ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"536"> compartimens ou des pieces d'un pré nouvellement fauché. (D. J.)

Gazons (Page 7:536)

Gazons, en terme de Fortification, sont des especes de mottes de terre de pré, coupées ou taillées en forme de coin, dont la base a quinze ou seize piés de longueur ou de queue sur six de largeur. La hauteur est de six pouces; elle va se terminer en glacis à l'extrémité de la base, en sorte que le profil ou la coupe du gazon, pris selon sa longueur, est un triangle rectangle. Le gazon, pour être bon, doit être coupé dans un terrein gras qui produit beaucoup d'herbes; on en forme quelquefois le côté extérieur du rempart des ouvrages de la fortification; & l'on dit alors que ces ouvrages sont revêtus de gazons. Voyez Revêtement. (Q)

Gazon d'Olympe (Page 7:536)

Gazon d'Olympe ou de Montagne, (Botan.) voyez Staticé.

GAZONNER (Page 7:536)

GAZONNER, v. act. voyez ci - devant Gazon.

GÉ ou JÉ (Page 7:536)

* GÉ ou JÉ, s. m. (Comm.) mesure de longueur d'usage au Mogol; elle n'est pas réelle, elle n'est que de compte: Savary l'évalue à 34 aunes 1/2 de Hollande. Voyez le dictionn. du Comm.

GEADA, GEDA, GETA (Page 7:536)

* GEADA, GEDA, GETA, (Mythol.) ce sont trois differens noms d'un même dieu honoré par les anciens Bretons.

GEAI (Page 7:536)

GEAI, s. m. pica glandularia, gracculus, garrulus, (Hist. nat. Ornithol.) oiseau. Celui qui a été décrit par Willughby, pesoit sept onces; il avoit onze pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémite des pattes, & treize pouces jusqu'au bout de la queue; l'envergure étoit de vingt pouces: il avoit le bec noir, fort, & long presque d'un pouce & demi depuis la pointe jusqu'à l'angle que forment les deux pieces du bec; la langue noire, mince, transparente, & fourchue à l'extremité; & l'iris des yeux de couleur blanchâtre. Les plumes de cet oiseau sont plus fines & plus elevées qu'elles ne le son. ordinairement sur les autres. Il y avoit deux taches noires aupres de la partie inférieure du bec; le menton & le bas - ventre étoient blanchâtres; les plumes qui se trouvoient entre ces deux parties, avoient une couleur rousse - cendrée; le croupion étoit blanc, & le dos étoit roux & mêlé d'une teinte de bleu; les plumes de la tête étoient tachetées de noir & de blanc. Le geai a vingt grandes plumes dans les ailes; la premiere étoit plus courte de moitié que la seconde; la quatrieme avoit plus de six pouces de longueur: la premiere étoit noire, à l'exception du bas de la plume, qui avoit une couleur blanche; les barbes extérieures des six plumes suivantes étoient cendrées: la huitieme, la neuvieme & la dixieme plumes avoient une couleur plus foncée que les précédentes, & les trois suivantes étoient teintes de bleu. Il y avoit sur la partie inférieure de ces plumes, des taches transversales, dont les unes étoient noires, & les autres bleues; les barbes extérieures des cinq plumes qui suivent, étoient en partie noires & en partie blanches; les barbes extérieures de la seizieme avoient depuis le bas jusqu'au milieu, des taches transversales de couleur blanche, noire & bleue; la dix - septieme plume étoit noire, à l'exception d'une ou deux taches bleues; la dix - huitieme avoit une couleur noire, mêlée d'une teinte de roux; la dix - neuvieme étoit rousse, excepté l'extrémité, qui avoit une couleur noire: elles étoient toutes brunes sur la face intérieure, excepté la derniere, qui avoit sur la face intérieure la même couleur que sur l'extérieure. Les petites plumes qui sont au - dessus des quinze premieres grandes plumes, étoient très - belles, & bigarrées de lignes transversales bleues, blanches & noires; les autres petites plu<cb-> mes qui suivoient celles qui avoient du bleu, étoient noires: la queue avoit la même couleur; elle étoit longue de six pouces & demi, & composée de douze plumes: les piés & les doigts avoient une couleur de rouille foncée: le doigt du milieu étoit le plus long; l'extérieur étoit égal à celui de derriere, qui avoit un ongle plus grand que les autres: la premiere phalange du doigt extérieur n'est pas séparée du doigt du milieu. Les oeufs du geai sont cendrés, avec des taches plus apparentes. Il se trouve des glands dans l'estomac de cet oiseau; c'est parce qu'il s'en nourrit, qu'on l'a appellé pica glandulana. Il mange aussi des groseilles, des cerises, & les fruits de la ronce: il n'y a presqu'aucune différence entre le mâle & la femelle. Le geai apprend à parler, & articule comme la pie. Willughby, Ornithol. Voyez Oiseau.

On donne le nom de geai à plusieurs autres oiseaux, sur - tout à ceux que l'on appelle geais de Bengale & geais de Boheme.

