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Il paroît donc que la révolution périodique du
sang menstruel peut influer beaucoup sur l'accouchement,
& qu'elle est la cause de la variation des termes
de la grossesse dans les femmes, d'autant plus que
toutes les autres femelles qui ne sont pas sujettes à
cet écoulement périodique, mettent bas toûjours au
même terme; mais il paroît aussi que cette révolution
occasionnée par l'action du sang menstruel,
n'est pas la cause unique de l'accouchement, & que
l'action propre du foetus ne laisse pas d'y contribuer,
puisqu'on a vû des enfans qui se sont fait jour & sont
sortis de la matrice après la mort de la mere; ce
qui suppose nécessairement dans le foetus une action
propre & particuliere, par laquelle il doit toûjours
faciliter son exclusion, & même se la procurer en
entier dans de certains cas. Voyez
Il est naturel d'imaginer que si les femelles des animaux vivipares étoient sujettes aux menstrues comme les femmes, leurs accouchemens seroient suivis d'effusion de sang, & qu'ils arriveroient à différens termes. Les foetus des animaux viennent au monde revêtus de leurs enveloppes, & il arrive rarement que les eaux s'écoulent & que les membranes qui les contiennent se déchirent dans l'accouchement; au lieu qu'il est très - rare de voir sortir ainsi le sac tout entier dans les accouchemens des femmes: cela semble prouver que le foetus humain fait plus d'effort que les autres pour sortir de sa prison, ou bien que la matrice de la femme ne se prête pas aussi naturellement au passage du foetus, que celle des animaux; car c'est le foetus qui déchire sa membrane par les
Quant aux autres circonstances de ce qui se passe
dans l'exclusion du foetus, & de ce qui la suit, voy.
Régime pendant la grossesse. Il s'agit maintenant de dire quelque chose des précautions que doit observer une femme grosse par rapport à son enfant, & de la conduite qu'elle doit tenir pendant tout le cours de la grossesse, pour éviter bien des indispositions & des maladies particulieres à son état, dont il sera aussi fait une brieve mention à la sin de cet article.
On doit regarder l'embryon dans le ventre de la mere, comme un germe précieux auquel elle est chargée de donner l'accroissement, en partageant avec lui la partie la plus pure de ce qui est destiné à être converti en sa propre substance: elle doit donc s'intéresser bien fortement à la conservation de ce précieux rejetton, qui exige de sa tendresse tous les soins dont elle est capable; ils consistent en général à respirer, autant qu'il est possible, un air pur & serein, à proportionner sa nourriture à ses besoins, à faire un exercice convenable, à ne point se laisser excéder par les veilles ou appesantir par le sommeil, à soûtenir les évacuations ordinaires communes aux deux sexes dans l'état de santé, & à mettre un frein à ses passions.
Nous allons suivre sommairement tous ces préceptes les uns après les autres; nous tracerons aux femmes grosses les regles les plus salutaires pour leur fruit, & nous leur indiquerons la conduite la plus sûre & la moins pénible pour elles.
Quoique l'embryon cantonné comme il l'est dans la matrice, paroisse vivre dans un monde différent du nôtre; quoique la nature l'ait muni d'une triple cloison pour le défendre des injures de l'air, il est cependant quelquefois la victime de cet ennemi qu'il ne s'est pas fait: renfermé dans le ventre de sa mere comme une tendre plante dans le sein de la terre, son organisation, sa force, sa constitution & sa vie, dépendent de celle qui doit lui donner le jour; si la mere ressent donc quelques incommodités des effets de l'air, le foetus en est nécessairement affecté. Ainsi les femmes enceintes doivent éviter, autant qu'il est en leur pouvoir, de respirer un air trop chaud, de vivre dans un climat trop sujet aux chaleurs, sur tout si elles n'y sont pas habituées, parce que leur effet tend principalement à causer trop de dissipation dans les humeurs, trop de relâchement dans les fibres; ce qui est ordinairement suivi de beaucoup de foiblesse, d'abattement, de langueur dans l'exercice des fonctions, d'où peuvent résulter bien des desordres dans l'économie animale par rapport à la mere, qui ne manquent pas de se transmettre à l'enfant. L'air froid ne produit pas de moins mauvais effets relativement à sa nature, sur - tout par les dérangemens qu'il cause dans l'évacuation si nécessaire de la transpiration insensible, entant qu'ils occasionnent des maladies catarrheuses qui portent sur la poitrine, y excitent la toux, dont les violentes secousses, les fortes compressions opérées sur les parties contenues [p. 962]
Si l'enfant dans la matrice trouvoit des sucs entierement
préparés pour servir à sa nourriture, il risqueroit
beaucoup moins pour sa conformation & sa
