ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"902"> opérations que nous venons de décrire, on tirera des épreuves qui seront de bonnes copies d'un tableau quel qu'il soit; & l'on ne doit pas regarder comme un foible avantage, de trouver dans les livres d'Anatomie, de Botanique, d'Histoire naturelle, des estampes sans nombre, qui, en apportant les contours, donnent aussi les couleurs. On peut juger de l'utilité de cette nouvelle découverte, en examinant les planches anatomiques imprimées depuis quelques années à Paris par le sieur Gautier de l'académie de Dijon, qui à la mort de le Blon a succédé à son privilége après avoir été son éleve. Quelques autres éleves ont aussi gravé différens morceaux; & ces morceaux, avec ceux du sieur Gautier, font espérer que le nouvel art sera bien - tôt à sa perfection.

Gravure en maniere noire (Page 7:902)

Gravure en maniere noire: ce genre de gravure s'est appellé pendant un tems en France, l'art noir; les étrangers le connoissent assez communément sous le nom de meza - tinta. On prétend que le premier qui ait travaillé en maniere noire est un prince Rupert. Quelques auteurs parlent avec éloge d'une tête qu'il grava avant qu'on eût jamais connu cette façon de graver; les opérations en sont plus promptes & les effets plus moëlleux que ceux de la gravure à l'eau - forte & au burin: il est vrai que la préparation des cuivres est un peu longue, mais on peut employer toutes sortes d'ouvriers à les préparer.

Préparation des planches. Elles seront d'abord choisies parmi les meilleures planches de cuivre plané; quelques artistes préferent le cuivre jaune pour la grainure; ils prétendent que son grain s'use moins vîte que le grain de cuivre rouge: le grès, la pierreponce, la pierre douce à aiguiser, le charbon de bois de saule, & enfin le brunissoir à deux mains, seront employés pour le poliment des cuivres; on ne peut être sûr de sa perfection qu'après l'essai suivant. Faites encrer & essuyer la planche par l'imprimeur; qu'il la passe à la presse sur une feuille de papier mouillé, comme on y passe une plauche gravée; si le papier sort de la presse aussi blanc qu'avant d'y passer, la planche est parfaite; si elle a quelques défauts, le papier taché indiquera les endroits qu'il faut encore brunir.

De la grainure. Les planches ainsi préparées seront grainées comme on les graine pour imprimer en maniere noire: cette grainure - ci doit être encore plus fine, s'il est possible; & pour parvenir au dernier degré de finesse, il faut travailler d'après les instructions suivantes.

Le berceau est un instrument qui a la forme d'un ciseau de menuisier; mais le ciseau coupe & le berceau pique comme une molette dont les pointes sont extrèmement aiguës; il tire son nom du mouvement sans doute qui le fait agir, & qui ressemble au balancement qu'on donne au berceau d'un enfant. Voy. A & B, Planche 0 0 0, un des côtés du berceau porte un biseau couvert de filets de la grosseur d'un cheveu, & chaque filet est terminé par une pointe. L'outil sera repassé sur le revers de son biseau; & l'on aura grand soin en l'aiguisant, de conserver toûjours le même périmetre: ce périmetre doit être tiré du centre d'un diametre de six pouces: trop de rondeur caveroit le cuivre, & moins de rondeur ne mordroit pas assez.

Les plus petits berceaux conserveront le même périmetre de six pouces; leurs manches demandent moins de force, & peuvent être moins composés, voyez E & F. Le grand berceau est destiné pour grainer en plein cuivre, & les petits pour faire les corrections.

Divisez vos planches par des traits de crayon de neuf lignes environ; je dis environ, parce que le cuivre de grandeur arbitraire ne fournira pas toûjours la division juste de neuf lignes. Voyez Planche 000, au coin 4, le mauvais effet qui peut résulter de la division trop exacte de neuf lignes.

