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Outre les differentes guerres précédentes, il y en a une particuliere qui se fait avec peu de troupes par des detachemens ou des partis, à laquelle on donne le nom de petite guerre; ceux qui commandent ces petits corps de troupes sont appellés partisans.
Ils servent à mettre le pays ennemi à contribution;
à épier, pour ainsi dire, toutes les démarches du général
ennemi: pour cet esset, ils rodent continuellement
autour de son camp, ils y font des prisonniers
qui donnent souvent des lumieres sur ses desseins;
on s'instruit par ce moyen de tout ce que fait l'ennemi,
des differentes troupes qu'il envoye à la guerre,
& des fourrages qu'il ordonne. En un mot cette guerre
est absolument nécessaire non - seulement pour incommoder
& harceler l'ennemi dans toutes ses opérations,
mais pour en informer le général; ce qui le
met en état de n'être point surpris. Rien ne contribue
plus à la sûreté d'une armée que les partis, lorsqu'ils sont commandes par des officiers habiles &
intelligens. Voyez
Jusqu'ici nous n'avons parlé que de la guerre de terre: la guerre navale ou la guerre de mer demanderoit beaucoup plus de détails; mais nous nous contenterons d'observer que cette guerre peut heureusement seconder celle de terre, dans les pays ou les royaumes à portée de la mer.
Les armées navales assûrent les côtes, elles peuvent
dispenser d'employer un grand nombre de troupes
pour les garder.
Celui qui est supérieur sur mer fait avec les princes
neutres tous les traités de Commerce aussi
avantageux qu'il veut; il tient dans le respect les
pays les plus eloignés, qui pour n'avoir pas eu
tous les égards convenables, ont liou de craindre
un débarquement ou un bombardement. Quand
même les ennemis, pour garder leurs côtes, seroient
forcés de faire la dépense d'entretenir beaucoup
de troupes; si la frontiere de mer est longue,
ils ne sauroient veus empêcher de prendre terre,
& de piller une partie de leur pays, ou de surprendre
quelque place, parce que votre slotte qui
menace un endroit, pourra au premier vent favorable,
arriver infiniment plûtôt à un autre que
ne sauroient faire les régimens ennemis qui avoient
accouru à l'endroit où votre armée navale les appelloit
d'abord; & chacun comprend aisément
qu'il est impossible que les ennemis ayent cent
lieues de côtes de mer assez bien garnies & retranchées,
sans qu'il soit nécessaire pour empêcher un
débarquement, que les troupes d'un autre poste
accourent pour soûtenir celles du poste où se fait
la descente ».
Les forces navales sont en effet si importantes,
qu'elles ne doivent jamais être négligées.
Dans l'établissement d'une puissance navale, il
Il faut bien payer les naturels du pays qui fréquentent
les côtes ennemies, & qui vous donnent
des avis prompts & sûrs de l'armement & des
voyages de leurs escadres; assembler secretement
vos vaisseaux pour attaquer une escadre des ennemis
inférieure, & qui se seroit séparée des autres;
si les ennemis sont en mer avec une grosse armée
navale, ne faire cette année dans la Marine, que
la dépense absolument nécessaire pour bien entretenir
dans des ports sûrs vos gros vaisseaux &
quelques frégates sur mer, afin que votre nation
ne cesse pas entierement de s'exercer dans la navigation,
& qu'elle puisse traverser un peu le commerce
des ennemis, qui est toûjours considérable
à proportion de leurs armées navales ».
Cet auteur donne différens conseils qui peuvent
contribuer à la sûreté des corsaires qui courent sur
l'ennemi.
Guerre (Page 7:993)
Les détachemens de guerre réguliers sont commandés à l'ordre, les officiers principaux y sont nommés; l'état major de l'armée commande selon leur ancienneté, les brigadiers, les colonels, & les lieutenans - colonels; les brigades qui doivent fournier les troupes sont nommées à l'ordre; les majors de brigade commandent les capitaines à marcher, & prennent ce service par la tête, comme service d'honneur. Chaque troupe est de cinquante hommes; quelquefois on inet doubles officiers à chaque troupe; les compagnies de grenadiers qui doivent y marcher sont nommées à l'ordre.
Ces détachemens s'assemblent à l'heure & au rendez - vous marqués sur l'ordre: le commandant après avoir reçû du général les instructions & son ordre, se met en marche pour sa destination; il envoye des nouvelles au général à mesure qu'il découvre quelque chose d'intéressant; il s'applique à bien exécuter la commission dont il est chargé, & avec l'intelli<pb-> [p. 994]
Quelquefois le général de l'armée commande des détachemens dont il veut dérober la connoissance aux transfuges & aux espions qui pourroient être dans son armée: on prend alors toutes les précautions nécessaires pour que rien ne transpire jusqu'au moment où l'on fait marcher les troupes que chaque major de brigade commande, & qu'il envoye avec un guide au rendez - vous général.
Le général n'est point assujetti à consier ces détachemens aux plus anciens officiers généraux; il peut & doit même les donner à ceux qui méritent le plus sa confiance, & sur - tout à ceux dans lesquels il a reconnu du zele, de la prudence, & de l'activité, & qui ont prouvé leur desir de se rendre capables d'exécuter de pareilles commissions, en allant souvent en détachement même sans être commandés, pendant qu'ils ont servi dans des grades inférieurs.
On envoye souvent à la guerre de petits détachemens irréguliers depuis cinquante jusqu'à trois cents hommes; quoique les objets qu'ils ont à remplir paroissent de moindre importance que ceux des détachemens réguliers, on verra par les détails suivans, quelle est leur utilité pour la guerre de campagne, & combien ils sont propres à développer le génie & à former des officiers utiles & distingués.
