ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"109"> pour rendre les provinces à - peu - près égales, unit l'Helvétie à la Belgique. Voilà donc Pline & Ptolomée qui ont vécu après ce changement amplement justifies, pour avoir mis les Helvétiens dans la Belgique; ils devoient suivre la nouvelle disposition d'Auguste.

Toute l'Helvétie étoit divisée en quatre cantons qui, quoique compris sous le nom général d'Helvétiens, avoient cependant chacun un nom distingué, & un territoire séparé; on appelloit ces cantons Pagus Urbigenus, Pagus Ambronicus, Pagus Tigurinus, & Pagus Tugenus.

Les Urbigenes étoient les plus voisins de l'Italie; ils tiroient leur nom de la ville Urba, Orbe, ville ancienne, mais dont la splendeur ne fut pas de durée; car Aventicum, Avenche, lui enleva de bonne heure la gloire d'être non - seulement la capitale du canton, mais même de toute l'Helvétie. Avenche dut son élévation aux Romains qui, entre autres faveurs, y établirent une colonie.

On comptoit alors plusieurs autres villes dans ce canton, savoir Colonia Equestris, ou Noviodunum, aujourd'hui Noyon; Lausanna, à présent Lausanne, outre Minodum, présentement Milden, & par les François Mouldon; & Obrodunum, ou Castrum Ebrodunense, qui est Y verdun.

Les Ambrons n'avoient, selon Cluvier, que deux villes, Salodurum, & Vindonissa; on ne peut douter que Soleure ne soit la même ville que Salodurum. A l'égard de Vindonissa, dont Tacite lui - même fait mention, les Géographes se persuadent que l'on trouve aujourd'hui des vestiges de cette ville dans le village de Windisch au canton de Berne; & si les noms ont assez de rapport, la position ne convient pas mal, aussi - bien qu'à celle que lui donnent la table de Peutinger & l'Itinéraire.

Le Pagus Tigurinus tiroit son nom de la ville de Tigurum, aujourd'hui Zurick; il n'y a cependant aucun ancien écrivain qui fasse mention de la ville; mais apparemment qu'elle fut du nombre de celles que les Helvétiens brûlerent, lorsqu'ils formerent le dessein que César empêcha, de s'aller établir dans les Gaules.

Strabon est le seul des anciens auteurs qui fasse mention du Pagus Tugenus; il est toutefois vraissemblable, qu'il tiroit son nom de la ville de Tugum. à présent encore capitale d'un canton. Je m'exprime ainsi, parce que le nom me paroît le même que celui de Zug; car dans plusieurs noms de villes, qui chez les Romains commençoient par la lettre T, les Germains changeoient cette lettre en Z. De Taberna, ils firent Zabern; de Tolbiacum, Zulpich; & ainsi de Tugum, ils ont fait Zug, suivant toute apparence.

Nous avons dit ci - dessus, qu'Auguste rangea les Helvétiens sous la Belgique, & ils étoient encore censés de cette partie des Gaules, du tems de Pline & de Ptolomée. Après Constantin, ils se trouverent avec les Rauraques & les Séquaniens dans la province nommée maxima Sequanorum; peu - à - peu leur nom d'Helvétiens se perdit, & fit place à celui des Séquaniens; mais les Allemans, nation différente des Germains, quoique demeurant dans la Germanie, se jetterent dans l'Helvétie, dont il fallut leur cêder une partie; les Burgundiens ou Bourguignons envahirent l'autre, de maniere que l'Helvétie se trouvant partagée entre ces deux peuples, prit le nom d'Allemagne & de Bourgogne.

Sous les empereurs François, la partie Allemande de l'Helvétie fut gouvernée par le duc d'Allemagne & de Suabe; l'autre obéissoit à des comtes. Cette forme de gouvernement subsista très - long - tems, jusqu'à ce qu'enfin, après 13 cens ans de sujétion, ce pays recouvra son ancienne liberté, & s'associa di<cb-> vers états voisins, qui n'étoient point de l'ancicnne Helvétie, mais qui sont du corps Helvétique de nos jours, lequel corps a pris le nom de Suisse. C'est sous ce mot, que nous parlerons de la Suisse moderne, heureux pays, où les solides richesses qui consistent dans la culture des terres, sont recueillies par des mains libres & victorieuses. (D. J.)

