ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"150"> Jupiter Hercéus; mais il en fut seulement arraché par force, & ce malheureux roi se traîna jusqu'au seuil de son palais, où il rencontra Néoptoleme, qui n'eut pas de peine à lui ôter le peu de vie que sa vieillesse & ses infortunes lui avoient laissé. (D.J.)

HERCK (Page 8:150)

HERCK, (Géog.) ville du pays de Liége, près des frontieres du Brabant, sur une riviere de même nom.

HERCULANUM (Page 8:150)

HERCULANUM, (Géog. anc.) autrement HERCULANEUM, HERCULANIUM, & HERCULEUM, ancienne ville d'Italie dans la Campanie, sur la côte de la mer, vis - à - vis du Vésuve. Pline, liv. III. c. v. la met entre Naples & Pompeii. Paterculus, liv. II. c. vj, ainsi que Florus, liv. I. c. xvj, disent qu'elle fut conquise par les Romains durant les guerres des alliés; & Columelle, liv. X, ne parle que de ses salines, qu'il nomme salines d'Hercule.

Quoe dulcis Pompeia palus, vicina salinis Herculeis. Mais l'affreuse éruption du Vésuve, qui engloutit cette ville avec d'autres de la Campanie, est une époque bien célebre dans l'histoire: on la date la premiere année de l'empire de Titus, & la 79e de l'ere chrétienne.

La description de cet évenement a été donnée par Pline le jeune, témoin oculaire. On sait que son oncle le naturaliste y perdit la vie; il se trouvoit pour lors au cap de Misene en qualité de commandant de la flotte des Romains. Spectateur d'un phénomene inoui & terrible, il voulut s'approcher du rivage d'Herculanum, pour porter, dit M. Venuti, quelques secours à tant de victimes de ces efforts insensés de la nature; la cendre, les flammes, & les pierres calcinées remplissoient l'air, obscurcissoient le soleil, détruisoient pêle - mêle les hommes, les troupeaux, les poissons, & les oiseaux. La pluie de cendres & l'épouvante, s'étendirent non seulement jusqu'à Rome, mais dans l'Afrique, l'Egypte & la Syrie. Enfin les deux villes d'Herculanum & de Pompeii, périrent avec leurs habitans, ainsi qu'avec l'historien naturaliste de l'univers; sur quoi Pline le jeune remarque noblement que la mort de son oncle a été causée par un accident mémorable, qui ayant enveloppé des villes & des peuples entiers, doit contribuer à éterniser sa mémoire.

Ce desastre avoit été précédé d'un furieux tremblement de terre, arrivé 13 ans auparavant, l'an 63 de J. C. sous le consulat de Régulus & de Virginius; & même alors, selon plusieurs auteurs, la plus grande partie d'Herculaneum fut abîmée.

Quoi qu'il en soit, cette ville voisine de la mer, située à quatre milles environ de Naples, fut ensevelie dans les entrailles de la terre, vers l'espace qui est entre la maison royale de Portici, & le village de Rétine; son port n'étoit pas loin du mont Vésuve. A quatre milles pareillement de Naples, mais du côté du levant, on trouve sous la même montagne, le hameau nommé Torre del Greco, la Tour du Grec, où l'on croit aussi qu'est enterrée la ville de Pompeii.

L'époque de la fondation d'Herculaneum est inconnue; l'on conjecture seulement du récit de Denis d'Haly carnasse, que cette fondation peut être placée 60 ans avant la guerre de Troie, & par conséquent 1342 avant J. C. Il suivroit de là qu'Herculanum auroit subsisté plus de 1400 ans; mais sans nous arrêter à discuter le terme de sa durée, ou les circonstances de sa ruine, essayons plûtôt de retracer l'histoire heureuse de sa découverte, & pour ainsi dire, de sa résurrection.

Il y a près de dix ans que l'on parle toûjours avec admiration de cette découverte. Tous ceux qui cultivent les lettres, les sciences & les arts, y sont intéressés: une ville célebre engloutie de puis plus de 1600 ans, & rendue en quelque façon à la lumiere, a sans doute de quoi réveiller la plus grande indifférence; tâchons même de contenter la curiosité.

Le prince d'Elbeuf bâtit vers l'an 1720 un logement à Portici sur le bord de la mer, & desirant de l'orner de marbres anciens, un paysan du lieu lui en apporta de très - beaux qu'il avoit trouvés en creusant son puits. Le prince acheta le terrain du paysan, & y fit travailler. Ses fouilles lui procurerent d'abord de nouveaux marbres en abondance, & ce qui valoit beaucoup mieux, sept statues de sculpture grecque. Les travailleurs poursuivant leur besogne, trouverent plusieurs colonnes d'albâtre fleuri, & de nouvelles statues, dont M. d'Elbeuf fit présent au prince Eugene de Savoie. A cette découverte de statues, succéda celle d'une grande quantité de marbres d'Afrique, qui servirent à faire une foule de petites tables; ces richesses enflées encore par la bouche de la renommée, ouvrirent les yeux au gouvernement, qui devenu jaloux, fit suspendre & cesser les excavations.

