ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"538"> sés dans la critique pour démêler la vérité du mensonge, assez sages pour ne donner aucune confiance ni aux prétendus ossemens humains ni à toutes les relations de l'antiquité sur l'existence des géans, ne laissent pas que d'être ébranlés par les récits de plusieurs navigateurs, qui rapportent qu'à l'extrémité du Chily vers les terres Magellaniques, il se trouve une race d'hommes dont la taille est gigantesque, ce sont les Patagous. M. Frezier dit avoir appris de quelques espagnols, qui prétendoient avoir vû quelques - uns de ces hommes, qu'ils avoient quatre varres de hauteur, c'est - à - dire neuf à dix piés.

Mais on a très - bien observé que M. Frezier ne dit pas avoir vû lui - même quelques - uns de ces géans; & comme les relations vagues des Portugais, des Espagnols, & des premiers navigateurs hollandois, ne sont point confirmées par des voyageurs éclairés de ce siecle; que de plus elles sont remplies d'exagérations ou de faussetés en tant d'autres choses, on ne sauroit trop s'en défier.

Enfin il est contre toute vraissemblance, comme le remarque l'auteur de l'histoire naturelle, « qu'il existe dans le monde une race d'hommes composée de géans, sur - tout lorsqu'on leur supposera dix piés de hauteur; car le volume du corps d'un tel homme seroit huit fois plus considérable que celui d'un homme ordinaire. Il semble que la hauteur ordinaire des hommes étant de cinq piés, les limites ne s'étendent guere qu'à un pié au - dessus & au - dessous; un homme de six piés est en effet un homme très - grand, & un homme de quatre piés est très petit: les géans & les nains qui sont au - dessus & au - dessous de ces termes de grandeur, doivent donc être regardés comme des variétés très - rares, individuelles & accidentelles ».

L'expérience nous apprend que lorsqu'il se rencontre quelquefois parmi nous des géans, c'est - à - dire des hommes qui ayent sept à huit piés, il, sont d'ordinaire mal conformés, malades, & inhabiles aux fonctions les plus communes.

Après tout, si ces géans des terres Magellaniques existent, ce que le tems seul peut apprendre, « ils sont du - moins en fort petit nombre; car les habitans des terres du détroit & des îles voisines sont des sauvages d'une taille médiocre ».

On lit dans les journaux que le P. Joseph Tarrubia, espagnol, a fait imprimer tout récemment (1756) une giganthologie, dans lequel ouvrage il prétend réfuter le chevalier Hans - Sloane, & prou ver l'existence des géans sur des monumens d'antiquité indienne: mais en attendant que quelqu'un se donne la peine d'examiner la valeur de pareils monumens, qui selon toute apparence ne seront pas plus authentiques que tant d'autres en ce genre; le lecteur curieux d'une bonne giganthologie physique, fera bien d'étudier celle du même chevalier Hans - Sloane, qui n'a pas plû au bon pere espagnol; elle est insérée dans les Transact. philosoph. n°. 404; & par extrait, dans le suppl. du dict. de Chambers. (D. J.)

Géans (Page 7:538)

Géans, (Mytholog.) enfans de la Terre qui firent la guerre aux dieux: Hésiode fait naître ces géans du sang qui sortit de la plaie d'Uranus; Apoilodore, Ovide, & les autres poëtes les font fils de la terre, qui dans sa colere les vomit de son sein pour faire la guerre aux dieux exterminateurs des Titans.

Ces géans, disent - ils, étoient d'une taille monstrueuse & d'une force proportionnée à cette prodigieuse hauteur; ils avoient cent mains chacun, & des serpens au lieu de jambes. Résolus de déthroner Jupiter, ils entreprirent de l'assiéger jusque sur son throne, & entasserent pour y réussir le mont Ossa sur le Pélion, & l'Olympe sur le mont Ossa, d'où ils essayerent d'escalader le ciel, jettant sans cesse contre les dieux de grands quartiers de pierre, dont les unes qui tomboient dans la mer, devenoient des îles, & celles qui retomboient sur la terre faisoient des montagnes. Jupiter effrayé lui même à la vûe de si redoutables ennemis, appella les dieux à sa défense; mais il en fut assez mal secondé; car ils s'enfuirent tous en Egypte, où la peur les fit cacher sous la figure de différentes especes d'animaux.

