. Jupiter eut avec raison la premiere place; ils le déclarerent par excellence le dieu vengeur de l'hospitalité, & le surnommerent Jupiter hospitalier, Jupiter hospitalis. Cicéron, écrivant à son frere Quintius, appelle toûjours Jupiter de ce beau nom; mais il faut voir avec quel art Virgile annoblit cette épithete dans l'Enéide.

Jupiter, hospitibus nam te dare jura loquuntur, Hunc loetum, Tiriisque diem, Trojâque profectis Esse velis, nostrosque hujus meminisse minores. Notre poësie n'a point de telles ressources, ni de si belles images.

Les Germains, les Gaulois, les Celtibériens, les peuples Atlantiques, & presque toutes les nations du monde, observerent aussi régulierement les droits de l'hospitalité. C'étoit un sacrilége chez les Germains, dit Tacite, de fermer sa porte à quelque homme que ce fût, connu ou inconnu. Celui qui a exercé l'hospitalité envers un étranger, ajoûtet - il, va lui montrer une autre maison, où on l'exerce encore, & il y est reçu avec la même humanité. Les lois des Celtes punissoient beaucoup plus rigoureusement le meurtre d'un étranger, que celui d'un citoyen.

Les Indiens, ce peuple compatissant, qui traitoit les esclaves comme eux - mêmes, pouvoient - ils ne pas bien acueillir les voyageurs? ils allerent jusqu'à établir, & des hospices, & des magistrats particuliers, pour leur fournir les choses nécessaires à la vie, & prendre soin des funérailles de ceux qui mouroient dans leurs pays.

Je viens de prouver suffisamment, qu'autrefois l'hospitalité étoit exercée par presque tous les peuples du monde; mais le lecteur sera bien aise d'être instruit de quelques pratiques les plus universelles

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