ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"832"> plomb. Voyez Lotissage. On a pour l'ordinaire autant de témoins qu'on employe de quantités différentes de grenaille, & la chose parle d'elle - même; si l'on en fait de nouvelle, il faut recommencer sur nouveaux frais: ainsi il en faut faire beaucoup à - la-fois; car le plomb de la même miniere ne contient pas la même quantité d'argent. Les produits d'une mine changent tous les jours; & d'ailleurs l'argent n'est pas répandu uniformément dans le même gâteau de plomb, comme nous l'avons déjà insinué, & comme nous le détaillerons plus particulierement à l'article Lotissage. C'est aussi par la même raison que ceux qui au lieu de grenailler leur plomb d'essai le réduisent en lamines qu'ils coupent de la grandeur que prescrit ce poids, & dont ils enveloppent l'essai, sont sujets à tomber dans l'erreur.

Mais il ne suffit pas de s'être assûré de la quantité d'argent que contient le plomb, il faut aussi examiner sous ce même point de vûe tout ce qui sert aux essais & qui peut être soupçonné d'en augmenter le bouton; la litharge, le verre de plomb, le cuivre & le fer, &c. il faut avoir le grain de plomb de tous ces corps. Il est vrai que la plûpart du tems l'erreur qui en pourroit résulter ne seroit pas considérable; mais elle le deviendroit si elle étoit répétée, c'est à - dire si elle étoit une somme de celles qui pourroient venir de plusieurs causes à - la - fois.

S'il se trouve de l'argent dans le plomb, le bismuth (car celui - ci sert aussi à coupeller) la litharge, &c. c'est qu'il n'y est pas en assez grande quantité pour défrayer des dépenses de l'affinage. D'ailleurs il y a des auteurs qui prétendent que si l'on coupelle de nouveau le plomb qui a été bu par la coupelle, on y trouve toûjours de l'argent: ainsi il ne peut y avoir de plomb sans argent, quoiqu'on dise qu'il s'en trouve. Voyez Cramer, Plomb, Fourneau , à la section des fourneaux de fusion; Mine perpétuelle de Bécher, Essai, Affinage & Raffinage de l'Argent, & Grenailler

Grain de Plomb (Page 7:832)

Grain de Plomb, (Chimie. Métallurg.) Voyez Grain de fin.

Grain (Page 7:832)

Grain, (Physique.) on appelle de ce nom tous les coups de vent orageux qui sont accompagnés de pluie, de tonnerre, & d'éclairs, & l'on se sert du terme de grain - sec pour désigner ceux qui sont sans pluie. Voyez Ouragan. Hist. natur. du Sénégal, par M. Adanson.

Grain (Page 7:832)

Grain, (Art milit.) dans l'artillerie est une opération dont on se sert pour corriger le défaut des lumieres des pieces de canon & mortiers qui se sont trop élargies.

Ce grain n'est autre chose que de nouveau métal que l'on fait couler dans la lumiere pour la boucher entierement. Pour que ce nouveau métal s'unisse plus facilemement avec l'ancien, on fait chauffer la piece très - fortement, pour lui donner à - peu - près le même degré de chaleur que le métal fondu que l'on y coule: quand ce métal est refroidi, on perce une nouvelle lumiere à la piece; pour que le nouveau métal ne coule pas dans l'ame du canon par la lumiere, on y introduit du sable bien refoulé jusque vers les anses.

