ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"675"> souvent, ils logeoient avec leur suite pendant une nuit, aux dépens des villes, des bourgs, & des villages qui étoient sur leur route. On leur fournissoit tout ce dont ils avoient besoin, & ils étoient magnifiquement défrayés; car leurs hôtes ne manquoient jamais d'y joindre au départ quelque présent en argenterie. Peu - à - peu cet établissement devint un droit royal, qu'on nomma droit de gîte; & personne n'en fut exempt. Jean le Coq rapporte un arrêt qui déclare les villes données en doüaire à la reine, sujettes au droit de gîte.

Les évêques & les abbés payoient ce droit de gîte pour la visite de leur église; & quand nos rois se dégoûterent de mener une vie errante, ils continuerent d'exiger leur droit de gîte des évêques, des abbés, & autres prélats. Lors même que ces évêques & abbés furent affranchis du service militaire, ils resterent soûmis au droit de gîte. Louis VII. en exempta la seule église de Paris, en reconnoissance de l'éducation qu'elle lui avoit donnée.

Ce droit de gîte étoit fixé à une certaine somme pour chaque évêché ou abbaye, toutes les fois que le roi venoit visiter l'église ou l'abbaye du lieu: p. ex. l'abbé du grand monastere de Tours étoit taxé à soixante livres du pays; abbas majoris monasterü Turonensis debet unum gistum, taxatum sexaginta libras turonenses, levandas quolibet anno, si rex visitaverit ecclesiam.

Quelques églises s'abonnerent à payer le droit de gîte à une certaine somme, soit que le roi vînt ou non les visiter; l'archevêque de Tours prit ce parti, & composa pour cent francs. Pasquier rapporte à ce sujet un grand passage qu'il a tiré des archives de la chambre des comptes, & dont voici le précis: L. anno Domini 1382, dominus P. Mazerü, episcopus Atrebatensis, pro jure procurationis . . . . . . . . composuit in ducentis & quadraginta francis auri, franco sexdecim solidorum, pro eo quod debebat; de quibus satisfactum, dominus Atrebatensis habet penès se litteras regias, unâ cum litteris quitationis secretariorum. Le latin de ce tems - là n'est pas élégant, mais le sens en est clair. Ce passage dit qu'en 1382 l'évêque d'Arras traita à deux cents quarante francs d'or, chaque frane de seize sous, pour ce qu'il devoit du droit de gîte; qu'il paya cette somme, en prit l'écrit du roi, & quittance de ses secrétaires.

Ce même passage nous apprend positivement que le droit de gîte subsistoit encore en 1382. « Enfin, dit Pasquier en son vieux gaulois, le tems a depuis fait mettre en oubli, tant les services militaires, que droits de gîte; au lieu desquels on a introduit l'octroi des décimes sur tout le clergé, n'étant demeuré de cette ancienneté, que la prestation de serment de fidélité au roi, qui doit être faite par tous les prélats de France, lors de leurs avénemens ». (D. J.)

Gîtes (Page 7:675)

Gîtes, s. m. pl. (Art milit.) ce sont des pieces de bois dont on se sert pour la construction des platesformes des batteries sur lesquelles on pose les madriers. Voyez Plate - Forme. (Q).

Gîte (Page 7:675)

Gîte, (Boucherie & Cuisine.) Le gîte est le bas de la cuisse du boeuf; on y distingue trois parties, le bas où est le morceau à la noix, & le derriere du gîte; la levée & le gîte à l'os.

GIVET (Page 7:675)

GIVET, Givetum, (Géog.) petite ville de France aux Pays - Bas, divisée en deux par la Meuse, dont l'une s'appelle Givet Saint Hilaire, & l'autre, Givet Notre - Dame; il y a de bonnes fortifications & de belles casernes, ouvrages du maréchal de Vauban. Givet est près de Charlemont, à neuf lieues sudoüest de Namur, huit nord - est de Rocroi. Long. 22d. 22'. latit. 50d. 5'. (D. J.)

