ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"55"> particuliers, un troisieme son grave & fort sensible; je haussai d'abord le ton du petit tuyau, & il en résulta un son moins grave: ce son, lorsqu'il est trop bas, paroît maigre & un peu bourdonnant; mais il devient plus net & plus moëlleux, à mesure qu'il est plus élevé.

Par plusieurs expériences réitérées long - tems après l'observation de ce son grave, faite il y a environ huit ou neuf ans, & que j'ai communiquées à la compagnie le 29 Avril 1751; je trouvai qu'il étoit toûjours l'harmonique commun & renversé des deux sons qui le produisoient; ensorte qu'il avoit pour le nombre de ses vibrations le plus grand commun diviseur des termes de leur rapport. J'observai qu'il disparoissoit, lorsque ces deux sons formoient un intervalle harmonique; ce qui ne peut arriver autrement, puisque l'harmonique commun se trouvant alors à l'unisson du son le plus grave de l'accord, il n'en devoit résulter rien de nouveau dans l'harmonie, qu'un peu plus d'intensité.

L'intensité ou sensibilité des sons harmoniques graves varie extremement, ainsi que je m'en suis assûré par un grand nombre d'expériences; on ne les entend point sur le clavessin; le violon & le violoncelle les donnent assez foibles; ils se font beaucoup mieux sentir dans un duo de voix de dessus; les instrumens à vent, les flûtes & les tuyaux à anche de l'orgue, les rendent bien distinctement à la plus haute octave du clavier, & presque point aux octaves moyennes & basses; ils réussissent encore mieux, si l'on prend les sons de l'accord dans un plus grand degré d'aigu. C'est ce que j'ai observé avec deux petits flageolets, qui sonnoient à la quintuple octave de l'ut moyen du clavessin & même au - delà; les sons harmoniques graves y ont paru avec tant de force, qu'ils couvroient presque entierement les deux sons de l'accord.

Toutes ces différences viennent sans doute de l'intensité particuliere des sons de chaque instrument, & de chaque degré d'élévation, soit du son harmonique grave, soit des sons de l'accord: le clavessin a un son foible, & qui se perd à une petite distance; aussi est - il en défaut pour notre expérience. Au contraire les instrumens à vent, dans leurs sons aigus, se sont entendre de fort loin; faut - il donc être surpris qu'ils y soient si propres? Si leurs sons moyens ou graves ne le sont pas, c'est que leurs harmoniques graves tombent dans un trop grand degré de grave, ou que d'eux - mêmes ils n'ont pas beaucoup d'intensité. Pourquoi enfin les sons de l'accord très - aigus sont - ils absorbés par l'harmonique grave lui - même? Ne seroitce pas que leur perception est confuse, à raison de leur trop grande élévation, tandis que l'harmonique grave se trouve dans un état moyen qui n'a pas cet inconvénient.

La découverte des sons harmoniques graves, nous conduit à des conséquences très - essentielles sur l'harmonie, où ils doivent produire plusieurs effets. Je vais les exposer aussi brievement qu'il me sera possible, pour ne pas abuser plus longtems de l'attention de cette assemblée.

Il suit de la nature des harmoniques graves, qui nous est à présent connue, 1°. que dans tout accord à plusieurs sons, il en naît autant d'harmoniques graves, qu'on peut combiner deux à deux les sons de l'accord, & que toutes les fois que l'harmonique grave n'est point à une octave quelconque du plus bas des deux sons, mais à une douzieme, dix - septieme, dix - neuvieme, &c. il résulte par l'addition de cet harmonique, un nouvel accord. C'est ainsi que l'accord parfait mineur donne dans le grave un son portant l'accord de tierce & septieme majeures, accompagné de la quinte, & que l'accord de tierce & septieme mineures, aussi accompagné de la quinte, donne dans le grave un son portant l'accord de septieme & neuvieme, tandis que d'un autre côté l'accord parfait majeur, quand même on le rendroit dissonnant en y ajoûtant la septieme majeure, ne donne jamais par son harmonique grave, aucune nouvelle harmonie.

