ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"176"> sous du pubis, proche les attaches des muscles triceps supérieurs & pectineus, s'appellent hernies du trou ovalaire, parce que les parties ont passé par cette ouverture. M. de Garengeot donne des observations sur cette hernie & sur celle par le vagin, dans le premier volume des Mem. de l'Academie royale de Chirurgie.

Enfin les hernies qui sont situées à la région antérieure, ou à la région postérieure de l'abdomen depuis les fausses côtes jusqu'à l'ombilic, & depuis l'ombilic jusqu'aux os des isles, s'appellent en général hernies ventrales.

Par rapport aux parties qui forment les descentes, on leur donne différens noms. On appelle hernies de l'estomac celles où ce viscere passe par un écartement contre nature de la ligne blanche au - dessous du cartilage xiphoïde. On trouve dans le premier volume des Mém. de l'Acad. Royale de Chirurgie, une observation très - importante sur cette maladie, par M. de Garengeot.

Les exomphales formées par l'épiploon seul, se nomment épiplomphales; celles qui sont formées par l'intestin se nomment entéromphales; celles qui sont formées par l'intestin & l'épiploon, se nomment entéro - épiplomphales.

Les hernies inguinales formées par l'intestin seul, s'appellent entéroceles; celles qui sont formées par l'épiploon, s'appellent épiploceles; enfin celles qui sont formées par la vessie, se nomment hernies de vessie. M. Verdier a donné deux mémoires fort intéressans sur les hernies de vessie. Il les a réunis en une dissertation fort intéressante qu'on trouve dans le second tome des Mémoires de l'Académie royale de Chirurgie.

On distingue les hernies en celles qui se font par rupture, & en celles qui se font par l'extension & l'alongement du péritoine. Dans ce second cas, qui est sans contredit le plus ordinaire, & que quelques-uns croient le seul possible, le péritoine enveloppe les parties contenues dans la tumeur, & on appelle cette portion membraneuse, sac herniaire. Les hernies de vessie n'ont point ce sac, parce que la vessie est hors du péritoine.

On distingue encore les hernies en simples, en composées & en compliquées. La hernie simple est formée d'une seule partie, elle rentre aisément & totalement; la hernie composée ne differe de la simple, que parce qu'elle est formée de plusieurs parties. On appelle hernie compliquée celle qui est accompagnée de quelque accident particulier, ou de quelque maladie des parties voisines.

L'adhérence des parties sorties, leur étranglement par l'anneau ou par l'entrée du sac herniaire, leur inflammation & leur pourriture, sont les accidens qui peuvent accompagner les hernies.

Les abscès, le varicocele, le pneumatocele, le sarcocele, l'hydrocele aux hernies inguinales; l'hydromphale, le pneumatomphale, le sarcomphale, le varicomphale aux hernies ombilicales, sont autant de maladies qui peuvent les compliquer.

Les causes des hernies viennent du relâchement & de l'affoiblissement des parties qui composent le bas - ventre, & de tout ce qui est capable de retrécir sa capacité.

La structure des parties contenantes, & le mouvement mécanique des muscles, peuvent être regardés comme des dispositions naturelles à la formation des hernies.

Le relâchement & l'affoiblissement des parties, sont occasionnés par l'usage habituel d'alimens gras & huileux, par une sérosité abondante, par l'hydropisie, par la grossesse, par la rétention d'urine, par les vents, &c.

Les fortes pressions faites sur le ventre par des corps étrangers, & même par un habit trop étroit, les chûtes, les coups violens, les efforts & les secousses considérables, les toux & les cris continuels, les exercices du cheval & des instrumens à vent, les respirations violentes & forcées, en retrécissant la capacité du bas - ventre, & en comprimant les parties qui y sont contenues, peuvent les obliger à s'échapper, soit tout - à - coup, soit petit - à - petit, par quelque endroit de la circonférence du bas - ventre, où elles trouvent moins de résistance.

On doit ajouter à ces causes les plaies du basventre, principalement les pénétrantes: car le péritoine divisé ne se réunit que par récollement, & par conséquent les parties peuvent facilement s'échapper par l'endroit qui a été percé, & qui reste plus foible.

Les fignes des hernies sont diagnostics & prognostics. Les diagnostics font connoître quelle est l'espece de hernie. Les yeux suffisent pour en connoître la situation: il n'y a de difficulté qu'à juger si elles sont simples, ou composées, ou compliquées.

L'hernie simple forme une tumeur molle, sans inflammation ni changement de couleur à la peau, & qui disparoît lorsque le malade est couché de maniere que les muscles de l'abdomen sont dans le relâchement, ou lorsqu'on la comprime légérement, après avoir mis le malade dans une situation convenable. Si l'on applique le doigt sur l'ouverture qui donne passage aux parties, on sent leurs impulsions quand le malade tousse. Toutes ces circonstances désignent en général une hernie simple.

