ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"230"> dans un livre l'ordre de la nature & les nuances de ses productions; en les distribuant dans un cabinet, on prétend suivre cet ordre, & se conformer au systeme naturel; on se croit arrivé au plus haut point de perfection; & en effet on y seroit parvenu, si ce système étoit vraiment conforme à celui de la nature. Je ne sais si l'esprit humain est capable d'une telle découverte, au moins elle paroît encore bien éloignée. On n'a fait jusqu'à présent qu'une très petite partie des observations qui doivent la précéder; on s'est contenté de combiner les caracteres tirés des différences & des ressemblances qui se trouvent entre des productons de la nature considérées dans une seule de leurs parties constituantes ou de leurs propriétés, & on a fait en conséquence des divisions & des distributions méthodiques de toutes les procuctions de la nature, tandis qu'il faudroit observer chacun de ces êtres en entier & dans chacune de ses parties, les comparer entr'eux à tous égards, & faire toute la suite de combinaisons nécessaires pour avoir des résultats généraux qui embrasseroient & qui manifesteroient l'ordre de la nature. Voyez Méthode.

Toute division méthodique, qui n'est fondée que sur des résultats particuliers, est donc fautive, & peut être démentie par de nouvelles combinaisons plus étendues & par des résultats plus généraux. On ne peut pas trop s'en défier dans l'étude de l'Histoire naturelle, soit à la lecture des livres, soit à la vue des cabinets; ils ne nous présentent qu'un tableau mal composé, puisque les objets de la nature y sont mal distribués. Cependant c'est déja un grand avantage de voir ces objets rassemblés; & leur distribution, quoique mauvaise au fond, tient à des combinaisons & à des résultats qui apprennent les rapports que quelques parties de certaines productions de la nature ont entr'elles. D'ailleurs, ces divisions méthodiques soulagent la mémoire, & semblent débrouiller le cahos que forment les objets de la nature, lorsqu'on les regarde confusément; mais il ne faut jamais oublier que ces systèmes ne sont fondés que sur les conventions arbitraires des hommes; qu'ils ne sont pas d'accord avec les lois invariables de la nature. Si on les suivoit avec une confiance aveugle, ils induiroient en erreur à chaque pas; ils ne sont que des guides infideles, dont on doit s'écarter dès que l'on a acquis assez de lumieres pour se conduire soi - même.

Histoire des Maladies (Page 8:230)

Histoire des Maladies, (Medecine.) c'est la partie la plus importante de la doctrine de la Medecine, qui consiste dans la description de tous les symptomes évidens, essentiels, qui ont précédé, qui accompagnent & qui suivent chaque espece de maladie, observés exactement dans l'individu qui en est affecté.

Cette description doit aussi renfermer tout ce qui a rapport à l'état du malade, comparé avec son âge, son sexe, son tempérament, celui de ses parens, la saison de l'année, la température de l'air, la nature du climat où il vit; celle des alimens, des eaux, dont il use habituellement, de la situation particuliere du lieu qu'il habite, & des maladies qui y régnent.

Ce n'est que sur une semblable exposition bien exacte que peut être fondée la science expérimentale du medecin. Ce n'est que par la connoissance de toutes ces circonstances qu'il parvient à bien distinguer une maladie d'avec une autre; à se mettre au fait de la marche de la nature dans le cours des différentes maladies; à former des raisonnemens pour parvenir à bien connoître leurs causes; à tirer de ces différentes connoissances, les indices qui servent à l'éclairer dans le jugement qu'il peut porter de l'évenement qui terminera la maladie; à en déduire les indications qu'il doit remplir pour son traitement, afin d'en procurer aussi promptement, aussi sûrement, & avec aussi peu de desagrément qu'il est possible, la guérison desirée, si le cas en est susceptible; ou de n'entreprendre qu'une cure palliative, si on peut en espérer quelque avantage, & qu'elle soit plus convenable que de s'abstenir absolument de tous remedes de conséquence, ainsi qu'il est souvent très - prudent de le faire.