2°. Si l'accord est formé de consonnances qui ne soient point harmoniques, ou de dissonnances même les plus dures; elles se resolvent en leur fondement, & font entendre dans l'harmonique grave, un son qui fait toûjours avec ceux de l'accord un intervalle harmonique, dont l'agrément est, comme l'on sait, supérieur à tout ce que l'harmonie peut nous faire goûter. La seconde & la septieme majeure donnent, par exemple, ce son à la triple octave du - moins aigu, nous avons l'emploi d'une pareille harmonie dans les airs de tambourin, où le dessus d'un flageolet fort élevé, forme souvent avec la basse un accord doux & agréable, quoique composé de ces deux dissonnances, qui seroient presque insupportables, si elles étoient rapprochées, c'est - à - dire, réduites dans la même octave que la basse.

3°. Deux ou plusieurs sons qui, chacun en particulier n'ébranloient dans l'air que les particules harmoniques à l'aigu, & qui ne causoient tout - auplus qu'un leger frémissement aux particules harmoniques au grave, deviennent capables par leur réunion dans les accords, de mettre ces derniers dans un mouvement assez grand pour produire un son sensible, comme il conste par la présence du son harmonique grave.

4°. Si les sons d'un accord quelconque sont éloignés entre eux d'un intervalle harmonique, quoiqu'il n'en naisse aucune nouvelle harmonie; cependant les vibrations du plus grave en sont beaucoup renforcées, & leur résonnance totale n'en acquiert qu'une plus grande intensité. Il y a longtems qu'on s'est apperçû que les sons les plus graves du jeu appellé bourdon dans l'orgue, & qui sont foibles, reçoivent une augmentation notable, lorsqu'ils font accord avec les sons aigus du même jeu ou d'un autre ».

Il paroît qu'en général, suivant les expériences de M. Romieu, l'harmonique grave est plus bas que suivant celles de M. Tartini. Par exemple, on vient de voir que selon M. Romieu, la seconde majeure, ou ton majeur, donnent l'harmonique grave à la triple octave du son le moins aigu; selon M. Tartini, ce n'est qu'à la double octave; & ainsi du reste. A cette différence près, qui n'est pas fort essentielle, eu égard à l'identité des octaves, ces deux auteurs sont d'accord.

M. Romieu ajoûte dans une lettre qu'il nous a fait l'honneur de nous écrire, que la fausse quinte donna pour l'harmonique grave la quintuple octave du son le plus aigu des deux; question que M. Tartini n'avoit pas résolue, & que nous avions proposée au mot Fondamental. il prétend aussi que la distance où l'on doit être des instrumens n'est point limitée, comme M. Tartini le prétend, sur - tout si on fait l'expérience avec des tuyaux d'orgue. Enfin il est faux, selon M. Romieu, que les harmoniques graves soient toûjours la basse fondamentale des deux dessus, ainsi que le prétend M. Tartini. Pour le prouver, M. Romieu nous a envoyé un duo de Lulli, où il a noté la basse des harmoniques & la fondamentale. Ce duo est du quatrieme acte de Roland: Quand on vient dans ce bocage, &c. Les deux basses different en plusieurs endroits, & les harmoniques introduisent souvent dans la basse, selon M. Romieu, un fondement inusité & contraire à toutes les regles, quoi<pb-> [p. 56] que ce duo par sa simplicité & son chant diatonique soit le plus propre à faire paroître la basse fondamentale. Et ce seroit bien autre chose, ajoûte M. Romieu, si on choisissoit un duo où le genre chromatique dominât. Ce dernier point nous paroît mériter beaucoup d'attention. La question n'est pas absolument de savoir si la basse des harmoniques graves donne une basse fondamentale contraire ou non aux regles reçûes; mais de savoir si cette basse des harmoniques graves produit une basse plus ou moins agréable que la basse fondamentale faite suivant les regles ordinaires. Dans le premier cas, il faudroit renoncer aux regles, & suivre la basse des harmoniques donnée par la nature. Dans le second cas, il resteroit à expliquer comment une basse donnée immédiatement par la nature, ne seroit pas la plus agréable de toutes les basses possibles. (O)