Posez le berceau perpendiculairement dans le milieu de chaque division; balancez en appuyant fortement le poignet, & remontant toûjours la planche; parcourez l'autre espace qui se trouve entre deux lignes tracées: cet espace parcouru, parcourez - en un autre, & successivement d'espace en espace; le cuivre sera tout couvert de petits points.

Tracez alors des lignes au crayon sur un sens différent; balancez le berceau entre vos nouvelles lignes, & quand vous l'aurez passé sur toute la superficie du cuivre, vous changerez encore la direction de ces lignes: enfin quand vous aurez fait travailler le berceau sur les quatre directions marquées dans la planche, il y a une précaution à prendre.

On parcourt vingt fois chaque direction, ce qui fait quatre - vingt passages sur le total de la superficie; mais on observera, en repassant chaque direction, de ne pas placer le berceau précisément où l'on a commencé; & pour éviter de suivre le même chemin, il faut tirer chaque coup de crayon à trois lignes de distance du premier trait qui a déjà guidé. Ainsi donc vous avez tracé la premiere fois depuis 1 jusqu'à 1, la seconde fois vous tracerez depuis 2 jusqu'à 2, la troisieme fois depuis 3 jusqu'à 3, & cela parce que le berceau pressé sous le poids de la main, formeroit en faisant toûjours les mêmes passages, une cannelure insensible qui nuiroit à l'exacte égalité qu'on demande à la superficie.

Il faut éprouver la planche pour la grainure, comme on l'a eprouvé pour le poli, & qu'elle rende à l'impression un noir également noir & par - tout velouté.

On peut, pour certains ouvrages, conserver le fond blanc à une estampe, comme il l'est presque toûjours sous les fleurs, fous les oiseaux peints en miniature: pour cela, on grainera seulement l'espace que doit occuper la fleur, le fruit, ou quelque autre morceau d'Histoire naturelle qu'on veut graver, & le reste du cuivre sera poli au brunissoir.

De la façon de graver sur la grainure. Les planches bien préparées, vous dessinerez ou vous calquerez le sujet, ainsi que nous l'avons expliqué. Voy. Gravure en couleurs. Vous placerez votre cuivre sur le coussinet, & si vous copiez, vous graverez en regardant toûjours l'original dans un miroir, pour voir la droite à gauche & la gauche à droite. L'instrument dont on se sert pour graver, ou plûtôt pour ratisser la grainure, se nomme racloir (Voyez G, Pl. ooo); il doit être aiguisé sur les deux côtés plats: on se sert encore du grattoir, qui ne differe de celui - ci que parce qu'il a trois faces égales. Ce grattoir porte ordinairement un brunissoir sur la même tige, voyez H. Le brunissoir sert à lisser les parties que le racloir ou le grattoir ont ratissées pour fournir des lumieres: ainsi l'instrument dans la maniere noire, agit par un motif tout différent de l'instrument qui sert à la gravure en taille - douce: car si le graveur en taille - douce doit en conséquence de l'effet, regarder son burin comme un crayon noir; le graveur en maniere noire doit, en conséquence de l'effet contraire, regarder le grattoir comme un crayon blanc. Il s'agit en travaillant de conserver la grainure dans son vif sur les parties du cuivre destinées à imprimer les ombres, d'émousser les pointes de la grainure sur les parties du cuivre destinées à imprimer les demi - teintes, & de ratisser les parties du cuivre qui doivent épargner le papier pour qu'il puisse fournir les luisans. On commence par les masses de lumiere; & par les parties qui se détachent gé - néralement en clair de dessus un fond brun. On va petit - à - petit dans les reflets; enfin on prépare legere<pb-> [p. 903] ment le tout par grandes parties. Les maîtres de l'art recommandent fort de ne pas se presser d'user le grain dans l'envie d'aller plus vîte; car il n'est pas facile d'en remettre quand on en a trop ôté; il doit rester par - tout une legere vapeur de grains, excepté sur les luisans; & s'il arrive qu'on ait trop usé certains endroits, on peut regrainer avec les petits berceaux E & F, & recommencer à ratisser avec plus de précaution. Ce n'est qu'en tirant souvent des épreuves, qu'on sera en état de juger des effets du grattoir.

