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GREC (Page 7:904)
GREC, s. m. (Grammaire.) ou langue greque, ou
grec ancien, est la langue que parloient les anciens
Grecs, telle qu'on la trouve dans les ouvrages de
leurs auteurs, Platon, Aristote, Isocrate, Demosthene, Thucydide, Xenophon, Homere, Hésiode,
Sophocle, Euripide, &c. Voyez
La langue greque s'est conservée plus long - tems qu'aucune autre, malgré les révolutions qui sont arrivées dans le pays des peuples qui la parloient.
Elle a été cependant altérée peu - à - peu, depuis
que le siége de l'empire romain eut été transféré à
Constantinople dans le quatrieme siecle: ces changemens
ne regardoient point d'abord l'analyse de la
langue, la construction, les inflexions des mots, &c.
Ce n'étoit que de nouveaux mots qu'elle acquéroit,
en prenant des noms de dignité, d'offices, d'emplois,
&c. Mais dans la suite les incursions des Barbares,
& sur - tout l'invasion des Turcs, y ont causé des
changemens plus considérables. Cependant il y a
encore à plusieurs égards beaucoup de ressemblance
entre le grec moderne & l'ancien. Voyez l'article suivant
Le grec a une grande quantité de mots; ses inflexions
sont autant variées, qu'elles sont simples dans
la plûpart des langues de l'Europe. Voyez
Il a trois nombres; le singulier, le duel, & le pluriel
(voyez
L'usage des participes, de l'aoriste, du prétérit, & les mots composés qui sont en grand nombre dans cette langue, lui donnent de la force & de la briéveté, sans lui rien ôter de la clarté nécessaire.
Les noms propres dans le grec signifient souvent quelque chose, comme dans les langues orientales. Ainsi Aristote signifie bonne fin; Démosthene signifie force du peuple; Philippe signifie qui aime les chevaux; Isocrate signifie d'une égale force, &c.
Le grec est la langue d'une nation polie, qui avoit du goût pour les Arts & pour les Sciences qu'elle avoit cultivées avec succès. On a conservé dans les Langues vivantes quantité de mots grecs propres
Grec vulgaire (Page 7:904)
On a écrit peu de livres en grec vulgaire depuis la prise de Constantinople par les Tures; ceux que l'on voit ne sont guere que des catéchilmes, & quelques livres semblables, qui ont été composés ou traduits en grec vulgare par les Missionnaires latins.
Les Grecs naturels parlent leur langue sans la cultiver: la misere où les réduit la domination des Turcs, les rend ignorans par nécessité, & la politique ne permet pas dans les états du grand - seigneur de cultiver les Sciences.
Soit par principe de religion ou de barbarie, les Turcs ont détruit de propos - délibéré les monumens de l'ancienne Grece, & méprisé l'étude du grec, qui pouvoit les polir, & rendre leur empire florissant. Bien différens en cela des Romains, ces anciens conquérans de la Grece, qui s'appliquerent à en apprendre la langue, apres qu'ils en eurent fait la conquête, pour puiser la politesse & le bon goût dans les Arts & dans les Sciences des Grecs.
On ne sauroit marquer précisément la différence qu'il y a entre le grec vulgaire & le grec littéral: elle consiste dans des terminaisons des noms, des pronoms, des verbes, & d'autres parties d'oraisons qui mettent entre ces deux langues une difference à - peu - près semblable à celle que l'on remarque entre quelques dialectes de la langue italienne ou espagnole. Nous prenons des exemples de ces langues, parce qu'elles sont plus connues que les autres; mais on pourroit dire la même chose des dialectes des langues hébraique, tudesque, esclavonne, &c.