vie, du défaut de régime de la mere; mais elle ne
fait qu'ébaucher l'élaboration des humeurs qui doivent
fournir au développement & à l'accroissement
de son fruit: ainsi quand elles sout mal digérées, il
reste à l'embryon beaucoup de travail pour en achever
l'assimilation, à >uoi fes organes délicats ne suffisent
pas le plus souvent; d'où peuvent s'ensuivre
bien des maux différens, tant pour la mere que pour
l'enfant. Lorsqu'il s'agit donc d'établir les regles auxquelles
les femmes enceintes doivent se conformer
pour la maniere de se nourrir, il est nécessaire de considérer
les différens états où elles se trouvent, la
différence de leur tempérament, & les différens
tems de leur grossesse. Plus les femmes sont délicates,
moins elles sont avancées dans leur grossesse, & plus
le foetus est incommodé du trop de nourriture; il
faut qu'elle soit proportionnée aux forces & aux besoins
réciproques de la mere & de l'enfant. Quand
les femmes enceintes se sentent des dégoûts, des
nausées, de la plénitude, elles doivent se condamner
à la diete; il arrive quelquefois qu'elles ont
une aversion marquée pour la viande, les oeufs, &
toutes les substances animales; c'est un avertissement
de la nature qui leur conseille de vivre de végétaux
& de les assaisonner avec des aromates ou des acides,
pour tempérer leurs humeurs qui ont trop de
penchant à la putréfaction. Voyez
Si les femmes enceintes doivent se garantir des mauvais effets du trop de nourriture, elles n'ont pas moins à craindre de l'excès opposé, à cause de l'alkalescence des humeurs que produit toûjours une diete trop sévere. Les femmes grosses & les enfans ne peuvent point - du - tout supporter l'abstinence; on doit y avoir égard jusque dans leurs maladies: le jeûne forcé leur est presque toûjours préjudiciable, àmoins qu'elles ne soient extrèmement pléthoriques, ou que l'embryon ne soit très - petit; ainsi quand elles se sentent de la disposition à manger, elles seroient très - imprudentes de ne pas se satisfaire avec modération, & elles doivent se faire un peu de violence pour prendre de la nourriture, quand elles en sont détournées par un dégoût excessif, sur - tout lorsque la grossesse est avancée.
La boisson des femmes grosses est aussi sujette à quelques variétés; dans les commencemens, la petitesse du foetus & la mollesse de ses organes exigent moins de boissons aqueuses; ainsi elles peuvent boire dans ce tems - là un peu de vin pur, & ensuite le bien tremper dans le cours de la grossesse. Quand la température de l'air est très - chaude, il faut qu'elles fassent un grand usage de boissons délayantes, mais elles doivent craindre l'usage de la glace, qui peut causer de violentes coliques, & quelquefois même des fausses - couches, comme l'éprouva, selon que le rapporte Mauriceau, une impératrice de son tems; à l'égard des liqueurs fortes, ce sont de vrais poisons pour les femmes enceintes, mais sur - tout pour leur fruit, attendu que par l'effet qu'elles produisent de raccornir les fibres, d'épaissir, de coaguler la lymphe, elles s'opposent à son développement, produisent des engorgemens, des tumeurs, des difformites, qui se manifestent quelquefois aussi - tôt que l'enfant voit le jour, ou dans la suite entant qu'il ne prend pas un accroissement proportionné à son âge, & qu'il vieillit de bonne heure: c'est ce qu'on observe à l'égard des enfans qui naissent de femmes du peuple & de celles qui habitent des pays où l'on fait un grand usage d'eau - de - vie. En général les femmes enceintes doivent éviter tout ce qui peut donner trop de mouvement, d'agitation, au sang, & disposer à des pertes, &c. comme sont les alimens acres, échauffans, les boissons de même qualité, & l'exercice du corps poussé à l'excès.
C'est principalement dans les premiers tems de la
grossesse, que l'exercice pouvant être facilement nuisible,
est presqu'absolument interdit; c'est avec raison
que l'on condamne la conduite des femmes enceintes
qui se livrent à des mouvemens violens: rien
cependant n'est plus commun parmi elles, sur - tout
lorsqu'elles sont dans la vivacité de la premiere jeunesse;
à peine la conception est - elle déclarée, qu'il
leur arrive quelquefois de passer les nuits à danser &
le jour à chanter; ce qui est le plus souvent la cause
des fausses - couches aux quelles elles sont sujettes. Si
dans les commencemens de la grossesse les femmes
avoient l'attention de se reposer, elles pourroient
ensuite se livrer à l'exercice avec plus de sécurité,
lorsque les racines du placenta seroient implantées
plus solidement dans la substance de la matrice, &
que le foetus y auroit acquis plus de force. Les femmes
élevées délicatement ne doivent pas se modeler
sur celles de la campagne, qui malgré leur grossesse,
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