ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"178"> plus le vulgaire, ces apparences ne rendent pas le cas fort grave, & les secours de l'art se réduisent alors à emporter les lambeaux de toutes les parties atteintes de pourriture sans toucher aux parties saines circonvoisines: on procure ensuite, par l'usage des médicamens convenables, la suppuration qui doit détacher le reste des parties putréfiées; on s'applique enfin à déterger l'ulcere, & il n'est pas difficile d'en obtenir la parfaite consolidation.

La liberté du cours des matieres stercorales par la continuité du canal intestinal, pendant que l'intestin est étranglé, est un signe manifeste qu'il ne l'est que dans une portion de son diametre: on en juge par la facilité avec laquelle le malade va à la selle. Il est bon d'observer que ces déjections pourroient être supprimées sans qu'on pût en conclure que tout le diametre de l'intestin est étranglé; de même, le vomissement des matieres stercorales qui a toujours passé pour un autre signe caractéristique de l'étranglement de tout le diametre de l'intestin, ne doit pas passer pour absolument décisif, puisqu'on l'a observé dans des hernies où l'intestin n'étoit que pincé.

Dans l'opération par laquelle on emporte les lambeaux gangréneux, il ne faut pas dilater l'anneau. Ce seroit mettre obstacle aux heureuses dispositions de la nature; & l'on s'abuseroit fort, en croyant remplir un précepte de Chirurgie dans la dilatation de l'anneau, lorsque l'intestin gangréné a contracté des adhérences, comme cela est presque toujours, & même nécessairement dans le cas dont il s'agit. La dilatation n'est recommandée en général dans l'opération de l'hernie que pour faciliter la réduction des parties étranglées. Dans l'hernie avec pourriture & adhérence, il n'y a point de réduction à faire, & il n'y a plus d'étranglement. La crevasse de l'intestin & la liberté de l'excrétion des matieres fécales qui en est l'effet, ont fait cesser tous les accidens qui dépendoient de l'étranglement. La dilatation de l'anneau n'est plus indiquée, & elle peut devenir nuisible; l'incision peut détruire imprudemment un point d'adhérence essentiel, & donner lieu à l'épanchement des matieres stercorales dans la cavité du ventre: il peut au moins en résulter une moindre résistance à l'écoulement des matieres par la plaie, & par conséquent une plus grande difficulté au rétablissement de leur passage par la voie naturelle; ce qui est peu favorable à la guérison radicale.

L'expérience a montré que rien ne la favorise plus que l'usage des lavemens, & même quelquefois celui des purgatifs minoratifs, lorsqu'il y a de l'embarras dans les glandes du canal intestinal. Il faut en procurer le dégorgement de bonne heure, afin d'éviter les déchiremens qu'il produiroit, lorsqu'il est trop tardif, sur la plaie dont la consolidation est commencée, ou a déja fait quelques progrès. On peut voir à ce sujet les observations sur la cure des hernies avec gangrene, dans le troisieme tome des mémoires de l'académie royale de Chirurgie.

Le second cas est celui où l'intestin est pincé dans tout son diametre. La disposition de l'intestin réglera la conduite que le chirurgien doit tenir dans ce cas épineux. Si l'intestin étoit libre & sans adhérence, ce qui doit être extraordinairement rare dans le cas supposé, il faudroit se comporter comme on le feroit si l'on avoit été obligé de retrancher une portion plus ou moins longue de l'intestin gangréné, formant une anse libre dans le sac herniaire. Ce point de pratique sera discuté dans un instant. Mais si des adhérences de l'intestin mettent le chirurgien dans l'impossibilité d'en rapprocher les orifices d'une façon qui puisse faire espérer une réunion exemte de tout risque; si la nature, aidée des secours de l'art, ne paroît pas disposée à faire reprendre librement & avec facilité le cours aux matieres par les voies ordinaires, il faudra nécessairement, si l'on veut mettre la vie du malade en sûreté, procurer un nouvel anus par la portion de l'intestin qui répond à l'estomac. Plusieurs faits judicieusement observés, montrent les avantages de ce précepte, & le danger de la conduite contraire.

Dans le troisieme cas, l'intestin forme une anse libre dans l'anneau: s'il est attaqué de gangrene, sans apparence qu'il puisse se revivifier par la chaleur naturelle après sa réduction dans le ventre, il seroit dangereux de l'y replacer. Le malade périroit par l'épanchement des matieres stercorales dans la cavité de l'abdomen, il faut donc couper la portion gangrénée de l'intestin. Voici quelle étoit la pratique autorisée dans un cas pareil: on lioit la portion intestinal qui répond à l'anus; & en assujettissant dans la plaie avec le plus grand soin le bout de l'intestin qui répond à l'estomac, on procuroit dans cet endroit un anus nouveau, que les auteurs ont nommé anus artificiel, c'est - à - dire une issue permanente pour la décharge continuelle des excrémens. Des observations plus récentes, dont la premiere a été fournie par M. de la Peyronie en 1723, nous ont appris qu'en retenant les deux bouts de l'intestin dans la plaie, on pouvoit obtenir leur réunion, & guérir le malade par le rétablissement de la route naturelle des matieres fécales. Malheureusement les guérisons qui se sont faites ainsi, & qu'on a regardées comme une merveille de l'art, n'ont point été durables. Les malades tourmentés après leur guerison par des coliques qu'excitoient les matieres retenues par le rétrécissement du canal à l'endroit de la cicatrice, sont morts par la crevasse de l'intestin, qui a permis l'épanchement des matieres dans la capacité du bas - ventre, ensorte que la cure par l'anus artificiel auroit été beaucoup plus sûre, & l'on peut dire qu'elle est certaine; & que par l'autre procédé, la mort est presque nécessairement déterminée par les circonstances desavantageuses qui accompagnent une cure brillante & trompeuse.

