ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"993"> gens oisifs sans occupation & souvent sans jugement. Hist. rom. tome VIII. pag. 115.

Outre les differentes guerres précédentes, il y en a une particuliere qui se fait avec peu de troupes par des detachemens ou des partis, à laquelle on donne le nom de petite guerre; ceux qui commandent ces petits corps de troupes sont appellés partisans.

Ils servent à mettre le pays ennemi à contribution; à épier, pour ainsi dire, toutes les démarches du général ennemi: pour cet esset, ils rodent continuellement autour de son camp, ils y font des prisonniers qui donnent souvent des lumieres sur ses desseins; on s'instruit par ce moyen de tout ce que fait l'ennemi, des differentes troupes qu'il envoye à la guerre, & des fourrages qu'il ordonne. En un mot cette guerre est absolument nécessaire non - seulement pour incommoder & harceler l'ennemi dans toutes ses opérations, mais pour en informer le général; ce qui le met en état de n'être point surpris. Rien ne contribue plus à la sûreté d'une armée que les partis, lorsqu'ils sont commandes par des officiers habiles & intelligens. Voyez Partis, Partisans, & l'article suivant.

Jusqu'ici nous n'avons parlé que de la guerre de terre: la guerre navale ou la guerre de mer demanderoit beaucoup plus de détails; mais nous nous contenterons d'observer que cette guerre peut heureusement seconder celle de terre, dans les pays ou les royaumes à portée de la mer.

Les armées navales assûrent les côtes, elles peuvent dispenser d'employer un grand nombre de troupes pour les garder. « Je pense, dit M. de Santa - Crux sur ce sujet, qu'il faut que vos armecs navales soient supérieures, ou n'en point avoir du - tout, à l'exception de quelques galeres qui servent toûjours soit pour garder les côtes contre les corsaires, soit pour les secours. Un prince puissant sur mer évite la dépense de beaucoup de troupes, il se rend sans opposition maitre des iles des ennemis, en leur coupant par ses vaisseaux tous les secours de terre - ferme; il ruine le commerce de ses ennemis, & rend libre celui de ses états, en frisant escorter par des vaisseaux de guerre ceux des marchands, qui payent au delà de l'escorte.

Celui qui est supérieur sur mer fait avec les princes neutres tous les traités de Commerce aussi avantageux qu'il veut; il tient dans le respect les pays les plus eloignés, qui pour n'avoir pas eu tous les égards convenables, ont liou de craindre un débarquement ou un bombardement. Quand même les ennemis, pour garder leurs côtes, seroient forcés de faire la dépense d'entretenir beaucoup de troupes; si la frontiere de mer est longue, ils ne sauroient veus empêcher de prendre terre, & de piller une partie de leur pays, ou de surprendre quelque place, parce que votre slotte qui menace un endroit, pourra au premier vent favorable, arriver infiniment plûtôt à un autre que ne sauroient faire les régimens ennemis qui avoient accouru à l'endroit où votre armée navale les appelloit d'abord; & chacun comprend aisément qu'il est impossible que les ennemis ayent cent lieues de côtes de mer assez bien garnies & retranchées, sans qu'il soit nécessaire pour empêcher un débarquement, que les troupes d'un autre poste accourent pour soûtenir celles du poste où se fait la descente ».

Les forces navales sont en effet si importantes, qu'elles ne doivent jamais être négligées. « La mer, dit un grand ministre, est celui de tous les héritages sur lequel tous les souverains prétendent plus de part, & cependant c'est celui sur lequelles droits d'un chacun sont moins éclaircis: l'empire de cet élément ne sut jamais bien assûré à personne; il a été sujet à divers changemens, seion l'inconstance de sa nature. Les vieux titres de cette domination sont la force & non la raison; i faut être puissant pour prétendre à cet héritage. Jamais un grand état ne doit être dans le cas de recevoit une injure, sans pouvoir en prendre revanche »; & l'on ne le peut à l'egard des puissances maritimes, que par les forces navales.

Dans l'établissement d'une puissance navale, il « faut éviter, dit M. le marquis de Santa - Crux, de risquer par le sort d'un combat votre marine naissante, & de tenir vos vaisseaux dans des ports où les ennemis pourroient les détruire.

Il faut bien payer les naturels du pays qui fréquentent les côtes ennemies, & qui vous donnent des avis prompts & sûrs de l'armement & des voyages de leurs escadres; assembler secretement vos vaisseaux pour attaquer une escadre des ennemis inférieure, & qui se seroit séparée des autres; si les ennemis sont en mer avec une grosse armée navale, ne faire cette année dans la Marine, que la dépense absolument nécessaire pour bien entretenir dans des ports sûrs vos gros vaisseaux & quelques frégates sur mer, afin que votre nation ne cesse pas entierement de s'exercer dans la navigation, & qu'elle puisse traverser un peu le commerce des ennemis, qui est toûjours considérable à proportion de leurs armées navales ».

