ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"862"> mouvement est inutile pour la prononciation de r: il est donc possible de le supprimer. Tout le monde peut aisément en faire l'expérience: car on grasseye quand on veut.

Ce défaut est laissé aux enfans, sur - tout aux jeunes filles lorsqu'elles paroissent devoir être jolies, comme une espece d'agrément qui leur devient cher, parce que la flatterie sait tout gâter.

On a un grand soin d'arrêter le grasseyement sur le c, le d & le double l, qui est le tic de presque tous les enfans, parce qu'il donne un ton pesant & un air bête. Il seroit aussi facile de les guérir de celui qui gâte la prononciation de r; quoiqu'il soit plus supportable, il n'en est pas moins un défaut.

Lorsqu'il est question du chant, le grasseyement est encore plus vicieux que dans le parler. Le son à donner change, parce que les mouvemens que le grasseyement employe sont étrangers à celui que forment pour rendre R les voix sans défaut.

Sur le théatre on ne passe guere ce défaut d'organe qu'à des talens supérieurs, qui ont l'adresse de le racheter ou par la beauté de la voix, ou par l'excellence de leur jeu. Telle fut la célebre Pelissier, qui dans le tragique sur - tout employoit toutes les ressources de l'art pour rendre ce défaut moins desagréable. (B)

GRASSEYER (Page 7:862)

GRASSEYER, v. neut. (Chant. Voix.) c'est changer par une prononciation d'habitude ou naturelle, le son articulé de la voix: ainsi on grasseye, lorsqu'on prononce les c, les d, en t, les doubles ll en y; ou lorsqu'on croasse de la gorge la lettre r, ensorte qu'on la fait précéder d'un c ou d'un g. Voyez Grasseyement. C'est le plus souvent par l'habitude qu'on acquiert ce défaut très - desagréable.

Les enfans ont presque tous le grasseyement du c & du d, ainsi que celui des doubles l; ils le quittent cependant avec facilité, & l'on ne dit plus, lorsqu'on est bien élevé, tompagnie pour compagnie, ni Versayes pour Versailles. Voyez l'article L. Les soins des précepteurs, quand ils le veulent, réparent sans peine le vice qu'ont donné ou laissé les complaisances des gouvernantes: on n'est pas si attentif sur le grasseyement de r, sur - tout pour les filles, dont on espere de l'agrément; on le regarde alors en les gâtant, comme une mignardise, & on ne corrige point ce défaut, par la fausse persuasion qu'il est un surcroît de graces. Voyez Grasseyement, & l'article R.

Mais il faut toûjours en revenir aux principes: la prononciation ne peut être bonne, que lorsqu'elle est sans défaut. Ainsi dans l'éducation des enfans, on ne peut trop veiller à la correction des défauts de la voix, de la prononciation, & du ton que leurs organes prennent souvent de leurs différens entours: dans ces momens, le plus petit défaut devient successivement un desagrément; & dans un âge plus avancé, lorsqu'on entre dans le monde, le ton qu'on a pris dans les premiers ans produit des effets presque aussi prompts que ceux qu'on voit produire au premier abord à certaines physionomies. (B)

GRATELLE (Page 7:862)

GRATELLE, s. f. (Maladie.) c'est une sorte d'affection cutanée, qui est la même que celle qui est appellée essere Voyez Essere.

GRATERON (Page 7:862)

GRATERON, s. m. aparine, (Botanique.) genre de plante à fleur campaniforme évasée & découpée; le calice devient un fruit sec, entouré d'une écorce mince & composée de deux globules qui renferment une semence à ombilic. Les feuilles de la plante sont rudes ou velues, & disposées autour des noeuds de la tige, au nombre de cinq ou plus. Tournefort, instit. rei herb. Voyez Plante. (I)