HARMOSTES ou HARMOSTERES (Page 8:56)

HARMOSTES ou HARMOSTERES, s. m. (Hist. anc.) nom d'un magistrat de Lacédémone; il y avoit plusieurs harmostes, & leur office étoit de faire bâtir des citadelles, & de faire réparer les fortifications des villes. Dictionnaire de Trévoux. (G)

HARMOSYNIENS (Page 8:56)

HARMOSYNIENS, s. m. pl. (Hist. anc.) A(RMO/<-> SUNOI, officiers de la police de Lacédémone; ces officiers furent établis à Sparte pour la raison que nous allons exposer.

Lycurgue avoit eû grand soin d'ordonner tout ce qui pouvoit rendre les hommes vigoureux, capables de supporter avec beaucoup de patience & de courage, les plus grands travaux; mais à l'égard des femmes mariées, il ne leur avoit imposé d'autre loi, que celle de porter un voile quand elles iroient dans les rues, pour les distinguer des filles, qui avoient la liberté d'aller à visage découvert.

Quelque facile à observer que fût cette loi, il y eut des femmes qui ne la garderent que fort imparfaitement après la mort du législateur; ensorte qu'il fallut alors commettre des magistrats pour l'observation de son ordonnance, & l'on les appella harmosynoi. On voit ces officiers déjà nommés dans des inscriptions, soixante ou quatre - vingt ans après Lycurgue; il ne faut pas les confondre avec les harmosteres. Voyez Harmostere. (D. J.)

HARNDAL (Page 8:56)

HARNDAL, (Géog.) petite province de Suede, sur les frontieres de la Norwege, près des monts Darnfield.

HARNLAND, ou HARRIEN (Page 8:56)

HARNLAND, ou HARRIEN, (Géog.) petite province de Livonie, près du golfe de Finlande.

HARNOIS (Page 8:56)

HARNOIS, s. m. (Art milit.) armure complette, ou tout l'équipage d'un homme armé de pié en cap, d'un casque, d'une cuirasse, &c. Voyez Armure, Casque, Cuirasse , &c.

Harnois (Page 8:56)

Harnois, (Bourrelier.) terme générique qui comprend les selles, brides, croupieres, traits, & autres équipages semblables dont on harnache les chevaux de monture & de tirage.

Le harnois des chevaux de carosse est composé d'un poitrail, des montans, des chaînettes, de la bricole ou coussinet, du surdos & de ses bandes, de la croupiere, de l'avaloir d'en - bas, des reculemens ou bandes de côtés des guides & rênes. Voyez chacun de ces mots à leurs articles particuliers.

Le harnois des chevaux de chaise est composé de la selle, du poitrail, du surdos, de l'avaloir, de la croupiere, de la dossiere, & des traits. Voyez tous ces mots à leurs articles, & les fig. Pl. du Bourrelier.

La plûpart des différentes pieces qui composent les harnois des chevaux de carrosse sont garnies de plaques, de fleurons, & de boucles de cuivre doré. Les plaques & les fleurons ne servent que pour l'ornement, elles ont pour l'ordinaire des cloux ou queues de cuivre que l'on fait entrer dans les bandes de cuir, & que l'on rive par - dessous.

Harnois (Page 8:56)

Harnois, (Gasier, Rubannier, &c.) s'entend de l'assemblage des hautes lisses suspendues à leur place: ainsi on dit, un bon harnois, un mauvais harnois.

HARO, ou CLAMEUR DE HARO (Page 8:56)

HARO, ou CLAMEUR DE HARO, (Jurispr.) Voyez au mot Clameur.