Cet auteur donne différens conseils qui peuvent contribuer à la sûreté des corsaires qui courent sur l'ennemi. « Il faut, dit - il, qu'ils ayent dans les ports marchands des correspondances avec divers patrons de felouques & d'autres legers bâtimens neutres, pour leur donner avis du tems que les bâtimens ennemis doivent sortir des ports sans escorte; & si leurs navires gardes - côtes en sont sortis pour côtoyer, ou s'ils ont jetté l'ancre. Ces patrons doivent être d'une fidélité reconnue & de beaucoup de secret, pour pouvoir leur confier sur quelle côte ou sur quel cap ils rencontreront chacun de vos corsaires, depuis un tel tems jusqu'à tel autre: vos corsaires conviendront avec eux des signaux de reconnoissance, de peur qu'ils ne craignent d'en apapprocher ». Réflexions milit. de M. le marquis de Santa - Crux, tome IV. ch. x. (Q)

Guerre (Page 7:993)

Guerre; envoyer à la guerre, aller à la guerre, se dit d'un detachement dont le général de l'armée donne le commandement à un officier de confiance, pour investir une place, pour couvrir ou attaquer un convoi, pour reconnoître l'ennemi, entreprendre sur les quartiers, sur les gardes ou sur les postes avancés, enlever des ôtages, établir des contributions, & souvent pour marcher en - avant, reconnoître un camp & couvrir un fourrage ou quelque autre manoeuvre de l'armée.

Les détachemens de guerre réguliers sont commandés à l'ordre, les officiers principaux y sont nommés; l'état major de l'armée commande selon leur ancienneté, les brigadiers, les colonels, & les lieutenans - colonels; les brigades qui doivent fournier les troupes sont nommées à l'ordre; les majors de brigade commandent les capitaines à marcher, & prennent ce service par la tête, comme service d'honneur. Chaque troupe est de cinquante hommes; quelquefois on inet doubles officiers à chaque troupe; les compagnies de grenadiers qui doivent y marcher sont nommées à l'ordre.

Ces détachemens s'assemblent à l'heure & au rendez - vous marqués sur l'ordre: le commandant après avoir reçû du général les instructions & son ordre, se met en marche pour sa destination; il envoye des nouvelles au général à mesure qu'il découvre quelque chose d'intéressant; il s'applique à bien exécuter la commission dont il est chargé, & avec l'intelli<pb-> [p. 994] gence & la capacité qu'on est en droit d'exiger d'un officier que le roi a déjà honoré d'un grade supérieur.

Quelquefois le général de l'armée commande des détachemens dont il veut dérober la connoissance aux transfuges & aux espions qui pourroient être dans son armée: on prend alors toutes les précautions nécessaires pour que rien ne transpire jusqu'au moment où l'on fait marcher les troupes que chaque major de brigade commande, & qu'il envoye avec un guide au rendez - vous général.

Le général n'est point assujetti à consier ces détachemens aux plus anciens officiers généraux; il peut & doit même les donner à ceux qui méritent le plus sa confiance, & sur - tout à ceux dans lesquels il a reconnu du zele, de la prudence, & de l'activité, & qui ont prouvé leur desir de se rendre capables d'exécuter de pareilles commissions, en allant souvent en détachement même sans être commandés, pendant qu'ils ont servi dans des grades inférieurs.

On envoye souvent à la guerre de petits détachemens irréguliers depuis cinquante jusqu'à trois cents hommes; quoique les objets qu'ils ont à remplir paroissent de moindre importance que ceux des détachemens réguliers, on verra par les détails suivans, quelle est leur utilité pour la guerre de campagne, & combien ils sont propres à développer le génie & à former des officiers utiles & distingués.

Anciennement on nommoit partis ces sortes de petits détachemens, & l'officier qui les commandoit partisan. Ces partis se donnoient alors le plus ordinairement à des officiers de sortune; & quoiqu'il n'y ait aucune espece de service qui ne soit honorable, malheureusement il n'étoit pas d'usage pour des officiers d'un certain grade de demander à les commander. Aujourd'hui l'émulation & le veritable esprit de service ont changé ce systeme, qu'une vanite très déplacée avoit seule établi. Les officiers les plus distingués d'un corps demandent ces petits détachemens avec ardeur; & les jeunes officiers qui desirent apprendre leur métier & se former une réputation, viennent s'offrir avec empressement, & même comme simples volontaires, pour marcher sous les ordres d'un officier expérimenté.

Feu M. le maréchal de Saxe avoit souvent employé de petits détachemens de cette espece pendant sa savante campagne de Courtray; sa position, le peu de troupes qu'il avoit, la nécessité plus pressante alors que jamais d'être bien averti, lui avoit fait choisir des officiers de réputation pour les commander. M. le comte d'Argenson saisit ce moment pour détruire à jamais un faux système, dont la nation eût pu rappeller le souvenir. Il obtint du Roi des pensions sur l'ordre de S. Louis & des grades, pour ceux qui s'étoient distingués.