Dans le systeme de Linnaeus, l'aparine ou le grateron forme pareillement un genre distinct de plante, qu'il caractérise ainsi. Le calice est placé sur le germe, & divisé par quatre noends à son extrémité. La fleur consiste en un seul pétale qui ne fait point de tuyau, mais est applatie & découpée en quatre segmens; les étamines sont quatre silets poinptus plus courts que la fleur; les bossettes sont simples; le germe du pistil est double; le style est tres - délié, un peu fendu en deux vers le bout, & de même longueur que les étamines. Les stigmates sont à tête: le fruit est composé de deux corps secs, arrondis, croissans ensemble, hérissés de poils crochus qui les rendent rudes, roides, & propres à s'accrocher à ce qu'ils touchent. La graine est unique, arrondie, creusée en nombril, & assez grosse.

Entre les seize especes de grateron que compte Tournefort, nous ne décrirons que la plus commune, aparine vulgaris, de C. B. P. 133. Parkins, théat. 567. Boerh. J. A. 150. Tournefort, inst. 104. élém. bot. 93.

Sa racine est menue, fibreuse; ses tiges sont grêles, quarrées, rudes au toucher, genouillées, pliantes, grimpantes, longues de trois ou quatre coudées, & branchues; ses feuilles longuettes, étroites, rudes au toucher, terminées par une petite épine, sont au nombre de cinq, six, ou sept, disposées en étoiles comme celles de la garence autour de chaque noeud des tiges. Ses fleurs naissent des noeuds vers l'extrémité des rameaux, portées sur de longs pédicules grêles; elles sont très - petites, blanchâtres, d'une seule piece, en cloche, ouvertes, découpées chacune en quatre parties; leur calice est aussi partagé en quatre. Il se change en un fruit sec, dur, & comme cartilagineux, couvert d'une écorce mince & noirâtre, composé de deux corps presque sphériques, remplis chacun d'une graine un peu creusée vers le milieu.

Cette plante vient communément dans les bois, dans les buissons, dans les haies, & quelquefois parmi les blés; elle s'attache aux habits de ceux qui la rencontrent sur leur chemin; elle est ennemie de toutes les plantes qui naissent autour d'elle, les embrasse avec ses feuilles hérissées de poils, & les déracine. Les paysans s'en servent quelquefois en guise de couloir, pour séparer du lait qu'ils viennent de traire, les poils & autres ordures. (D. J.)

Grateron (Page 7:862)

Grateron, (Mat. medic.) Le grateron est compté par quelques auteurs parm les remedes apéritifs & diurétiques: mais la classe de ces remedes, que nous avons exposée à l'article Diurétique, est assez remplie pour qu'il soit inutile de la grossir du nom de celui - ci, qui est peu usité, & dont les vertus sont par conséquent mal connues. (b)

GRATICULER (Page 7:862)

GRATICULER, v. n. terme de Peint. ce mot nous vient de l'italien grata, grille. Il exprime la maniere dont ordinairement les artistes transportent une composition ou une ordonnance qu'ils veulent suivre d'une surface sur une autre, dans la proportioa & la grandeur qui leur conviennent. Pour parvenir à cette opération, on trace sur son dessein ou sur son esquisse, des lignes qui se croisent à angles droits & à distances égales, & qui forment ainsi des quaries égaux entre eux. On trace aussi sur la surface sur laquelle on veut copier sa composition, un même nombre de lignes croisées qui y produisent un même nombre de quarrés. Alors on dessine dans chaque quarré de sa surface ce qui est dessiné dans le quarré correspondant du dessein ou de l'esquisse. Il est aisé de comprendre que plus on multiplie les quarrés, plus on parvient à copier exactement son original. Il faut remarquer aussi que si les quarrés qu'on trace sur la surface sont plus petits ou plus grands que les quarrés tracés sur l'esquisse ou le dessein, alors la copie qu'on en fait est plus grande ou plus petite: c'est par - là qu'on peut établir entre la copie & l'original telle proportion que l'on veut. Si l'on fait les [p. 863] quarrés destinés à la copie la moitié plus grands que ceux qui sont sur l'original, cette copie sera géométriquement moitié plus grande que l'original; ainsi du reste, soit en diminuant soit en augmentant. On trace ces quarrés ou avec de la çraie ou avec du fusin, ou enfin de telle maniere qu'on le veut; mais il faut, autant qu'on le peut, qu'ils se puissent effacer aisément lorsqu'on en a fait l'usage auquel ils sont destinés. Cette maniere de copier sert aux Graveurs qui veulent avoir un dessein exact plus petit ou plus grand qu'un tableau qu'ils veulent graver. Elle sert aussi aux Peintres qui veulent rapporter en tres - grand une esquisse d'une grande composition: enfin elle est en général assez précise lorsqu'on multiplie les quarrés, & d'un grand usage dans tous les arts qui ont rapport au Dessein ou à la Peinture. Voyez Anamorphosf & Craticulaire.

