ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"673"> cher, ils se donnent pour les mêmes maux, où leur huile est recommandée, à la dose en substance depuis quatre grains jusqu'à douze, & en infusion depuis demi - dragme jusqu'à deux: mais l'huile est absolument préférable, parce qu'elle reunit en plus petite quantité toutes les propriétés du fruit.

Les Apothicaires font entrer les clous & l'huile de girofle dans plusieurs compositions pharmaceutiques, que personne ne prescrit.

Réflexions sur le commerce du girofle. C'est à Amboine que les Hollandois ont leurs magasins de girofle dans le fort de la Victoire, où les habitans portent leur récolte, dont on a réglé le prix à soixante réales de huit la barre, qui est de cinq cents cinquante livres de poids. Les habitans sont obligés de planter un cert in nombre de girosliers par an; ce qui les a multipliés au point qu'on l'a desiré pour le débit annuel, lequel il n'est guere possible d'évaluer sans être dans le secret: il suffira de dire que la France seule en achete cinq ou six cents quintaux par année.

Personne n'ignore avec quelle jalousie la compagnie des Indes orientales hollandoise s'applique à se conserver l'unique débit de cette marchandise: cependant elle n'a jamais pû empêcher qu'il ne s'en fît un assez grand deversement par ses propres officiers, en plusieurs lieux des Indes. Une maniere qu'ils ont de tromper la compagnie, est d'en vendre aux navires des autres nations qu'ils rencontrent en mer, & de mouiller le reste, afin que le nombre des quintaux de girofle qui sont leur cargaison, s'y trouve toûjours; ce qui peut aller à dix par cent, sans que les commis des magasins qui les reçoivent à Batavia, puissent s'en appercevoir. (D. J.)

GIROFLÉE (Page 7:673)

GIROFLÉE, s. f. (Culture des fleurs.) fleur du giroslier C'est à sa gloire que les amateurs cultivent la plante qui la donne; elle lui a même enlevé son nom dans la plûpart des langues modernes; le giroslier ne se dit plus en françois, que de celui des masures: les Anglois ne l'appellent également que walflower, tandis que celui de leurs jardins se nomme par excellence la fleur de Juillet, stock July flower: enfin les Flamands laissant à la plante sauvage la dénomination de violier, violier - boomtje, caracterisent celle des jardins par le beau nom de nagel bloem.

Il y a des giro flées simples & des doubles de toutes couleurs, blanches, jaunes, bleues, pourpres, violettes, rouges, écarlates, marbrées, tachetées, jaspées. Les unes & les autres viennent de graine, de marcottes ou de boutures: elles ne durent que deux ans; mais la meilleure méthode est de les muliplier toutes de graine.

On les seme sur couche au commencement d'Avril, & à claire - voie, dans une terre fraîche, legere, graveleuse, non fumée & à l'exposition du soleil levant. Quand les jeunes plartes ont gagné quelques feuilles, on les transplante dans des planches de terre pareille, exposées de même au soleil levant, & à six pouces de distance. On les abrite & on les arrose de tems à autre, jusqu'à ce qu'elles ayent pris racine. Sur la fin d'Août on les transplantera de nouveau dans des plates - bandes du parterre, où elles fleuriront le printems suivant, & l'on choisira, s'il se peut, un tems humide pour cette transplantation. On garantira les jeunes plans des frimats de l'hyver, en les couvrant avec des cloches, paillassons, grande pailie, ou fumier sec.

On présume que les giroflées seron: doubles, & c'est ce qu'on recherche, par leur bouton gros & camard, qui pointe.

Lorsque les giroflées se trouvent doubles, plusieurs personnes les mettent en pots garnis de terre à potager, ou dans des caisses larges de seize pouces en tout sens. Pour bien faire, on leve les giroflées en motte; on les place ainsi dans les pots ou les caisses; on les arrose dans le besoin, & on les tient à l'ombre.