L'art peut cependant venir utilement au secours de la nature dans ce cas. Il y a une méthode de réunir sur le champ les deux bouts de l'intestin libre, dont on a retranché la partie gangrénée, & sans qu'il reste exposé au danger de se retrécir, comme dans la réunion qu'on n'obtient qu'à la longue par le resserrement de la cicatrice extérieure. Nous devons cette méthode à l'industrie de M. Rhamdor, chirurgien du duc de Brunsvich. Après avoir amputé environ la longueur de deux piés du canal intestinal, avec une portion du mesentere, gangrénée dans une hernie; il engagea la portion supérieure de l'intestin dans l'inférieure, & il les maintint ainsi par un point d'aiguille auprès de l'anneau. Les excrémens cesserent dès - lors de passer par la playe, & prirent leur cours ordinaire par l'anus. La personne guérit en très - peu de tems: cette méthode excellente paroît susceptible de quelque perfection: elle ne convient que dans le cas où l'intestin est libre & sans aucune adhérence, mais il y a des précautions à prendre pour en assûrer le succès, & quoique l'auteur ne les ait point prises & qu'il ait parfaitement réussi, il paroît raisonnable & nécessaire de les proposer.

Il est important que ce soit la portion supérieure de l'intestin qui soit insinuée dans l'inférieure: cette attention doit décider de la réussite de l'opération; or il n'est pas toujours facile de distinguer d'abord, & dans tous les cas, quelle est précisément la portion de l'intestin qui répond à l'estomac, & quelle est celle qui conduit à l'anus. Cette difficulté n'est point un motif pour rejetter une opération dont la [p. 179] premiere tentative a été si heureuse, & qui nous promet d'autres succès. Il est à propos de retenir d'abord les deux bouts de l'intestin dans la playe, & de ne proceder à leur réunion qu'après avoir laissé passer quelques heures. Pendant ce tems, on fera prendre de l'huile d'amandes douces au malade, & on fomentera l'intestin avec du vin chaud, afin de conserver sa chaleur & l'élasticité naturelle. Ce délai paroît absolument nécessaire, non - seulement pour connoître sans risque de se méprendre quelle est précisément la partie supérieure de l'intestin, mais encore par la sûreté de la réunion; parce qu'il prouve le dégorgement des matieres que l'étranglement a retenues dans le canal intestinal, depuis l'estomac jusqu'à l'ouverture de l'intestin. Il est bien plus avantageux que ce dégorgement se fasse par la playe, que d'exposer la partie réunie par l'insertion des deux bouts de l'intestin à donner passage à ces matieres, & à leur laisser parcourir toute la route qui doit les conduire à l'anus. Quoique M. Ramdhor ne parle pas de la ligature des arteres méséraiques, dont les ramifications se distribuoient à la portion de l'intestin qu'il a coupé, comme l'hémorrhagie pourroit avoir lieu dans d'autres cas, au moins par les vaisseaux de la partie saine, dans laquelle on fait la section qui doit retrancher le boyau pourri, il est de la prudence de faire un double noeud sur la portion du mésentere, qui formera le pli par lequel les portions de l'intestin doivent être retenues & fixées dans la situation convenable.

