ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"677"> que legs à cette intention: c'est pourquoi les giusthous lisent proche des sépuleres dans les mosquées, & autres lieux de dévotion. Ricaut, de l'empire ottoman. (G)

GIUSTANDIL (Page 7:677)

GIUSTANDIL, (Géog.) autrement dite OCHRIDA, c'est l'Achridus desanciens qui fut ensuite nommee Jusliniana prima; forte ville de la Turquie européenne dans la Macédoine, avec un archevéque grec, & un sangiach. Elle est située pres du lac d'Ochrida, à 28 lieues sud - est de Durazzo, 52 nordouest de Larisse. Long. 38. 25. lat. 41. 10.

Giustandil est la patrie de l'empereur Justinien dont on a tant fait de bas éloges; mais son inconstance dans ses projets, sa mauvaise conduite, son zele persécuteur, ses vexations, ses rapines, sa fureur de bâtir, sa foiblesse pour une femme qui s'étoit long - tems prostituée sur le théatre, peignent son vrai caractere. Un regne dur & foible, mélé à beaucoup de vaine gloire & à des succès inutiles, qu'il devoit à la supériorité du génie de Belizaire, furent des malheurs réels qu'on éprouva sous sa domination; enfin ce prince fastueux, avide de s'arroger le titre de législateur, s'avisa dans un tems de décadence de vouloir réformer la jurisprudence des siecles éclairés: mais outre qu'on sait assez la maniere dont il s'y prit, c'est aux jours de lumieres, comme dit tres - bien M. de Montesquieu, qu'il conviendroit de corriger les jours de ténebres. (D. J.)

GLA

GLACE (Page 7:677)

GLACE, s. f. (Physique.) La glace est un corps solide, formé naturellement ou artificiellement d'une substance fluide, telle que l'eau, l'huile, &c. refroidie à un cert un degré; ou plutôt ce n'est autre chose que ce fluide même devenu concret & solide par le simple refroidissement. Lorsqu'un fluide s'est converti en glace, on dit qu'il est gelé ou congelé. l'opération par laquelle la nature seule ou aidée de l'art, fait éprouver à un corps fluide le changement dont nous parlons, est connue de même sous le nom de congeration. Voyez Froid & Congelation.

La congelation differe de la concentration ou rapprochement qui se fait par l'évaporation, la precipitation ou la crystallisation. Voyez ces articlis. On ne doit pas non plus la confondre avec la coagulation proprement dite, qui est l'épaississement spontané de certains liquides; épaississement qui loin de dépendre constamment de l'action du froid, suppose dans plusieurs fluides un degré de chaleur considérable. Voyez Coagulation.

En s'attachant à l'idée que nous venons de développer, on doit donner indifferemment le nom de glace à tout fluide gelé. L'usage a cependant restreint la signification de ce terme, qui n'est guere employé que pour designer l'eau congelée: la glace proprement dite, la glace par excellence est toûjours la glace d'eau.

Les phénomenes de la glace sont remarquables, & en très - grand nombre; aussi ont - ils mérité d'exciter vivement dans tous les tems la curiosité des physiciens. Tous à l'envi se sont empressés de les examiner avec soin pour en reconnoître les causes. Le détail que nous allons donner de cette multitude de phénomenes fera le fort de cet article: nous y ferons un grand usage de l'excellente dissertation de M. de Mairan sur cette matiere. Il seroit difficile de parler de la glace, sans profiter des savantes recherches de cet illustre physicien, sans le copier ou sans l'abréger.

La glace, comme nous l'avons dit, est naturelle ou artificielle. L'eau se gele naturellement, quand la température de l'air répond au zéro ou à un degré inférieur du thermometre de M. de Reaumur, ce qui arrive assez souvent en hyver dans nos climats. Tous les liquides simplement aqueux se glacent à - peu - près dans le même tems & par le même degré de froid.

Les huiles grasses, sur - tout l'huile d'olive, gelent à un degré de froid très - médiocre, & fort inférieur à celui qui est requis pour la congelation de l'eau.

Les liqueurs spiritueuses au contraire, telles que le vin, l'eau - de - vie, l'esprit - de - vin, &c. se gelent tres - difficilement; non - seulement leur fluidité résiste à un degré de froid supérieur à celui qui fait geler l'eau; mais lors même qu'elles se glacent, ce n'est guere qu'en partie au - moins dans nos climats. Ce qu'elles ont d'aqueux se gele, mais leur partie spiritueuse qui alors se sépare de la partie aqueuse, ne perd rien de sa liquidité: elle se rassemble presque toûjours au centre du vaisseau ou de la piece de glace, sous la forme fluide qui lui est propre, & que le froid n'a pû altérer.

La même chose a lieu dans la congelation du vinaigre; elle est imparfaite, & l'on trouve au milieu de la masse gelée, ce que les Chimistes appellent vinaigre concentré. Voyez Vinaigre.

L'huile d'olive elle - même qui se glace avec tant de facilité, a quelques parties en très - petite quantité, qui réunies au centre du vaisseau, s'y conservent liquides dans les plus grands froids.