On plante les giroflées en pots ou en caisses, afin de pouvoir les transporter ou l'on veut, & les garantir du froid pendant l'hyver, en les mettant dans une serre, dans une chambre, ou dans une cave seche. Ces mêmes giroflées sauvées du froid, se transporteront dans les plates - bandes de parterre, où on les rangera avec symmétrie, & à l'abri du soleil, s'il est possible.

Quand on veut multiplier les giroflées doubles par marcottes, on en choisit les plus beaux brins; on les couche en terre, & on les arrête par de petits crochets de bois; on jette un peu de terre par - dessus, & ensuite on les arrose, pour en faciliter la reprise. On marcotte la giroflée sitôt que la fleur est passée, ce qui arrive au plus tard dans l'été. Les marcottes resteront en terre jusqu'en Septembre ou Octobre, qu'on les levera pour les mettre en pots, en caisse ou en pleine terre; car il y a des especes qui sont plus ou moins sensibles au froid: quelques - unes fleurissent la premiere année, & d'autres la seconde.

Dans le nombre de giroflées doubles, il y en a qui sont principalement recherchées des amateurs: telle est la grande giroflée de couleur d'écarlate, leucoium incanum, majus, coccineum, de Morison, nommée à Londres la giroflée de Brompton, the Brompton siockjuly flower; les fleu - istes l'aiment beaucoup à cause de sa grandeur & de son éclat: elle a cependant le desavantage de produire rarement plus d'un jet de fleurs.

En échange, la giroflée des Alpes à feuilles étroites & à doubles fleurs, d'un jaune pâle, nommée leucoium angustifo ium alpinum, flore pleno, sulphurco, & par les anglois, the straw - colour'd wall - ftower, est très curieuse par le touffu de ses jets de fleurs, qui néanmoins sont étroites & d'une foible odeur.

Il semble que la grande giroflée double, jaune en - dedans, rougeâtre en - dehors, leucoium majus, flore majore, pleno, intùs lutio, extùs ferruginco, que les Anglois nomment the double ravenal flower, l'emporte sur toutes par le contraste des deux couleurs opposées, la grandeur des fleurs & leur odeur admirable.

Presque tous les fleuristes prétendent que la plus sûre méthode pour maltiplier les giroflées doubles, est de le faire par marcottes ou par boutures; & cela est très - vrai: mais les gireflées doubles qui s'élevent de marcotte, sont toûjours moins apparentes que de graine, & ne produisent jamais ni de si belles ni de si grandes fleurs: c'est pourquoi le bon moyen est d'en semer chaque année de nouvelles, & de troquer en même tems ses graines avec celles d'un autre amateur qui cultive ailleurs de semblables giroflées. Cette découverte dûe au hasard & dont on a long - tems douté, mais qui est actuellement reconnue de tout le monde, nous prouve combien le changement d'air & de sol peut contribuer à perfectionner plusieurs especes de plantes. (D. J.)

GIROFLIER DES MOLUQUES (Page 7:673)

GIROFLIER DES MOLUQUES, (Bot. exot.) Voyez Girofle.

Giroflier (Page 7:673)

Giroflier, ou Violier, leucoium, genre de plante à fleur cruciforme composée de quatre pétales; le pistil sort du calice & devient un fruit ou une silique longue, applatie. divisée en deux loges par une cloison à laquelle les panneaux sont adhérens de part & d'autre: cette silique est remplie de semences plates, rondes, & bordées pour l'ordinaire. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

On compte trente - quatre especes de giroflier, toutes extrèmement cultivées par les curieux, à cause de leurs fleurs que l'on nomme giroflées, & dont par cette raison il a fallu donner un article à part. Voy. Giroflée. [p. 674]

Il n'y a que le seul giroflier jaune qui ait attiré sur lui les regards de quelques medecins.

Le giroflier ou le violier jaune, est cette espece de giroflier nommée leucoium luteum, vulgare, par C. B. P. 202. Tournefort, instit. 221. Boerh. ind. A. 2. 18.