Haro (Page 8:56)

Haro, (Géog.) ville d'Espagne dans la vieille Castille, au bord de l'Ebre, chef - lieu d'un comté érigé par le roi Juan II. en faveur de dom Pedre Fernandez de Valesco, tige des connétables de Castille; elle doit sa premiere fondation en 900 à Fernand Laynez: elle est à trois lieues de Nagera. Long. 15. 12. lat. 42. 35. (D. J.)

HAROUALY (Page 8:56)

HAROUALY, s. m. (Vénerie.) le valet de limier doit user de ce cri en parlant à son limier, lorsqu'il laisse courre une bête.

HARPALYCE (Page 8:56)

HARPALYCE, s. f. (Littér) nom d'une chanson amoureuse célebre dans la Grece, & qu'on avoit faite sur la mort d'une jeunefille nommée Harpalice. Aristoxène nous apprend que méprisée par Iphiclus, un des argonautes, qu'elle aimoit à la folie, elle sécha de douleur, mourut; & qu'à l'occasion de cet évenement on institua des jeux où les jeunes filles chantoient la chanson nommée harpalice. Parthenius parle aussi de cette chanson & de l'évenement qui y donna lieu. Il y avoit une autre chanson dans le même goût, appellée calycé, dont Stésichore étoit auteur: cette Calycé rebutée par son amant se précipita dans la mer. (D. J.)

HARPASTON (Page 8:56)

HARPASTON, s. m. (Gymnast.) sorte de jeu de balle fort en vogue chez les anciens; ce mot est dérivé d'A(RW=AZW, j'arrache, parce que dans ce jeu on s'arrachoit la balle les uns des autres. Cet exercice recevoit plusieurs autres noms grecs qu'il est inutile d'étaler ici; il suffit de dire qu'il étoit très - fatiguant & très - propre à fortifier tout le corps. Athénée lui donnoit la préférence sur tous les autres jeux qui sont du ressoit de la sphéristique.

Pour y joüer, dit M. Burette, on se divisoit en deux troupes qui s'éloignoient également d'une ligne nommée SKU/ROS2, que l'on traçoit au milieu du terrein, & sur laquelle on posit une balle. On tiroit derriere chaque troupe une autre ligne qui marquoit de part & d'autre les limites du jeu: ensuite les joüeurs de chaque côté couroient vers la ligne du milieu, & chacun tâchoit de se saisir de la balle, & de la jetter au - delà de l'une des deux lignes qui marquoit le but, pendant que ceux du parti contraire faisoient tous leurs efforts pour défendre leur terrein & pour envoyer la balle vers l'autre ligne. Ces efforts opposés causoient une espece de combat sort échauffé entre les joüeurs, qui s'arrachoient la balle, qui la chassoient du pié & de la main, en faisant différentes feintes, qui se poussoient les uns les autres, & quelquefois se culbutoient. Enfin le gain de la partie étoit pour la troupe qui avoit envoyé la balle le plus grand nombre de fois dans un jeu, au - delà de cette ligne qui bornoit le terrein des antagonistes.

On voit par - là que cet exercice tenoit en quelque maniere de la course, du saut, de la lutte, & du pancrace. C'est à Pollux, dans son Onomastic. liv. IX. ch. vij. sect. 104. que nous en devons la description. (D. J.)

HARPE (Page 8:56)

HARPE, s. f. (Hist. anc. & Lutherie.) instrument de Musique. Son origine est fort ancienne; David en joüoit pour chanter les loüanges du Seigneur, & les sons mélodieux qu'il en tiroit empêchoient Saül d'être tourmenté du démon. La harpe du prophete - roi n'étoit pas celle d'aujourd'hui; il n'auroit pû danser devant l'arche en joüant de cet instrument. On ignore & quelle étoit la harpe de David, & quel est l'inventeur de la nôtre. Les noms des inventeurs des choses utiles ou agréables sont presque tous ensevelis dans les ténebres des tems, moins parce que les écrits de ceux qui ont voulu conserver ces noms à

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