ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"834"> mome, qu'on appelle autrement graine de paradis, vous appercevrez d'abord une substance poisseuse noire, contenant une matiere blanche en forme radiée, semblable à du sel très - blanc; & c'est aussi probablement un mélange de sel volatil & de concrétion farineuse, du - moins sa structure étoilée & son goût piquant favorisent cette opinion. Mais ce dont on ne peut douter, & qui est encore plus curieux, le centre de chque graine est rempli d'un petit morceau de camphre parfait, le même, à tous égards, que celui de nos boutiques; il est toûjours de la figure des bouteilles qui ont un ventre large & arrondi, avec un cou long & étroit.

La graine du grand érable, qu'on nomme improprement sycomore, présente au microscope un insecte qui a ses aîles étendues; les aîles sont finement vaseulaires, & les enveloppes couvertes d'un duvet blanc & soyeux contiennent une petite pelote ronde & compacte. Après avoir ôté la pellicule brune qui y est fermement attachée, on découvre une plante toure verte, singulierement repliée; le pédicule a environ, 2/3, & chaque feuille séminale 6/8 de pouce de longueur: les germes y sont de la plus grande perfection.

La poussiere des graines de la plûpart des pavots étant exposée au microscope, est transparente comme la graine même, & lui ressemble entierement.

La substance farineuse des féves, des pois, du froment, de l'orge, & autres grains, est enfermée dans de petites membranes qui sont comme autant de petits sacs percés de trous à - travers desquels on peut voir la lumiere, & qui paroissent des restes de vaisseaux coupés; ensorte que probablement chaque particule de farine est nourrie par des vaisseaux dont on ne voit plus que des extrémités tronquées. Il est vraissemblable que toutes les graines farineuses sont formées de petits globules renfermés dans des membranes qui sont un amas de vaisseaux destinés à nourrir les divers globules qu'elles contiennent.

L'huile des amandes & de toutes les graines oléagineuses, est contenue dans de petits vaisseaux qui vûs au microscope, naissent des membranes dont ils font partie. Comme la substance oléagineuse reçoit son accroissement des vaisseaux qui sont dans les cellules, & que la plante se ferine pendant le tems que la graine est en terre, les orifices sont formés de maniere à admettre le passage intérieur de l'humidité qu'ils attirent en eux pendant leur séjour en terre: ainsi la graine doit ensler successivement, & faire croitre la plante en grosseur, jusqu'à ce que la racine soit devenue capable de lui fournir par elle - même la nourriture de la terre.

Le lecteur trouvera un nombre infini d'autres belles choses de ce genre, recueillies & décrites exactement par le docteur Parsons, dans son ouvrage intitulé A microscopic theatre of seeds. Je le cite en anglois, car nous n'avons pas été encore assez curieux pour le traduire en notre langue. Je remarquerai seulement en faveur de ceux qui voudront s'attacher à ces sortes d'observations, qu'elles demandent beaucoup d'adresse dans la dissection, & que la plûpart des especes de graines doivent être préparées pour l'examen microscopique en les trempant dans l'eau chaude, jusqu'à ce que leurs enveloppes soient enlevées; & alors, par exemple, leurs feuilles séminales peuvent être ouvertes sans déchirement.

Ce n'est pas au hasard ni pour la simple vûe qu'est fait l'appareil merveilleux des graines; on sait aujourd'hui qu'il n'y a pas une seule plante dans le monde, grande, médiocre ou petite, qui puisse se produire sans graine, soit que la graine ait été mise dans les lieux mêmes où ces plantes naissent par la main du créateur ou de l'homme, soit qu'elle y ait été portée d'ailleurs au - travers de l'air par les pluies ou par les vents: il est vrai qu'on a été long - tems à chercher sans succes les graines des plantes capillaires, de plusieurs especes de fucus, de plantes marines, de mousses, &c. mais l'industrie du xvij. & du xviij. siecle, a découvert les graines de la plûpart de ces plantes, & nous sait présumer que les autres n'en sont pas destituées.

Les graines de la fougere & des plantes capillaires, d'abord vûes par Caesius, ont été pleinement demontrees par M. Guillaume Cole & par Swammerdam. Voyez Fougere. Les graines de quelques plantes marines ont été découvertes par le comte de Marsigli & par M. de Reaumur. Voyez l'histoire de l'académie des Sciences, années 1711 & 1712. Les graines de quelques especes de fucus ont été découvertes par M. Samuel Doody: celles de quelques coralloïdes, par le docteur Tancred Robinson; celles de plusieurs fungus, & en particulier des trusses, des vesses - de - loup, & d'autres de ce genre, par le docteur Lister. Voyez les Transactions philosophiques.

