ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"192"> même avec le sable si elle y a été mêlée; puis, en y faisant passer la herse, elle se trouvera suffi samment enterrée. Si le semis a été fait après l'hiver, les graines leveront en moins d'un mois: les gelées de printems ne lui causent aucun dommage. Les plants feront bien peu de progrès les premieres années; ils seront foibles, branchus, raffauts; il faudra les couper après la quatrieme année pour les fortifier & leur faire prendre une tige.

De tous les arbres de nos forêts, le hêtre est celui dont la transplantation est moins de ressource; soit que l'on veuille regarnir un grand canton de bois, ou en former un médiocre, on s'avise souvent de faire arracher de jeunes plants dans les forêts, & de les faire planter dans les places que l'on veut mettre en bois; c'est un bien mauvais parti à prendre: il n'y aura guere moins de desavantage à se servir de jeunes plants venus en pepiniere. On fait ordinairement ces plantations dans un terrein inculte, après n'avoir fait creuser que de fort petits trous; la transplantation se fait fort négligemment, tout périt. Si l'on veut prendre de plus grandes précautions pour les creux & la culture, la dépense sera immense; encore le succès sera - t - il fort incertain. Quoi qu'il en soit, si l'on veut risquer cette pratique, les plants d'environ deux piés de hauteur sont les plus propres à transporter: ceux qui sont plus petits n'ont pas assez de racines. Il faut bien se garder de trop retrancher ni de la tête ni des racines; on doit s'en tenir à couper le pivot, à tailler la petite cime, & à chicotter les branches.

Quoique le hêtre soit un grand & bel arbre, d'une forme réguliere & d'un aspect agréable, on n'en fait nul usage pour l'ornement des jardins; c'est un arbre commun, un arbre ignoble, on le méprise. Cependant il y a des terreins qui se refusent à la charmille, & où le hêtre formeroit les plus belles & les plus hautes palissades: c'est sur - tout à ce dernier usage qu'on pourroit l'appliquer avec le plus de succès. Ces palissades brisent les vents & résistent à leur impétuosité mieux qu'aucun autre arbre; il ne faut pas les tailler en été. Le hêtre fait beaucoup d'ombre, qui est nuisible à tout ce qui croît dessous: ses feuilles données en verd au bétail lui font une bonne nourriture; quand elles sont seches on en peut faire des paillasses, & lorsqu'elles sont à demi pourries, elles sont propres à engraisser les terres.

Le bois du hêtre est d'une grande utilité; mais on ne le fait servir qu'à de petits usages, qui, à la vérité, s'étendent à une infinité de choses. Nos charpentiers ne s'en servent pas; il est trop cassant, trop sujet à la vermoulure. Cependant les Anglois, qui par la rareté du bois, sont obligés de faire usage de tout, trouvent moyen d'employer le hêtre à de gros ouvrages. Ecoutons Ellis, auteur anglois, qui a donné en 1738, sur la culture des arbres forestiers, un traité fort petit, mais qui contient beaucoup de faits. « Le bois du hêtre, dit cet auteur, est propre à faire des membrures & des planches dont on peut former des parquets, planchers de greniers, & faire des boiseries; l'aubier de ce bois est celui de tous les arbres qui dure le moins, & où les vers font le plus grand dommage: il faut absolument l'enlever avant d'employer ce bois, qui sans cela, se tourmenteroit pendant plusieurs années. Mais si on veut rendre les planches & les membrures de bonne qualité, il faut les jetter dans l'eau immédiatement après leur sciage, & les y laisser pendant quatre ou cinq mois. Plus les planches sont minces, moins le ver les attaque. Si l'on vouloit employer le hêtre dans les bâtimens, il faudroit soutenir à trois piés au - dessus de terre des grosses pieces de ce bois, faire du feu par - dessous avec des copeaux & du fagotage jusqu'à ce que les pieces aient pris une couleur noire & une croûte; il faut plonger ensuite les extrémités des pieces dans de la poix fondue, & les employer dans les étages élevés. Au lieu de couper cet arbre en hiver, comme cela se pratique ordinairement, il faut l'abattre dans le plus grand été, & dans la force de la seve. Par expériences faites, les arbres coupés en été, ont duré fort long - tems, & ceux coupés en hiver, ont été percés par les vers, & se sont pourris en fort peu d'années. Après que l'on aura coupé ces arbres en été, il faudra les laisser un an en grume, les retourner de tems en tems, ensuite les façonner, puis les jetter dans l'eau ». Les Charrons, les Menuisiers, les Tourneurs, les Layettiers, les Gainiers, les Sabottiers, &c. font grand usage de ce bois; on lui donne de la consistence & de la durée, soit en vernissant la menuiserie, ou en passant à la fumée les autres ouvrages. Ce bois dure long - tems en lieu sec; il est incorruptible sous l'eau, dans la fange, dans les marécages; mais il périt bientôt s'il est exposé aux alternatives de la sécheresse & de l'humidité: c'est le meilleur de tous les bois à brûler & à faire du charbon.

