ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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6°. Quoique je n'aye pas expliqué toutes les inconséquences apparentes de la loi qui condamne l'hiatus & qui en laisse pourtant subsister un grand nombre dans toutes les langues, j'ai cru néanmoins pouvoir joindre mes remarques à celles de M. Harduin: peut - être que la combinaison des unes avec les autres pourra servir quelque jour à les concilier & à faire disparoître les prétendues contradictions du système de prononciation dont il s'agit ici. En général, on doit se défier beaucoup des exceptions à une loi qui paroît universelle & fondée en nature: souvent on ne la croit violée, que parce que l'on n'en connoît pas les motifs, les causes, les relations, les degrés de subordination à d'autres lois plus générales ou plus essentielles. Eh, sans sortir des matieres grammaticales, combien de regles contradictoires & d'exceptions aujourd'hui ridicules, qui remplissent les anciens livres élémentaires & plusieurs des modernes, & qu'une analyse exacte & approfondie ramene sans embarras à un petit nombre de principes également solides, lumineux & féconds! (B. E. R. M.)

HIBERLINE (Page 8:200)

* HIBERLINE, s. f. (Manufact. en soie.) étoffe dont la chaîne & la trame sont de fleuret. Voyez Chaine, Trame & Fleuret. On s'en sert dans les manufactures de tapisseries. Voyez Tapisserie.

HIBERNIE, Pierre d' (Page 8:200)

HIBERNIE, Pierre d', s. f. (Hist. nat. Lithologie.) Quelques auteurs anglois nomment lapis hibernicus, ou tegula hibernica, une espece d'ardoise grossiere qui se trouve en Irlande & en Angleterre, dans la province de Sommerset. On en fait usage avec succès dans différentes especes de fievres, & cette pierre est fort astringente étant mêlée avec une quantité assez considérable d'alun. Voyez hill's natural history of fossils.

HIBLA (Page 8:200)

HIBLA, (Géogr. anc.) Il y avoit trois villes de ce nom en Sicile, selon Etienne le géographe, qui les distingue par les surnoms de grande, moindre & petite. Hibla major, ou Hibla la grande, étoit située assez près, & au midi du mont Etna, vers l'endroit où est la Motta di sancta Anastasia. Hibla minor, ou Hibla la moindre, étoit dans les terres de la partie méridionale de la Sicile; on la nommoit aussi Heroea. Cluvier met cette Hibla à Ragusa; ses ruines doivent se trouver entre la Vittoria & Chiaramonte. Hibla parva, ou Hibla la petite, étoit une ville maritime de Sicile, sur la côte orientale; on la nommoit le plus souvent Mégare. De - là vient que le golfe, au midi duquel elle est située, prenoit le nom de Megarensis sinus: ses ruines sont entre les deux ruisseaux nommés Cantaro fiume, & fiume san Cosmano. C'est dans cette derniere Hibla que l'on recueilloit le meilleur miel, selon Servius, sur ce vers de Virgile, eclog. 1. v. 55.

Hibloeis apibus florem depasta salicti. (D. J.)

HIBOU ou CHAT - HUANT (Page 8:200)

HIBOU ou CHAT - HUANT, alecco minor, s. m. (Hist. natur. Ornitholog.) Aldrov. oiseau de proie qui ne sort de sa retraite que la nuit. Ce hibou mâle, décrit par Willughbi, pesoit près de douze onces; l'envergure étoit d'environ trois piés; le bec avoit un pouce & demi de longueur, il étoit blanc & crochu. Cet oiseau avoit des plumes blanches, douces au toucher, & disposées de façon qu'elles formoient une sorte de coëffure qui s'étendoit de chaque côté de la tête depuis les narines jusqu'au menton; derriere ces plumes, il s'en trouvoit d'autres plus fermes & de couleur jaunâtre; les yeux étoient enfoncés au milieu de toutes ses plumes qui s'élevoient tout autour; la poitrine, le ventre & le dessous des aîles étoient blancs & parsemés de quelques taches brunes; la tête, le cou & le dos avoient du roux, du blanc & du noir ou noirâtre qui formoient des lignes & des taches. Il y avoit dans chaque aîle vingt - quatre grandes plumes qui étoient roussâtres & ponctuées de noir, les plus grandes avoient quatre taches brunes, & les plus petites seulement trois; les aîles étant pliées, s'étendoient jusqu'au bout de la queue, & même au - delà. La queue avoit quatre pouces & demi de longueur; elle étoit composée de douze plumes de même couleur que les aîles, elles avoient quatre taches brunes transversales; le bord extérieur de ces plumes & de celles des aîles étoit blanchâtre. Les jambes étoient couvertes de duvet jusqu'aux piés; les doigts n'avoient que quelques poils; le bord intérieur du doigt du milieu étoit dentelé, le doigt extérieur pouvoit se diriger en arriere comme le postérieur. Les oeufs de cet oiseau sont blancs. Willughbi, Ornith. Voyez Oiseau.