Comme il est assez difficile que le nouveau métal dont on remplit la lumiere s'unisse parfaitement avec l'ancien, le chevalier de Saint - Julien propose, dans son livre de la forge de Vulcain, d'élargir la lumiere de deux pouces jusqu'à l'ame du canon, comme à l'ordinaire; de faire ensuite autour de cette ouverture, à trois ou quatre pouces de distance, quatre trous en quatre endroits différens, disposés de maniere qu'ils aillent se rencontrer obliquement vers le milieu de l'épaisseur de la lumiere; il faut que ces trous ayent au moins chacun un pouce de diametre. Il faut après cela prendre un instrument de bois à<cb-> peu - près comme un refouloir, qui soit exactement du calibre de la piece; sur la tête de cette espece de refouloir; il faut faire une entaille d'un demi - pouce de profondeur, coupée également suivant sa circonférence, ensorte que le fond de cette entaille donne une superficie convexe, parallele à celle de sa partie supérieure. On doit garnir l'entaille d'une ligne ou deux d'épaisseur, en lui donnant toûjours la forme convexe; après cela, il faut faire fondre cinq ou six cents livres de métal, bien chauffer le canon, & introduire dedans le refouloir dont nous venons de parler; son entaille doit répondre au trou de la lumiere. Le canon étant ensuite placé de maniere que le trou de la lumiere se trouve bien perpendiculaire à l'horison, il faut faire couler le métal dans tous les trous que l'on a percés, & après les en avoir remplis, & laissé refroidir le tout, la lumiere se trouvera exactement bouchée & en état de résister à tout l'effort de la poudre dont le canon sera chargé dans la suite; c'est ce que cette construction rend évident. Il est question après cela de retirer le refouloir; pour le faire plus facilement, on a la précaution de le construire de deux pieces, & en tirant celle de dessous, l'autre se détache aisément. On perce ensuite une nouvelle lumiere, avec un instrument appellé foret; & c'est la raison pour laquelle on dit indifféremment, dans l'usage ordinaire, percer ou forer une lumiere. Voyez Canon. (Q)

Grain (Page 7:832)

Grain, (Poids.) c'est la soixante - douzieme partie d'une dragme en France. Il y en a conséquemment 24 en un denier; 28 4/5 en un sterling; 14 2/3 en une maille; 7 1/5 en un felin.

En Allemagne la dragme n'a que soixante grains. Cette dragme & ces grains sont différens de ceux de France Les grains d'Angleterre & de Hollande le sont aussi, &c. Voyez la section du poids de proportion à l'article Poids fictif.

Le carat de diamans en France pese quatre grains réels. Celui de l'or est un poids imaginaire. Voyez Carat & Poids fictif

Le poids de semelle pour l'argent est de trente - six grains réels. Celui pour l'or est de six grains, aussi réels en France. Voyez Poids fictif.

Pour les matieres précieuses, le grain réel se divise en 1/2, en 1/4, en 1/8, &c. & il est toûjours constamment de même poids; mais le grain imaginaire, ou qui est une division d'un poids représentant, a une valeur proportionnée à ce poids. Voyez Poids fictif.

La lentille des Romains, cens, pesoit un grain; leur aereole, oereolus, le cholcus des Grecs pesoit deux grains. La silique des Romains, le cération des Grecs, le kirac des Arabes, 4 grains. Le danich des Arabes, huit grains. L'obole des Romains, l'onolosat des Arabes, 12 grains. La dragme des Romains, 72 grains.

En Pharmacie, le grain est ordinairement le plus petit poids. Ce n'est pas qu'on ne prenne des médicamens composés, où une drogue simple n'entre que pour un demi grain, un tiers, un quart, &c. de grain; mais ces fractions ne sont pas séparées de la masse totale, & se pesent en commun. Cependant il arrive quelquefois qu'une drogue simple est ordonnée à la quantité d'un demi - grain; & pour lors il faut avoir un poids particulier, pour n'être pas obligé de partager la pesée d'un grain. Ces poids sont faits d'une petite lame de laiton, assez étendue pour porter l'empreinte de sa valeur; & il faut convenir que ces sortes de poids sont plus justes que ceux qui leur ont donné leur nom. Je veux parler des grains d'orge qui ont servi d'abord à diviser notre denier, ou le scrupule de la Medecine en 24 parties. Il est vrai qu'on avoit la précaution de les prendre médiocrement gros; mais la masse n'est pas dans tous en même proportion avec le volume. D'ailleurs ces sortes de poids [p. 833] étoient sujets aux vicissitudes du sec & de l'humide, qui devoient y apporter des changemens considérables, sans compter qu'ils étoient rongés des insectes qui les diminuoient tout - d'un - coup d'un demi - grain, & conséquemment le médicament pesé: ensorte qu'on devoit être exposé à des inexactitudes continuelles. Dans les formules, le grain a pour caractere ses deux premieres lettres. Ainsi, prenez de tartre stibié gr. ij. signifie qu'on en prenne deux grains.