Sa racine est épaisse, ligneuse, recourbée, de couleur blanchâtre; il en part plusieurs tiges ligneuses, fragiles, entourées de feuilles oblongues, étroites, & pointues: ces tiges portent à leurs sommets plusieurs fleurs jaunes assez larges, composées de quatre pétales d'une odeur suave & douce; elles sont suivies de longues cosses foibles, ou si l'on veut de vaisseaux séminaux qui contiennent une petite semence plate & rougeâtre. Ce giroflier croît volontiers sur les bâtimens, les remparts, les masures, & les vieilles murailles; il fleurit en Avril & Mai; on le cultive dans les jardins.

Cette plante est amere & d'un goût herbeux salé; elle rougit assez le papier bleu; elle donne du sel volatil concret, beaucoup d'huile & de terre: ainsi l'on voit qu'elle abonde en sel ammoniac, en soufre, & en parties terreuses.

Ses fleurs sont regardées comme discussives, détersives, & apéritives; on en fait une conserve dont le sucre constitue le plus grand mérite, un syrop plus vanté pour sa bonne odeur que pour ses vertus; & quelquefois on en tire une eau distillée: mais son huile par infusion est la seule préparation d'usage; elle passe pour anodyne & résolutive. (D. J.)

GIRON, ou GUIRON (Page 7:674)

GIRON, ou GUIRON, s. m. en terme de Blason, est une figure triangulaire qui a une pointe longue faite comme une marche d'escalier à vis, & qui finit au coeur de l'écu.

Ce mot signifie à la lettre l'espace qui est depuis la ceinture jusqu'aux genoux, sinus gremium, à cause que quand on est assis les genoux un peu écartés, les deux cuisses & la ligne qu'on imagine passer d'un genou à l'autre, forment une figure semblable à celle dont nous parlons.

On dit qu'un écu est gironné, quand il a six, huit, ou dix girons qui se joignent par leurs pointes à l'abime de l'ecu. Voyez Gironné. Chambers.

GIRONE (Page 7:674)

GIRONE, Gerunda, (Géog.) ancienne, forte, & considérable ville d'Espagne, capitale d'une grande viguerie dans la Catalogne, avec un éveché suffragant de Tarragone, érigé en l'an 500, suivant l'abbé de Commanville; elle est sur le Ter, à sept lieues de la mer, seize de Perpignan, cinq nord - oüest de Palamos, dix neuf nord - est de Barcelonne. Longit. 20d. 32'. latit. 41d. 56'.

C'est la patrie de Nicolas Eymeric, qui y mourut inquisiteur général le 4 Janvier 1399: le principal ouvrage de ce fameux dominicain est intitulé, le directoire des inquisiteurs; ouvrage digne des pays où le tribunal qu'ils nomment la sainte inquisition exerce son cruel empire. (D. J.)

GIRONNÉ (Page 7:674)

GIRONNÉ, adj. en terme de Blason, se dit d'un écu divisé en plusieurs girons qui sont alternativement de métal & de couleur. Voy. nos Planches de Blason. Gironné de six, argent & sable.

Quand il est gironné de huit pieces, on l'appelle absolument gironné; quand il y a plus ou moins de girons, il en faut exprimer le nombre: gironné de quatre, de quatorze, &c.

D'autres l'appellent parti, coupé, tranché, & taillé, parce qu'il est fait par ces divisions de l'écu; y ayant quatre girons qui forment un sautoir, & les quatre autres une croix. Voyez Sautoir. Chambers.

Des Armoises en Lorraine, gironné d'or & d'azur de douze pieces.

GIROVAGUE (Page 7:674)

* GIROVAGUE, s. m. (Hist. ecclés.) espece de moines, la quatrieme dont S. Benoit fasse mention dans sa regle; ces girovagues ne s'attachoient à aucune maison; ils erroient de monastere en monastere, genre de vie que l'indépendance leur faisoit préférer à celui de Cénobites. S. Benoît n'aimoit pas ces couvens - là. Mais le même nom de girovague ne conviendroit - il pas également à ces moines qui n'habitent leur cloître que le moins qu'ils peuvent, qui sont plongés dans les embarras du monde & les dissipations, qui intriguent, qui cabalent, & qu'on rencontre dans tous les quartiers, dans toutes les maisons de la ville? Si S. Benoit pouvoit élever sa voix de dessous sa tombe, ne leur crieroit - il pas: « Girovagues, vous êtes pires que les Sarabaites ».

