ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"836"> observé que les graines tirées des plus beaux arbres, ou de ceux qui portent le plus de fruit, ne sont pas toûjours les meilleures pour semer; mais qu'il faut les choisir saines, unies, pleines, pesantes & entieres: les glands nets, pesans & luisans, sont préférables aux gros glands: les graines poreuses, douces, insipides, doivent être semées d'abord après leur maturité: les graines chaudes ameres demandent à être gardées six mois, un an & davantage, avant qu'on les seme.

On pratique différentes méthodes pour conserver les graines; quelques - uns les encaissent par couches alternatives, dans du sable ou de la terre humide pendant l'hyver; prennent au bout de ce terme les graines de caisses qui sont alors bourgeonnantes, & les sement délicatement dans le terrein préparé: elles prosperent autant de cette maniere que si on les eût semées en automne, outre qu'elles ont évité la vermine & les autres accidens. Pour les fruits qu'on veut semer plus tard, comme le gland, le marron d'Inde, la chataigne, la faine, la noisette, on les conserve dans des mannequins avec du sable sec, en faisant alternativement des lits de sable & des lits de fruits. Par rapport aux autres graines, les grainiers qui les vendent, se contentent de les étendre par paquet dans un lieu sec, de les visiter & de les remuer: d'autres les tiennent dans des sachets, qu'ils pendent au plancher; d'autres les gardent dans des pots ou des bouteilles étiquetées. Par tous ces moyens, les graines conservent leur vertu fructifiante plus ou moins long - tems.

L'on demande à ce sujet pourquoi plusieurs sortes de graines gardent leur faculté de germe un grand nombre d'années, tandis que tant d'autres la perdent promptement? Il semble que la cause en est dûe à la quantité plus ou moins grande d'huile que contiennent les semences, & au tissu plus ou moins serré de leur enveloppe, gousse ou coque; par exemple, les graines de concombre, de melon, de citrouille, qui ont une écorce épaisse & dure, conservent huit à dix ans leur faculté fructifiante. Il en est de même de la graine de radis, de raves, & autres semences huileuses, qui par cette raison se maintiennent bonnes pendant trois ou quatre ans; au lieu que les graines de persil, de carote, de panais & de la plûpart des plantes à parasol, perdent leur vertu germinante au bout d'une ou deux années.

Mais n'y auroit il point de moyen de prolonger aux graines la durée de leur vertu végétative? Miller nous apprend que le grand secret & ce secret qui intéresse les Botanistes, est de conserver les graines dans leurs propres gousses ou enveloppes, après qu'elles ont été cueillies bien mûres; de les tenir dans un endroit sec, & de ne leur point ôter entierement toute communication avec l'air extérieur, qui est nécessaire pour maintenir le principe de leur végétation, comme il l'a éprouvé par l'expérience suivante.

Il prit des graines fraîches de diverses plantes, de laitue, de persil, d'oignon, enferma chaque graine dans des bouteilles de verre, qu'il scella hermétiquement; il mit en même tems une quantité égale des mêmes semences dans des sacs séparés, qu'il pendit tous au plancher en un endroit bien sec. L'année suivante il sema en même tems & sur les mêmes couches d'une terre préparée, une partie desdites graines, tant de celles des bouteilles, que de celles des sacs. Presque toutes les graines des sacs vinrent à merveille, & il n'en vint pas une seule de celles qu'il avoit enfermées dans les bouteilles. Il répéta son expérience deux ou trois années de suite, & jamais aucune graine des bouteilles ne monta, tandis que les graines des sacs pousserent encore la troisieme annee. Il suit de cette expérience, que ceux qui ont à recevoir des graines des pays étrangers, doivent avertir leurs correspondans de se bien garder de les leur envoyer enfermées dans des pots ou des bouteilles bouchées.

Un second moyen que Miller conseille pour conserver les graines, & qu'il préfere à tout autre, est de les enfoüir à trois ou quatre piés de profondeur, à l'abri des grosses pluies & de l'influence du soleil: il a vû des graines conservées de cette maniere pendant vingt ans, qui au bout de ce terme ont pris racine & ont germé aussi parfaitement que les semences les plus fraîches de la même espece.

Enfin Miller a trouvé la méthode de faire fructifier toutes les especes de graines domestiques & étrangeres, qui ont pour enveloppe les coques les plus dures. Après avoir préparé de bonnes couches avec de l'écorce de tan, il y seme ces graines, par exemple des noix de coco; il couvre ces noix du même tan à l'épaisseur de deux ou trois pouces; il les laisse dans cette situation six semaines ou deux mois; ensuite il les transplante dans des pots remplis de bonne terre; il plonge ces pots jusqu'au bord dans le tan, & couvre enfin toute la surface des pots avec le même tan de l'épaisseur d'un demi - pouce. Il assûre que cette méthode lui a rarement manqué, & même qu'en s'en servant, il a vû quelquefois des graines exotiques à coque dure, pousser davantage en quinze jours qu'elles ne le font au bout d'un mois dans leur pays natal. (D. J.)

