ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"663"> la terre, & étouffer d'elle - même les herbes inutiles qui veulent croître dans son enceinte.

Les pattes, c'est ainsi qu'ils nomment les racines, se fortifient & s'étendent dans la terre à - proportion de la bonté du terrein, car cette plante a coûtume de le dégraisser & de le manger beaucoup. Quand la racine est mûre, ce qu'on connoît aux feuilles, qui, après avoir jauni, se fannent & se sechent, on arrache la plante avec ses pattes & son chevelu; s'il en est resté quelques - unes en terre, on les cherche avec la houe, & on les enleve.

On sépare ensuite la tige des pattes; on nettoye les pattes de toutes les ordures qu'elles peuvent avoir; on les racle legerement, on les lave, on les fait sécher sur des claies, simplement à l'air & à l'abri du soleil. Ces racines sont d'une substance si délicate, que cette substance seroit bien - tôt consommée, & n'offriroit plus qu'une peau ridée avec très peu de chair, si on les faisoit sécher au soleil ou au four.

Pour préserver des insectes les racines de gingembre ainsi séchées, on les enduit de bol rouge, jaune, ou d'autre couleur; & pour les transporter chez l'étranger, on les enferme dans des boîtes couvertes de terre ou de sable. D'autres, après avoir enlevé l'écorce extérieure des racines, jettent ces racines ainsi pelées dans de la saumure ou du vinaigre, & les y laissent macérer pendant une couple d'heures: au sortir de - là, ils les exposent autant de tems au soleil, & finalement ils les couvrent de nattes dans leurs magasins pour l'usage & le débit. Celles qu'on a trop lavées ou nettoyées, perdent une partie de leur torce, de leur chaleur, & de leur acrimonie.

On cultive le gingembre en Europe par pure curiosité; & l'on réussit très - bien à cette culture. Voici comment.

On transplante au printems des racines de cette plante dans des pots pleins de terre fertile & legere; on plonge ces pots dans des couches de tan, qu'il convient d'arroser fréquemment. Au fort de l'été, on doit tenir avec des tuiles les chassis de verre soûlevés pour donner de l'air à la plante; & si l'on tempere habilement l'accès de l'air, la chaleur, & les arrofemens, on verra les racines dans une seule saison se fortifier, grossir, s'étendre de toutes parts, & produire des fleurs.

Mais il faut observer dans nos climats tempérés de tenir constamment, & même pendant tout l'été, les pots de gingembre dans les couches de tan, sans les en sortir. Pendant l'hyver, il faudra que ces pots soient non - seulement à demeure dans la serre chaude, mais qu'ils y soient plongés dans du tan. Ces pots de racines ne prospéreroient point aussi - bien sur des planches dans le lieu le plus chaud de la serre, qu'ils le feront dans la couche du tan au même degré de chaleur. On doit peut - être en attribuer la cause à la vapeur du tan qui s'éleve par la fermentation; & qui passant par les trous du fond des pots, humecte les racines, les nourrit, & les maintient dans l'embonpoint.

Le jaunissement & la flétrissure des feuilles indiquent la maturité des racines, & pour lors on peut les tirer des pots; mais celles qu'on réserve pour multiplier, doivent rester dans leurs pots jusqu'au printems suivant, qui est le tems favorable à la transplantation, & toûjours un peu avant que la racine jette des feuilles. En effet, on a remarqué que c'est d'abord après la pointe des feuilles, que les racines poussent des fibres charnues qui les sauvent & les conservent. (D. J.)

Gingembre (Page 7:663)

Gingembre, (racine de) Comm. Il n'est pas possible de calculer la quantité de gingembre dont les Indes fournissent l'Europe chaque année, par ce que les vaisseaux marchands qui viennent de nos colo<cb-> nies en apportent sans cesse, soit en nature, soit confit.

Le gingembre qu'on confit dans les colonies pour le débit ordinaire, est brun, & le sirop noir; mais on est parvenu dans les îles à faire une excellente confiture de gingembre pour les gens aisés & les officiers de Marine, qui en consomment beaucoup sur mer. Voici la maniere dont on y réussit; & c'est une très - bonne méthode pour ôter l'âcreté mordicante & nuisible de toutes sortes de racines.

On cueille celle - ci avant sa maturité, lorsqu'elle est jeune & tendre. On la ratisse pour enlever la premiere pellicule; ensuite on la coupe par tranches qu'on fait macérer dans plusieurs eaux pendant une dixaine de jours pour ôter leur âcreté; & l'on change ces eaux toutes les douze heures. Après cette préparation, on fait bouillir les racines à grande eau pendant une bonne demi - heure; quand on les a tirées de cette eau, & qu'elles ont été bien égouttées, on les met dans un sirop foible, clarifié, tout chaud; & on les laisse dans ce sirop pendant vingt - quatre heures. On les fait égoutter une seconde fois, & on les remet dans un nouveau sirop plus fort pendant le même espace de tems; enfin on les replonge dans un troisieme sirop bien clarisié, où on les laisse à demeure, si l'on veut les conserver liquides, & d'où on les tire, si l'on veut les mettre à sec, pour en composer des marmelades & des pâtes. Le gingembre confit de cette maniere est d'une couleur d'ambre, claire, transparente, tendre sous la dent, & sans âcreté mordicante; le sirop en est blanc & agréable.