Il y a aussi dans le grec vulgaire plusieurs mots nouveaux, qu'on ne trouve point dans le grec littéral, des particules qui paroissent explétives, & que l'usage seul a introduites pour caractériser certains tems des verbes, ou certaines expressions qui auroient sans ces particules le même sens, si l'usage avoit voulu s'en passer; divers noms de dignités & d'emplois inconnus aux anciens Grecs, & quantité de mots pris des langues des nations voisines. Dictionnaire de Trévoux & Chambers. (G)
Grecs (Page 7:904)
De la philosophie fabuleuse des Grecs. Les Hébreux connoissoient le vrai Dieu; les Perses étoient instruits dans le grand art de former les rois & de gouverner les hommes; les Chaldéens avoient jetté les premiers fondemens de l'Astronomie; les Phéniciens entendoient la navigation, & faisoient le commerce chez les nations les plus éloignées; il y avoit longtems que les Egyptiens étudioient la Nature & cultivoient les Arts qui dépendent de cette étude; tous les peuples voisins de la Grece étoient versés dans la Théologie, la Morale, la Politique, la Guerre, l'Agriculture, la Métallurgie, & la plûpart des Arts méchaniques que le besoin & l'industrie font naître parmi les hommes rassemblés dans des villes & soûmis à des lois; en un mot, ces contrées que le grec orgueilleux appella toûjours du nom de Barbares, [p. 905]
Danaüs & Cecrops étoient égyptiens; Cadmus, de Phénicie; Orphée, de Thrace. Cecrops fonda la ville d'Athenes, & fit entendre aux Grecs, pour la premiere fois, le nom redoutable de Jupiter; Cadmus éleva des autels dans Thebes, & Orphée prescrivit dans toute la Grece la maniere dont les dieux vouloient être honorés. Le joug de la superstition fut le premier qu'on imposa; on fit succéder à la terreur des impressions séduisantes, & le charme naissant des beaux Arts fut employé pour adouoir les moeurs, & disposer insensiblement les esprits à la contrainte des lois.
Mais la superstition n'entre point dans une contrée sans y introduire à sa suite un long cortége de connoissances, les unes utiles, les autres funestes. Aussi - tôt qu'elle s'est montree, les organes destinés à invoquer les dieux se dénouent; la langue se perfectionne; les premiers accents de la Poésie & de la Musique sont retentir les airs; on voit sortir la Sculpture du fond des carrieres, & l'Architecture d'entre les herbes; la conscience s'éveille, & la Morale nait. Au nom des dieux prononcé, l'univers prend une face nouvelle; l'air, la terre, & les eaux se peuplent d'un nouvel ordre d'êtres, & le coeur de l'homme s'émeut d'un sentiment nouveau.
Les premiers législateurs de la Grece ne proposerent pas à ses peuples des doctrines abstraites & seches; des esprits hebétés ne s'en seroient point occupés: ils parlerent aux sens & à l'imagination; ils amuserent par des cerémonies voluptucuses & gaies: le spectacle des danses & des jeux avoit attiré des hommes feroces du haut de leurs montagnes, du fond de leurs antres; on les fixa dans la plaine, en les y entretenant de tables, de représentations, & d'images. A mesure que les phenomenes de la nature les plus frappans se succéderent, on y attacha l'existence des dieux; & Strabon croit que cette méthode étoit la seule qui pût réussir. Fieri non potest, dit cet auteur, ut mulierum & promisiuoe turboe multitudo philosophica orattone ducatur, exciteturque ad religionem, pietatem, & fidem; sed super stitione proeterea ad hoc opus est, quoe incuti sine fabularum portentis nequit. Etenim fulmen, oegis, tridens, faces, anguis, hastoeque deorum thyrsis infixoe fabuioe sunt atque tota theologia prisca. Hoec autem recepta fuerunt à civitatum autoribus, quibus veluti larvis insipientium animos terrerent. Nous ajoûterons que l'usage des peuples policés & voisins de la Grece, étoit d'envelopper leurs connoissances sous les voiles du symbole & de l'allégorie, & qu'il étoit naturel aux premiers législateur des Grecs de communiquer leurs doctrines ainsi qu'ils les avoient reçûes.
Mais un avantage particulier aux peuples de la Grece, c'est que la superstition n'étouffa point en eux le sentiment de la liberté, & qu'ils conserverent sous l'autorité des prêtres & des magistrats, une façon de penser hardic, qui les caractérise dans tous les tems.