Il y a une autre maniere de faire les réductions & de copier par le moyen d'un instrument nommé singe, dont on donnera le détail au mot Singe: mais l'usage n'en est pas à beaucoup près aussi commun & aussi facile. Cet article est de M. Watelet.

GRATIFICATION (Page 7:863)

* GRATIFICATION, s. f. (Grammaire.) don accordé en récompense surérogatoire de quelque service rendu. Il semble donc que la gratification suppose trois choses, un consentement particulier de celui qui gratifie, une action utile de la part de celui qui est gratifié, & un avantage pour celui - ci antérieur à la gratification: sans cet avantage, la gratification ne seroit qu'une récompense ordinaire.

Gratification (Page 7:863)

Gratification, (Hist. du gouvern. d'Anglet.) la gratifieation est une récompense que le parlement accorde sur l'exportation de quelques articles de Commerce, pour mettre les négocians en état de soûtenir la concurrence avec les autres nations dans les marchés étrangers. Le remede est très - sage, & ne sauroit s'étendre à trop de branches de négoce, à mesure que l'industrie des autres peuples & le succès de leurs manufactures y peuvent donner lieu.

La gratification instituée en particulier en 1689, pour l'exportation des grains sur les vaisseaux anglois, afin d'encourager la culture des terres, a presque changé la sace de la Grande - Bretagne: les communes ou incultes ou mal cultivées, des pâturages arides ou deserts, sont devenus, au moyen des haies dont on les a fermés & séparés, des champs fertiles, ou des prairies très riches.

Les cinq schelings de gratification par quartier de grain, c'est - à - dire environ vingt - quatre boisseaux de Paris, s'employent par le laboureur au défrichement & à l'amélioration de ses champs, qui étant ainsi portés en valeur, ont doublé de revenu. L'effet de cette gratification est de mettre le royaume en état de vendre son blé dans les marchés étrangers, au même prix que la Pologne, le Dannemark, Hambourg, l'Afrique, la Sicile, &c. c'est en d'autres termes, donner au laboureur une gratification de 200 mille liv. sterling par an, pour que l'Angleterre gague 1500 mille liv. sterling, qu'elle n'auroit pas sans ce secours. Généralement parlant, la voie de la gratification est la seule qui puisse être employée en Angleterre, pour lui conserver la concurrence de tous les commerces avec l'étranger. C'est une belle chose dans un état, que de l'enrichir en faisant prospérer les mains qui y travaillent davantage. (D. J.)

GRATIOLE (Page 7:863)

GRATIOLE, s. f. (Botanique.) espece de digitale; aussi est - elle nommée digitalis minima, par Boerhaave, J. A. 229. Tournef. inst. 165. elem bot. 135. gratiola, par J. B. iij. 434. Ger. 466. Emac. 581. Rai, hist. ij. 1885. Rivin, irr. M. 126. Rupp. Fl. Jen. 200.