Le prix du gingembre en nature est à Amsterdam depuis huit jusqu'à douze florins la livre; le prix du gingembre confit depuis quatorze jusqu'à vingt florins. L'Allemagne & le Nord consomment beaucoup de l'un & de l'autre gingembre. Nos Epiciers achetent volontiers le gingembre en nature, dont ils composent une sorte d'épices qu'ils nomment épice blanche: mais les colporteurs ne vendent guere de poivre où il n'y ait une partie de gingembre mêlée; & c'est de - là que vient le bas prix auquel ils le donnent. (D. J.)

Gingembre (Page 7:663)

Gingembre, (Mat. med.) on connoît sous ce nom dans les boutiques une racine d'un goût acre, brûlant, d'une odeur forte assez agréable; on estime celle qui est récente, blanche ou pâle & odorante; on rejette celle qui est rongée des vers, qui est pleine de poussiere, & dont la superficie a été couverte de bol ou de craie, pour remplir les trous que les vers ont faits; car elle y est fort sujette. Geoffroi, Matmed. On nous l'apporte dans deux états, séchée, & consite avec le sucre.

Le gingembre séché entre dans les poudres des plus anciens antidotes; tels que la thériaque, le mithridate, le diascordium, dans les confections cordiales, stomachiques, & même purgatives, & dans tous les anciens électuaires purgatifs: il est employé dans ces derniers comme un puissant correctif des purgatifs, selon l'idée des anciens. Voyez Correctif.

On fait entrer aussi quelquefois le gingembre en poudre dans diverses préparations magistrales, telles que les opiates & les bols stomachiques, cordiaux, & sur - tout dans les remedes déstinés à exciter l'appétit vénérien & l'aptitude à le satisfaire; il est très renommé pour cette derniere qualité, & les effets qu'on lui attribue sur ce point sont très - réels: on le prescrit quelquefois aussi à titre de carminatif: c'est un puissant tonique & un véritable échauffant. Voy. Échauffant & Tonique. C'est pourquoi il faut bien se garder d'en permettre l'usage à ceux qui ont les solides tendus & irritables, ou qui sont sujets à des hémorrhagies: on pourroit le donner seul en substance depuis dix jusqu'à vingt grains dans les re<pb-> [p. 664] lâchemens extrèmes de l'estomac; mais on le donne très - rarement ainsi, à cause de sa grande acreté.

On use beaucoup plus fréquemment dans les prescriptions magistrales, du gingembre confit; celui - ci est beaucoup plus doux, mais il est encore assez actif pour réveiller doucement le jeu de l'estomac, exciter l'appétit, faciliter la digestion, donner des forces, & ce que les Medecins appellent pudiquement de la magnanimité, si on en mange plusieurs morceaux dans la journée: au reste, cette confiture est très agréable; & on la sert assez communément sur nos tables. (b)

GINGI (Page 7:664)

GINGI, (Géog.) royaume d'Asie; ce royaume est une contrée de la côte de Coromandel, dans la presqu'île de l'Inde, en - deçà du Gange. Elle est bornée au nord par le royaume de Bisnagar, au sud par le Tanjaon, à l'est par l'Océan indien, à l'oüest par les montagnes de Gate, qui la séparent de la côte de Malabar. Son prince particulier ou naîque, est tributaire du roi de Décan; sa ville principale est Gingi, espece de forteresse au sud du royaume de Carnate, à quatorze lieues oüest de Pondichéry. Long. suivant le P. Boucher, d'environ 100d. & suivant Desplaces,97d. 21'. 30". latit. 12d. 10'. (D. J.)

GINGIRO, ou GINGER - BOMBA (Page 7:664)

GINGIRO, ou GINGER - BOMBA, (Géograph.) royaume d'Ethiopie au nord de la ligne équinoctiale, & au sud de l'Abyssinie, par laquelle il est borné au nord - est; il est terminé à l'est par la riviere de Zébée, au sud par le Monoémugi, à l'oüest par le Mujac, au nord par la province de Gorrham: tout l'intérieur du pays nous est inconnu, personne n'y a pénétré. (D. J.)

GINGLIME (Page 7:664)

GINGLIME, s. m. (Anatomie.) est une espece de diarthrose ou d'articulation des os. Voyez Diarthrose & Articulation.

Le ginglime est une espece d'articulation dans laquelle deux os se reçoivent mutuellement, de maniere qu'un même os reçoit & est reçû. Voyez Os.

Il y a trois sortes de ginglimes; la premiere est lorsque le même os par la même extrémité est reçû par un seul os qu'il reçoit réciproquement en forme de charniere: telle est l'articulation de l'os du bras & de celui du coude.

La seconde est lorsqu'un os en reçoit un autre par une de ses extrémités, & qu'il est reçu dans un autre par son autre extrémité, comme le radius & le cubitus.