GIULA (Page 7:675)

GIULA, Julia, (Géog.) ville forte de la haute Hongrie aux frontieres de la Transylvanie; elle fut prise par les Tures en 1566: les impériaux la repri<cb-> rent en 1595, & la conserverent par le traité de Carlowitz: elle est sur le Kérès blanc, à douze lieues nord - est d'Arad, douze sud - oüest du grand Varadin. Longit. 39. 36. latit. 46. 25. (D. J.)

GIUND (Page 7:675)

GIUND, (Géog.) ville d'Asie dans la grande Tartarie au Turquestan, vers le Sihon, qui est le Jaxarre des anciens: Abulféda lui donne 78d. 4'. de long. elle a, selon quelques - uns, 43d. 30'. de latit. septentrionale. (D. J.)

Givre (Page 7:675)

Givre, ou Frimat, s. m. (Physique.) sorte de gelée blanche, qui en hyver, lorsque l'air est froid & humide tout ensemble, s'attache à différens corps, aux arbres, aux herbes, aux cheveux, &c. Le givre ou frimat ne differe pas essentiellement de la gelée blanche proprement dite: ces deux congelations se ressemblent parfaitement, se forment de la même maniere, & dépendent du même principe. Ce qui, dans l'usage, sert à les distinguer, c'est que le nom de gelée blanche n'est guere donné qu'à la rosée du matin congelée; au lieu que ce qu'on appelle givre doit son origine non à la rosée du matin, mais à toutes les autres vapeurs aqueuses, quelles qu'elles soient, qui réunies sur la surface de certains corps en molécules sensibles, distinctes & fort déliées, y rencontrent un froid suffisant pour les glacer.

La formation du givre supposant toûjours, comme nous venons de le dire, la réunion du froid & de l'humidité, on déterminera sans peine les circonstances particulieres dans lesquelles cette espece de congelation doit se manifester. Qu'un grand brouillard soit répandu dans l'air & sur la surface de la terre, il mouillera considérablement la plûpart des corps solides exposés à son action: si l'on suppose en même tems dans ces corps un refroidissement jusqu'au terme de la congelation & au - delà, il n'en faudra pas davantage pour glacer les particules d'eau répandues sur la surface de ces mêmes corps, & qui y sont adhérentes. Ces premiers glaçons attireront d'autres molécules aqueuses qui perdront de même leur liquidité, & ainsi de suite; tous ces petits corps gelés constituent le givre. Ce qu'on a dit ailleurs de la gelée blanche proprement dite, qu'elle est composée de particules d'eau glacées séparément, unies en un corps rare & leger, formant des filets oblongs diversement inclinés; tout cela trouve ici son application. Voyez Gelée blanche.

Le givre s'attache aux arbres en très - grande quantité; il y forme souvent des glaçons pendans qui fatiguent beaucoup les branches par leur poids; c'est que les arbres attirent avec beaucoup de force l'humidité de l'air & des brouillards.

Les poils des animaux sont de même très - sujets à s'humecter considérablement à l'air libre: ainsi il n'est pas surprenant qu'en certains pays le givre s'attache fréquemment aux cheveux & au menton des paysans & des voyageurs, aux chapeaux, aux fourrures, aux crins des chevaux, &c. Il faut remarquer au sujet du givre qu'on apperçoit sur les hommes & sur les animaux, que les particules d'eau auxquelles il doit son origine, ne viennent pas toutes de l'atmosphere: les vapeurs aqueuses qu'exhalent les animaux par la respiration, se glacent de la même maniere dans de semblables circonstances; & ce qui le prouve évidemment, c'est que le givre s'amasse autour de la bouche & des narines en plus grande quantité. Dans les villes, quand on voit sur les personnes qui viennent de la campagne l'espece d'eau glacée dont il est ici question, on dit communément qu'il a tombé du givre; expression très - peu exacte, si l'on entend par - là que les particules d'eau qui composent le givre, se sont gelées dans l'air: on dit de la même maniere, il a tombé de la gelée blanche. Il ne faut pas toûjours chercher dans le discours ordinaire la précision des Mathématiciens. [p. 676]

