ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"693"> tre rapportée ici. Cet ecclésiastique étant allé à la chasse un samedi passa sur un glacier; il tomba dans une fente, sans cependant avoir été blessé de sa chûte. Comme la fente alloit en retrécissant, il n'alla pas jusqu'au fond; mais il fut retenu & demeura suspendu au milieu des glaces: n'ayant guere lieu de se flaiter qu'il dût venir quelqu'un pour le tirer d'affaire, dans un endroit aussi peu fréquenté, il se soûmit à la volonté du ciel, & prit le parti d'attendre sa fin avec tranquillité: en tombant il n'avoit point lâché le fusil qu'il tenoit dans ses mains; il en détacha la pierre, & s'en servit pour graver sur le canon sa malheureuse avanture, afin d'en instruire la postérité. Les paroissiens qui lui étoient très - attachés, ne voyant point paroitre leur curé le dimanche suivant à l'église, se mirent en campagne pour le chercher: quelques - uns d'entr'eux apperçurent sur la neige les pas d'un homme; ils suivirent cette trace, & ce sut avec succès; car elle les conduisit droit à la fente où leur infortuné pasteur n'attendoit plus que la mort; on l'appella, il répondit; & quoiqu'il fût demeuré près de vingt - quatre heures dans l'endroit où il étoit tombé, il eut encore assez de force pour saisir les cordes qu'on lui descendit pour le retirer: par ce secours imprévû, il échappa au danger qui l'avoit si long - tems menacé. Il y a beaucoup de traits semblables à celui - ci, rapportés dans les auteurs que nous avons cités, arrivés à des gens qui ne s'en sont point si heureusement tirés. Ces fentes des glaciers sont sujettes à se refermer, & il s'en forme de nouvelles dans d'autres endroits; ce qui se fait avec un bruit semblable à celui du tonnerre ou d'une forte décharge d'artillerie: on entend ce bruit effrayant quelquefois jusqu'à six lieues. Outre cela, les glaçons qui composent les glaciers s'affaissent parce qu'ils sont creux par - dessous; ce qui cause un grand fracas qui est encore redoublé par les échos des montagnes des environs: cela arrive sur - tout dans les changemens de tems & dans les dégels: aussi les gens du pays n'ont pas besoin d'autres thermometres & barometres pour savoir le tems qu'ils ont à attendre.

L'Islande nous fournit encore des exemples de glaciers à - peu - près semblables à ceux qui viennens d'être décrits. Les habitans du pays nomment les montagnes de glace joeklar: il n'est pas surprenant que la nature présente ce phénomene dans un pays aussi septentrional. M. Théodore Thorkelson Widalius a donné une relation de ces montagnes & glaciers d'Islande, qu'il a eu occasion de voir par lui - même; elle est insérée dans le tome XIII. du magisin d'Hambourg: on en trouve aussi un détail circonstancié dans une dissertation de M. Egerhard Olavius, imprimée à Copenhague, sous le titre de enarrationes historicoe de naturâ & constitutione Islandioe formatoe & transformatoe per eruptiones ignis, &c. Les phénomenes qu'on remarque dans ces glaciers d'Islande sont assez conformes à ceux que nous avons décrits en parlant de ceux de la Suisse; ils sont sujets comme eux à s'avancer dans la plaine & à s'en retirer dans de certains tems; ils se trouvent dans la partic orientale de l'île dans un district appellé Skaptafelssysla. Ils occupent un espace d'environ dix lieues de longueur; quant à la largeur, on n'a point encore pû la déter - . miner par les obstacles que présentent aux voyageurs les fentes qui sont à la surface de ces glaciers; la glace qui le compose est dure, compacte & bleuâtre: on en voit sortir des pointes de rochers qui paroissent y avoir été jettés par des volcans. On trouve dans toute la campagne des environs des marques indubitables d'éruption: en effet, on y rencontre des roches d'une grandeur énorme qui semblent avoir éprouvé l'action du feu, & en avoir été noircies. D'ailleurs on voit par - tout de la pierre - ponce, des pierres vitrifiées, d'autres pierres qui sont de venues assez friables pour être écrasées entre les doigts, des cendres, en un mot tout ce qui caractérise un pays fouillé par les volcans. Cela n'est pas surprenant, d'autant plus que M. Olavius remarque que les montagnes couvertes de neige & de glace qui sont dans le voisinage des glaciers d'Islande, ont été autrefois de vrais volcans: le mont Hecla lui - même, si fameux par ses éruptions fréquentes, est une montagne dont le sommet est couvert de neige & de glaces. ( - )