HELVETIQUE (Page 8:109)

HELVETIQUE, adj. (Hist. mod.) ce qui a rapport aux Suisses, ou habitans des treize cantons Suisses, qu'on appelloit autrefois Helvétiens.

Le corps Helvétique comprend la république de la Suisse, consistant en treize cantons qui font autant de républiques particulieres. Voyez Canton.

Suivant les loix & coutumes du corps Helvétique, tous les différends qui sur viennent entre les différens états doivent être décidés dans le pays sans l'intervention d'aucune puissance étrangere. Il semble pourtant que les cantons catholiques ayent dérogé à cette coutume par leur renouvellement d'alliance avec la France en 1715, puisqu'il y est stipulé entre autres choses, « Que si le corps Helvétique ou quelque canton est troublé intérieurement ..... Sa Majesté ou les rois ses successeurs employeront d'abord les bons offices pour pacifier ces troubles, & que si cette voie n'avoit pas tout l'effet desiré, Sa Majesté employera à ses propres dépens les forces que Dieu lui a mises en main pour obliger l'aggresseur de rentrer dans les regles prescrites par les alliances que les cantons & les alliés ont entre eux ». Précaution qui, à la vérité, ne porte aucune atteinte à la liberté du corps Helvétique; mais qui prouve que les Suisses même ont cru l'intervention des puissances étrangeres nécessaire en cas de division parmi eux, contre ce qu'avance M. Chambers.

Le gouvernement du corps Helvétique est principalement démocratique; mais il ne l'est pas purement, & est mêlé d'aristocratie. Quand il s'agit d'une affaire qui concerne le bien commun de tous les cantons, on convoque des assemblées générales où se rendent leurs députés qui ont voix délibérative. Depuis que la religion a partagé cette république comme en deux portions, les catholiques tiennent leurs assemblées à Lucerne, & quelquefois ailleurs, & les protestans s'assemblent à Arrau.

Les assemblées générales se tiennent ordinairement vers la mi - Juin, dans l'hôtel de ville de Bade; le canton de Zurich les convoque, & ses députés y proposent les matieres de délibération. Cette république qui faisoit autrefois partie de l'empire, & étoit soumise à la maison d'Autriche, fut reconnue par cette même maison pour un état indépendant & libre par le traité de Westphalie. Voyez Suisse. (G)

HELVIDIENS (Page 8:109)

HELVIDIENS, s. m. pl. (Hist. eccles.) secte d'anciens hérétiques, ainsi nommés à cause d'Helvidius leur chef, & disciple d'Auxentius l'arien, qui enseignoit que Marie, mere de Jesus, ne continua point d'être vierge, mais qu'elle eut d'autres enfans de Joseph.

Les Helvidiens sont appellés par les Grecs Antidicomarianites. Voyez Antidicomarianites. Helvidius vivoit dans le quatrieme siecle, & S. Jérôme écrivit contre lui. (G)

HELVIENS (Page 8:109)

HELVIENS (les), Géogr. ancien peuple de la Gaule Narbonnoise; ils répondent au Vivarais de nos jours; Strabon les a mal jugés en Aquitaine. La Roche d'Abis, autrefois capitale du Vivarais, est appellée par les Latins Alba Helviorum. (D. J.)

HEM (Page 8:109)

HEM, s. m. (Chimie.) les fourneaux dans lesquels le lapis calaminaris ou la calamine est cuite, ont un foyer dressé d'un côté d'un fourneau, & séparé du fourneau même par une division ouverte par en haut, par où la flamme passe, chauffant [p. 110] ainsi & cuisant la calamine. Cette séparation est appellée le hem.

On se sert aussi de ce fourneau pour faire le cuivre jaune. Voyez les art. Cuivre & Léton.