En effet, on doit déclarer la maladie incurable, dès qu'on est bien fondé à la regarder comme telle, & se borner à conserver la vie, lorsqu'on ne peut pas rétablir la santé, & à procurer du soulagement, en attendant que la mort fournisse le moyen (que l'on doit saisir autant qu'il est possible, pour rendre complette l'histoire des maladies qui en sont susceptibles) de comparer par l'inspection anatomique des cadavres, les effets apparens de la maladie avec ceux qu'elle a produits dans la disposition des organes cachés, d'où on puisse tirer de nouvelles connoissances qui établissent des signes diagnostics, prognostics, indicans, que l'on n'avoit pas, ou que l'on ne connoissoit qu'imparfaitement avant ces recherches, relativement au cas dont il s'agit.

Ce ne peut être qu'en suivant ce plan d'après Hippocrate, & les seuls vrais maîtres de l'art qui ont marché sur ses traces, que les Medecins peuvent se flater de travailler d'une maniere véritablement utile à l'avancement de l'art de guérir, de parvenir à se procurer des succès distingués & mérités dans l'exercice de leur profession, & de se rendre recommandables à la postérité, en l'enrichissant du recueil de leurs observations. Voyez Maladie, Cure, Medecine, Observation .

HISTORIOGRAPHE (Page 8:230)

* HISTORIOGRAPHE, s. m. (Gramm. & Hist. mod.) celui qui écrit ou qui a écrit l'Histoire. Ce mot a été fait pour désigner cette classe particuliere d'auteurs; mais on l'emploie plus communément comme le titre d'un homme qui a mérité par son talent, son intégrité & son jugement, le choix du gouvernement pour transmettre à la postérité les grands évenemens du regne présent. Boileau & Racine furent nommés historiographes sous Louis XIV. M. de Voltaire leur a succédé à cette importante fonction sous le regne de Louis XV. Cet homme extraordinaire, appellé à la cour d'un prince étranger, a laissé cette place vacante, qu'on a accordée à M. Duclos, secrétaire de l'académie Françoise. Racine & Boileau n'ont rien fait. M. de Voltaire a écrit l'histoire du siecle de Louis XV. Je ne doute point que M. Duclos ne laisse à la postérité des mémoires dignes des choses extraordinaires qui se sont passées de son tems.

HISTORIQUE (Page 8:230)

* HISTORIQUE, adj. (Gramm.) qui appartient à l'Histoire. Il s'oppose à fabuleux. On dit les tems historiques, les tems fabuleux. On dit encore un ouvrage historique; la peinture historique est celle qui représente un fait réel, une action prise de l'Histoire, ou même plus généralement une action qui se passe entre des hommes; que cette action soit réelle, ou qu'elle soit d'imagination, il n'importe. Ici le mot historique distingue une classe de peintre & un genre de peinture.

HISTRION (Page 8:230)

HISTRION, s. m. (Hist. rom.) farceur, baladin d'Etrurie. On fit venir à Rome des histrions de ce pays - là vers l'an 391 pour les jeux scéniques; Tite - Live nous l'apprend, dec. I. liv. VII.

Les Romains ne connoissoient que les jeux du cirque, quand on institua ceux du théatre, où des baladins, qu'on appella d'Etrurie, danserent avec assez de gravité, à la mode de leurs pays & au son de la flûte sur un simple échafaud de planches. On nomma ces acteurs histrions, parce qu'en langue tos<pb-> [p. 231] cane un farceur s'appelloit hister, & ce nom resta toujours depuis aux comédiens.