Hibou cornu (Page 8:200)

Hibou cornu, otus sive noctua, asio, oiseau de proie; Willughbi a donné la description d'une femelle de cette espece d'oiseau qui pesoit dix onces. Elle avoit environ quatorze pouces de longueur depuis l'extrémité du bec jusqu'au bout de la queue, & trois piés d'envergure. Le bec étoit noir. Un double cercle de plumes entouroit la face de cet oiseau comme celle du hibou, (voyez Hibou); les plumes du cercle extérieur avoient de petites lignes noires, blanches & rousses; les plumes du cercle intérieur étoient rousses au - dessous des yeux, l'endroit où les deux cercles se touchoient étoit noirâtre; les plumes du ventre & des piés avoient une couleur rousse; les plumes de la poitrine étoient noires, & avoient les bords en partie blancs & en partie jaunes. Le dessous des aîles étoit roux, & le dessus avoit une couleur mêlée de noir, de cendré & de jaune Le dos étoit de même couleur que les aîles. Il y avoit sur la tête deux bouquets de plumes en forme de cornes ou d'oreilles longues d'un pouce; chaque bouquet étoit composé de six plumes, dont le milieu étoit noir; le bord extérieur avoit une couleur rousse, & l'intérieur étoit mêlé de blanc & de brun. La queue avoit six ou sept bandes noires & étroites; le fond qui séparoit ces taches étoit de couleur cendrée sur la face supérieure des plumes, & jaune sur l'inférieure. Les grandes plumes des aîles avoient à peu - près les mêmes couleurs que celles de la queue. Les piés étoient couverts de duvet jusqu'aux ongles, qui avoient une couleur noirâtre. Le bord intérieur du doigt du milieu étoit applati & tranchant; le doigt extérieur pouvoit s'étendre en arriere. Willughbi, Ornith. Voyez Oiseau.

Ajoûtons d'après M. Petit le medecin (mémoires de l'acad. des Sc. an. 1736.) des particularités assez curieuses sur quelques parties de l'oeil du hibou.

Il y a au fond de l'oeil de cet oiseau de nuit une cloison qui sépare les deux yeux; elle n'a guere qu'un quart de ligne d'épaisseur, & est entierement osseuse, en quoi elle differe de celle du coq - d'Inde.

Dans les hibous vivans, on ne peut appercevoir aucun mouvement dans le globe de l'oeil. Severinus a fait la même remarque: cet oiseau, dit - il, ne remue que les paupieres, & voilà ce que cet auteur dit de meilleur; car la description & la figure qu'il donne des yeux du hibou ne valent rien.

Le plus grand mouvement est dans la paupiere supérieure; on la voit ordinairement se mouvoir toute seule & lentement; elle s'abaisse jusqu'à la paupiere inférieure, à une ligne ou environ de distance, & pour lors on voit une membrane blanchâtre qui sort obliquement de dessous la paupiere supérieure, & qui acheve de recouvrir l'oeil; c'est la troisieme paupiere qui s'abaisse ordinairement avec la paupiere supérieure.