GLACIS (Page 7:693)

GLACIS, s. m. en Architecture, c'est une pente peu sensible sur la cimaise d'une corniche, pour faciliter l'écoulement des eauxde pluie.

C'est encore une pente de terre ordinairement revêtue de gason, & beaucoup plus douce que le talud; sa proportion étant au - dessous de la diagonale du quarré. Il y a des glacis dégauchis, qui sont talud dans leur commencement & glacis assez bas en leur extrémité, pour raccorder les différens niveaux de pente de deux allées paralleles. Il se voit de ces taluds & glacis pratiqués avec beaucoup d'art dans le jardin du château de Marly; ce qu'on appelle comme revers d'eau, talud, &c. Voyez l'article suivant. (P)

Glacis (Page 7:693)

Glacis, (Art milit. & Fortification.) En terme de Fortification, le glacis est le parapet du chemin - couvert, dont la hauteur de six à sept piés se perd dans la campagne par une pente insensible d'environ vingt ou vingt - cinq toises. Voyez Pl. I. de Fortification, les lettres a a, dans les fig. 1 & 5. Voyez aussi Chemincouvert. Chambers.

Le glacis sert à empêcher que dans les environs ou les lieux qui touchent immédiatement à la place, il ne se trouve aucun endroit qui puisse servir de couvert à l'ennemi. La pente du glacis doit être dirigée de maniere qu'étant prolongée vers la place, elle rencontre le revêrement au cordon ou un peu au - dessus.

Lorsqu'elle est ainsi disposée, l'ennemi ne peut battre le revêtement ou faire breche à la place, qu'après qu'il s'est emparé du chemin - couvert: alors il établit ses batteries sur le haut du glacis; mais leur proximité des ouvrages de la place en rend la construction périlleuse & difficile. Les places dont le glacis encouvre ainsi tous les ouvrages par son prolongement, & que par conséquent l'on ne peut découvrir de la campagne, sont appellées places rasantes. En tems de siége, l'on pratique des galeries sous le glacis d'où partent des rameaux qui s'étendent dans la campagne. Voyez Défense du Chemin - couvert . (Q)

Glacis (Page 7:693)

Glacis, signifie, en terme de Peinture, l'effet que produit une couleur transparente qu'on applique sur une autre qui est déjà seche; de maniere que celle qui sert de glacis laisse appercevoir la premiere, à laquelle elle donne seulement un ton ou plus brillant, ou plus leger, ou plus harmonieux.

On ne glace ordinairement qu'avec des couleurs transparentes, telles que les laques, les stils de grain, &c. La façon de glacer est de frotter avec une brosse un peu ferme, la couleur dont on glace sur celle qui doit en recevoir l'empreinte: en conséquence il reste sur la toile fort peu de cette couleur dont on glace; ce qui, joint à la qualité des couleurs qui sont les plus propres à glacer, doit faire craindre avec raison aux peintres qui se servent de ce moyen, que l'effet brillant qu'ils cherchent ne soit que passager & ne s'évanoüisse avec la laque & le stil de grain qui s'évaporent ou se noircissent en fort peu de tems. Au reste, cette pratique a cependant été adoptée par de grands peintres; Rubens en a souvent fait usage. Les glacis sont très - propres pour accorder un tableau & pour parvenir à une harmonie rigoureuse: mais le danger est encore plus grand que l'avantage qu'on en peut retirer, puisque l'effet en est ordinairement passager, & que d'ailleurs rien ne peut égaler [p. 694] le mérite durable d'un tableau peint à pleine couleur, &, comme disent les Peintres, dans la pâte. C'est aux artistes à faire des epreuves qui les éclaircissent sur les effets différens des glacis, dont il seroit peut - être injuste de blâmer indistinctement la pratique. On ne connoît pas encore assez les qualités physiques des couleurs dont on se sert; on n'a pas fait assez de recherches sur cette partie, pour être en droit de prononcer absolument sur ce moyen, que je crois à la vérité devoir plûtôt la naissance au détaut de facilrté qu'au talent. Article de M. Watelet.