Anciennement on nommoit partis ces sortes de petits détachemens, & l'officier qui les commandoit partisan. Ces partis se donnoient alors le plus ordinairement à des officiers de sortune; & quoiqu'il n'y ait aucune espece de service qui ne soit honorable, malheureusement il n'étoit pas d'usage pour des officiers d'un certain grade de demander à les commander. Aujourd'hui l'émulation & le veritable esprit de service ont changé ce systeme, qu'une vanite très déplacée avoit seule établi. Les officiers les plus distingués d'un corps demandent ces petits détachemens avec ardeur; & les jeunes officiers qui desirent apprendre leur métier & se former une réputation, viennent s'offrir avec empressement, & même comme simples volontaires, pour marcher sous les ordres d'un officier expérimenté.
Feu M. le maréchal de Saxe avoit souvent employé de petits détachemens de cette espece pendant sa savante campagne de Courtray; sa position, le peu de troupes qu'il avoit, la nécessité plus pressante alors que jamais d'être bien averti, lui avoit fait choisir des officiers de réputation pour les commander. M. le comte d'Argenson saisit ce moment pour détruire à jamais un faux système, dont la nation eût pu rappeller le souvenir. Il obtint du Roi des pensions sur l'ordre de S. Louis & des grades, pour ceux qui s'étoient distingués.
Ces sortes de detachemens ne sont jamais commandés à l'ordre; les officiers, les soldats même qui marchent, ne suivent point leur rang. Le commandant avertit en secret les officiers dont il a besoin: ce sont eux qui choisissent dans leurs régimens le nombre de soldats de confiance & de bonne volonté qu'ils sont convenus de mener avec eux: ces petites troupes se rendent séparément au rendez - vous marque; elles ne portent avec elles que du pain, leurs munitions, & leurs armes. Pendant la derniere guerre, feu M. de Maeric & M. de Nyhel, lieutenant - colonel d'infanterie & major du regiment de Dillon, n'ont jamais souffert dans leur détachement rien qui pût en embarrasser la marche ou les exposer à être découverts. Ils marchoient à pié à la tête de leur troupe; un seul cheval portoit les manteaux des officiers. Arrivés au rendez - vous, ils faisoient une inspection sévere, & renvoyoient au camp tous ceux qui n'étoient point en état de bien marcher & de combattre.
Rien n'est plus essentiel pour la tranquillité d'une armée, & pour avoir des nouvelles certaines de l'ennemi, que ces petits détachemens; ne marchant presque jamais que la nuit, s'embusquant dans des postes avantageux, quelquefois ces petites troupes suffisent pour porter le desordre en des postes avancés, & faire retirer de gros détachemens qui se mettroient en marche. La méthode de M. de Maerie fut toûjours d'attaquer fort ou foible en colonne ou par pelotons, dès qu'il ne pouvoit être tourné, & que le fond & le nombre de la troupe ne pouvoit être reconnu.
Le commandant doit avoir soin d'examiner les routes par lesquelles il peut se retirer, & d'en faire prendre connoissance aux officiers qui commandent les divisions, afin que chacune puisse se retirer séparément, si la retraite en troupe est trop difficile; il faut donc alors un rendez - vous & un mot de ralliement.
Il lui est important de savoir parler la langue du pays où il agit, & même celle de la nation contre laquelle on fait la guerre; si cette partie lui manque, il doit choisir, en composant la troupe, des ossiciers propres à bien par ler ces langues dans l'occasion. La connoissance du pays lui est absolument nécessaire; il est bon même qu'il choisisse autant qu'il est possible pour son détachement quelques officiers ou soldats du pays où il agit.
Il faut sur - tout qu'il se mette en état de pouvoir rendre compte à son retour des chemins frayés, de ceux qu'on peut faire, des ruisseaux, des ravins, des marais, & en général de tout ce qui peut assûrer, faciliter, ou mettre obstacle à la marche d'une armée dans le pays qu'il aura parcouru.
Ces connoissances sont essentielles pour le général & le maréchal général des logis de l'armée; & l'objet principal de l'officier détaché est de les mettre en état de diriger l'ordre de marche de l'armée, sur le détail qu'il leur fait de la nature du pays & des terreins.
Lorsque ses connoissances & son intelligence lui permettent même de reconnoître l'assiette d'un camp en - avant, son devoir est de l'examiner aslez pour pouvoir jager ensuite si l'état présent de son terrein se rapporte exactement aux cartes du général; s'il est en état d'en lever un plan figuré, le compte qu'il rendra sera d'autant plus utile & digne de loüange.
Il doit faire observer une sévere discipline & un grand silence; il n'annoncera jamais ce qu'il doit faire qu'à quelque officier de confiance qui puisse le remplacer; il doit rendre compte aux jeunes officiers des motifs qui l'ont fait agir dans tout ce qu'il a fait avec eux. Tout officier qui donne la marque d'estime à un commandant de détachement de marcher de bonne volonté sous ses ordres, mérite de lui l'instruction qu'il desire d'acquérir.
Ces petits détachemens que le soldat qui reste au
camp sait être en - avant, sont aussi très - utiles pour
empêcher la maraude & la desertion; ils peuvent
favoriser nos espions, intercepter ceux de l'ennemi;
en un mot cette espece de service est également
utile aux opérations de la campagne, au service
journalier de l'armée, à développer le génie, à faire
naître les talens, & à former de bons officiers. Cet
article est de M. le Comte
Guerre, (homme de) (Page 7:994)
Cette partie de l'éducation militaire fut toûjours
en grand honneur chez les anciens, & le fut parmi
nous jusqu'au milieu du dernier siecle. Elle a été depuis
trop négligée. On commence à s'occuper plus
sérieusement à la remettre en vigueur; mais on
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