L'on a toujours crû que la paupiere supérieure des oiseaux ne se baissoit point, excepté celle de l'autruche, & qu'il n'y avoit que la paupiere infé<pb-> [p. 201] rieure qui s'élevoit sur l'oeil. Cela est vrai dans le coq - d'Inde, le coq domestique, la poule, l'oie, le canard, le moineau & le merle; mais le pigeon, la tourterelle, le serin, & toutes les especes de hibou, ont la paupiere supérieure mobile; elle se baisse, & va trouver la paupiere inférieure. On ne voit jamais dans le hibou vivant la paupiere inférieure s'élever toute seule pour s'unir à la supérieure; néanmoins lorsqu'il est mort, c'est la paupiere inférieure qui couvre entierement l'oeil, & la paupiere supérieure ne s'est aucunement baissée.

Il faut observer ici que dans les oiseaux morts on trouve toujours la paupiere inférieure relevée, non seulement dans ceux dont la paupiere supérieure ne se baisse point pendant leur vie, comme dans le coq - d'Inde, l'oie, le canard, &c. mais encore dans ceux qui baissent & relevent la paupiere supérieure, comme les hibous, les pigeons, &c.

En regardant la face du hibou, on la trouve applatie, les yeux paroissent placés dans la même direction que ceux de l'homme; mais après avoir plumé la tête, ils paroissoient être dans une position plus oblique que dans l'homme, & moins cependant que dans les autres oiseaux, qui ne peuvent voir les objets avec précision, que d'un oeil, soit du droit, soit du gauche, excepté l'autruche.

Après avoir arraché les plumes de la tête du hibou, on remarque d'abord que son oeil a beaucoup de saillie, mais cette saillie est encore bien plus grande après avoir enlevé les paupieres.

Les muscles de l'oeil du hibou sont épais, courts, n'occupent que la base de l'oeil, & leurs tendons ne s'étendent point jusqu'à la partie antérieure de la sclérotique.

Le mouvement de la paupiere interne, si prompt dans la poule & dans plusieurs autres oiseaux, est extrèmement lent dans toutes les especes de hibou. Le globe de leur oeil n'est pas sphérique comme dans la plûpart des animaux; Sévérinus le fait ressembler à un bonnet antique, & son idée est juste: on pourroit encore le comparer de figure aux chapeaux de paille que portent nos vivandiers, dont la forme est haute, & les bords abaissés.

L'hibou voit la nuit, parce que sa prunelle est susceptible d'une extrème dilatation, par laquelle son oeil rassemble une grande quantité de cette foible lumiere, & cette grande quantité supplée à sa force. Peut - être même cet animal a - t - il l'organe de la vue plus fin que le nôtre. Brigs connoissoit un homme qui ne le cédoit point à cet égard au hibou; il lisoit aisément des lettres dans l'obscurité.

On sait que le bec de cet oiseau est crochu & ordinairement noir; mais si on le sait tremper dans l'eau pendant vingt - quatre heures, le noir s'enleve facilement comme dans toutes sortes d'oiseaux qui ont le bec de cette couleur. Le trou de ses narines est situé à la partie supérieure du bec, & est rond. La cavité du crane est grande, & contient un grand cerveau; le trou par où sort la moëlle allongée n'est pas au bas de l'occiput, comme dans le coq - d'Inde, dans l'oie & dans le canard; il est à la partie inférieure postérieure de la base du crane, comme dans l'homme.

On sait assez que le hibou s'appelle en latin axus, bubo, nicticortis, & peut - être lilith en hébreu; du moins S. Jérome paroît avoir mal rendu ce dernier mot, par celui de lamie. Isaie, chap. xxxiv. V. 14, dit suivant la Vulgate: « que le pays d'Edom ou des Iduméens, sera réduit en solitude, que la lamie y couchera, & y trouvera son repos »; mais n'est - il pas vraissemblable que le terme litith désigne plutôt un oiseau nocturne, comme le hibou, la chouette, le chal - huant, la chauve - souris, que le monstre marin qu'on nomme lamie? d'autant mieux que lilith en hébreu, signifie la nuit. Les anciens traducteurs de Louvain ont rendu lilith par fée; on croyoit encore alors dans toute la Flandres à ces sortes de génies imaginaires. (D. J.)

