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Il n'en est pas de même de notre langue: par exemple, quoiqu'on convienne aujourd'hui qu'elle a des breves & des longues, ce n'est pas à cette distinction que les inventeurs de notre poésie se sont attachés pour en fonder l'harmonie, mais simplement au nombre des mesures & à l'assonance des finales de deux en deux vers. Ils ont aussi admis quelques inversions, mais légeres & rares; ensorte qu'on ne peut bien décider si nous sommes plus ou moins riches à cet égard que les anciens, parce que l'harmonie de nos vers ne dépend pas des mêmes causes que celle de leur poésie.
L'harmonie des vers répond exactement à la mélodie
du chant. L'une & l'autre sont une succession
naturelle & sensible des sons. Or comme dans la
seconde un air filé sur les mêmes tons endormiroit,
& qu'un mauvais coup d'archet cause une dissonnance
physique qui choque la délicatesse des organes;
de même dans la premiere, le retour trop fréquent
des mêmes rimes ou des mêmes expressions,
le concours ou le choc de certaines lettres, l'union
de certains mots, produisent ou la monotonie ou
des dissonnances. Les sentimens sont partagés sur nos
vers alexandrins, que quelques auteurs trouvent
trop uniformes dans leurs chûtes, tandis qu'ils paroissent
à d'autres très - harmonieux. Le mélange des
vers & l'entrelacement des rimes contribuent aussi
beaucoup à l'harmonie, pourvû que d'espace en espace
on change de rimes, car souvent rien n'est
plus ennuyeux que les rimes trop souvent redoublées.
Voyez
Harmonie évangélique (Page 8:53)
Le premier essai de ces sortes d'ouvrages est attribué à Tatien, qui l'intitula Diatessaron, ou à Théophile d'Antioche qui vivoit dans le second siecle. Leur exemple a été suivi par d'autres écrivains; savoir, par Ammonius d'Alexandrie, Eusebe de Césarée, Jansenius évêque d'Ypres, M. Thoinard, M. Wisthon, le P. Lamy de l'Oratoire, &c. (G)
Harmonie préétablie (Page 8:53)
Ce qui augmente la difficulté est qu'une machine humaine contient un nombre presque infini d'organes, & qu'elle est continuellement exposée au choc des corps qui l'environnent, & qui par une diversité innombrable d'ébranlemens excitent en elle mille sortes de modifications. Le moyen de comprendre qu'il n'arrive jamais de changement dans cette harmonie préétablie, & qu'elle aille toûjours son train pendant la plus longue vie des hommes, nonobstant les variétés infinies de l'action réciproque de tant d'organes les uns sur les autres. environnés de toutes parts d'une infinité de corpuscules, tantôt froids, tantôt chauds, tantôt secs, tantôt humides, toûjours actifs, toûjours picotant les nerfs. J'accor<pb-> [p. 54]
Comparons maintenant l'ame de César, avec un atome d'Epicure; j'entends un atome entouré de vuide de toutes parts, & qui ne rencontreroit jamais aucun autre atome. La comparaison est très - juste; car d'un côté cet atome a une vertu naturelle de se mouvoir, & il l'exécute sans être aidé de quoique ce soit, & sans être traversé par aucune chose; & de l'autre côté l'ame de César est un esprit qui a reçû une faculté de se donner des pensées, & qui l'exécute sans l'influence d'aucun autre esprit, ni d'aucun corps; rien ne l'assiste, rien ne la traverse. Si vous consultez les notions communes & les idées de l'ordre, vous trouverez que cet atome ne doit jamais s'arrêter, & que s'étant mû dans le moment précédent, il doit se mouvoir dans ce moment - ci, & dans tous ceux qui suivront, & que la maniere de son mouvement doit être toûjours la même. C'est la suite d'un axiome approuvé par M. Leibnits: Nous concluons, dit - il, non - seulement qu'un corps qui est en repos, sera toûjours en repos, mais aussi qu'un corps qui est en mouvement, gardera toûjours ce mouvement ou ce changement, c'est - à - dire la même vîtesse & la même direction, si rien ne survient qui l'empêche. Voyez Mémoire inseré dans l'histoire des ouvrages des Savans, Juillet 1694. On se moqua d'Epicure lorsqu'il inventa le mouvement de déclinaison: il le supposa gratuitement pour tâcher de se tirer du labyrinthe de la fatale nécessité de toutes choses. On conçoit clairement qu'afin qu'un atome qui aura décrit une ligne droite pendant deux jours, se détourne de son chemin au commencement du troisieme jour; il faut ou qu'il rencontre quelque obstacle, ou qu'il lui prenne quelqu'envie de s'écarter de sa route, ou qu'il renferme quelque ressort qui commence a joüer dans ce moment - là: la premiere de ces raisons n'a point lieu dans l'espace vuide; la seconde est impossible, puisqu'un atome n'a point la vertu de penser; la troisieme est aussi impossible dans un corpuscule absolument un. Appliquons ceci à notre exemple.