Un ancien oracle avoit prononcé que les géans seroient invincibles, & qu'aucun des dieux ne pourroit leur ôter la vie, à - moins qu'ils n'appellassent quelque mortel à leur secours. Jupiter ayant défendu à l'Aurore, à la Lune & au Soleil d'annoncer ses desseins, devança la Terre qui cherchoit à soûtenir ses enfans, & par l'avis de Pallas fit vénir Hercule pour combattre avec lui; à l'aide de ce héros, il extermina les géans Encélade, Polybetès, Alcyonée, Porphyrion, les deux Aloides, Ephialte, Othus, Eurytus, Clytius, Tithyus, Pallas, Hippolitus, Agrius, Thaon, & le redoutable Typhon, qui seul, dit Homere, donna plus de peine aux dieux que tous les autres géans ensemble. Jupiter après les avoir défaits, les précipita jusqu'au fond du Tartare, ou, suivant d'autres poëtes, il les enterra vivans, soit sous le mont Ethua, soit en différens pays; Encélade fut enseveli sous la Sicile, Polybetès sous l'île de Lango, Othus sous l'île de Candie, & Typhon sous l'île d'lschia.

Ces prétendus géans de la fable n'étoient, suivant plusieurs de nos Mythologistes, que des brigands de Thessalie qui vinrent attaquer Jupiter sur le mont Olympe où ce prince avoit fait bâtir une forte citadelle: ce mont Olympe, ajoûtent - ils, a été pris par les plus anciens poëtes pour le Ciel, & parce que les monts Ossa & Pélyon, qui sont peuéloignés de l'Olympe, servoient de retraite à ces bandits qui s'y étoient forcifiés, & qui de - là tenoient en respect la garnison de l'Olympe, on imagina de leur faire entasser montagnes sur montagnes, pour atteindre jusqu'au ciel.

Mais quoique cette explication soit généralement adoptée, je croirois plûtôt que toute la fable des géans n'est qu'une tradition defigurée de l'histoire de Typhon & d'Osiris. On sait qu'il y avoit en Egypte des monumens plus anciens que les fables des Grecs, des villes sondees & un culte établi en l'honneur des mêmes animaux dont leurs poetes nous disent que les dieux prirent la figure, en se retirant de frayeur dans ce pays là. (D. J.)

Géans (Page 7:538)

Géans, (ossemens de) Hist. nat. nat. Voyez Ossemens fossiles.

Géans (Page 7:538)

Géans, (pavé des) Hist. nat. Lythol. en anglois Giant's causeway. Voyez Pavé.

GEARON (Page 7:538)

GEARON, (Géog.) ville de Perse au Tarsistan, entre Schiras & Bander - Congo, dans un terrein qui produit les meilleures dattes de toute la Perse. Long. 72. 32. latit. 28. 25. (D. J.)

GEASTER (Page 7:538)

GEASTER, s. m. (Hist. nat. bot.) genre de plante ronde, composée de deux écorces, dont la premiere est découpée jusqu'à la base en forme d'étoile à plusieurs rayons; l'autre n'est ouverte qu'au sommer par un orifice étoilé, rayonné, ou frangé: la substance du fruit adhere à la seconde écorce, & se trouve placée avec des semences & des filamens dans plusieurs cellules. Ajoûtez au caractere de ce genre, que dans le tems de la maturité la substance du fruit & les semences sortent au - dehors, comme dans le lycoperdon, par l'ouverture dont il a été fait mention. Nova plantar. americ. genera, &c. par M. Micheli. (I)

GEBHA (Page 7:538)

GEBHA, (Géog.) ancienne ville ruinée de Barbarie au royaume de Fez dans la province d'Errif, à huit lieues de Vélez du côté du levant. Il y a tout pres de cette ville un cap que les anciens nommoient le cap des oliviers, à cause de la quantité d'oliviers sauvages qui y sont. Ptolomée donne à Gebha 9d. de long. & 34d. 56y. de latit. (D. J.) [p. 539]

GEDENG (Page 7:539)

* GEDENG, s. m. (Commerce.) mesure d'usage aux Indes, où l'on s'en sert à mesurer le poivre & autres denrées de la même nature: Savari dit qu'elle contient quatre livres pesant de poivre, la livre sur le pié de seize onces. Voyez le dict. de Comm.