On doit rapporter au givre cette espece de neige qui s'attache aux murailles après de longues & fortes gelées: la raison de cet effet est que les corps solides s'échaussent moins promptement que l'air, & que ces murailles conservent encore quelque tems après le dégel une grande partie de la froideur qui leur a été auparavant imprimée. Si cette froideur va au terme de la glace ou au - delà, les particules d'eau dont l'air est chargé venant s'attacher aux murailles & s'y accumulant, y forment une croûte de glace rare, spongieuse, & dont les parties sont presque disjointes.

Ce seroit une erreur de croire que cette espece de neige vînt de l'humidité qui sort - du mur: comment en sortiroit - elle, puisqu'il est plus froid ou aussi froid que la glace, & que tout ce qu'il a d'humidité au - dedans, n'y peut - être que congelé?

Les réseaux de glace qu'on observe quelquefois aux vitres des fenêtres, sont encore une espece particuliere de givre. Pendant la gelée, l'air de la chambre est chaud ou tempéré; la vitre est froide par l'impression de la gelée extérieure, & lavapeur qui s'y attache du côté de la chambre s'y congele subitement. Pendant le dégel, si l'air de la chambre est encore très - froid, & que l'adoucissement vienne de l'air extérieur, ce sera l'humidité du dehors qui s'attachera aux carreaux & qui s'y gelera. M. de Mairan, diss. sur la glace, part. II. sect. 4. ch. vj. & vij.

Dans toutes ces congelations on voit regner constamment le même principe: des corps solides refroidis à un certain degré, glacent les particules d'eau qui s'attachent à leur surface; & ces particules d'eau, c'est l'air qui les fournit.

Tout corps plus froid que l'air qui l'environne, lui communique en partie son excès de froideur: cet air ainsi refroidi en devient moins propre à soûtenir les vapeurs qui y sont suspendues; il en laissera donc précipiter une partie; & si le corps d'où nait le refroidissement, a la propriété d'attirer l'eau, il se couvrira de molécules aqueuses qui se convertiront en glaçons à un degré de froid suffisant pour produire cet effet.

Ceci s'applique naturellement & aux murs des maisons & aux carreaux des vitres, qui dans les cas dont il est ici question, sont toûjours plus froids qu'un air immédiatement contigu. Si l'on deman de pourquoi l'air en se refroidissant abandonne une partie des vapeurs aqueuses qu'il tenoit auparavant suspendues, nous ferons d'abord remarquer que cette question n'est point particuliere au sujet que nous traitons, puisqu'elle se présente nécessairement dans l'explication de tout météore aqueux. Nous dirons ensuite, sans entrer dans un grand détail, que les particules d'eau invisibles dans l'atmosphere y sont dans l'état d'une véritable dissolution; qu'ainsi l'élévation & la suspension des vapeurs dépendent presque entierement de la vertu dissolvante de l'air. Or cette activité dissolvante est d'autant moindre, que l'air a moins de chaleur; ou, ce qui est la même chose, qu'il est plus froid, selon la loi commune à tous les menstrues: il n'est donc pas étonnant que l'air refroidi laisse échapper une partie des vapeurs qu'il soûtenoit auparavant; c'est ici une vraie précipitation chimique. On dit communément que le froid en condensant l'air condense aussi les vapeurs dont l'air est chargé; mais on le dit sans le prouver, & cette explication est moins naturelle que celle que nous venons de donner d'après quelques physiciens modernes. Les observations de M. le Roi, de la société royale des Sciences de Montpellier, ont répandu un très - grand jour sur toute cette matiere. Voyez l'article Évaporation, composé par cet académicien. Voyez aussi Humidité & Expansibilité.