C'est une petite plante dont la tige menue pénetre fort avant dans la terre, & pousse plusieurs tiges quarrées, d'environ un pié de haut, des noeuds des<cb-> quelles naissent des feuilles longues, étroites, & pointues comme celles de l'hysope ordinaire. Il sort de leurs aisselles des fleurs portées sur de courts pédicules, petites, oblongues, d'un jaune pâle, ouvertes en maniere de gueules en - devant, & partagées en deux levres d'un pourpre clair; la levre supérieure est en forme de coeur, réfléchie vers le haut, & l'inférieure est divisée en trois parties; leur calice est d'une seule piece, partagé en cinq quartiers, du fond duquel s'éleve un long pistil qui se change en une capsule rougeâtre, arrondie, terminée en pointe, partagée en deux loges, & remplie de menues graines roussâtres.

Toute cette plante est sans odeur, mais d'une saveur très - amere, mêlée de quelque adstriction. Elle aime les lieux montagneux, & fleurit au mois de Juillet: elle est rarement d'usage, parce qu'elle agit avec violence par haut & par bas; & c'est pour cela qu'elle mérite d'être considérée en matiere médicale. (D. J.)

Gratiole (Page 7:863)

Gratiole, (Mat. med.) on la place communément dans les listes des plantes usuelles au rang des purgatifs hydragogues; & en effet elle purge tres violemment. C'est un vrai remede de paysan ou de charlatan, auquel on pourroit avoir recours à la campagne dans le cas de nécessité, à la dose d'une demi - poignée de plante fraîche en infusion ou en décoction, mais qu'on ne doit jamais employer quand on est à portée d'avoir les purgatifs plus éprouvés & moins dangereux des boutiques. (b)

GRATITUDE, RECONNOISSANCE (Page 7:863)

GRATITUDE, RECONNOISSANCE, sub. f. (Synonymes.) ces deux mots désignent une même chose, le sentiment des bienfaits qu'on a reçûs; avec cette différence, que le second est toûjours en regne, & que le premier, quoique plus moderne, n'ayant été hasardé que sur la fin du seizieme siecle, commence à vieillir dans le dix - huitieme. « Quant à la gratitude, dit Montagne, (car il me semble que nous avons besoin de mettre ce mot en crédit), l'exemple du lion qui récompensa Androclus du bienfait qu'il avoit reçû de lui, en venant le lecher dans l'amphitéatre de Rome, est un exemple de cette vertu qu'Appien & Séneque nous ont consacrée ». Autre bizarrerie de notre langue; le mot de méconnoissance est tombé, & le mot ingratitude a pris sa place. (D. J.)

GRATTEAU (Page 7:863)

GRATTEAU, s. m. en terme de Doreur, sont des morceaux de fer trempé de toutes formes, enfermés dans un manche de bois; ils servent à gratter les pieces pour l'apprêt. Voyez Gratter, & les Planches du Doreur.

Gratteau (Page 7:863)

Gratteau, instrument de Fourbisseur, mais différent de celui des Doreurs sur métal; il est tourné en spirale par le milieu; les deux bouts sont plats, tranchans, & courbés, l'un à droite & l'autre à gauche; il sert à gratter & même à brunir la plaque des gardes d'épée qu'on veut nettoyer & réparer.

On appelle petit gratteau, un ciselet un peu recourbé par le bout, avec lequel les Fourbisseurs & autres ouvriers grattent & adoucissent le relief de leurs ouvrages. Voyez les figures du Fourbisseur.

Gratte - Bosse (Page 7:863)

Gratte - Bosse, s. m. (Graveur. Cizeleur.) est une brosse de fils de laiton, ficelés ensemble par un autre fil de même matiere; elle sert à gratter sans les endommager les différens ouvrages de métaux, & à en emporter toute la crasse que le recuit peut leur avoir donné, en brossant ces différens ouvrages avec le gratte - bosse dans de l'eau commune, ou dans les eaux convenables aux métaux que l'on travaille. Voyez la figure dans les Planches de Gravure.

L'Arquebusier, le Doreur, le Fondeur, le Monnoyeur, &c. se servent du gratte - bosse, & ils disent gratte - bosser.

Gratte - Cul (Page 7:863)

Gratte - Cul, s. m. (Pharmac. & Mat. med.) on

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