Glacis (Page 7:694)

* Glacis, (Rubannier.) ce sont des soies de long ou de chaînes, qui n'ont d'autre usage que de lier la trame, lorsque la traînée se trouveroît trop longue & exposee par conséquent à lever. Chaque rame de glaeis est passée dans les hautes liffes, ainsi qu'il est dit au mot Passage des Rames. Chaque branche est mise à part sur un petit roquetin séparé avec son contre - poids & son frelquet, & est levée par ses rames propres, lorsqu'elle travaille en glacis; voyez encore l'article Passage des Rames: mais pour plus de clarté, nous allons dire un mot du passage propre des rames de glacis. Lorsqu'il y a du glacis dans un ouvrage, les six rames de neuf par lesquelles on passe pour occuper les neuf rouleaux de porte - rames de devant, sont de figure; & les trois autres sont de glacis, & passées suivant le translatage du glacis qui ne change jamais. On entend par translatage, l'emprunt que l'on fait, lorsqu'il est possible; & cela pour épargner les bouclettes des hautes - lisses: cet emprunt n'est autre chose que l'usage multiplié de la même bouclette, quand il est prauquable; & pour joüir du privilége de l'emprunt, la seconde rame doit faire, conjointement avec la premiere, les pris que la premiere fait, & ainsi des autres jusqu'à neuf, qui toutes peuvent emprunter sur la premiere des neuf, & toûjours dans le cas de la possibilité. Ceci compris, lorsque la rame de glacis ne travaille point en glacis, on la passe conformément à ce le de figure avec laquelle elle doit aller suivant l'ordre dont nous allons parler. Mais lorsqu'elle travaillera en glacis, elle sera passée conformément à son propre translatage; pouvant néanmoins joüir de l'emprunt, lorsqu'il aura lieu. Les trois rames de glacis qui font partie des neuf que l'on passe, ont le même passage & le même avantage quant à l'ordre: voici ce que c'est que cet ordre. La premiere rame des trois de glacis, sera portée par la premiere des six de figure; la seconde rame de figure ira seule; la seconde rame de glacis sera portée par la troisieme de figure; la quatrieme de figure ira seule; & la troisieme de glacis sera portée par la cinquieme rame de figure; par conséquent la sixieme rame de figure ira seule: & voilà les neuf rames par lesquelles nous avons dit qu'on passoit.

GLAÇON (Page 7:694)

GLAÇON, s. m. Voyez ci - devant l'article Glace.

Glaçons (Page 7:694)

Glaçons, en Architecture; ce sont des ornemens de sculpture de pierre ou de marbre qui imitent les glaçons naturels, & qu'on met au bord des bassins des fontaines, aux colonnes marines, & aux panneaux, tables, & montans des grottes. Il se voit de ces glaçons d'une belle exécution à la fontaine du Luxembourg, un des plus beaux morceaux d'Architecture dans ce genre, qui tombe de vétusté faute d'entretien: on appelle aussi ces glaçons congelations. (P)

GLADIATEUR (Page 7:694)

GLADIATEUR, subst. m. gladiator, (Littérat. Hist. rom.) celui qui pour le plaisir du peuple combattoit en public sur l'arene, de gré ou de force, contre un autre homme ou contre une bête sauvage, avec une arme meurtriere, cum gladio; & c'est de - là qu'est venu le mot de gladiateur.