La faine a aussi ses usages: elle a le goût de noisette; mais l'astriction qui y domine la rend peu agréable à manger; elle sert à engraisser les porcs & à faire de l'huile qui est bonne à brûler, à faire de la friture & même de la patisserie; enfin on en fait du pain dans les tems de disette. Nous avons appris aux Anglois à s'en servir.

On ne connoît encore qu'une espece de hêtre qui a deux variétés; l'une a les feuilles panachées de jaune, & l'autre les a panachées de blanc. On peut multiplier ces variétés en les greffant sur l'espece commune.

HÉTRURIE (Page 8:192)

HÉTRURIE, ou plutôt sans aspiration, ETRURIE, s. f. Etruria, (Géog. anc.) ancien nom d'une contrée de l'Italie, qui répond en grande partie à la Toscane des modernes; elle étoit séparée de la Ligurie par la riviere de Magra, & s'étendoit de là jusqu'au Tibre. Ce pays a souvent changé de nom; les Cimbriens en furent chassés par les Pelasges; ceuxci en furent dépossédés à leur tour par les Lydiens, dont un roi de Lydie fit donner aux habitans de l'Hétrurie le nom de Tyrrhéniens, parce qu'il y avoit envoyé une colonie, à la tête de laquelle il avoit mis son fils Tyrrhène; ensuite ces mêmes peuples, à cause de leurs rites pour les sacrifices, furent appellés dans la langue des Grecs, Thusci; nous en avons formé le nom moderne du pays, la Toscane, & celui du peuple, les Toscans. La mer de cette côte a conservé le nom de mer Tyrrhénienne; les Grecs nommoient l'Hétrurie, *TUR)R(HNI/A.

Anciennement, & avant la grande puissance des Romains, l'Hétrurie étoit partagée en douze peuples; Tite - Live parle de ces douze peuples, l. IV. c. xxiij. c'étoit autant de villes, qui chacune avoit son territoire; ces villes ont été indiquées par Cluvier & Holstenius; le P. Briet en a donné la table fort détaillée, avec les noms modernes, & même ceux des endroits ruinés.

Toutes ces villes furent conquises par les Romains; & sous les Césars, le nombre en fut augmenté jusqu'à quinze, si l'on en croit deux inscriptions rapportées par Gruter. Avant ce tems - là, l'Hétrurie ne contenoit que douze peuples, dont chacun avoit son lucumon, ou chef particulier. Voyez Lucumon.

Il résulte de la table du P. Briet, dont je viens de parler, que l'ancienne Hétrurie comprenoit entiérement, 1°. le duché de Massa, & ce qui est entre ce duché & l'Apennin; 2°. la Carsagnana; 3°. l'état de la république de Lucques; 4°. tout le grand duché de Toscane; 5°. le Pérusin; 6°. l'Orviétan; 7°. [p. 193] le patrimoine de S. Pierre; 8°. le duché de Castro & Ronciglione; 9°. lo stato de gli Presidii.

Telle étoit l'Hétrurie après que les Gaulois furent établis en Italie; car avant leur arrivée, les Hétrusques avoient des établissemens au - delà de l'Apennin, mais ils en furent aisément dépouillés par des peuples guerriers, auxquels une nation amollie par l'aisance & le repos, n'étoit pas en état de résister longtems.

On conçoit de ce détail, que ce seroit se tromper grossierement, que de traduire toujours l'Hétrurie par la Toscane; car quoique cet état, qui comprend le Florentin, le Pesan & le Siennois, soit une partie considérable de l'ancienne Hétrurie, il faut y en ajouter huit autres pour faire l'Hétrurie entiere. Voyez Toscane.

Ce furent les Hétrusques qui instruisirent les premiers Romains, soit parce qu'eux - mêmes avoient été éclairés par des colonies grecques, soit plutôt parce que de tout tems, une propriété de cette belle terre a été de produire des hommes de génie, comme le territoire d'Athènes étoit plus propre aux arts, que celui de Thèbes & de Lacédémone.

Il ne nous reste pour tout monument de l'Hétrurie, que quelques inscriptions épargnées par les injures du tems, & qui sont inintelligibles. En vain Gruter a publié l'alphabet de toutes ces inscriptions dans ses tables Eugubines, on n'en est pas plus avancé; les savans hommes de Toscane, particulierement ceux qui ont travaillé à éclaircir les antiquités de leur pays, comme Vincenzo Borghini, auteur très - judicieux, l'ont ingénuement reconnu.

Ils ont eu d'autant plus de raison d'avouer cette vérité, que par le témoignage des anciens Grecs & Latins, il paroît que les Hétrusques avoient une langue & des caracteres particuliers, dont ils ne donnoient la connoissance à aucun étranger, pour se maintenir par ce moyen plus aisément dans l'honorable & utile profession où ils étoient, de consacrer chez leurs voisins, & même dans des contrées éloignées, les temples & l'enceinte des villes, d'interpréter les prodiges, d'en faire l'expiation, & presque toutes les autres cérémonies de ce genre. (D. J.)

HETTGAU (Page 8:193)

HETTGAU, (Géog.) district de la basse Alsace dans le voisinage de Seltz.

HETTSTOEDT (Page 8:193)

HETTSTOEDT, (Géog.) petite ville d'Allemagne située dans le comté de Mansfeld.