La tumeur formée par l'intestin est ronde, molle, égale, & rentre assez promptement en faisant un petit bruit.

La tumeur formée par l'épiploon n'est pas si ronde, ni si égale, ni si molle, & ne rentre que peu - à - peu sans faire de bruit.

La tumeur formée par une portion de la vessie déplacée, disparoît toutes les fois que le malade a uriné, ou qu'on la comprime en l'élevant légérement, parce que l'urine contenue dans la portion déplacée tombe alors dans l'autre.

On conçoit facilement que les tumeurs herniaires composées, c'est - à - dire, formées de deux ou trois sortes de parties en même tems, doivent présenter les signes des différentes especes d'hernie simple.

Lorsque les hernies sont compliquées d'adhérence seulement, ce qui les forme ne rentre pas du tout, ou ne rentre qu'en partie.

Lorsqu'elles sont compliquées d'étranglement, les parties sorties ne rentrent point ordinairement: l'inflammation y survient par l'augmentation de leur volume, qui ne se trouve plus en proportion avec le diametre des parties qui donnent le passage, & qui par - là sont censées retrécies, quoiqu'elles ne le soient que relativement. Ce retrécissement occasionne la compression des parties contenues dans la tumeur, & empêche la circulation des liqueurs. Delà viennent successivement la tension, l'inflammation & la douleur de la tumeur & de tout le ventre; le hoquet, le vomissement d'abord de ce qui est contenu dans l'estomac, & puis de matieres chyleuses & d'excrémens; la fievre, les agitations convulsives du corps, la concentration du pouls, le froid des extrémités, & enfin la mort si l'on n'y remédie.

J'ai dit que les parties étranglées ne rentroient point ordinairement: la restriction de cette proposition est fondée sur plusieurs observations d'hernies, dont on a fait la réduction sans avoir détruit l'étranglement. Il vient alors de la portion du péritoine qui étoit entre les piliers de l'anneau, laquelle par son inflammation forme un bourrelet qui étrangle l'intestin, lors même qu'il a été replacé dans la capacité du bas - ventre. Dans ce cas, les accidens sub<pb-> [p. 177] sistent. Il faut faire tousser le malade, ou l'agiter de façon que l'hernie puisse reparoître, afin d'en faire l'opération. Si l'on ne peut réussir à faire redescendre les parties, on doit faire une incision sur l'anneau, le dilater, ouvrir le sac herniaire, & débrider l'étranglement de l'intestin. On la fait avec succès; c'est une opération hardie, mais elle n'est point téméraire. On trouvera des observations de ces cas dans la suite des volumes de l'académie royale de Chirurgie. Il y en a une dans le premier tome, communiquée par M. de la Peyronie, sur l'étranglement intérieur de l'intestin par une bride de l'épiploon.

Lorsque les hernies sont compliquées de la pourriture des parties sorties, tous les symptomes d'étranglement, dont on vient de parler, diminuent, le malade paroît dans une espece de calme, & l'impression du doigt faite sur la tumeur y reste comme dans de la pâte.

On reconnoît que les hernies sont compliquées de différentes maladies dont on a parlé, aux signes de ces maladies joints à ceux de l'hernie simple ou composée.

Les signes prognostics des hernies se tirent de leur volume, de l'âge du malade, du tems que l'hernie a été à se former, des causes qui l'ont produite, du lieu qu'elle occupe, de sa simplicité, de sa composition & de sa complication.

La cure des hernies consiste dans la réduction des parties sorties, & à empêcher qu'elles ne sortent de nouveau. Il est assez facile de réduire les hernies simples & composées. Voyez Réduction.

Dans les hernies compliquées, on doit agir différemment suivant la différence des complications. Lorsque l'hernie est compliquée de l'adhérence des parties, en certains points; si ce qu'on n'a pu faire rentrer à cause de l'adhérence n'est point considérable, on fait porter au malade un brayer qui ait un enfoncement capable de contenir seulement les parties adhérentes, & dont les rebords puissent empêcher les autres parties de sséchapper; voyez Brayer. Mais quand ce qui reste au - dehors est fort considérable, on se contente de mettre un bandage suspensoire qui soutient les parties. Voyez Suspensoire.