Selon les observations des académiciens qui ont fait le voyage du cercle polaire, l'esprit - de - vin des thermometres de M. de Reaumur gele à un degré de froid ordinaire en Laponie. Cet esprit - de - vin est celui qu'on vend communément chez les Droguistes: il n'est pas extrèmement rectifié, & l'on pourroit peut - être penser qu'il ne se gele qu'à raison des parties d'eau qu'il contient en assez grande quantité; ce qui est certain, c'est que de l'esprit - de - vin bien alkoolisé, soûtient sans se geler un aussi grand degré de froid, & même des degrés plus considérables. Ce que nous disons de l'alkool doit à plus forte raison être entendu de l'éther la plus volatile peut - être de toutes les liqueurs. Voyez Alkool & Ether.

L'esprit de nitre & la plûpart des esprits acides, certaines huiles chimiques, comme l'huile de térébenthine, celle de lin, &c. se glacent aussi très - difficilement. Le mercure ne se gele point: du - moins nul degré de froid observé jusqu'ici n'a été suffisant pour le congeler. A l'égard de l'air, on sait qu'il est toûjours fluide quand il est en masse sensible; ainsi tout ce que nous avons à dire des phénomenes de la congelation ne le regarde pas.

Ceux des liquides qui sont sujets à se glacer, n'offrent pas tous à beaucoup près dans leur congelation les mêmes phénomenes; autant de fluides particuliers, autant de sortes de glace. Nous allons principalement considérer la glace commune, ou celle qui résulte de la congelation de l'eau; sans cesse exposée aux regards curieux des physiciens & aux yeux du vulgaire, on a dû l'examiner avec plus de soin, & la soûmettre à un plus grand nombre d'épreuves.

M. de Mairan considere la glace sous différens points de vûe: 1°. dans ses commencemens & dans tout le cours de sa formation: 2°. dans sa formation, relativement à l'état & aux circonstances où se trouve l'eau qui se gele: 3°. dans sa perfection, ou lorsqu'elle est toute formée: 4°. dans sa fonte & dans le dégei: 5°. & enfin dans sa formation artificielle par le moyen des sels.

1°. Des phénoménes de la glace dans ses commencemens & dans tout le cours de sa formation. Si l'on expose à l'air lorsqu'il gele, un ou plusieurs vases cylindriques de verre mince, pleins d'eau pure, il sera facile d'observer les phénomenes suivans.

On remarquera d'abord, s'il ne gele que foible<pb-> [p. 678] ment, une pellicule de glace très - mince, qui se formera à la surface supérieure qui touche immédiatement l'air; ensuite on verra partir des parois du vaisseau des filets diversement inclinés à ces parois, ou faisant avec elles divers angles aigus & obtus, rarement l'angle droit. A ces filets il s'en joindra d'autres qui leur seront de même diversement inclinés, & à ceux - ci d'autres encore, & ainsi de suite. Tous ces filets se multipliant s'élargiront en forme de lames, qui augmentant en nombre & en épaisseur, composeront enfin une seule masse solide par leur réunion. On conçoit aisément qu'à mesure que le froid continue ou qu'il augmente, ce premier tissu de glace devient toûjours plus épais.

Si la gelée est plus âpre, tout se passera plus confusément; à peine aura - t - on le tems d'observer ces silets & ces lames, qui se formeront & s'uniront en un clin d'oeil.

M. de Mairan a examiné avec une attention particuliere les différentes positions des filets de glace dont nous venons de parler, soit entr'eux, soit par rapport aux parois du vaisseau, ainsi que les diverses figures qui en résultent. Il a remarqué que les angles aigus, sous lesquels s'assemblent les filets, ne sont presque jamais au - dessous de l'angle de 30 degrés; qu'assez souvent ces angles sont de 60 & de 120 degrés; en sorte qu'il n'est pas rare, lorqu'on fait geler de l'eau, de voir ceux des filets de glace qui tiennent par les deux bouts aux parois du vaisseau, y faire la corde d'un are de 120 degrés, ou du tiers de la circonférence. Il y a beaucoup de variété dans les figures qui résultent de l'assemblage de tous ces filets; souvent elles sont irrégulieres, & ne réveillent l'idée de rien de connu; souvent aussi elles imitent par des desseins & des contours assez réguliers divers ouvrages de la nature & de l'art. C'est ainsi qu'elles représentent des champs diversement sillonnés, des plumes avec leurs barbes, des especes d'étoile ou de croix de Malthe, &c. Les figures les plus fréquentes sont celles de morceaux de feuilles, ou même de feuilles entieres; toutes ces figures sont legerement tracées, & comme ciselées sur les différentes superficies qui les offrent à nos yeux.

Avant la congelation de l'eau, & pendant qu'elle se gele, il en sort une grande quantité d'air en bulles plus ou moins grosses, qui viennent crever à sa surface.