La troisieme espece de ginglime est celle où un os est reçû en forme de roue ou d'essieu, comme la seconde vertebre est reçue par la premiere. Chambers. (L)

GINS - ENG (Page 7:664)

GINS - ENG, s. m. (Bot. exot.) on écrit aussi genseng, ging - seng & geng - seng; la plus célebre racine médicinale de toute l'Asie.

C'est - là cette racine si chere & si précieuse que l'on recueille avec tant d'appareil dans la Tartarie; que les Asiatiques regardent comme une panacée souveraine, & sur laquelle les medecins chinois ont écrit des volumes entiers où ils lui donnent le nom de simple spiritueux, d'esprit pur de la terre, de recette d'immortalité.

Cette fameuse racine a un ou deux pouces de longueur: tantôt elle est plus grosse que le petit doigt, & tantôt moins, un peu raboteuse, brillante & comme transparente, le plus souvent partagée en deux branches, quelquefois en un plus grand nombre, garnie vers le bas de menues fibres: elle est roussâtre en - dehors, jaunâtre en - dedans, d'un goût acre, un peu amer, aromatique, & d'une odeur d'aromate qui n'est pas desagréable.

Le collet de cette racine est un tissu tortueux de noeuds, où sont imprégnées alternativement, soit d'un côté soit de l'autre, les traces des différentes tiges qu'elle a eues & qui marquent ainsi l'âge de cette plante, attendu qu'elle ne produit qu'une tige par an, laquelle sort du collet & s'éleve à la hauteur d'un pié. Cette tige est unie & d'un rouge noirâtre.

Du sommet de cette tige naissent trois ou quatre queues creusées en gouttiere dans la moitié de leur longueur, qui s'étendent horisontalement, & sont disposées en rayons ou en une espece de parasol: les queues sont chacune chargée de cinq feuilles mégales, minces, oblongues, dentelées, retrécies, alongées vers la pointe, & portées sur la queue qui leur est commune, par une autre petite queue plus ou moins grande. La côte qui partage chaque feuille jette des nervures qui font un réseau en s'entrelaçant.

Au centre du noeud où se forment les queues des feuilles, s'éleve un pédicule simple, nud, d'environ cinq à six pouces, terminé par un bouquet de petites fleurs, ou par une ombelle garnie à sa naissance d'une très - petite enveloppe. Cette ombelle est composée de petits filets particuliers qui soûtiennent chacun une fleur dont le calice est très - petit, à cinq dentelures, & porté sur l'embryon. Les pétales sont au nombre de cinq, ovales, terminés en pointe, rabattus en - dehors. Les étamines sont aussi au nombre de cinq, de la longueur des pétales, & portent chacune un sommet arrondi.

Le stile est court & ordinairement partagé en deux branches, quelquefois en trois & en quatre, dont chacune est surmontée d'un stigmate: ce stile est posé sur un embryon qui en mûrissant devient une baie arrondie, profondément cannelée, couronnée, & partagée en autant de loges qu'il y avoit de branches au stile. Chaque loge contient une semence plate, en forme de rein.

Lieux de sa naissance. Le gins - eng croît dans les forêts épaisses de la Tartarie, sur le penchant des montagnes, entre les 39 & 47d. de latit. septentr. & entre le 10 & le 20d. de longitude orientale, en comptant depuis le méridien de Pékin. Le meilleur vient dans les montagnes de Tsu - toang - seng; celui qui naît dans la Corée, & qu'on nomme ninzin, est plus épais, mou, creux en - dedans, & beaucoup inférieur au vrai gins eng.

Il n'est donc pas vrai que cette plante soit originaire de Chine, comme le dit le P. Martini, d'après quelques livres chinois qui la font croître dans la province de Pekin, sur les montagnes d'Yong - Pinfou: mais on a pû aisément s'y tromper, parce que c'est - là qu'elle arrive quand on l'apporte de la Tartarie à la Chine.

Appareil avec lequel on recueille, on seche, & on prépare cette racine. Les endroits où vient le gins - eng sont séparés de la province de Quantong, appellée Leaotong dans nos anciennes cartes, par une barriere de pieux de bois qui renferme toute cette province, & aux environs de laquelle des gardes rodent continuellement pour empêcher les Chinois d'aller chercher cette racine: cependant quelque vigilance qu'on employe, l'avidite du gain inspire aux Chinois le secret de se glisser dans ces deserts au risque de perdre leur liberté & le fruit de leurs peines, s'ils sont surpris en sortant de la province ou en y rentrant.

L'empereur qui régnoit en 1709, souhaitant que les Tartares profitassent de ce gain préférablement aux Chinois, avoit ordonné à dix mille Tartares d'aller ramasser eux - mêmes tout ce qu'ils pourroient de gins - eng, à condition que chacun d'eux en donneroit à sa majesté deux onces du meilleur, & que le reste seroit payé aux poids d'argent fin. Par ce moyen on comptoit que l'empereur en auroit cette année - là environ vingt mille livres chinoises, qui ne lui coûteroient guere que la quatrieme partie de leur valeur. Le P. Jartoux rencontra par hasard la même année quelques - uns de ces Tartares au milieu de ces affreux deserts.

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.