Ces histrions, après avoir pendant quelque tems joint à leurs danses toscanes la récitation de vers assez grossiers, & faits sur le champ, comme pourroient être les vers Fescennins, se formerent en troupes, & réciterent des pieces appellées satyres, qui avoient une musique réguliere, au son des flûtes, & qui étoient accompagnées de danses & de mouvemens convenables. Ces farces informes durerent encore 220 ans, jusqu'à l'an de Rome 514 que le poëte Andronicus fit jouer la premiere piece réglée, c'est - à - dire, qui eut un sujet suivi; & ce spectacle ayant paru plus noble & plus parfait, on y accourut en foule. Ce sont donc les histrions d'Etrurie qui donnerent lieu à l'origine des pieces de théatre de Rome; elles sortirent des choeurs de danseurs étrusques. (D. J.)

HITH ou HYETH (Page 8:231)

HITH ou HYETH, (Géog.) ville maritime d'Angleterre, dans la province de Kent; c'est un des huit ports qui ont de grands privileges, & dont les députés au parlement sont appellés barons des cinq ports, parce qu'originairement on n'en comptoit que cinq. Il paroît que les Romains l'ont connu sous le nom de portus Lemanis, & ils y avoient fait une voie militaire qui alloit de cet endroit à Cantorbéry; mais aujourd'hui ce port est comme abandonné, parce que les sables l'ont presque rempli. Long. 18. 48. lat. 51. 6. (D. J.)

HIVER (Page 8:231)

HIVER, s. m. (Physiq. & Astron.) l'une des quatre saisons de l'année. Voyez Saison.

L'hiver commence le jour que le soleil est le plus éloigné du zénith, & finit lorsque la distance du soleil au zénith est moyenne entre la plus grande & la plus petite. Quel que soit le froid que nous ressentions dans cette saison, il est cependant prouvé par l'Astronomie, que le soleil est plus proche de la terre en hiver qu'en été. On trouvera aux articles Chaleur, Froid, la cause de la diminution de la chaleur en hiver.

Sous l'équateur, l'hiver, ainsi que les autres saisons, revient deux fois chaque année; mais dans tous les autres lieux de la terre on n'a jamais qu'un seul hiver par an, & cet hiver pour l'hémisphere boréal arrive lorsque le soleil est dans le tropique du capricorne, & pour l'autre hémisphere, lorsque le soleil est dans le tropique du cancer; ensorte que tous les habitans d'un même hémisphere ont l'hiver en même tems, & que les habitans d'un hémisphere ont l'hiver pendant que les autres ont l'été. Le jour du solstice d'hiver, qui tombe vers le 20 Décembre, est le plus court jour de l'année. Depuis ce jour jusqu'au commencement du printems, les jours vont en croissant, & cependant sont plus courts que les nuits, & cette double propriété des jours caractérise particulierement l'hiver. (O)

Hiver (Page 8:231)

Hiver, (Iconograph.) cette saison, ainsi que les autres, se voit caractérisée sur les anciens monumens. C'est ordinairement chez les Grecs par des femmes, & chez les Romains par de jeunes hommes qui ont des aîles, que chaque saison est personnifiée, avec les attributs qui lui conviennent.

Sur un tombeau de marbre antique, découvert dans des ruines près d'Athènes, l'Hiver est représenté sous la figure d'une femme, dont la tête est couverte avec un pan de sa robe; le génie, qui est à côté d'elle, est bien habillé, & tient pour tout symbole un liévre, parce que la chasse est alors le seul exercice de la campagne. Par d'autres monumens, l'hiver est désigné par un jeune garçon bien vêtu, bien chaussé, portant sur sa tête une couronne de rameaux sans feuilles, & tenant à la main des fruits ridés, ou des oiseaux aquatiques, comme des oies, des canards, &c. Voyez Saisons. (Iconog.)

Quelques modernes, qui ont crû faire des merveilles de s'éloigner de la simplicité de l'antique, représentent l'hiver sous la figure d'un vieillard qui se chauffe; ou d'un homme couvert de glaçons, avec la barbe & les cheveux d'une grande blancheur, & dormant dans une grotte; ou finalement, sous la forme d'une femme vêtue d'habits doublés d'une peau de mouton, & assise auprès d'un grand feu. (D. J.)