GIROUETTE (Page 7:674)

GIROUETTE, s. f. (Arts.) plaque de fer - blanc qui est mobile sur une queue ou pivot qu'on met sur les clochers, les pavilions, les tours, & autres édifices, pour connoitre de quel côté le vent souffle: aussi quelques auteurs l'ont appellé ventilogium, quasi index venti. Andronic de Cyrrhe fit élever à Athenes une tour octogone, & fit graver sur chaque côté des figures qui représentoient les huit vents principaux; un triton d'airain tournoit sur son pivot au haut de la tour: ce triton tenant une baguette à la main, la posoit juste sur le vent qui souffloit. C'est peut - être d'après cette idée ingénieuse, que nos coqs & nos giroüettes ont été grossierement imaginées; car leur exécution est toute entiere gothique & barbare. (D. J.)

Girouettes (Page 7:674)

Girouettes, (Marine.) ce sont de petites pieces d'étoffe, soit toile ou étamine, qu'on met au haut des mâts des vaisseaux; elles servent à marquer d'où vient le vent. Ordinairement les giroüettes ont plus de battant que de guindant, c'est - à dire qu'elles sont plus longues que larges, en prenant le guindant pour la largeur, & le batant pour la longueur.

Il y a des giroüettes quarrées qui sont faites de plusieurs cueilles, & qui ont la figure d'un quarré long.

Les giroüettes à l'angloise sont longues & étroites.

GISORS (Page 7:674)

GISORS, (Géog.) petite ville de France en Noimandie, capitale du Vexin - Normand, avec titre de comté & bailliage, qui est un des sept grands bailliages de Normandie. Cependant la ville n'est pas fort ancienne; car elle doit son origine à un château que fit bâtir Guillaume le Roux, roi d'Angleterre & duc de Normandie, l'an 1097, comme l'assûre Ordéric Vital, qui nomme cette place Gisors, & au génit f Gisortis. Les écrivains qui sont venus après lui, l'ont appellé Gisortium: elle est sur l'Epte, dans un terrein fertile en excellent blé, à cinq lieues de Gournay, quatorze de Rouen, & seize de Paris. Long. 19d. 18'. latit. 49d. 13'. (D. J.)

GISSEMENT (Page 7:674)

GISSEMENT, s. m. (Marine.) Les marins désignent par ce mot la maniere dont une côte git & est située, eu égard aux rumbes de vent de la boussole. On dit, cette côte gît nord & sud, pour dire, qu'elle est située & qu'elle s'étend du nord au sud: on dit la même chose de deux iles ou de deux lieux éloignés l'un de l'autre, ces deux ïles gissent sud - est & nord - oüest à quinze lieues de distance, c'est - à - dire que l'une est située au sud - est de l'autre à quinze lieues. (Z)

GITE (Page 7:674)

GITE, s. m. (Gramm.) lieu où l'on s'arrête pour coucher à la fin de la journée, lorsqu'on est en voyage: on a un peu étendu l'acception de ce mot, & il signifie souvent en général le lieu ou l'on couche: ainsi on dit, de retour au gite, nous fimes, &c. il se dit surtout de l'endroit où le lievre a coûtume de se reposer.

Gîte (Page 7:674)

Gîte, (droit de - ) Hist. de France; dans les titres ce droit s'appelle jus gisti, gistum, jus subventicnis, ou procurationis. Voyez Ducange, au mot gistum. Ancien droit que les rois de France levoient dans les villes, bourgs, évêchés, & abbayes, pour les indemniser des frais du voyage, passage, ou séjour qu'ils faisoient sur les lieux.

Quand les rois de la premiere race & quelques-uns de la seconde, voyageoient, ce qui leur arrivoit

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