Quand toutes ces découvertes n'existeroient pas, il suffit de considérer la structure admirable des plantes, pour juger qu'il est impossible qu'elle résulte du concours fortuit de quelques sucs diversement agités, & que ce concours fortuit produise régulierement dans chaque espece des plantes toûjours parfaitement semblables. Enfin Malpighi a prouvé par ses expériences, confirmées depuis par tous les Physiciens, qu'une terre qui ne reçoit aucune semence, ne produit rien: c'est donc une vérité de raisonnement & de fait, que toute plante vient d'une graine.

Arrêtons - nous ici quelques momens à considérer les différentes voies dont se sert la nature pour semer les graines des plantes aussitôt qu'elles sont mûres; & c'est ce qu'elle exécute non - seulement en ouvrant la capsule où la graine est enfermée, mais aussi en donnant à la graine une structure convenable pour se répandre près ou loin. Or, 1°. les graines de plusieurs plantes qui demandent un terroir particulier, comme celles du pié - de - veau, du pavot, &c. sont assez pesantes & menues pour tomber droit en - bas & s'insinuer dans la terre, sans qu'elles ayent besoin d'autre secours: 2°. lorsqu'elles sont assez grosses & legeres pour pouvoir être enlevées par le vent, elles ont souvent un simple crochet comme la benoite, ou plusieurs petits crochets, qui les arrêtent & les empêchent d'être portées trop loin de leur place; telles sont les graines de l'aigremoine & du grateron: 3°. il y a au contraire des semences garnies d'ailes ou de plumes, tant pour être dispersées par le vent, lorsqu'elles sont mûres, comme celles du frêne, qu'afin qu'elles puissent s'écarter sans tomber les unes sur les autres; ainsi les graines de la dent de lion & la plûpart des graines à aigrettes, ont quantité de petites plumes longues qui les mettent en état de se répandre de tous côtés: 4°. il y a des graines, comme celle de l'oseille sauvage, qui sont dardées au loin avec force, par le secours d'une pellicule ou coque blanche, épaisse, tendineuse & élastique, qui étant desséchée se creve, & de cette maniere élance sortement la graine, comme dans la langue - de - cerf & la persicaire acre & siliqueuse; toute la différence est que dans les unes le ressort se roule en - dedans, & dans les autres l'action se fait du dedans en - dehors.

Ainsi tantôt le créateur a renfermé les graines dans des capsules élastiques dont les ressorts les écartent à une distance convenable; tantôt il a donné aux graines une espece de duvet ou d'aigrettes qui leur servent d'aîles pour être jettées par le vent; & tantôt dans les graines legeres, il leur a mis des crochets pour empêcher d'être portées trop loin.

Telles sont les vûes constantes de la nature pour la conservation & la propagation des especes par le [p. 835] secours des graines. « La plante qui étoit cachée sous un petit volume acquiert une grande étendue, & rend sensible avec le tems ce que les yeux ne pouvoient appercevoir dans l'origine ». C'est un passage remarquable de Plutarque.

Pour comprendre ce développement des graines, on en peut juger par un pois, une feve, un pepin de melon; mais les parties d'une feve étant plus grosses & plus sensibles, nous la prendrons pour exemple. Après avoir fait tremper une feve vingt - quatre heures dans de l'eau plus que tiede, ôtez sa robe, il vous reste à la main deux pieces qui se détachent & qu'on appelle les deux lobes de la graine; au bout de l'un de ces lobes est le germe, enfoncé comme un petit clou: ce germe tient aux deux lobes par deux petits liens.

Ces deux liens, qui sont deux vrais tuyaux, se fortifient & s'alongent en différentes branches, qui vont tout le long des lobes recevoir à chaque instant de nouveaux sucs; ils les épuisent insensiblement au profit de la petite plante. La plus fine pellicule qui couvre les deux lobes, végete aussi quelque peu; & les deux extrémités de ce sac qui embrassent la tête du germe, s'alongent & montent avec lui pour lui servir de défense contre les frottemens qui en pourroient altérer le tissu délicat. Le germe monte droit & perce l'air de sa pointe; mais les deux bouts du sac étant d'un tissu moins nourri que la tige, obéissent à l'essort de l'air qui pese dessus, & s'abaissent de côté & d'autre sous la forme de deux petites seuilles vertes, toutes différentes du véritable feuillage que la plante produira par la suite.

Cette pellicule est comme la chemise ou la robe de la grains; & les deux bouts qui en sortent, font le collet qui se rabat de part & d'autre. Quand les deux lobes ont fourni toute leur substance au germe éclos hors de terre, & qu'ils viennent à se sécher, la peau qui les enveloppe se seche aussi, & les deux premieres feuilles que nous avons appellées le collet, & qui ne sont que les deux bouts de cette peau, se sechent de même par une suite nécessaire: alors la petite plante qui s'est grossie de toute la chair que les lobes contenoient, n'y trouvant plus rien, va chercher sa nourriture dans la terre même.