Il nous reste à parler d'un quatrieme cas d'hernie avec gangrene, où l'intestin forme une anse qui est adhérente tombée en pourriture, & qui est à la circonférence interne de l'anneau. Ces adhérences rendent impossible l'insinuation de la partie supérieure de l'intestin dans l'inférieure; & ce cas paroît d'abord ne présenter d'autre ressource que l'établissement d'un anus nouveau dans le pli de l'aine: des observations essentielles ont montré les ressources de la nature & de l'art dans un cas aussi critique. La principale a été communiquée à l'académie royale de chirurgie par M. Pipelet l'aîné. Il fit l'opération de l'hernie crurale en 1740 à une femme, à qui il trouva l'intestin gangréné, l'épiploon, le sac herniaire dans une disposition gangréneuse, & toutes ces parties tellement confondues par des adhérences intestines, qu'il n'auroit été ni possible, ni prudent de le détruire. On se contenta de débrider l'arcade crurase, pour mettre les parties à l'aise, & faire cesser l'étranglement. On soutint les forces chancelantes de la malade par des cordiaux: le onzieme jour, la portion d'intestin se sépara, elle avoit cinq pouces de longueur. Depuis ce moment, les matieres stercorales, qui avoient coulé en partie par l'ouverture de l'intestin, & plus encore par le rectum, cesserent tout - à - coup de passer par cette derniere voie, & prirent absolument leur route par la playe. Il falloit la panser cinq ou six fois en vingt - quatre heures. La playe se détergea; & au bout de quatre mois, ses parois furent rapprochées au point de ne laisser qu'une ouverture large comme l'extrémité du petit doigt. M. Pipelet crut qu'après un si long espace de tems, les matieres fécales continueroient de sortir par ce nouvel anus: il n'espéroit ni ne prévoyoit rien de plus avantageux pour la malade, lorsque les choses changerent subitement de face, & d'une maniere inopinée. Cette femme qu'on avoit tenue à un régime assez severe, mangea indiscrétement des alimens qui lui donnerent la colique & la fievre; M. Pipelet ayant jugé à propos de la purger avec un verre d'eau de casse & deux onces de manne, fut le témoin d'un évenement aussi singulier qu'avantageux. Les matieres fécales reprirent dès ce jour leur route vers le rectum, & ne sortirent plus que par les voies naturelles, en sorte que la playe fut parfaitement cicatrisée en douze ou quinze jours: cette femme vit encore, & jouit depuis dix ans d'une bonne santé; elle a soixante & quinze ans.

Le succès inesperé que M. Pipelet a eu dans cette cure, il l'a dû à la disposition favorable des adhérences que les parties saines de l'intestin avoient contractées entre elles dans l'intérieur du ventre vis - à - vis de l'arcade. Cette disposition étoit même annoncée par une circonstance particuliere, c'est que les matieres fécales n'ont passé entierement par la playe qu'après la séparation de la portion d'intestin gangréné; & elle ne s'est faite que le onzieme jour de l'opération. Avant ce tems, la plus grande partie des matieres avoit pris sa route vers le rectum. Il est facile de concevoir comment un cas aussi grave que l'est communément la gangrene d'une assez grande portion d'intestin étranglée dans une hernie, peut devenir aussi simple que si l'intestin n'avoit été que pincé dans une petite portion de son diametre. Si les deux portions saines de l'intestin contractent dans leur adossement au - dessus de l'anneau une adhérence mutuelle; il est clair qu'après la séparation de l'anse pendante au - dehors, ces portions réunies formeront un canal continu, qui ne sera ouvert que dans la partie antérieure: & si les bords de cette ouverture sont adhérens de chaque côté à la circonférence de l'anneau, celui - ci, en se resserrant, en fera nécessairement la réunion parfaite. Ces cas se présentent quelquefois pour le bonheur des malades. (Y)

HERNIOLE (Page 8:179)

HERNIOLE, s. f. (Botan.) L'espece principale, nommée par les Botanistes herniaria, hernia glabra, est une plante basse, ayant à peine la longueur d'un empan; elle répand sur la terre de foibles branches, & porte à chaque noeud deux feuilles plus petites que celles du serpolet; les sommets de ses tiges sont chargés d'un grand nombre de petites fleurs herbacées, auxquelles succedent de petits vaisseaux séminaux pleins de graines très - menues; sa racine s'enfonce profondement en terre, & pousse beaucoup de fibres. L'herniole croît dans des lieux sablonneux, & fleurit en été; elle est toute d'usage, & passe pour dessicative & resserrante; elle rougit un peu le papier bleu, est âcre & tant soit peu salée; son sel est uni à beaucoup de soufre & de terre. (D. J.)

Herniole (Page 8:179)

Herniole, (Mat. méd.) Voyez Turquette.

HERNIQUES (Page 8:179)

HERNIQUES, s. m. pl. (Géog. anc.) peuple d'Italie dans le Latium. Ce peuple n'est connu que par les guerres qu'il eut contre les Romains, qui le soumirent de bonne heure; encore l'histoire ne parlet - elle que de quatre villes de ce peuple plus remarquables qui les autres, d'Anagny, d'Alatri, de Terentium & de Véruli: les habitans de ces dernieres villes ne voulurent point avoir part à cette guerre, & cependant ceux d'Anagny se trouverent assez forts avec le reste du pays, pour oser faire tête aux Romains. Festus pense que les Herniques tiroient leur nom des roches, que les Marses appelloient Herna dans leur langue, & les Sabins Hernoe; en effet Virgile, AEneïd. l. 7. v. 684, dit:

Hernica saxa colunt, quos dives Anagnia pascit. (D. J.)

HERNOSAND (Page 8:179)

HERNOSAND, (Géog.) ville maritime de Suede, au golfe de Bothnie dans l'Angermanie. Long. 35. 15. lat. 61. 45. (D. J.)

HÉRODIENS (Page 8:179)

HÉRODIENS, (Hist. ecclés.) nom d'une secte de Juifs au tems de Jesus - Christ.

Comme il n'en est parlé que dans saint Matthieu, ch. xxij. v. 16. & dans saint Marc, ch. iij. v. 6. & ch. xij. v. 13. nous allons rechercher quelle étoit cette secte que les évangelistes appellent Hérodiens; car les commentateurs de l'Ecriture sont sort partagés sur ce sujet.

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