GÉDROSIE (Page 7:539)

GÉDROSIE, (Géog. anc.) grande province d'Asie qui s'étendoit depuis la Carmanie jusqu'à l'Inde, & avançoit beaucoup vers le nord. Les peuples les plus remarquables de ce pays étoient les Arbites, les Orites, & les Ichtyophages, ou mangeurs de poisson: Arrien donne en étendue à cette province 450 milles de côtes. La Gédrosie est présentement le pays de Mekran, qui en renferme la plus grande partie. (D. J.)

GEELAEUM (Page 7:539)

GEELAEUM, (Hist. nat.) ce mot qui signifie huile de la terre, a été employé par quelques anciens auteurs, pour désigner la même chose que nous appellons pétrole. Voyez cet article.

GÉELMUYDEN (Page 7:539)

GÉELMUYDEN, (Géog.) petite ville des Pays - Bas dans l'Overyssel, à l'embouchure du Wecht dans le Zuydersée, à une lieue de Kampen. Longit. 23d. 281. latit. 52d. 371. (D. J.)

GEGENBACH (Page 7:539)

GEGENBACH, (Géog.) petite ville libre impériale d'Allemagne dans la Soüabe au Mordenaw, sous la protection de la maison d'Autriche; elle est sur le Kintsig, à six lieues S. de Strasbourg, dix N. E. de Fribourg. Lon. 25. 40. 58. latit. 48. 24. 50. (D. J.)

GEHENNE (Page 7:539)

* GEHENNE, s. f. (Théolog.) terme de l'Ecriture qui a fort exercé les critiques; il vient de l'hébreu gehinnon, c'est - à - dire la vallée de Hinnon: cette vallée étoit dans le voisinage de Jérusalem; & il y avoit un lieu appellé tophet, où des Juifs allosent sacrifier à Moloch leurs enfans qu'on faisoit passer par le feu. Pour jetter de l'horreur sur ce lieu & sur cette superstition, le roi Josias en fit un cloaque où l'on portoit les immondices de la ville & les cadavres auxquels on n'accordoit point de sepulture; & pour consumer l'amas de ces matieres infectes, on y entretenoit un feu continuel. Ainsi en rapportant au mot gehenne toutes ces idées, il signifieroit une caverne remplie de matieres viles & méprisables, consumées par un feu qui ne s'éteint point; & par une métaphore assez legere, on l'auroit employé à désigner le lieu où les damnés seront détenus.

GÉHON (Page 7:539)

GÉHON, (le - ) Géog. sacrée, fleuve dont parle Moyse dans la description du paradis terre stre: « Le nom du second fleuve, dit - il, est Gehon; c'est celui qui tournoye dans la terre de Chus ».

On sait combien l'explication des quatre fleuves de Moyse embarrasse les savans, & en particulier combien ils ont disputé sur le Géhon. Ce fleuve a passé chez les uns pour le Gange, chez les antres pour l'Oxus; on l'a pris pour l'Araxe ou pour le Nahar - Malea, canal fait à la main afin de joindre l'Euphrate au Tigre. Josephe, la plûpart des peres de l'Eglise, & une infinité d'interpretes, veulent que le Gehon soit le Nil; & M. Huet prétend que c'est le canal oriental du Tigre & de l'Euphrate: c'est ainsi que plusieurs critiques prévenus que le paradis terrestre étoit auprès du Tigre & de l'Euphrate, cherchent le Géhon dans un des bras de ces deux fleuves. M. Leclerc persuadé au contraire que le paradis terrestre étoit vers la source du Jourdain, croit que le Géhon est l'Oronte; & par la terre de Chus, que le Géhon arrosoit, il entend la Cassiotide.

Le P. Hardoüin a un sentiment particulier; il donne un sens nouveau à ces paroles du texte latin: Et fluvius egrediebatur de loco voluptatis ad irrigandum paradisum, qui indè dividitur in quatuor capita; c'est - à - dire, selon le P. Hardoüin: « il sortoit de ce lieu de délices un fleuve pour arroser le paradis, qui delà se divise en quatre têtes ou sources ».