De l'impression. Voyez l'article Impression en Taille - douce, & soyez averti qu'il est plus difficile d'imprimer en maniere noire qu'en taille - douce, par la raison que les lumieres se trouvent en creux; & lorsque les parties de ces lumieres sont étroites, la main de l'imprimeur ne peut y entrer pour les essuyer, sans dépouiller les parties voisines; on se sert pour y pénétrer, d'un petit bâton pointu enveloppé d'un linge mouillé. Le papier doit être vieux trempé & d'une pâte fine & moelleuse; on prend du plus beau noir d'Allemagne, & on le prépare un peu lâche: il faut de plus que les planches soient encrées bien à fond à plusieurs reprises & bien essuyées à la main & non au torchon.

La gravure en maniere noire, disent ceux qui en traitent, ne tire pas un grand nombre de bonnes épreuves & s'use fort promptement; d'ailleurs toutes sortes de sujets, ajoûtent - ils, ne sont pas également propres à ce genre de gravure. Les sujets qui demandent de l'obscurité, comme les effets de nuit, ou les tableaux où il y a beaucoup de brun, comme ceux de Rembrant, de Benedette, quelques Ténieres, &c. sont les plus faciles à traiter & font le plus d'effet: les portraits y réussissent encore assez bien, comme on le peut voir par les beaux morceaux de Smith & de G. White, qui sont les plus habiles graveurs que nous ayons en ce genre. Les paysages n'y sont pas propres, & en général les sujets clairs & larges de lumiere sont les plus difficiles de tous, & ne tirent presque point, parce qu'il a fallu beaucoup user la planche pour en venir à l'effet qu'ils demandent.

Au reste, le défaut de cette gravure est de manquer de fermeté, & généralement la grainure lui donne une certaine mollesse qui n'est pas facile nent susceptible d'une touche savante & hardie: elle peint d'une maniere plus large & plus grasse que la taille - douce; elle colore davantage, & elle est capable d'un plus grand effet par l'union & l'obscuriré qu'elle laisse dans les masses; mais elle dessine moins spirituellement, & ne se prête pas assez aux saillies pleines de feu que la gravure à l'eau - forte peut recevoir d'un habile dessinateur. Enfin ceux qui ont le mieux réussi dans la gravure en maniere noire ne peuvent guere être loüés que par le soin avec lequel ils l'ont traitée; mais pour l'ordinaire ce travail manque d'esprit, non par la faute des graveurs, mais par l'ingratitude de ce genre de gravure, qui ne peut seconder leur intention.

On recherche depuis quelque tems en France les opérations de la maniere noire avec plus de soin qu'autrefois, dans l'intention de les joindre aux opérations de la gravure en trois couleurs que nous a enseignée Jacques Christophe le Blon. Voyez Gravure en couleurs à l'imitation de la Peinture

Gravure en taille - douce pour imprimer (Page 7:903)

Gravure en taille - douce pour imprimer en couleurs. Cet art nouvellement mis en pratique n'est qu'une branche de la gravure à l'imitation de la Peinture inventée par le Blon. Voyez Gravure en couleurs. On reconnoîtra dans celui - ci plusieurs avantages particuliers pour l'Anatomie, pour la Géographie, & pour quelques autres arts encore; ils y gagneront le tems qu'on employe à grainer le cuivre, & les planches tireront considérablement plus d'épreuves que n'en tirent les planches grainées. Un livre imprimé chez Briasson à Paris, fournit des modeles de ce genre mixte de gravure; il a pour titre: adversaria anatomica prima de omnibus cerebri, nervorum & organorum functionibus animalibus inservientium descriptionibus & iconisnus, autore Petro Tarin, medico.