Graine d'Avignon (Page 7:836)

Graine d'Avignon, (Bot.) baie d'une espece de rhamnus ou de nerprun, que les Botanistes nomment lycium gallicum, ou rhamnus catharticus minor. Il croît dans les lieux rudes & pierreux, entre les rochers, aux environs d'Avignon & dans le comtat Venaissin. On en trouve aussi en Dauphiné, en Languedoc & en Provence. Cette espece de nerprun est un arbrisseau épineux, dont les racines sont jaunes & ligneuses; il pousse des rameaux longs de deux ou trois piés, couverts d'une écorce grisâtre, garnis de petites feuilles épaisses, ressemblantes à celles du buis, nerveuses, faciles à se détacher. Ses fleurs sont petites, monopétales, jointes plusieurs ensemble; il leur succede des baies grosses comme des grains de poivre à trois ou quatre angles, & quelquefois faites en petits coeurs, de couleur verd jaunâtre, d'un goût stiptique & fort amer.

Voilà les baies qu'on nomme graine d'Avignon, grainette, graine jaune. On nous l'envoye seche; on la desire grosse, récente & bien nourrie. Les Teinturiers, & sur - tout les Corroyeurs, s'en servent pour teindre en jaune, en y joignant de l'alun par parties égales. Voyez Jaune & Corroyer. (D. J.)

Graine (Page 7:836)

Graine, (Jardinage.) les graines d'ornement different des chapelets parce qu'elles sont toûjours rondes & d'inégale grosseur; on les place au bout des rinceaux & des feuillages, pour remplir des places longues dans la broderie des parterres. (K)

Graine (Page 7:836)

Graine, en terme de Brodeur au métier, c'est un point qui représente des semences de fruits, & qui se fait en tenant le fil tiré d'une main, & de l'autre en sichant l'aiguille en - dessous & la faisant sortir en - dessus.

GRAINER (Page 7:836)

GRAINER, v. act. (Arts méchaniques.) c'est pratiquer de petites éminences ou grains à la surface d'un corps; cela se pratique sur toutes sortes de substances, même sur les peaux. Les Boursiers entendent par grainer une peau, lui donner l'apparence qu'on voit au chagrin: cela se fait par le moyen d'une forme de cuivre grainée comme un dez & que l'on tient modérément chaude, & sur laquelle on applique le maroquin.

GRAINOIR (Page 7:836)

GRAINOIR, s. m. (Art militaire.) est dans l'artillerie une espece de crible dans lequel se passe la pou<pb-> [p. 837] dre par de petits trous ronds qui y sont faits exprès & qui forment le grain en passant quand la matiere vient d'être tiree des mortiers du moulin. Il y en a de plusieurs grandeurs. Voyez Poudre. (Q)

GRAIRIE (Page 7:837)

GRAIRIE, s. f. (Jurisprud.) est un droit que le roi a fur les bois d'autrui, à cause de la jurisdiction qu'il y tait exercer par ses officiers pour la conservation de ces bois.

Ce terme vient du latin ager, quasi agri pars, parce qu'en quelques endroits le roi a une certaine part dans les coupes de bois, outre les droits de justice, glandée, paisions & chasses.

En d'autres endroits, ce droit consiste dans un droit en argent, comme dans la forêt d'Orléans, ou on leve pour le roi deux sous parifis d'une part, & dix - huit deniers d'autre pour le droit de gratrie: ailleurs ce droit est différent.

On confond quelquefois les termes de grurie & grairie, lesquels en esset signifient souvent la même chose; mais ils ont aussi en certaines occasions chacun leur signification propre: grurie signifie quelquefois une jastice des eaux& forêts sur les bois d'autrui; grairie est le droit que le roi y perçoit à cause de justice.

uelques - uns entendent aussi par grairie un bois est possédé en commun, d'autres appellent cela segrairie.

Ragueau, en son glossaire, dit que le droit de grairie consiste en la propricté & domaine de partie du bois ou forêt.

L'ordonnance des eaux & fotêts attribue jurisdiction & competence aux officiers des eaux & forêts sur les bois tenus en grairie, grurie, &c.

Dans les bois où le roi a droit de grairie, les grandsmaîtres doivent faire les ventes avec les mêmes formalités que pour les bois du roi, sans souffrir qu'il soit fait aucun avantage ni donné aucune preserence aux tiéfonciers ou possesseurs.

Les maîtres particuliers sont les ventes des taillis tenus en grairie.

Dans tous les bois sujets aux droits de grurie, grairie, &c. la justice & tous les profits qui en procedent appartiennent au roi, ensemble la chasie, paisson & glandée, privativement à tous autres, à - moins que pour la paisson & glandee il n'y eût titre au contraire.

Les parts & portions que le roi prend lors de la coupe & usance des bois sujets aux droits de grurie & grairie, doivent ctre levées & perçûes à son profit en espece ou en argent, suivant l'ancien usage de chaque maitrise où ils sont situés, sans qu'il soit permis de rien changer ni innover à cet égard; & les bois de cette qualité ne peuvent être vendus que par le ministere des officiers des eaux & forêts, & avec les mêmes formalités que les autres bois & forêts du roi.