Le geai de Bengale est plus grand que le geai commun; il a le sommet de la tête bleu, le cou & la poitrine de couleur cendrée, mêlée de brun - clair & de rouge; les ailes, le dessous du ventre & les cuisses bleues; le dos & le croupion d'un verd - obieur; la queue noire ou noirâtre près du corps, bleuâtre dans le milieu, & de couleur obscure vers l'extremité; les piés de couleur brune - jaunâtre, & les ongles noirs.

Le geai de Boheme est de la grandeur d'un merle; il a le bec de couleur cendrée, verdâtre sur la plus grande partie de sa longueur, & noirâtre près de la racine; la tête est droite, de couleur de châtaigne, & surmontée par une hupe de même couleur qui se renverse en - arriere; les yeux sont d'un beau rouge, & environnés de noir: il y a sur la gorge une tache noire bordée de blanc de chaque côté; le dessus du cou & le dos sont de couleur d'ambre: les grandes plumes des ailes ont une teinte noiràtre; la moitié de ces plumes sont jaunes à la pointe, les autres plumes des ailes ont des taches rouges & blanches; la queue est composée de douze plumes noirâtres, excepté la pointe, qui est jaune. Cet oiseau se nourrit de fruits, sur - tout de raisins: on l'apprivoise aisément. Hist. nat. des oiseaux par Derham, tom. I. pag. 16. & tom. II. rag. 19. (I)

GEANT (Page 7:536)

GEANT, s. m. (Hist. anc. & mod.) homme d'une taille excessive, comparée avec la taille ordinaire des autres hommes.

La question de l'existence des géants a été souvent agitée. D'un côté, pour la prouver, on allegue les témoignages de toute l'antiquité, laquelle fait mention de plusieurs hommes d'une taille demesurée qui ont paru en divers tems; l'Ecriture - sainte en parle aussi: les poëtes, les historiens profanes & les anciens voyageurs s'accordent à en dire des choses étonnantes. De plus, pour donner un poids décisif à cette opinion, on rapporte des découvertes de squelettes ou d'ossemens fi monstrueux, qu'il a fallu que les hommes qui les ont animés ayent été de vrais colosses: enfin on le confirme par le récit des navigateurs.

Cependant, d'un autre côté, lorsqu'on vient à examiner de près tous ces témoignages; à prendre dans leur signification la plus naturelle les paroles du texte sacré; à réduire les exagérations orientales ou poétiques à un sens raisonnable; à peser le mérite des auteurs; à ramener les voyageurs d'un certain ordre, aux choses qu'ils ont vûes eux - mêmes, ou apprises de témoins irréprochables, à considérer les prétendus ossemens de squelettes humains; à apprécier l'autorité des navigateurs dont il s'agit ici, & à suivre la sage analogie de la nature, presque toûjours uniforme dans ses productions, le probleme [p. 537] en question ne paroît plus si difficile à résoudre. Suivons pour nous éclairer, la maniere dont on le discute.

On remarque d'abord au sujet du texte sacré, que les mots employés de nephilim & de gibborim, que les septante ont traduits par celui de gigantes, & nous par le mot géants, signifient proprement des hommes tombés dans des crimes affreux, & plus monstrueux par leurs desordres que par l'énormité de leur taille. C'est ainsi que ces termes hébreux ont été interprétés par Théodoret, S. Chrysostome, & après eux par nos plus savans modernes.

On dit ensuite que le fondement sur lequel Josephe, & quelques peres de l'Eglise après lui, ont crû qu'il y avoit eu des géants, est manifestement faux, puisqu'ils supposent qu'ils étoient sortis du commerce des anges avec les silles des hommes; fable fondée sur un exemplaire de la version des septante & sur le livre d'Enoch, qui au lieu des enfans de Dieu, c'est - à - dire des descendans de Seth, qui avoient épousé les filles de Cain, ont rendu le mot hébreu par celui d'anges.

On observe, en troisieme lieu, qu'il n'est pas question dans le Deutéronome (ch. iij. v. 2.) de la taille gigantesque d'Og, roi de Basan; il ne s'agit que de la longueur de son lit, qui étoit de neuf coudées; c'est - à - dire, suivant l'appréciation de quelques modernes, de treize piés & demi. Si présentement l'on considere que les Orientaux mettoient leur faste en vastes lits de parade, l'on trouvera que l'exemple le plus respectable qu'on allegue d'un géant, ne porte que sur la grandeur d'un lit qui servoit à sa magnificence.

Pour ce qui regarde Goliath, on croit qu'il seroit très - permis de prendre les six coudées & une palme que l'auteur du premier livre des Rois lui donne, pour une expression qui ne désigne autre chose qu'une grande taille au - dessus de l'ordinaire; elle étoit telle dans Goliath, qu'il paroissoit avoir plus de six coudées: il sembloit grand comme une perche de six coudées & une palme. Notre foi n'est point intéressée dans le plus ou le moins d'exactitude du récit des faits qui ne la concernent point.

Si l'on passe aux témoignages des auteurs profanes allégués en faveur de l'existence des géants, on pense qu'il n'est pas possible de s'y laisser surprendre, quand on se donnera la peine de faire la discussion du caractere de ces auteurs, & des faits qu'ils avancent.