Ces planches sont de l'invention & de la main du sieur Robert, éleve de le Blon dans la gravure en couleurs. Deux cuivres suffisent pour imprimer ainsi; ils seront gravés à l'eau - forte & au burin. Voyez Gravure à l'eau - forte & Gravure au burin . Le premier imprime le noir, le second le rouge, avec le minium, & l'épreuve sort de la presse comme un dessein à deux crayons. On peut encore pour l'avantage de l'Anatomie, joindre une troisieme planche qui apporte les veines bleues sur des places épargnées par les deux premieres planches. On aura recours, pour le parfait accord des angles, aux moyens que nous avons déjà enseignés. Voyez Gravure en couleurs. Ces articles sur la gravure en couleurs & la gravure en maniere noire sont de M. de Montdorge.

Gravure sur le Crystal et le Verre (Page 7:903)

Gravure sur le Crystal et le Verre, voyez les articles Verrerie & Verre.

Gravure sur Métaux (Page 7:903)

Gravure sur Métaux, pour les médailles, les monnoies, &c. Voyez les articles Monnoyage & Monnoie.

Gravure en Pierres fines (Page 7:903)

Gravure en Pierres fines, voyez l'article Pierres gravées.

Gravure (Page 7:903)

Gravure, terme de Cordonnier; il se dit d'une raie qui se fait avec la pointe du tranchet autour de la semelle du soulier pour noyer les points.

Gravure de Caracteres d'Imprimerie (Page 7:903)

Gravure de Caracteres d'Imprimerie; la gravure des caracteres se fait en relief sur un des deux bouts d'un morceau d'acier d'environ deux pouces geométriques de long, & de grosseur proportionnee à la grandeur de l'objet qu'on y veut former, & qui doit y être taillé dans la derniere perfection avec les regles de l'art, & suivant les proportions relatives à chaque lettre. Car c'est de la perfection du poinçon que dépendra la perfection de toutes les mêmes lettres qui en seront émanées<-> Voyez Poinçons de Fonderie & Caractere

Gravure, dans le sommier d'Orgue (Page 7:903)

Gravure, dans le sommier d'Orgue, est l'espace prismatique K L, fig. 2. Pl. d'Orgue, qui est le vuide que laissent entr'elles les barres H G, F E du sommier: c'est dans ces espaces que le vent contenu dans la laye entre, pour de - là passer aux tuyaux lorsque l'on ouvre une soupape. Voyez Sommier, Soupape, &c.

GRAY (Page 7:903)

GRAY, Gradicum, (Géog.) ville de France dans la Franche - Comté, capitale du Bailliage d'Amont. Elle étoit déjà connue vers l'an 1050; elle est sur la Sône, à 5 lieues N. de Dole, 10 N. O. de Besançon, 8 N. E. de Dijon. Long. 23d. 15'. latit. 47d. 29'. 52". (D. J.)

GRAYE (Page 7:903)

GRAYE, s. f. voyez Freux.

GRAYLLAT (Page 7:903)

GRAYLLAT, s. m. voyez Corneille.

GREBE (Page 7:903)

GREBE, s. m. colymbus major cristatus & cornutus, (Ornit.) oiseau aquatique du genre des colymbes qui n'ont point de queue, & dont les doigts sont bordés d'une membrane qui ne les unit pas les uns aux autres.

Le grebe qui a servi de sujet pour cette description, avoit environ deux piés de longueur depuis l'extrémité du bec jusqu'au bout des ongles; la tête étoit petite, les ailes & les jambes étoient très - courtes, il n'y avoit point de queue; le bec étoit droit, pointu, & étroit; il avoit deux pouces un quart de longueur depuis la pointe jusqu'aux coins de la bouche; les plumes du derriere de la tête étoient un peu plus longues que les autres, & formoient une petite crête partagée en deux pointes. Le front, le sommet,

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