Le souvenir de ce genre de découvertes, se conservoit précieusement dans le tems où le roi des deux Siciles choisit l'agréable situation de Portici, pour s'y ménager un séjour délicieux. Alors ce monarque ne songea qu'à poursuivre avec vigueur les fouilles entamées par le prince d'Elbeuf, & le succès surpassa de bien loin son attente. La terre ayant été creusée par ses ordres jusqu'à quatre - vingt piés de profondeur, l'on découvrit le sol d'une ville abîmée sous Portici & Rétine, villages distans de six milles de Naples, entre le mont Vésuve & le bord de la mer. Enfin, les excavations ayant été poussées plus avant, on a tiré de ce terrain tant d'antiquités de toute espece, que dans l'espace de six ou sept ans, elles ont formé au roi des deux Siciles un musée tel qu'un prince de la terre, quel qu'il soit, ne sauroit dans le cours de plusieurs siecles, s'en procurer un pareil.

Voilà l'avantage des potentats: un particulier, comme le prince d'Elbeuf, auroit encore trouvé quelques fragmens d'antiquités; mais le roi de Naples faisant creuser dans le grand, & en ayant les moyens, a déterré une ville entiere, pleine d'embellissemens, de théatres, de temples, de peintures, de statues colossales & équestres, de bronzes, & de marbres enfouis dans le sein de la terre. Détaillons toutes ces merveilles.

Parmi les débris d'Herculanum, on y reconnut du premier coup d'oeil, des édifices d'une grande étendue. De ce nombre sont un temple où étoit une statue de Jupiter, & un théatre bien conservé; comme c'est ici le premier, & le plus beau des monumens que l'on a découvert, commençons par le décrire.

Ce théatre ayant été mesuré autant que le travail, & les terres amoncelées purent le permettre, l'on a jugé que sa circonférence extérieure étoit de 290 piés, & l'intérieure de 230 piés jusqu'à la scene; sa largeur étoit en - dehors de 160 piés, & en - dedans de 150; le lieu de la scene avoit environ 72 piés de large, & 30 de profondeur.

La forme de ce théatre est celle d'un demi - cercle, contenant 18 gradins dans la partie de devant, chacun desquels part du même centre: ce demi - cercle se termine ensuite par les deux extrémités en un quarré divisé en trois parties.

Trois loges élevées l'une sur l'autre, non perpendiculairement, mais de maniere que les murs du dedans étoient successivement soûtenus par les gradins, servoient de portiques, pour entrer au théa<pb-> [p. 151] tre, & pour s'y placer à son aise. Le corridor d'enhaut répondoit aux gradins de cette partie, lesquels étoient couverts, & par conséquent destinés pour les dames.

Si l'on considere la structure de ce théatre, celle de ses voûtes, l'intérieur de ses corridors construits de brique, interrompus par des corniches de marbre, ses vomitoires, ses escaliers distingués, par lesquels les sénateurs passoient pour aller d'un rang à l'autre; si l'on observe en même tems les fragmens de colonnes, les statues de toute matiere & de toute grandeur, les marbres de toute espece, afriquains, grecs, égyptiens, les agathes fleuries qui tapissoient la scene & l'orchestre, on pensera sans doute que ce monument étoit d'une grande magnificence.

Mais être surpris d'entendre parler dans une ville peu distante de Rome, d'un édifice de cette beauté, c'est oublier combien l'exemple d'une capitale a d'influence sur les provinces voisines. Les citoyens d'Herculanum ne demandoient comme les Romains, que du pain & des spectacles, panem & circenses. Leur ville anciennement habitée par les Osques, Osci, auteurs des comédies obscenes, & occupée depuis par les Etrusques, inventeurs des représentations histrioniques, devoit se distinguer plus qu'une autre, par la splendeur de son théatre, & l'amour des pieces qu'on y jouoit. Aussi quelques auteurs ont écrit que ces peuples, quoique menacés par le Vésuve, d'une ruine prochaine, préfererent le plaisir du spectacle à leur propre salut, & se laisserent accueillir par la flamme & la grêle des cailloux calcinés.

Il ne faut pas croire toutefois de pareilles anecdctes; l'embrasement du Vésuve, au rapport de Dion, fut précédé d'un tremblement de terre qui dura plusieurs jours, mais qui ne parut pas redoutable à des Campaniens, accoutumés à ces agitations de la nature: bien - tôt il s'accrut tellement, que tout sembloit prêt à être renversé. On vit sortir du volcan un nuage d'une grandeur immense, blanc, noir, ou tacheré, selon qu'il étoit plus ou moins épais, & qui élevoit avec lui la terre, la cendre, ou l'un & l'autre. A cette vûe, il n'est pas possible d'imaginer que ceux d'Herculanum ayent poussé l'amour des spectacles, jusqu'à attendre leur perte inévitable dans l'enceinte de leur théatre.