L'ame de César est un être à qui l'unité convient au sens de rigueur; la faculté de se donner des pensées est, selon M. Leibnits, une propriété de sa nature: elle l'a reçûe de Dieu, quant à la possession & quant à l'exécution. Si la premiere pensée qu'elle se donne est un sentiment de plaisir, on ne voit pas pourquoi la seconde ne sera pas aussi un sentiment de plaisir; car lorsque la cause totale d'un effet demeure la même, l'effet ne peut pas changer. Or cette ame au second moment de son existence ne reçoit pas une nouvelle faculté de penser; elle ne fait que retenir la faculté qu'elle avoit au premier moment, & elle est aussi indépendante du concours de toute autre cause au second moment qu'au premier; elle doit donc reproduire au second moment la même pensée qu'elle venoit de produire. Si je suppose que dans certain instant l'ame de César voit un arbre qui a des fleurs & des feuilles, je puis concevoir que tout aussi - tôt elle souhaite d'en voir un qui n'ait que des feuilles, & puis un qui n'ait que des fleurs; & qu'ainsi elle se fera successivement plusieurs images qui naîtront les unes des autres; mais on ne sauroit se représenter comme possibles les changemens bisarres du blanc au noir & du oui au non, ni ces sauts tumultueux de la terre au ciel, qui sont ordinaires à la pensée d'un homme. Par quel ressort une ame seroit - elle déterminée à interrompre ses plaisirs,
M. Leibnits proposa son système pour la premiere fois dans le Journal des Savans de Paris, 1695. M. Bayle proposa ses doutes sur cette hypothèse dans l'article Borarius de son dictionnaire. La replique de M. Leibnits parut dans le mois de Juillet de l'histoire des ouvrages des Savans, ann. 1698. Ce système fut attaqué successivement par le pere Lami, dans son traité de la connoissance de soi - même, par le pere Tournemine; Newton, Clark, Sthal, parurent sur les rangs en différens tems.
Le principal défenseur de cette hypothèse fut M. Wolf dans sa Métaphysique allemande & latine; c'est cette hypothèse qui servit à ses ennemis de principal chef d'accusation contre lui. Après bien des peines inutiles qu'ils s'étoient données pour le faire passer pour athée & spinosite, M. Lang zélé théologien s'avisa de l'attaquer de ce côté - là. Il fit voir à Fréderic feu roi de Prusse, que par le moyen de l'harmonie préétablie, tous les déserteurs étoient mis à couvert du châtiment; les corps des soldats n'étant que des machines sur lesquelles l'ame n'a point de pouvoir, ils désertoient nécessairement. Ce raisonnement malin frappa de telle sorte l'esprit du roi, qu'il donna ordre que M. Wolf fût banni de tous ses états dans l'espace de trois jours.
Harmonie (Page 8:54)
Harmonie (Page 8:54)
HARMONIQUE (Page 8:54)
HARMONIQUE, adjectif, (Musique.) est ce qui
appartient à l'harmonie. Proportion harmonique, est
celle dont le premier terme est au troisieme, comme
la différence du premier au second, est à la différence
du second au troisieme. Voyez
Harmonique, pris substantivement & au féminin,
se dit des sons qui en accompagnent un autre & forment
avec lui l'accord parfait: mais il se dit sur - tout
des sons concomitans qui naturellement accompagnent
toûjours un son quelconque, & le rendent appréciable.
Voyez
L'exacte vérité dont nous faisons profession, nous
oblige de dire ici que M. Tartini n'est point le premier
auteur de la découverte des sons harmoniques
graves, comme nous l'avions annoncé au mot
Nous ignorons si M. Tartini a eu connoissance de ce mémoire; mais quoi qu'il en soit, on ne peut refuser à M. Romieu la priorité d'invention. Voici l'extrait de son mémoire.
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