Ces sortes de detachemens ne sont jamais commandés à l'ordre; les officiers, les soldats même qui marchent, ne suivent point leur rang. Le commandant avertit en secret les officiers dont il a besoin: ce sont eux qui choisissent dans leurs régimens le nombre de soldats de confiance & de bonne volonté qu'ils sont convenus de mener avec eux: ces petites troupes se rendent séparément au rendez - vous marque; elles ne portent avec elles que du pain, leurs munitions, & leurs armes. Pendant la derniere guerre, feu M. de Maeric & M. de Nyhel, lieutenant - colonel d'infanterie & major du regiment de Dillon, n'ont jamais souffert dans leur détachement rien qui pût en embarrasser la marche ou les exposer à être découverts. Ils marchoient à pié à la tête de leur troupe; un seul cheval portoit les manteaux des officiers. Arrivés au rendez - vous, ils faisoient une inspection sévere, & renvoyoient au camp tous ceux qui n'étoient point en état de bien marcher & de combattre.

Rien n'est plus essentiel pour la tranquillité d'une armée, & pour avoir des nouvelles certaines de l'ennemi, que ces petits détachemens; ne marchant presque jamais que la nuit, s'embusquant dans des postes avantageux, quelquefois ces petites troupes suffisent pour porter le desordre en des postes avancés, & faire retirer de gros détachemens qui se mettroient en marche. La méthode de M. de Maerie fut toûjours d'attaquer fort ou foible en colonne ou par pelotons, dès qu'il ne pouvoit être tourné, & que le fond & le nombre de la troupe ne pouvoit être reconnu.

Le commandant doit avoir soin d'examiner les routes par lesquelles il peut se retirer, & d'en faire prendre connoissance aux officiers qui commandent les divisions, afin que chacune puisse se retirer séparément, si la retraite en troupe est trop difficile; il faut donc alors un rendez - vous & un mot de ralliement.

Il lui est important de savoir parler la langue du pays où il agit, & même celle de la nation contre laquelle on fait la guerre; si cette partie lui manque, il doit choisir, en composant la troupe, des ossiciers propres à bien par ler ces langues dans l'occasion. La connoissance du pays lui est absolument nécessaire; il est bon même qu'il choisisse autant qu'il est possible pour son détachement quelques officiers ou soldats du pays où il agit.

Il faut sur - tout qu'il se mette en état de pouvoir rendre compte à son retour des chemins frayés, de ceux qu'on peut faire, des ruisseaux, des ravins, des marais, & en général de tout ce qui peut assûrer, faciliter, ou mettre obstacle à la marche d'une armée dans le pays qu'il aura parcouru.

Ces connoissances sont essentielles pour le général & le maréchal général des logis de l'armée; & l'objet principal de l'officier détaché est de les mettre en état de diriger l'ordre de marche de l'armée, sur le détail qu'il leur fait de la nature du pays & des terreins.

Lorsque ses connoissances & son intelligence lui permettent même de reconnoître l'assiette d'un camp en - avant, son devoir est de l'examiner aslez pour pouvoir jager ensuite si l'état présent de son terrein se rapporte exactement aux cartes du général; s'il est en état d'en lever un plan figuré, le compte qu'il rendra sera d'autant plus utile & digne de loüange.

Il doit faire observer une sévere discipline & un grand silence; il n'annoncera jamais ce qu'il doit faire qu'à quelque officier de confiance qui puisse le remplacer; il doit rendre compte aux jeunes officiers des motifs qui l'ont fait agir dans tout ce qu'il a fait avec eux. Tout officier qui donne la marque d'estime à un commandant de détachement de marcher de bonne volonté sous ses ordres, mérite de lui l'instruction qu'il desire d'acquérir.

Ces petits détachemens que le soldat qui reste au camp sait être en - avant, sont aussi très - utiles pour empêcher la maraude & la desertion; ils peuvent favoriser nos espions, intercepter ceux de l'ennemi; en un mot cette espece de service est également utile aux opérations de la campagne, au service journalier de l'armée, à développer le génie, à faire naître les talens, & à former de bons officiers. Cet article est de M. le Comte de Tressan.

Guerre, (homme de) (Page 7:994)

Guerre, (homme de) c'est celui qui se rend propre à exécuter avec force, adrésse, exactitude & célérité, tous les actes propres à le faire combattre avec avantage.

Cette partie de l'éducation militaire fut toûjours en grand honneur chez les anciens, & le fut parmi nous jusqu'au milieu du dernier siecle. Elle a été depuis trop négligée. On commence à s'occuper plus sérieusement à la remettre en vigueur; mais on

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