HIVERNER (Page 8:231)

HIVERNER, v. neut. c'est passer l'hiver. Il se dit d'une troupe; il se dit aussi d'un vaisseau: ce vaisseau a hiverné dans tel port.

HIZACKER (Page 8:231)

HIZACKER, (Géog.) ville d'Allemagne, dans le comté de Danneberg, au duché de Hannover.

HIZREVITES ou HEREVITES (Page 8:231)

HIZREVITES ou HEREVITES, sub. masc. pl. (Hist. mod.) sortes de religieux mahométans, de leur fondateur Hiszr ou Herevi, qu'on dit avoir été un fameux chimiste qui possédoit le grand oeuvre. Il pratiquoit aussi des abstinences & autres austérités que ses sectateurs ne se piquent pas d'imiter. Ils ont un monastere à Constantinople. Ricaut, de l'empire ottoman. (G)

HO (Page 8:231)

HO, interject. (Gram.) c'est une voix admirative. Ho, quel homme! quel coup! quel ouvrage! Elle est quelquefois aussi d'improbation, d'avertissement, d'étonnement ou de menace: Ho, ho, c'est ainsi que vous en usez avec moi! ho, il n'en ira pas comme cela! Il y a des cas où elle appelle: hola, ho, ici quelqu'un?

HOAKO (Page 8:231)

HOAKO, s. m. (Botan.) c'est une herbe qui croît à la Chine sur le mont de Pochung, près de la ville de Cin, & à laquelle on attache la propriété funeste de rendre stériles les femmes qui en goûtent. Les auteurs qui en ont fait mention, n'en ont pas donné des descriptions.

HOAMHO ou HOANGSO (Page 8:231)

HOAMHO ou HOANGSO, (Géog.) une des plus grandes rivieres du monde; elle a sa source à 23 deg. de lat. sur les confins du Tongut & de la Chine dans un grand lac enclavé dans les hautes montagnes qui séparent ces deux états; courant de - là vers le nord, elle cotoye les frontieres de la province de Xiensi & du Tongut jusqu'à 37 degrés de latitude, arrose le Tibet, passe la grande muraille vers les 38 degrés de latitude, se dégorge enfin dans l'océan de la Chine après un cours de plus de 500 lieues d'Allemagne: ses eaux sont troubles, & tirent sur le jaune - brun; elles prennent cette mauvaise qualité du salpêtre, dont les montagnes que cette riviere baigne au - dehors de la grande muraille sont remplies; c'est à cause de cette couleur jaune - brune qu'elle porte le nom d'Hoangso ou Hoamho; elle fait dans son cours des ravages épouvantables, dont les Chinois n'ont eu que trop souvent de tristes expériences. Voyez sur le cours de ce fleuve la grande carte de la grande Tartarie de M. Witsen. (D. J.)

HOANG (Page 8:231)

HOANG, (Géog.) le plus grand fleuve de la Chine; il a sa source dans un lac situé environ à quinze lieues de celui de Chiamai vers l'orient. Il coule, dit Witsen, du couchant au levant entre le royaume de Torgat & l'Inde de - là le Gange jusqu'à la Chine; d'où se portant vers le nord, il sépare le Tongut de la province de Xiensi, traverse cette province, passe la fameuse muraille de la Chine, va dans le desert de Zamo en Tartarie, se recourbe vers le midi, repasse la muraille, sépare le Xansi du Xanti, baigne l'Honan, le Xantung, le Nanghking, & se décharge dans le golfe de ce nom. Les Chinois ont joint le Hoang au golfe de Cang par un canal qui commence dans le Nanghking, coupe le Xantung, une partie de la province de Peking, & se termine au fond du golfe de Cang.

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.