HIBRIDES (Page 8:201)

* HIBRIDES, adj. (Gramm.) c'est ainsi qu'on appelle les mots composés de diverses langues, tels que du grec & du latin, du grec & du françois, du françois & du latin, du latin & de l'anglois, &c.

Hibride signifie au propre un animal né de deux animaux de différentes especes, un mulet. Il n'y a presque pas un seul idiome où l'on ne rencontre de ces sortes de monstres: les amateurs de la pureté les rejettent; ont - ils raison? ont - ils tort? Il me semble que c'est à l'harmonie à décider cette question. S'il arrive qu'un composé de deux mots, l'un grec & l'autre latin, rende les idées aussi - bien, & soit d'ailleurs plus doux à prononcer, & plus agréable à l'oreille qu'un mot composé de deux mots grecs ou de deux mots latins, pourquoi préférer celui - ci?

HIDALGO (Page 8:201)

HIDALGO, s. m. (Hist. d'Espagne.) c'est le titre qu'on donne en Espagne à tous ceux qui sont de familles nobles; les gentilshommes qui ne sont pas grands d'Espagne, prennent celui - ci.

Quelques - uns croyent que hidalgo veut dire hijo de Godo, fils de Goth, parce que les meilleures familles d'Espagne prétendent descendre des Goths; mais le plus grand nombre dérivent hydalgo, de hijo d'algo, fils de quelque chose, & même il s'écrit souvent hijo d algo; c'est ainsi que pour désigner une personne qui manque de toute qualité, les François disent un homme du néant.

Quoi qu'il en soit, les hidalgo ne sont soumis qu'aux collectes provinciales, & ne payent aucuns impôts généraux; c'est pourquoi le nom de hidalgos de vengar quinientes sueldos, c'est à - dire nobles vengés des cinq cens sols, leur est donné, parce qu'après la défaite des Maures à la bataille de Clavijo, les gentilshommes vassaux du roi don Bermudo, se déchargerent du tribut de cinq cens sols qu'ils leur payoient précé demment pour les cinquante demoiselles.

Au reste, les fidalgos portugais répondent aux hidalgos espagnols, & même ces derniers prétendent le pas sur tous les ambassadeurs des cours étrangeres auprès du roi de Portugal, quand ils lui font des visites. (D. J.)

HIDE, ou HYDE (Page 8:201)

* HIDE, ou HYDE, s. f. (Hist. mod.) la quantité de terres qu'une charrue peut labourer par an. Ce mot a passé du saxon dans l'anglois. Les Anglois mesurent leurs terres par hides. Nous disons une ferme à deux, à trois, à quatre charrues, & ils disent une ferme à deux, à trois, à quatre hides. Toutes les terres de l'Angleterre furent mesurées par hides, sous Guillaume le conquérant.

HIDEUX (Page 8:201)

* HIDEUX, adj. (Gramm.) il se dit de tout objet dont la vue inspire l'effroi. On dit des spectres qu'ils sont hideux, lorsque notre imagination nous les montre maigres, secs, pâles, le regard menaçant, les cheveux hérissés. Le P. Daniel disoit de l'auteur des Provinciales, qu'il avoit couvert la doctrine de la société d'un masque hideux, sous lequel il ne la reconnoissoit pas; ce masque est plus ridicule encore que hideux. La vieillesse, la maladie, le chagrin, les changemens qu'une passion violente, telle que la terreur, la colere, apportent dans les traits d'un beau visage, peuvent le rendre hideux.

HIDROTIQUE (Page 8:201)

HIDROTIQUE, adj. (Med.) c'est un terme par lequel quelques auteurs ont désigné une sorte de fievre singuliérement accompagnée de grandes sueurs.

Le mot hidrotique est aussi employé pour synonyme de sudorifique (remede); ainsi on ne doit pas le confondre avec celui hydrotique, qui signifie la même chose qu'hydragogue.

Hidrotique vient du grec HI=DRW\S2, sudor: au lieu qu'hydrotique vient d'U)\DWR, aqua. Cette observation

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