HEU (Page 8:193)

HEU, s. m. (Marine.) c'est un bâtiment à varangues plates, qui tire peu d'eau, & dont les Hollandois & les Anglois se servent beaucoup. Il n'a qu'un mât, du sommet duquel sort une piece de bois qui s'avance en saillie vers la poupe qu'on appelle la corne. Cette corne & le mât n'ont qu'une même voile qui court de haut en bas de l'un à l'autre: ce même mât porte une vergue de foule, & est tenu par un gros étai qui porte aussi une voile nommée voile d'étai.

Les proportions les plus ordinaires du heu sont de soixante piés de longueur sur dix - huit de largeur; il a de creux neuf piés, & de bord onze piés & demi; la hauteur de l'étambord est de quatorze piés, celle de l'étrave quinze piés. (Z)

HEUKELUM (Page 8:193)

HEUKELUM, (Géog.) petite ville des Provincesunies, dans la Hollande sur la Linge, au - dessous de Léerdam, à deux lieues de Gorcum. Long. 22. 6. lat. 51. 55. (D. J.)

HEULOTS (Page 8:193)

HEULOTS, s. m. terme de pêche usité dans le ressort de l'amirauté de Saint - Vallery en Somme. Voyez Goblets.

HEURE (Page 8:193)

HEURE, s. f. (Astr. & Hist.) c'est la vingt - quatrieme & quelquefois la douzieme partie du jour naturel. Voyez Jour.

Le mot heure, hora, vient du Grec W)/RA, qui signi<cb-> fie la même chose, & dont l'étymologie n'est pas trop connue, les savans étant fort partagés sur ce sujet.

L'heure chez nous est une mesure ou quantité de tems égale à la vingt - quatrieme partie du jour naturel, ou de la durée du mouvement journalier que paroît faire le soleil au - tour de la terre. Quinze deg l'équateur répondent à une heure, puisque trois cens soixante degrés répondent à vingt - quatre. On divise l'heure en soixante minutes, la minute en soixante secondes, &c. Voyez Minute.

La division du jour en heure est très - ancienne, comme le prouve le P. Kirker dans son OEdip oegypt. tom. II. les heures qui sont la vingt - quatrieme partie du jour, s'appellent heures simples; les heures qui en sont la douzieme partie, s'appellent heures composées.

Les plus anciens peuples faisoient leurs heures égales à la douzieme partie du jour. Hérodote lib. II. observe que les Grecs avoient appris des Egyptiens entre autres choses, à diviser le jour en douze parties.

Les Astronomes de Cathay conservent encore aujourd'hui cette division. Ils appellent l'heure chag, & donnent à chaque chag un nom particulier pris de quelque animal. Le premier est appellé zeth, souris; le second chio, taureau; le troisieme zem, léopard; le quatrieme mau, lievre; le cinquieme chiu, crocodile; le sixieme six, serpent; le septieme vou, cheval; le huitieme vi, brebis; le neuvieme schim, singe; le dixieme you, poule; l'onzieme sou, chien, le douzieme cai, porc.

Les heures qui partagent le jour en vingt - quatre parties égales étoient inconnues aux Romains avant la premiere guerre punique. Ils ne régloient leurs jours auparavant que par le lever & le coucher du soleil.

Ils divisoient les douze heures du jour en quatre: prime ou la premiere, qui commençoit à six heures du matin; tierce ou la troisieme, à neuf; sexte ou la sixieme, à douze ou midi; & none ou la neuvieme, à trois heures après midi. Ils divisoient aussi les heures de la nuit en quatre veilles, dont chacune contenoit trois heures.

Il y a diverses sortes d'heures chez les Chronologistes, les Astronomes, les faiseurs de cadrans solaires. On divise quelquefois les heures en égales & inégales. Les heures égales sont celles qui sont la vingt - quatrieme partie du jour naturel; c'est - à - dire le tems que la terre emploie à parcourir dans son mouvement diurne de rotation quinze degrés de l'équateur.

On les appelle encore équinoxiales, parce qu'on les mesure sur l'équateur; & astronomiques, parce que les Astronomes s'en servent. Elles changent de nom suivant la maniere dont les différentes nations les comptent. Les heures astronomiques sont des heures égales que l'on compte depuis midi dans la suite continue des vingt - quatre heures. Ainsi quand un astronome dit qu'il a fait telle observation tel jour à dix - neuf heures, cela signifie tel jour à sept heures du soir.

Heures babylonieunes sont des heures égales, que l'on commence à compter depuis le lever du soleil.

Heures européennes sont des heures égales que l'on compte depuis minuit jusqu'à midi, & depuis midi jusqu'à minuit.

Heures judaïques, planétaires ou antiques, sont la douzieme partie du jour & de la nuit. Comme ce n'est qu'au tems des équinoxes que le jour artificiel est égal à la nuit, ce n'est aussi que dans ce tems que les heures du jour & de la nuit sont égales entre elles. Elles augmentent ou diminuent dans tous les autres tems de l'année. On les appelle heures antiques ou judaïques, parce que les anciens & les

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