De plus, on n'a rencontré aucuns vestiges d'os dans la découverte de ce théatre; le seul sujet de curiosité en ce genre, est un squelette d'homme presque tout entier, que l'on a trouve sur l'escalier d'une maison, tenant à la main une bourse pleine de petite monnoie. En vain l'on tenta de transporter cet ancien squelette; à peine l'eut - on touché légerement, qu'il se convertit en poussiere.

Après avoir décrit le théatre, c'est le lieu d'observer qu'on trouva dans son enceinte quantité de statues qui, selon les apparences, servoient à son embellissement. Il y avoit deux de ces statues de bronze, représentant Auguste & Livie; celle - là ayant la tête nue, & le corps revêtu de la toge; celle - ci la tête voilée, & la coëffure à petits triangles, semblable à une couronne rayonnante. On découvrit à quelque distance deux autres statues de femme, & bien - tôt après, cinq autres statues de marbre, plus grandes que le naturel, dont quatre étoient couvertes de la toge. Il faut observer que toutes ces statues ont les bras & les mains d'un marbre différent de celui du reste du corps, mais d'un marbre plus beau.

Entre les statues de toute espece & de toute grandeur qu'on a déterrées dans cet endroit, on met au nombre des principales les suivantes; celle de Néron, sous la figure de Jupiter tonnant; & celle de Germanicus, l'une & l'autre plus grandes que nature; celle de Claude, & de deux femmes inconnues; une statue de marbre, représentant Vespasien; une Atalante, dans laquelle on remarque la maniere greque; enfin, deux statues de la premiere beauté assises sur la chaise curule.

On découvrit aussi douze autres statues de suite, six représentant des hommes, & six des femmes: ce sont peut - être celles des dieux Consentes, qui, selon l'opinion de Panvinio, se plaçoient dans le lieu des spectacles.

Parmi les bustes de marbre déterrés dans le même endroit, on distingue un Jupiter Ammon, une Junon, une Pallas, une Cérès, un Neptune, un Janus à deux faces, une petite fille, & un jeune garçon avec la bulle d'or au col, qui lui descend sur la poitrine; marque distinctive des enfans de qualité. Cette bulle n'est pas cependant ici en forme de coeur, selon la coutume usitée chez les Romains, elle est de figure ovale.

La découverte du théatre d'Herculanum & de ses superbes ornemens, fut suivie de celle des temples, ainsi qu'on l'espéroit; car tous les savans conviennent que les Romains avoient coûtume d'en bâtir au voisinage de leurs théatres. Comme les sacrifices précédoient les jeux, & que les jeux avoient rapport aux représentations de la scene, on devoit rencontrer quelques temples voisins du théatre dans l'ancien pays des Osques, où les jeux de ce nom, & les pieces Atellanes avoient été inventées.

En effet, il est arrivé qu'à quelque distance du théatre d'Herculanum, on a découvert deux temples de différente grandeur; l'un a 150 piés de longueur sur 60 de large; l'autre a seulement 60 piés de long, sur 42 de large; & ce dernier temple n'étoit peut - être qu'une espece de chapelle, nommée par les latins oedicula. Cependant l'intérieur avoit des colonnes, entre lesquelles étoient alternativement des peintures à fresque, & de grandes tables de marbre, enchâssées d'espace en espace dans toute la longueur des murs. Sur ces tables on lisoit les noms des magistrats qui ont présidé à la dédicace de chaque temple, ainsi que les noms de ceux qui ont contribué à les bâtir ou à les réparer.

Vis - à - vis de ces deux temples, on a trouvé un troisieme édifice, que plusieurs savans conjecturent être le forum civil d'Herculanum, ou bien un de ces temples que les anciens nommoient Peripteres.

Le terreplein de cet édifice forme un parallelogramme long d'environ 228 piés, & large de 132. Il est environné de colonnes qui soûtiennent les voûtes du portique, lequel fait le tour de la partie intérieure; les colonnes qui forment les portiques du dedans, sont au nombre de 42; les statues de bronze & de marbre, placées entre les pilastres, ont été presque toutes trouvées fondues, détruites, brisées, mutilées. Le dedans de l'édifice étoit pavé de marbre, & ses murs peints à fresque: une partie de cette peinture a été taillée avec la muraille, & transportée dans le cabinet du roi des deux Siciles.

Il ne faut pas oublier de dire, qu'outre les statues de dieux, d'empereurs, & de héros, dont nous avons parlé jusqu'ici, on a déterré dans les édifices publics, quantité de statues d'idoles, & autres de divers personnages, principalement des familles Annia & Nonia. La plus belle de toutes est la statue équestre érigée à la mémoire de Nonnius Balbus, avec une inscription en son honneur; dom Carlos a placé cette statue dans le vestibule de son palais. Elle est entourée d'une colonnade de marbre, & d'un grillage de fer: devant l'escalier du même palais, on voit la statue de Vitellius toute entiere, & de grandeur naturelle; ajoûtons que dans la classe

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