Grain (Page 7:833)

Grain, en terme de Rassineur, est proprement le sucre coagulé qui forme ces sels luisans & semblables par leur grosseur aux grains de sable. On appelle encore de ce nom dans les raffineries, des sirops que la chaleur fait candir & attacher au fond du pot. Voyez Pot.

Grain d'Orge (Page 7:833)

Grain d'Orge, (Medecine.) maladie fréquente dans les cochons qu'on engraisse, & qui consiste en quantité de petites pelotes dures de la grosseur d'un grain d'orge, répandues sur toute la membrane cellulaire; ces grains ont leur siége dans les bulbes des poils, qui sont de vrais follicules adipeux, où l'injection d'eau & même de matiere céracée, pénetre aisément par les arteres. (D. J.)

Grain d'Orge (Page 7:833)

Grain d'Orge, outil dont se servent les Tourneurs; il paroît être composé des biseaux droit & gauche. Voyez nos Planches du tour, où il est représenté vû par - dessous.

Grain de Vent (Page 7:833)

Grain de Vent, (Marine.) se dit d'un nuage, d'un tourbillon en forme d'orage, qui ne fait que passer, mais qui donne du vent ou de la pluie, & souvent les deux ensemble: lorsqu'on l'apperçoit de loin, on se prépare, & l'on se tient aux drisses & aux écoutes pour les larguer s'il est nécessaire, ou faire d'autres manoeuvres selon le besoin. Il y a des grains si forts & si subits, qu'ils causent bien du desordre dans les voiles & les manoeuvres. On dit un grain pesant, lorsque le vent en est très - fort. (Z)

GRAINE (Page 7:833)

GRAINE, s. f. (Botanique.) semence que les plantes fournissent pour la conservation & la propagation de l'espece, après qu'elles ont produit leurs fleurs & leur fruit. M. Dodard définit la graine, un bourgeon de plante abregée, accompagné d'une pulpe qui lui tient lieu de placenta. La graine est souvent le fruit même de la plante, comme dans la plûpart des herbes potageres; quelquefois elle n'est que la partie renfermée dans le fruit en forme de grain, de pepin, de noyau; mais dans tous ces cas, c'est toûjours elle qui sert à multiplier l'espece.

L'anatomie des graines, leur variété externe & interne, les voies dont la nature se sert pour les semer, & le secret de leur végétation seront à jamais l'objet des recherches & de l'admiration des Physiciens.

Grew, qui a fait tant de curieuses observations sur cette matiere, a remarqué qu'en général les graines ont quatre enveloppes, dont la premiere s'appelle la capsule, qui ressemble quelquefois à une petite bourse, comme celle du cresson; quelquefois c'est une gousse, comme celle des légumes; quelquefois elle est divisée en deux, comme dans l'oseille & dans la renouée. La seconde & la troisieme enveloppe s'appellent les peaux de la graine, principalement dans les féves; leur couleur varie depuis le blanc jusqu'au noir de jay. La quatrieme & derniere enveloppe se peut nommer secondine, parce qu'elle est, pour ainsi dire, dans les plantes, ce que sont dans les animaux les membranes qui enveloppent le fétus: on la peut voir en enlevant fort adroitement les robes d'une féve nouvellement formée.