Les droits de grairie ou grurie ne peuvent être donnés, vendus, ni aliénés en tout ou partie, ni même donnés à ferme pour telle cause & prétexte que ce soit; leur produit ordinaire doit être donné en recouvrement au receveur des domaines & bois, lequel en doit compter comme de la vente des forêts du toi. Voyez Grurif, & au mot Dangfr, Tiers et Danger, Sfgrairie, Gruage . (A)

GRAIS, ou GRÈS (Page 7:837)

GRAIS, ou GRÈS, s. m. en latin cos, saxum arenarium, saxum sabu'osum, (Hist. nat. Mineralogie.) c'est ainsi qu'on nomme une pierre très - connue formée par l'assemblage de petits grains de sable qui sont joints les uns aux autres par un gluten ou lien qui nous est inconnu. Les particules de sable qui composent le grais sont plus ou moins grandes, cependant l'oeil peut presque toûjours les appercevoir & les distinguer. Il se trouve soit en masses ou roches informes, soit par couches dont l'épaisseur est quel<cb-> quefois considérable; il varie pour la consistence & pour la liaison de ses parties: quand il est solide, il fait seu avec le briquet, mais ordinairement il se met très - aisément en grains.

Wallerius compte huit especes de grais, mais elles ne different réellement que par la finesse des parties dont il est composé.

1°. La premiere espece est le grais ou plerre à aiguiser, cos turcica, ainsi nommée par l'usage qu'on en sait; ses parties sont très - fines: on le frotte d'huile quand on veut s'en servir pour repasser les rasoirs, les couteaux, & autres instrumens tranchans.

2°. Le grais dont on fait les pierres de remouleurs dont le grain est assez fin; il est ou gris ou blanc, ou rougeâtre ou jaunâtre.

3°. Le grais d'un tissu lâche, au - travers duquel l'eau peut se filtrer, qu'on appelle communément pierre a filtrer.

4°. Le grais poreux qui paroît comme vermoulu; il donne aussi passage à l'eau, comme le précédent.

5°. Le grais à bâtir; c'est celui dont on se sert pour bâtir en plusieurs endroits: il est mêlé d'argille, & varie pour la dureté & la finesse de ses parties. Le grais de Suede, qu'on nomme pierre de Gothie, affecte une figure cubique; la même chose arrive au grais dont on se sert pour le pavé à Paris.

6°. Le grais grossier ou ordinaire, qui est ou blanc ou gris ou jaunâtre: ses parties sont grossieres & inégales.

7°. Le grais feuilleté; il varie pour la finesse & la grossierete de ses parties.

8°. Le grais melangé, dont les parties qui le composent sont des petites pierres de différentes especes.

En général on entend par grais des pierres composées de sable, de quelque nature qu'il soit: c'est de cette pierre qu'on se sert pour paver les rues de Paris, & il n'en est point de plus propre à cet usage: il s'en trouve une grande quantité dans les environs de Fontainebleau, qui vient ici par la riviere de Seine. Qaelques - uns de ces grais sont assez peu compactes, & on les brise très - aisément au marteau pour en faire du sablon qui sert à nettoyer la vaisselle; d'autres sont d'une dureté très - considérable, & ne se divisent qu'avec beaucoup de peine. ( - )

Grais de Normandie (Page 7:837)

* Grais de Normandie, (Minéralog. & Chimie.) c'est ainsi qu'on appelle en Normandie une terre dont on se sert pour faire les pots - à - beurre, & qu'on prétend supérieure en plusieurs cas aux terres d'Allemagne, & même à la porcelaine.

Pour donner au grais la propriété de résister au feu, il faut qu'il ait été rougi; on le rougit au feu, en le chauffant par degrés; si le feu est poussé trop vif il se fend: il faut ensuite le refroidir avec la meme précaution qu'on l'a chaussé; il se brise sur le champ, si le refroidissement est subit.

Ce grais est composé d'une terre glaise & d'un petit sablon blanc semblable à celui d'Etampes; la glaise en est beaucoup plus onctueuse que la commune; elle se dissout sur la langue & laisse un goût de sa von, sans aucun vestige de stipticîté; on la tire de la terre près de Domfront; au sortir de la terre elle est humide, elle ne tarde pas à se secher: on trouve dans les trous d'où on l'atirée, de petits poissons que les ouvriers pêchent & qu'ils mangent. D'où viennent ces poisions? il n'y a dans les environs ni étangs ni riviere, ni aucune eau courante. La poterie de cette terre se fabrique aux environs de Mortain.

Pour l'employer, on commence par la couper en tranches minces & legeres avec un couteau à deux manches; on jette ces tranches dans une fosse avec du sable & de l'eau. On agite le mélange avec une pelle à différens intervalles; on le laisse en cet état pendant vingt - quatre heures, tems qu'il faut, disent les ouvriers, pour pourrir la terre. La dose de sable

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