Les congelations qui s'attachent aux vitres des fe<cb-> nêtres, sont quelquefois très - remarquables par la singularité des figures qu'elles assectent. De petits brins de glace s'arrangent de maniere qu'il en résulte diverses figures curvilignes semblables à la broderie: rien ne paroît si contraire à la direction rectiligne & convergente, que les particules de glace suivent constamment quand elles sont en pleine liberté. Aussi M. de Mairan avoue - t - il que ce pnénomene l'embarrassa long - tems: à la fin ayant fait réflexion qu'il ne l'avoit vû que sur des vitres récemment nettoyées, il crut pouvoir conjecturer que les contours dont il s'agit avoient été formés par la main même du vitrier, qui pour sécher les vitres qu'il venoit de laver, y avoit passé une brosse avec du sable fin. Selon cette idée, les particules de glace se seroient logées dans les petits sillons que les grains de sable auroient gravés par leur frottement. M. de Mairan pense aussi que l'ouvrier qui fabrique le verre en remuant avec une baguette de fer la matiere vitreuse actuellement en fusion, fait naître par ce mouvement diverses figures curvilignes qui subsistent après le refroidissement. On pourroit donc appercevoir le phénomene en question, indépendamment des circonstances que nous avons rapportées. Ceci demanderoit un examen plus approfondi. M. de Mairan, dissertation sur la glace.

L'industrie des Physiciens s'applique souvent avec succès à imiter la nature: on peut en toute saison faire naître du givre artificiel semblable à celui qui se forme naturellement. On mêle, pour cet effet, de la glace pilée ou de la neige avec du sel dans un vaisseau de verre mince bien essuyé en - dehors, & que l'on tient environ un quart - d'heure dans un lieu frais: ce mélange produit un refroidissement considérable; & on voit bien - tôt tous les dehors du vaisseau se couvrir peu - à - peu d'une espece de frimat ou de neige qui ne differe point du givre ou de la gelée blanche ordinaire. Voyez dans les leçons de Physique de M. Nollet, tome III. p. 362. tout le détail de cette expérience, dont nous avons par avance donné l'explication.

En finissant cet article, je serai observer qu'à Montpellier où j'écris, & dans la plus grande partie du bas Languedoc, il est très - rare de voir du givre; c'est que le froid & la gelée y sont rarement accompagnés d'humidité & de brouillards: le pays est naturellement sec, & l'air n'y est humide jusqu'à un certain degré, que quand les vents de sud & de sudest chassent vers nous les vapeurs qui s'élevent en abondance de la Méditerranée: or les vents de sud donnent en hyver le tems doux. Je n'ai vû à Montpellier qu'une seule fois des réseaux de glace sur les vitres des fenêtres; c'étoit pendant les fortes gelées de 1755: le thermometre de M. de Réaumur étoit à six ou sept degrés au - dessous de la congelation de l'eau. Article de M. de Ratte, secrétaire perpétuel de la société royale des Sciences de Montpellier.

Givre (Page 7:676)

Givre, s. f. grosse couleuvre à la queue tortillée; il ne se dit guere qu'en terme de Blason: on dit givre rampante, lorsqu'elle est en face. On dit aussi guivre.

GIVRE (Page 7:676)

GIVRE, adj. on appelle, en terme de Blason, croix givrée, celle qui est terminée en tête de givre. Voyez Givre. Quelques - uns dérivent ce mot d'anguis, serpent; & d'autres, de vivre, en changeant la lettre v en g, & vivre de vipera.

GIUSCHON, ou GIUS - CHAN (Page 7:676)

GIUSCHON, ou GIUS - CHAN, s. m. (Hist. mod.) nom qui en langue turque signifie lecteur de l'alcoran; il y en a trente dans les mosquées royales, qui lisent chacun par jour une des trente sections de l'alcoran: en sorte que chaque mois on fait une lecture entiere de ce livre de la loi. Gius veut dire portion ou section; & chon ou chan, lecteur; c'est - à - dire lecteur d'une section. Le but de cette lecture, selon eux, est de procurer le repos des ames des Musulmans qui font quel<pb->

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