Une des premieres conséquences de ce qui précede, c'est que la Mythologie des Grecs est un cahos d'idées, & non pas un système, une marqueterie d'une infinité de pieces de rapport qu'il est impossible de séparer; & comment y réussiroit - on? Nous ne connoissons pas la vie, les moeurs, les idées, les préjugés des premiers habitans de la Grece. Nous aurions là - dessus toutes les lumieres qui nous man<cb->
Dans les tems anciens, les législateurs étoient philosophes & poetes: la reconnoissance & l'imbécillité mettoient tour - à - tour les hommes au rang des dieux; & qu'on devine après cela ce que devint la vérité déjà déguisée, lorsqu'elle eut été abandonnée pendant des siecles à ceux dont le talent est de seindre, & dont le but est d'étonner.
Dans la suite fallut - il encourager les peuples à quelque entreprise, les consoler d'un mauvais succes, changer un usage, introduire une loi? ou l'on s'autorisa des fables anciennes en les défigurant, ou l'on en imagina de nouvelles.
D'ailleurs l'embleme & l'allégorie ont cela de commode, que la sagacité de l'esprit, ou le libertinage de l'imagination peut les appliquer à mille choses diverses: mais à - travers ces applications, que devient le sens véritable? Il s'altere de plus en plus; bien - tôt une sable a une infinité de sens differens; & celui qui paroit à la fin le plus ingénieux est le seul qui reste.
Il ne faut donc pas espérer qu'un bon esprit puisse se contenter de ce que nous avons à dire de la philosophie fabuleuse des Grecs.
Le nom de Promethée fils de Japhet est le premier qui s'effre dans cette histoire. Promethée sépare de la matiere ses élémens, & en compose l'homme, en qui les forces, l'action, & les moeurs sont variées selon la combinaison diverse des élémens; mais Jupiter que Promethée avoit oublié dans ses sacrifices, le prive du feu qui devoit animer l'ouvrage. Promethée conduit par Minerve, monte aux cieux, approche le ferula à une des roues du char du soleil, en reçoit le feu dans sa tige creuse, & le rapporte sur la terre. Pour punir sa témérité, Jupiter forme la femme connue dans la fable sous le nom de Pandore, lui donne un vase qui renfermoit tous les maux qui pouvoient desoler la race des hommes, & la dépêche à Promethée. Promethée renvoye Pandore & sa boîte fatale; & le dieu trompé dans son attente, ordonne à Mercure de se saisir de Promethée, de le conduire sur le Caucase, & de l'enchaîner dans le fond d'une caverne où un vautour affamé déchirera son foie toûjours renaissant; ce qui fut exécuté: Hercule dans la suite délivra Promethée. Combien cette fable n'at - elle pas de variantes, & en combien de manieres ne l'a - t - on pas expliquée?
Selon quelques - uns, il n'y eut jamais de Promethée; ce personnage symbolique représente le génie audacieux de la race humaine.
D'autres ne disconviennent pas qu'il n'y ait eu un Promethée; mais dans la fureur de rapporter toute la Mythologie des Payens aux traditions des Hébreux, il faut voir comme ils se tourmentent, pour faire de Promethée, Adam, Moyse, ou Noé.
Il y en a qui prétendent que ce Promethée fut un roi des Scythes, que ses sujets jetterent dans les fers pour n'avoit point obvié aux inondations d'un fleuve qui dévastoit leurs campagnes. Ils ajoûtent qu'Hercule détourna le fleuve dans la mer, & délivra Promethée.
En voici qui interpretent cette fable bien autrement: l'Egypte, disent - ils, eut un roi fameux qu'elle
mit au rang des dieux pour les grandes découvertes
d'un de ses sujets. C'étoit dans les tems de la fable
comme aux tems de l'histoire; les sujets méritoient
des statues, & c'étoit au souverain qu'on les élevoit. Ce roi fut Osiris, & celui qui fit les découvertes
fut Hermès: Osiris eut deux ministres, Mer<pb->
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