Il trouve avec raison qu'il n'est pas commode de supposer sans nécessité que les quatre fleuves, savoir, le Phison, le Géhon, le Tigre, & l'Euphrate fussent autant de branches dérivées du fleuve qui sortoit du lieu de délices: il rapporte donc ces mots, se divise, non pas au fleuve duquel il ne s'agit plus, mais au paradis. C'est, ajoûte - t - il, comme si Moyse eût dit: « & de ce lieu de délices sortoit un fleuve pour arroser le paradis, dont la beauté ne subsiste plus entierement, mais dont on voit encore des restes autour des sources des quatre fleuves ».

Si cette explication du P. Hardoüin ne satisfait pas tout le monde, du - moins faut - il convenir qu'elle est ingénieuse, & qu'elle a l'avantage de sauver les difficultés géographiques de toutes les autres interprétations. (D. J.)

GEISLENGEN (Page 7:539)

GEISLENGEN, (Géog.) ville impériale d'Allemagne dans la Soüabe, à 7 lieues nord - oüest d'Ulm. Long. 27. 37. latit. 48. 38. (D. J.)

GÉLA (Page 7:539)

GÉLA, (Géog. anc.) petite ville de Sicile qui prenoit son nom de la riviere Géla qui l'arrosoit: Virgile le dit, immanisque Géla fluvii cognomine dicta. Le nom moderne de cette riviere est fiume di Terra - Nova; & la ville ou bourg s'appelle Terra - Nova. Il falloit que ce fût une grande ville du tems de Virgile, puisqu'il la nomme immanis. (D. J.)

GELALÉEN (Page 7:539)

GELALÉEN, (Calendrier) Chronolog. Voyez Calendrier & An.

GELÉE (Page 7:539)

GELÉE, s. f. (Physique.) froid par lequel l'eau & les liquides aqueux se gelent naturellement, se convertissent d'eaux - mêmes en glace dans un certain canton, dans toute une région déterminée. La gelée est opposée au dégel. qui est proprement ce relâchement du grand froid, cet adoucissement qui rend à l'eau sa liquidité, & qui détrempe la terre en fondant les glaces & les neiges dans tout un pays. Voy. Froid, Glace, Congelation, & Dégel .

L'eau & les liquides aqueux sont les seuls fluides dont on ait dû faire mention dans les deux définitions précedentes: ce n'est pas que d'autres liqueurs, l'huile d'olive, par exemple, ne gelent plus facilement & plus promptement que l'eau, & à de moindres degrés de froid: mais tant que la froideur de l'air n'opere que la congelation des huiles grasses, & que l'eau se maintient dans sa liquidité ordinaire, l'usage autorise à dire qu'il ne gele point. La gelée n'arrive dans un pays, que quand l'eau & les liqueurs aqueuses qui ne sont pas trop agitées, se glacent d'elles - mêmes à l'air libre; c'est - là le premier & le moindre degré de la gelée. On verra ailleurs (artic. Glace), comment la grande agitation d'un liquide peut mettre obstacle à sa congelation. Si le froid augmente, la gelée sera plus forte; des fluides dont la liquidité résiste au degré de froid qui fait geler l'eau, se convertiront en glace; il gelera dans l'intérieur des maisons & jusque dans les chambres les plus exactement fermées; les rivieres les plus rapides obéissant à l'impression du froid, se glaceront en partie, ou même entierement jusqu'à une certaine profondeur: tout ceci est facile à concevoir. Ce qu'il est important de bien remarquer, c'est ce qu'on a dit du caractere essentiel & distinctif de la gelée, laquelle a toûjours lieu quand l'eau ou tranquille ou peu agitée se glace d'elle - même à l'air libre dans tout un pays.

Nous connoissons divers agens capables d'opérer dans une certaine étendue de pays la congelation naturelle de l'eau: on peut consulter sur ce sujet les articles Froid, Glace, & Congelation . La gelée ayant un rapport marqué à la température de l'air & à la constitution de l'atmosphere, c'est principalement sous ce rapport que nous devons d'abord la considérer dans cet article.

Il se présente une question que l'observation seule pourra résoudre: on demande si dans tous les pays du monde l'eau se gele constamment par le même degré de froid; ou si le climat, dont l'influence est si sensible sur une infinité de phénomenes, met ici de la

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.