Ce spectacle ne s'introduisit point à Rome à la faveur de la grossiereté des cinq premiers siecles qui s'écoulerent immédiatement après sa fondation: quand les deux Brutus donnerent aux Romains le premier combat de gladiateurs qu'ils eussent vû dans leur ville, les Romains étoient déjà civilisés; mais loin que la politesse & la mollesse des siecles suivans ayent dégoûté ce peuple des spectacles barbares de l'amphithéatre, au contraire elles les en rendirent encore plus épris. Nous tâcherons de découvrir les raisons de ce genre de plaisir, après avoir rassemblé sous un point de vûe l'histoire des gladiateurs trop hérissée d'érudition, trop diffuse, & trop peu liée dans la plûpart des ouvrages sur cette matiere.

Les premiers combats de gladiateurs qu'on s'avisa de donner en l'honneur des morts pour appaiser leurs manes, succederent à l'horrible coûtume d'immoler les captifs sur le tombeau de ceux qui avoient été tués pendant la guerre: ainsi dans Homere, Achille immole 12 jeunes troyens aux manes de Patrocle; ainsi dans Virgile, le pieux Enée envoye des prisonniers à Evandie pour les immoler sur le bûcher de son fils Pallas. Les Troyens croyoient que le sang devoit couler sur les tombeaux des morts pour les appaiser; & cette superstition étoit si grande chez ce peuple, que les femmes se faisoient elles mêmes des incisions pour en tirer du sang, dont elles arrosoient les sepulcres des personnes qui leur étoient cheres. Au défaut de prisonniers, on sacrifioit quelquefois des esclaves.

Les peuples en se polissant ayant reconnu l'horreur de cette action, établirent, pour sauver la cruauté de ces massacres, que les esclaves & les prisonniers de guerre dévoüés à la mort suivant la loi, se battroient les uns contre les autres, & feroient de leur mieux pour sauver leur vie & l'ôter à leurs adversaires. Cet établissement leur parut moins barbare, parce que ceux qu'il regardoit pouvoient, en se battant avec adresse, éviter la mort; & ne devoient à quelques égards s'en prendre qu'à eux s'ils ne l'évitoient pas. Voilà l'origine de l'art des gladiateurs.

Le premier spectacle de ces malheureux qui parut à Rome, fut l'an de sa fondation 490, sous le consulat d'Appius Claudius & de M. Fulvius. D'abord on observa de ne l'accorder qu'aux pompes funebres des consuls & des premiers magistrats de la république: insensiblement cet usage s'étendit à des personnes moins qualifiées; enfin plusieurs simples particuliers le stipulerent dans leur testament: & pour tout dire, il y eut même des combats de gladiateurs aux funérailles des femmes.

Dès qu'on apperçut par l'affluence du peuple, le plaisir qu'il prenoit à ces sortes de spectacles, on apprit aux gladiateurs à se battre; on les forma, on les exerça; & la profession de les instruire devint un art étonnant dont il n'y avoit jamais eu d'exemple.

On imagina de diversifier & les armes & les différens genres de combats auxquels les gladiateurs étoient destinés. On en fit combattre sur des chariots, d'autres à cheval, d'autres les yeux bandés; il y en avoit sans armes offensives; il y en avoit qui étoient armés de pié en cap, & d'autres n'avoient qu'un bouclier pour les couvrir. Les uns portoient pour armes une épée, un poignard, un coutelas; d'autres espadonnoient avec deux épées, deux poignards, deux coutelas; les uns n'étoient que pour le matin, d'autres pour l'après - midi: enfin on distingua chaque couple de combattans par des noms dont il importe de donner la liste.

1°. Les gladiateurs que j'appelle sécuteurs, secutores, avoient pour armes une épée & une espece de massue à bout plombé.

2°. Les thraces, thraces, avoient une espece de coutelas ou cimeterre comme ceux de Thrace, d'où venoit leur nom.

3°. Les myrmillons, myrmillones, étoient armés d'un bouclier & d'une faux, & portoient un poission

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