Dans cette critique, Hérodote, accusé en général d'erreur & même de mensonge par Strabon, en cent choses de sa connoissance, l'est en particulier par ce géographe & par Aulu - Gelle, au sujet de douze piés & un quart que cet historien donne au squelette d'Oreste qu'on avoit découvert je ne sais où.

Plutarque doit être repris avec raison d'avoir copié de Gabinius, écrivain tenu pour suspect de son tems même, la fable de 60 coudées qu'il dit que Sertorius reconnut sur le cadavre du géant Antée, qu'il fit déterrer dans la ville de Tanger.

Le passage dans lequel Pline semble attribuer au squelette d'Orion trouvé en Candie, xlvj. coudées, s'il est bien examiné, ne peut qu'être altéré par quelque copiste, qui aura placé au - devant du chiffre vj. celui de xl. car il n'est pas naturel que l'ordre d'une gradation, comme celle qu'il paroît qu'a voulu suivre cet auteur, en comptant depuis vij. jusqu'à jx. coudées, se trouve interrompu par le nombre de xlvj. placé au milieu de la gradation.

La variation de Solin sur le même fait, ne lui donne pas plus de crédit qu'à Pline, dont on sait qu'il n'est que le copiste.

Phlégon sera sifflé dans la relation de son géant Macrosyris, par le ridicule de cinq mille ans de vie qu'il lui donne dans l'épitaphe qu'il en rapporte.

Apollonius, Antigonus, Caristius, & Philostrate le jeune, auteurs déjà décrédités par le faux merveilleux dont ils ont rempli leurs écrits, le deviennent bien davantage par leur fable d'un géant de cent coudées.

Quantité d'autres narrations de ce caractere se trouvent détruites par les seules circonstances dont les auteurs les ont accompagnées. Plusieurs nous disent que d'abord qu'on s'est approché des cadavres de ces géants, ils sont tombés en poussiere; & ils le devoient, pour prévenir la curiosité de ceux qui auroient voulu s'en éclaircir.

Où y a - t - il plus de contradictions & d'anachronismes que dans la prétendue découverte du corps de Pallas, fils d'Evandre? la langue dans laquelle est faite son épitaphe, son style, cette lampe qui ne s'éteignit, après 2300 ans de clarté, que par l'accident d'un petit trou, & autres puérilités de ce genre, ne sont qu'une preuve de la simplicité de Fostat, évêque d'Avila, qui a pris pour vrai un conte de la chronique du moine Hélinand, forgé dans un siecle d'ignorance.

Les corps des Cyclopes qui ont été trouvés dans différentes cavernes, avoient, selon Fazel, 20 ou 30 coudées de hauteur; & le P. Kircher, qui a vû & mesuré toutes ces cavernes, ne donne à la plus grande de toutes que 15 à 20 palmes.

Pour ce qui regarde les découvertes de dents, de côtes, de vertebres, de fémur, d'omoplates, qu'on donne, attendu leur grandeur & leur grosseur, pour des os de géants, que tant de villes conservent encore, & montrent comme tels, les Physiciens ont prouvé que c'étoient des os, des dents, des côtes, des vertebres, des fémurs, des omoplates d'éléphans, de vraies parties de squelettes d'animaux terrestres, ou de veaux marins, de baleines, & d'autres animaux cétacés, enterrés par hasard, par accident, en différens lieux de la terre; ou quelquefois d'autres productions de la nature, qui se joue souvent en de pareilles ressemblances.

Ces os, par exemple, qu'on montroit à Paris en 1613, & qui furent ensuite promenés en Flandres & en Angleterre, comme s'ils eussent été de Teutobochus dont parle l'histoire romaine, se trouverent des os d'éléphans. On envoya en 1630 à MM. de Peyresc une grosse dent qu'on lui donna pour être celle d'un géant; il en prit l'empreinte sur de la cire; & quand on vint à la comparer à celle d'un éléphant qui fut déterré dans le même tems à Tunis, elles se trouverent de la même grandeur, figure, & proportion. La fourberie n'est pas nouvelle: Suétone remarque dans la vie d'Auguste, que dès ce tems - là, l'on avoit imaginé de faire passer de grands ossemens d'animaux terrestres pour des os de géans ou des reliques de héros. Tout concouroit à tromper le peuple à ces deux égards. Quoique Séneque parle des géans comme d'êtres imaginaires, son discours prouve que le peuple en admettoit l'existence. La coûtume de anciens de représenter leurs héros beaucoup plus grands que nature, avoit nécessairement le pouvoir sur l'imagination. de la porter à admettre dans certains hommes au - dessus du vulgaire, une taille demesurée. Les statues de nos rois ne nous en imposent - elles pas encore tous les jours à cet égard? il est vraissemblable que parmi ceux qui considéreront dans quatre ou cinq cents ans la figure de bronze qui représente Henri IV, sur le pont - neuf, si cette statue subsiste encore, la plus grande partie se persuaderont que ce monarque immortel par ses exploits & ses rares qualités, étoit un des hommes de la plus haute taille.

Cependant quelques modernes assez philosophes pour connoître les sources de nos illusions, assez ver<pb->

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