HÉMACURIES (Page 8:110)

HÉMACURIES, s. f. pl. (Antiq.) fêtes, à ce que dit le dictionnaire de Trévoux, célébrées dans le Péloponnese en l'honneur de Pélops, à l'autel de qui l'on foüettoit de jeunes gens jusqu'à ce qu'ils l'eussent teint de leur sang; c'est ce que signifie le mot grec A(IMAKOURI/A, dérivé de AI=(MA, sang, & de KOU=ROS2, jeune homme. (D. J.)

HEMALOPIE (Page 8:110)

HEMALOPIE, s. f. terme de Chirurgie, épanchement de sang dans le globe de l'oeil, à l'occasion d'un coup, d'une chute, ou d'une plaie. Il n'est pas possible d'espérer la résolution du sang épanché dans le globe de l'oeil, par les saignées & l'application des remedes propres à calmer l'inflammation & à prévenir ses progrès. Il faut donner issue au sang épanché. La plaie, s'il y en a, est une voie pour l'evacuation de ce fluide. Ceux qui ont cru perfectionner l'opération de la cataracte par l'extraction du crystallin, en imaginant, au lieu des ciseaux dont M. Daviel, inventeur de cette opération, se sert pour couper demi - circulairement à droite & à gauche la cornée transparente au bord de la conjonctive, après avoir pénétré avec une lancette dans la chambre antérieure; ceux, dis - je, qui ont cru pouvoir éviter la multiplicité des instrumens, en se servant d'un petit bistouri pour faire la section de la cornée dans toute l'étendue convenable, ont éprouvé l'inconvénient de blesser l'iris & de procurer une hémorrhagie qui a rempli la chambre antérieure de l'oeil. Cette hémalopie, considérée en elle - même, n'a aucune mauvaise suite, parce que l'incision de la cornée permet la sortie de ce sang que le renouvellement de l'humeur aqueuse delaye. Si la plaie qui a occasionné l'épanchement du sang, n'en favorisoit pas l'issue; ou si l'hémalopie avoit pour cause l'impression de quelque corps contondant sans plaie, il seroit à propos de faire avec une lancette une ponction à la partie inférieure de la cornée transparente pour tirer le sang épanché, & par - là prévenir les desordres que son séjour & son altération pourroient produire dans le globe de l'oeil. On laveroit ensuite le globe deux ou trois fois par jour avec du lait tiede, dans lequel on auroit fait infuser du safran. Quelques praticiens préferent le lait de femme. On traiteroit d'ailleurs le malade suivant les regles que prescrivent son tempérament, & les dangers qu'on auroit à craindre de la blessure plus ou moins grave. Voyez Plaie en général, & Plaie de l'oeil en particulier. (Y)

HEMANTUS (Page 8:110)

HEMANTUS, s. m. (Botan.) genre de plante à fleur liliacée, monopétale, & découpée en six parties; le calice devient dans la suite une capsule presque globuleuse, qui est divisée en trois loges, & qui renferme des semences oblongues. Ajoûtez à ces caracteres, que les fleurs de cette plante forment des têtes composées de six feuilles. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

HÉMASTATIQUE (Page 8:110)

HÉMASTATIQUE, subst. f. (Medecine.) Voyez Statique des Animaux.

HEMATITE, ou HAEMATITE, ou SANGUINE (Page 8:110)

HEMATITE, ou HAEMATITE, ou SANGUINE, (Hist. nat. Litholog.) c'est une pierre, ou plûtôt une vraie mine de fer dont la figure varie; son tissu est tantôt strié ou par aiguilles, comme l'antimoine; tantôt il est composé de filamens ou de fibres, qui, à la couleur près, la font ressembler à du bois; tantôt elle est sphérique ou hémi - sphérique; tantôt elle est en mamelons, & formée par un assemblage de globules qui la font ressembler à une grappe de raisin; tantôt elle est garnie de pyramides & de pointes; tantôt enfin elle paroît composée de lames ou de feuillets, qui laissent quelquefois des intervalles vuides entre eux, & la font ressembler à un rayon de miel. L'hématite varie aussi pour la couleur; il y en a de rouge, de pourpre, de jaune, & de noirâtre ou couleur de fer: mais lorsqu'on l'écrase, elle est toûjours d'un rouge ou d'un jaune plus ou moins vif. L'hématite, quoique fort chargée de fer, n'est point attirable par l'aimant: le fer qu'elle donne est aigre, & il est difficile de lui procurer la ductilité convenable; il y en a dont le quintal contient jusqu'à quatre - vingt livres de ce métal. V. Fer. Voilà pourquoi quelques gens l'appellent ferret. ( - )