La figure des graines est tantôt semblable à celle d'un rein, comme dans cette espece de ben appellée papaver spumeum: tantôt elle est triangulaire, comme dans l'oseille & dans le sceau de Salomon; quelquefois entre ronde & triangulaire, comme dans la menthe & dans la mélisse; quelquefois elle est ronde - plate, comme dans les giroflées & les amaranthes; quelquefois sphérique, comme dans les navets & dans le muguet des bois; quelquefois ovale, comme dans le peigne de Vénus & dans les tithymales; ou demi - ovale, comme dans l'anis & dans le fénouil, ou demi - ronde, comme dans la coriandre.

On en trouve qui ont la forme d'une pique, comme dans la laitue; ou d'un cylindre, comme dans les jacobées; ou d'une pyramide, comme dans le bec de cicogne à feuilles de guimauve. Il y en a de lisses & polies, comme celles du scandix; d'autres qui sont bouillonnées, comme celles de l'herbe aux mittes; d'autres qui sont remplies de petites fosses exagones semblables aux rayons de miel, comme celles des pavots, de la jusquiame, du mufle de veau, & du passerage; d'autres qui sont percées comme des pierres ponces, telles que sont celles du grémil & du phalange de Candie.

La graine de plusieurs plantes mâles est huileuse, & cette graine n'est autre chose qu'une espece de poussiere de diverses couleurs, qui dans les fleurs tient au sommet des étamines; elle est jaune dans le lis blanc, rouge dans le lis frisé, noire dans plusieurs especes de tulipes; toutes ces graines repoussent l'eau. Cela se voit fort bien dans la semence du pié de loup, lycopodium; car si on en enduit le fond d'un verre, on s'appercevra que l'eau qu'on y verse reçoit une surface convexe, & qu'une goutte d'eau y paroît sous la forme d'un globule rond: l'eau ne pénetrera pas un morceau de toile ou de papier, si on a eu soin de les frotter auparavant comme il faut avec la graine de cette mousse terrestre.

Les peaux des graines de coignassier, de l'herbe aux puces, de la roquette, de la cameline, du cresson, du basilic, & de plusieurs autres, sont vernissées d'un mucilage qui s'évanoüit quand elles sont seches.

Toutes les graines de plantes ont des enveloppes ou des étuis qui les mettent à couvert jusqu'à ce qu'elles soient jettées en terre; on les retourne, on les mesure, on les entasse sans danger, parce qu'elles sont enveloppées & garanties: les unes naissent dans le coeur des fruits, comme les pepins des pommes & des poires; d'autres viennent dans des gousses, comme les pois, les féves, les graines de pavoit, le cacao. Il y en a qui outre la chair du fruit ont encore de grosses coques de bois plus ou moins dures, comme les noix, les amandes des abricots, des pêches, & d'autres fruits, tant des Indes orientales que des Indes occidentales. Plusieurs par - dessus leur coque de bois ont un brou amer comme nos noix; ou un fourreau hérissé de pointes, comme les châtaignes & les marrons d'Inde. Indépendamment des enveloppes extérieures, chaque graine a encore son épiderme ou sa peau, dans laquelle sont renfermés la pulpe & le germe.

Toutes ces choses frappent les yeux, & bien davantage encore, quand on regarde les plus petites graines avec la lentille; car alors elles se montrent aussi différentes dans leur figure & dans leur caractere, que le sont tous les autres genres d'êtres de la création: mais si leur forme extérieure porte une si grande variété, leur structure interne etant artistement développée par des préparations & des sections, offre au microscope mille choses dignes d'admiration. Je suis fâché de n'en oser citer que quelques exemples.

La graine de l'angélique est une des plus odorantes du monde: ôtez - en la premiere pellicule, & vous découvrirez au microscope ce qui produit sa charmante odeur; c'est une fine gomme ambrée, couchée par filets sur toutes les cannelures de cette semence.

Faites une section longitudinale au grand carda<pb->

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