Toute graine a un germe: ce germe, roit d'une feve, d'un pepin de melon, ou d'un pepin de pomme & de toute autre plante, est ce qu'on appelle la plantule, & est composé de la radicule, de la tige & de la plume. La radicule est le bas de la petite plante; c'est la partie par où elle s'attachera à la terre: la tige est le corps de la plante; & la plume en est la tête où le feuillage en petit est enveloppé: c'est ce qui sort toûjours de terre & qui s'éleve peu - à - peu.

Mais comment arrive - t - il que la plume sort toûjours de terre & non la radieule; car il est certain que les graines portées en terre par le vent ou par l'homme, tombent au hasard dans une infinité de positions différentes? Quand un laboureur seme, il jette son blé à l'avanture; quand un jardinier plante des feves ou des pois, il n'observe point où est le bas ni le haut de la graine, si le côté auquel répond la plume se trouve en bas, & si celui auquel répond la radicule du germe se trouve en - haut. Qu'est - ce donc qui force la plume à remonter droit en l'air, & la radicule à demeurer en terre; car il se passe ici certainement une action de violence? On a bien de la peine à concevoir ce phénomene, & l'on n'a donné jusqu'à ce jour que des hypothèses ingénieuses pour l'expliquer: telles sont celles de MM. Dodard, La Hire, Geoffroi & autres, rapportées dans l'histoire de l'académie des Sciences, & que je regarde comme autant de romans de la végétation des plantes. (D. J.)

Graine (Page 7:835)

Graine, (Agricul.) on distingue en Agriculture les graines, en graines potageres, graines à fleurs, & graines d'arbres.

Les graines potageres se sement en tout tems sur des couches préparées, où chaque espece a son rayon à part. On les éloigne les unes des autres; & en arrachant les méchantes herbes, on prend garde d'arracher les graines, car on peut s'y tromper, jusqu'a ce que la plante paroisse. Quand les graines sont semées, si la couche est seche on l'arrose, & l'on continue les arrosemens selon le besoin. Comme les gelées blanches sont mourir les graines, on a soin de les couvrir pendant la nuit, & on éleve les couvertures à un demi pié au - dessus, pour qu'elles ne posent point sur les couches. Lorsque le soleil est favorable, on les découvre tous les matins, & on les recouvre tous les soirs avant la gelée. Dès que les graines sont à la hauteur qu'on juge à - propos, on les transplante à une certaine distance les unes des autres, selon leur grosseur.

Les graines des fleurs se sement semblablement en toute saison, & demandent au - moins les mêmes apprêts & les mêmes soins que les graines potageres, c'est - à - dire une couche garnie de bon fumier chaud, & par - dessus un demi - pié de vieux terreau pourri. Après que la grande chaleur est passée, on fait sur la couche des rayons à quatre doigts les uns des autres, pour semer dans chacun les graines de la même espece. Quand les graines sont semées & qu'on les a couvertes de deux travers de doigt de terreau, on arrose journellement les couches avec un petit arrosoir dans les tems secs: on les couvre encore, de peur des gelées blanches, comme on fait pour les graines potageres, en étendant les couvertures sur des cerceaux, & on les découvre le jour quand le soleil donne sur la couche. L'attention qu'on doit avoir, c'est de ne rien arracher dans les rayons de ces couches, que les jeunes fleurs levées ne soient déjà grandes, de peur de les arracher pour de l'herbe, car elles viennent de même.

Les graines d'arbres se plantent ordinairement au printems & en automne. On prend de la terre forte, de la terre neuve, de la terre de jardin & du terreau; on mele le tout ensemble, qu'on passe à la claie. Si on seme les graines en terre, on met sept à huit hotées de cette terre sur les planches, & on laboure le tout. Si on seme les graines dans les caisses ou autres vaisseaux, on les remplit de cette terre: ces graines doivent être couvertes de quatre bons travers de doigt d'epaisseur; on les arrose s'il ne pleut point, & on les garantit de la gelée, jusqu'à ce que les arbres naissans soient assez forts pour la supporter.

Parmi les arbres qui contribuent à l'embellissement d'un jardin, ou peut distinguer ceux qui portent des graines, & ceux qui portent des fruits. Les arbres à graine les plus en usage, sont l'orme, le tilleul, le frêne, l'érable & le sycomore. Ceux qui portent des fruits sont le chêne, le marronnier d'lnde, le chataignier, le hêtre & le noisetier. Les graines & les fruits de ces arbres se recueillent en automne, à l'exception des graines d'orme qui se ramassent au mois de Mai, & qui se sement dans le même tems.

La forme, la pesanceur & la maniere dont les graines tombent à terre, nous peuvent quelquefois diriger dans la façon de les semer. Les plus pesantes se sement plus profondément; ainsi l'on seme les glands & les noyaux à la profondeur de deux, trois & quatre doigts. M. Bradley a observé que des graines, quoique très - bonnes, dégénerent si l'on les seme sur le même terrein où on les a recueillis; de sorte que pour remédier à cet inconvénient, il conseille de troquer chaque année les graines des arbres forestiers avec des correspondans des provinces différentes, comme cela se pratique pour les fleurs. Il a encore

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