Hematite (Page 8:110)

Hematite, ou Sanguine, (Pierre), Mat. médic. on l'employe comme styptique dans les hémorrhagies. Juncker desapprouve son usage intérieur, comme peu éprouvé & souvent nuisible. Les fleurs de pierre hématite préparées par la sublimation avec le sel ammoniac, ne paroissent pas assez merveilleuses au même auteur, pour qu'on puisse le faire passer pour l'azoph de Paracelse, c'est - à - dire pour un remede singulier contre la cachexie, la passion hypocondriaque, la phthisie, la fievre tierce, la dyssenterie, &c. Ses fleurs sont styptiques à petite dose, & nuisent souvent par cette qualité. La teinture qu'on en retire n'est pas exempte du même reproche; elle est styptique & nauséeuse, selon l'observation de Langius: c'est toûjours Juncker qui parle.

Il est moins dangereux, tutiùs, dit encore cet auteur, de tenir une pierre hématite dans sa main, pour arréter l'hémorrhagie du nez: mais cet effet attribué si éminemment à la pierre hématite, qu'elle en a tiré son nom dans toutes les langues, ne s'observe que très - rarement; & encore faut - il qu'on ait tenté ce secours sur des sujets délicats & crédules. On garde dans les boutiques la pierre hématite porphyrisée. Les fleurs de pierre hématite ont une odeur de safran; elles se préparent comme les fleurs martiales. Voyez Fer.

La pierre hématite entre dans les pilules astringentes, & l'emplâtre styptique. (b)

Hématites (Page 8:110)

* Hématites, s. m. pl. (Hist. ecclés.) hérétiques dont S. Clément d'Alexandrie a parlé dans son liv. VII. des Stromotes: leur nom vient de A=)IMA, sang. Peut - être étoit - ce une branche des Cataphryges, qui, selon Phylatrius, à la fête de pâques employoient le sang d'un enfant dans leurs sacrifices. Voyez Cataphryges. S. Clément d'Alexandrie se contente de dire qu'ils avoient des dogmes qui leur étoient propres, & dont ils avoient été appellés Hématites. Il seroit à souhaiter que quelqu'un nous donnât une histoire des hérésies; elle supposeroit des connoissances très - étendues, expliqueroit beaucoup de faits obscurs, & formeroit le tableau le plus humiliant, mais le plus capable d'inspirer aux hommes l'esprit de la paix.

HÉMATOCELE (Page 8:110)

HÉMATOCELE, s. f. terme de Chirurgie, tumeur contre nature au scrotum, formée par la présence du sang épanché dans les cellules graisseuses de cette partie. Cette maladie vient d'une chûte ou d'un coup violent qui, en meurtrissant la partie, auront occasionné l'ouverture des vaisseaux sanguins qui arrosent la partie blessée. La tumeur est d'un rouge brun, & son traitement est le même que celui qui convient à toutes les contusions. Le malade doit être saigné plus ou moins suivant son âge, son tempérament & la force de la contusion. Les fomentations spiritueuses avec l'eau - de - vie camphrée, les compresses trempées dans cette liqueur, & soutenues d'un bandage nommé suspensoir, feront le pansement dans les premiers jours. Si la contusion menaçoit de gangrene, & que les secours qu'on vient de décrire n'ayent pu prévenir cette terminaison, il faudroit scarifier la tumeur pour débarrasser la partie du sang épanché qui suffoque le principe

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