Quant aux hernies compliquées d'étranglement & des accidens qui les suivent; les saignées, les cataplasmes & les lavemens anodyns & émolliens, les potions huileuses & la bonne situation dissipent quelquefois l'inflammation, & permettent la réduction des parties. Mais si ces remedes sont inutiles; si les accidens subsistent toujours, on fait une opération qui consiste à pincer la peau qui recouvre la tumeur; le chirurgien fait prendre par un aide la portion qu'il pinçoit avec les doigts de la main droite; il prend un bistouri droit avec lequel il incise ce pli de peau. Il continue l'incision jusqu'à la partie inférieure de la tumeur, en coulant le dos du bistouri dans la cannelure d'une sonde qu'il a glissée auparavant sous la peau dans les cellules graisseuses. La peau ainsi incisée dans toute l'étendue de la tumeur, il s'agit d'ouvrir le sac herniaire (Voyez fig. 6. Pl. VI.); ce qui se fait aisément avec le bistouri, dont on porte le tranchant horisontalement, de crainte de blesser les parties contenues dans le sac. Pour faire cette section, on pince le sac latéralement à la partie inférieure de la tumeur, ou on le souleve avec une hérigne: quand le sac est ouvert à sa partie inférieure, on passe la branche boutonnée ou mousse d'une paire de ciseaux droits ou courbes, on coupe le sac jusqu'à l'anneau, & on met par - là les parties à découvert (Voyez fig. 4. Pl. V.). Il n'est pas difficile de les réduire. On le fait souvent sans débrider l'anneau; si l'on y est obligé, on passe le long des parties une sonde cannelée jusques dans le ventre, on la porte ensuite à droite & à gauche par de petits mouvemens pour être assuré qu'elle ne pince aucune partie, & l'on coule dans sa cannelure un bistouri courbe tranchant sur la convexité; c'est le meilleur instrument pour dilater l'anneau, voyez Bistouri herniaire. Quelques praticiens ne se servent point de la sonde, mais d'un bistouri boutonné qu'on fait glisser le long du doigt indicateur gauche, dont l'extrémité est engagée à l'entrée de l'anneau. C'est un des moyens les plus assurés de dilater l'anneau, & de mettre les parties étranglées à l'abri du tranchant du bistouri. La présence de l'épiploon demande des attentions particulieres, dont nous parlerons au mot Ligature.

Après la réduction des parties on met sur l'anneau une pelote de linge remplie de charpie fine; on remplit la plaie de charpie, on la soutient avec des compresses, on fait une embrocation avec l'huile rosat sur toutes les parties environnantes, & principalement sur le ventre, & on applique le bandage convenable. Le détail de ces sortes de choses est grand, & tous les auteurs de Chirurgie satisfont sur cette matiere.

Ils ont moins bien traité ce qui regarde la cure des hernies avec gangrene. Lorsque l'hernie reste trop long - tems étranglée, les parties tombent en mortification. Mais quelque dangereux que paroisse l'accident de la gangrene dans les hernies, il y a des exemples, & même en assez grand nombre, de personnes qui en ont été guéries très - heureusement. La pratique des anciens étoit très - bornée sur ce point; il paroît que l'art a été en défaut à cet égard jusqu'au commencement de ce siecle: on attendoit tout des ressources de la nature; & il est vrai qu'il y a des circonstances si favorables, qu'on pourroit lui abandonner entierement le soin de la cure, mais il y en a d'autres où cette confiance seroit très - dangereuse. La gangrene de l'intestin exige quelquefois les procedés les plus délicats: la vie du malade peut dépendre du discernement du chirurgien dans le choix des différens moyens qui se sont multipliés par les progrès de l'art, & dont l'application, pour être heureuse, doit être faite avec autant d'intelligence que d'habileté.

Le malade peut être en différens cas qu'il est très important de distinguer, parce qu'ils ont chacun leurs indications différentes. Le premier cas, c'est lorsque l'intestin n'est pincé que dans une petite surface. Ce cas ne demande du chirurgien que des attentions qui ne sortent point des regles connues. Les symptomes d'un tel étranglement n'étant pas à beaucoup près si graves ni si violens que dans l'hernie, où tout le diametre de l'intestin est compris, il n'est pas étonnant que les personnes peu délicates, ou celles qu'une fausse honte retient, ne se déterminent pas à demander du secours dans le tems où il seroit possible de prévenir la gangrene. Les malades ne souffrent ordinairement que quelques douleurs de colique, il survient des nausées & des vomissemens; mais le cours des matieres n'étant pas pour l'ordinaire interrompu, ces symptomes peuvent paroître ne pas mériter une grande attention. La négligence des secours nécessaires donne lieu à l'inflammation de la portion pincée de l'intestin, & elle tombe bientôt en pourriture. L'inflammation & la gangrene gagnent successivement le sac herniaire & les tégumens qui le recouvrent: on voit enfin les matieres stercorales se faire jour à - travers la peau, qui est gangrenée dans une étendue circonscrite plus ou moins grande, suivant que les matieres qui sont sorties du canal intestinal se sont insinuées plus ou moins dans les cellules graisseuses; ainsi l'on ne doit point juger du desordre intérieur par l'étendue de la pourriture au - dehors. Quoique ce soient les ravages qu'elle a faits extérieurement qui frappent le

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