La sortie de ces bulles est d'autant plus aisée que la congelation se fait plus lentement. En général, quand la congelation est trop prompte, il sort très peu d'air de l'eau, mais les bulles d'air qui en sortent sont plus grosses; & au contraire quand la congelation est lente, les bulles qui s'échappent sont en très - grand nombre, mais fort petites.

Quoiqu'il sorte beaucoup d'air de l'eau qui est prête à se geler, il en reste une quantité considérable dans l'eau glacée. Une masse de glace formée par une lente congelation paroît assez homogene & assez ransparente depuis sa surface extérieure, qui s'est gelée la premiere jusqu'à 2 ou 3 lignes de distance en - dedans; mais dans le reste de son extérieur, & sur - tout vers son milieu, elle est interrompue par une grande quantité de bulles d'air, & la surface supérieure qui d'abord s'étoit formée plane, se trouve élevée en bosse & toute raboteuse.

Une prompte congelation répand indifféremment les bulles d'air dins toute la masse, qui par - là est plus opaque que dans le premier cas; la surface supérieure est aussi & plus convexe & plus inégale.

Les bulles d'air dont nous parlons, sont pour la plûpart de figure sphérique, & de la grosseur à - peu - près d'une tête d'épingle; elles deviennent beaucoup plus grosses quand le froid continue. Assez souvent on en observe d'autres oblongues, vers la fond du vaisseau & prés de ses parois intérieures, d'où elles semblent quelquefois partir pour se réunir au centre; celles - ci sont toûjours en moindre nombre que les premieres.

Ces bulles qu'on apperçoit à la vûe simple, ne sont pas les seules qui interrompent la continuité d'une masse de glace; en examinant la glace avec la loupe, on en distingue encore une infinité d'autres beaucoup plus petites & plus près les unes des autres.

On peut par des ébullitions réitérées, & sur - tout par le moyen de la machine pneumatique, priver l'eau de la plus grande partie de l'air, & des autres fluides élastiques qui y sont naturellement contenus. Cette eau ainsi purgée d'air, étant exposée dans la machine du vuide à un froid considérable, se gelera comme l'eau ordinaire par filets & par lames, qui formeront par leur réunion une masse de glace moins interrompue par des bulles d'air que la glace ordinaire, & dont la surface supérieure sera fort unie.

Cette nouvelle glace contiendra d'autant moins de bulles, qu'on aura eu plus de soin de bien purger l'eau qui aura servi à la former. En suivant avec exactitude le procédéindiqué par M. Musschenbroek, on pourra parvenir à faire de la glace sensiblement homogene & sans aucune bulle visible. Essai de Physique, tome I. chap. xxv. Tentam. Florent. &c.

Je dis sans aucune bulle visible; car toutes les précautions qu'on prendra dans cette expérience, n'empêcheront point qu'il n'y ait toûjours dans la glace de ces bulles qui échappent à la vûe simple, & qu'on ne découvre qu'avec la loupe; elles y seront quelquefois en si grand nombre, qu'elles rendront la glace faite avec de l'eau purgée d'air, moins transparente que la glace ordinaire. Ainsi M. l'abbé Nollet ne dit rien que d'exactement vrai en un sens, quand il assûre qu'il n'a jamais pû faire de glace qui ne contînt des bulles d'air. Leçons de Physique tome IV. pag. 104.

Cet air rassemblé en bulles dans la glace, y est communément plus condensé que dans l'état naturel; ce qui le prouve, c'est qu'on le voit presque toûjours s'échapper avec précipitation quand on perce la glace pour faire jour aux bulles. Quelquefois aussi on n'observe rien de semblable, & l'air dont nous parlons ne donne aucune marque de condensation extraordinaire. Mariotte, mouvement des eaux, premier discours. Nollet, leçons de Physique, tome IV. pag. 117. Hales, analyse de l'air, à la fin.

L'augmentation du volume de l'eau, quand elle approche de sa congelation, & sur - tout lorsqu'elle se gole, est un phénomene des plus importans, dont nous n'avons point encore parlé, & de la réalité duquel il est facile de se convaincre. On met pour cet effet de l'eau dans un long tuyau, & on marque l'endroit où se trouve sa surface, lorsqu'elle est dans un lieu tempéré: on expose ensuite le tout à la gelée, l'eau descend très - sensiblement; mais lorsqu'elle approche de sa congelation, sa surface s'arrete & demeure stationnaire pendant quelques momens; après quoi elle remonte assez promptement, & s'éleve au - dessus de l'endroit où elle étoit d'abord. Cette expérience ne laisse aucun lieu de douter que l'eau qui approche de la congelation, & celle qui se glace actuellement, n'occupent plus d'espace, & ne soient par - là plus legeres qu'un pareil volume d'eau médiocrement froide.

Cette augmentation de volume n'est pas moins sensible dans l'eau actuellement gelée. On sait que la glace nage toûjours sur l'eau, & que les glaçons qu'on met au fond d'un vaisseau plein d'eau ou au fond d'une riviere, montent toûjours vers la superficie.

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